Ma vision du développement personnel

Introduction : Nous avons décidé d’étudier l’impact du développement personnel sur ceux qui le pratique à travers 2 axes : L’impact positif et les limites du DP.

L’objectif de cette partie est donc d’étudier en premier lieu l’impact positif du développement personnel, et dans un second temps les limites.

Plan de la partie :

I/ L’impact positif du développement personnel

Le DP est incontournable aujourd’hui dans notre société. Certains le qualifierons d’une arnaque et d’autres d’une aubaine. En effet, le DP n’a pas bonne presse surtout dans le domaine scientifique. Mais force est de constater que le DP a du bon côté à travers ses outils pour surmonter les difficultés.

DP comme source de motivation

Le DP est un processus de réalisation et d’épanouissement de soi. Il passe par un conditionnement de l’esprit ce qui peut entraîner une motivation de résoudre tout type de difficulté que nous faisons face. Ainsi, le DP et la motivation est étroitement lié car ses les techniques de DP qui aboutissent à la motivation. Ce qui permettra d’accomplir les objectifs que nous nous étions fixés et nous pousse à prendre des initiatives.

Selon Nicolas Marquis, qui a constaté lors de son enquête que sa « consommation » était très souvent provoquée par « une brèche dans la vie quotidienne ». « Tout allait bien, indique le sociologue, et puis, tout à coup ou progressivement, ça ne va plus. Les lecteurs vont alors chercher des outils pour provoquer un changement positif ou pour mieux se connaître, ce qui est également une motivation importante. »

Dans l’échelle de nos besoins, Abraham Maslow a déterminé en 1940 que nous avons cinq niveaux principaux de besoins.Une hiérarchie qui débute par les besoins physiologiques jusqu’à l’étape ultime, l’accomplissement de soi.

L’actualisation de soi. Maslow a utilisé une variété de termes pour définir ce niveau: il l’a désigné comme la motivation de la croissance. c’est cette motivation qui nous pousse à aller plus loin, à se surpasser pour atteindre et accomplir nos rêves et objectifs et on se concentre moins sur les besoins inférieurs.

Cet graphique montre que

DP comme moyen de prévention

Il est vrai que le DP est souvent très décrié dans le domaine scientifique car beaucoup de sociologues, psychologues entre autre lui reproche un manquement de fondements scientifiques. Cependant, il peut être un

moyen de prévention contre la dépression et certains troubles psychiques. C’est dans ce sens que Christophe André affirme que : « J’y vois un lien de complémentarité. En tant que médecin psychiatre, je m’occupe de personnes ayant sombré dans des états dépressifs, dans la dépendance ou qui ont développé des troubles anxieux sévères. Dans ces cas-là, le DP n’a évidemment pas sa place. En revanche, avec le recul, je constate en parlant avec des patients que les ouvrages de développement personnel, bien investis, utilisés comme une boîte à outils, peuvent constituer un bon moyen de prévention secondaire. Quand il reste de la vulnérabilité, continuer à lire ou à faire des stages peut permettre d’éviter des rechutes. Le DP peut aussi être efficace en amont, comme voie d’accès à la thérapie. »

DP est source d’entraide et nous guide

Le DP met à notre disposition un environnement où nous pouvons interagir avec d’autres personnes ce qui favorise la communication, la prise de conscience de ses faiblesses et potentiels et une connaissance de soi. Cet groupe de personne nous influence et nous donne la force nécessaire d’aller de l’avant. D’où cette citation: « Le travail en groupe, qui est le propre du développement personnel, est un modérateur de l’ego, un vrai garde-fou, constate Geneviève Cailloux. Parce qu’il permet de se concentrer sur ses projections en utilisant le feed-back des autres, le groupe est un booster du travail sur soi, mais aussi l’occasion de faire l’expérience de l’empathie, du partage, de l’entraide. Il nous invite à vivre l’autre non plus comme un adversaire, mais comme un partenaire. »

Le DP a été beaucoup mis à mal par beaucoup de personnes sans au préalable des preuves empiriques. Ils accusent les gurus de s’autoproclamer comme psychologues ou thérapeutes. Cependant cet argument est contesté par deux pionniers du dp en france Geneviève Cailloux et Pierre Cauvin, fondateurs du cabinet Osiris Conseil, ils affirment “Nous ne nous considérons pas comme des psychothérapeutes, précisent-ils, car nous ne partons pas de la souffrance, du symptôme, mais nous travaillons à partir d’une faille, d’un blocage, d’une difficulté, et nous accompagnons la personne sur son chemin pour l’aider à déployer son potentiel et à s’appuyer sur ses ressources.”

DP qualité sur la performance du travail

le DP a beaucoup de bienfaits selon certaines études. Un des bienfait est l’amélioration de la productivité et de la performance dans le travail. Par exemple, les résultats de la recherche de Zeph (1991), menée auprès de formateurs d’adultes œuvrant en milieu communautaire, ont montré que le fait de tenir compte des besoins, des intérêts ou des préférences des participants dans le choix des activités du programme de formation continue auquel ils étaient inscrits, semblait exercer un impact positif sur la qualité de leur performance au travail. Le chercheur identifie ici deux principales formes d’impact. La première forme consisterait en une plus grande ouverture à de nouvelles façons de penser, à des prises de risques plus adéquates et à un sentiment accru de compétence personnelle des professionnels ayant suivi ce type de formation. La deuxième forme d’impact, quant à elle, consisterait en une amélioration de la capacité de réflexion qui serait surtout caractérisée, chez ces professionnels, par une nouvelle compréhension de leur rôle professionnel et par un exercice plus efficace de ce rôle.

Schuster (1989), en particulier, a étudié explicitement, chez des enseignants universitaires et collégiaux, la relation qu’il considère intrinsèque entre l’actualisation de soi de chacun des professionnels en formation et le développement professionnel de ces derniers. L’impact d’une certaine actualisation de soi des professionnels ayant suivi ce type de formation se serait avéré crucial, aussi bien pour le bien-être que pour l’efficacité au travail de ces derniers. Certains auteurs considèrent que, sans le développement personnel qui passe par une véritable connaissance de soi, les professionnels ne sauraient dépasser ou concilier certains aspects psychologiques d’eux-mêmes qui pourraient éventuellement nuire à leur efficacité dans l’exercice de leur profession (Hargreaves, 1998).

Efficacité du DP

L’efficacité du DP a longtemps été et est toujours source de discorde entre les gens de ce milieu. Toutefois, certaines études ont été menées pour prouver l’efficacité du DP ou de livres de DP.

Une étude a été menée en Inde les livres de DP. L’objectif de cette étude était de connaître quel types d’indiens lisaient ces livres, comprendre la psychologie de ces lecteurs et la sélection de ces différentes livres et enfin analyser l’influence que peut avoir l’environnement (le prix, les amis , les médias) sur le consommateur de ces livres.

Les résultats ont montré que sur un total de 60 échantillons, 85% des personnes interrogées ont déclaré avoir trouvé certaines des idées mentionnées dans les livres utiles. 80% ont convenu que ces livres leur permettaient de mieux comprendre diverses situations quotidiennes et de trouver des moyens efficaces de les gérer. 78% ont convenu qu’en lisant de tels livres, le niveau de motivation s’améliore, cela développe une attitude positive et contribue à l’amélioration de soi.

Wilson et Cash (2000) ont mené une enquête auprès d’un échantillon de 264 étudiants. Les femmes étaient plus susceptibles d’avoir une attitude positive envers les livres de DP. Les autres facteurs prédictifs d’une attitude positive à l’égard des livres de DP sont: le plaisir de lire en général, l’esprit psychologique (la disposition à penser sur les processus psychologiques liés au soi et aux relations), une plus forte orientation de contrôle de soi et, dernier point mais non le moindre, une plus grande satisfaction de la vie.

Une étude au Pays Bas montre qu’il y a pas cependant d’étude sur le dp mais qu’il ya quand même des indications sur l’efficacité du dp grâce à l’évaluation de ces livres par des professionnels et des lecteurs. Dix-neuf pour cent des livres sont considérés comme très utile et un pour cent est jugé négatif. Une autre indication de la qualité de ces livres est le fait qu’un grand nombre de psychothérapeutes (85%) recommandent les livres de DP aux clients (Campbell et Smith, 2003; Norcross et al., 2000; Starker, 1988). De plus, Starker (1989) a mené une enquête auprès de 67 travailleurs hospitaliers volontaires, hommes et femme âgée de 27 à 86 ans. Starker n’a pas fait de distinction entre les livres de DP axés sur le problème et ceux sur l’épanouissement personnel pour son enquête. La grande majorité (85%) pensait que les livres étaient «parfois utiles» ou «Souvent utile». Cet échantillon a rapporté des expériences positives telles que:

  • «Ouvert de nouvelles voies pour moi».
  • «Plus de confiance en soi».
  • «m’a fait comprendre moi-même et les autres».
  • «Aperçu des problèmes».
  • ‘Tranquillité d’esprit’.
  • «Connaissance de l’hypertension et du stress».

Starker compare ensuite l’effet des livres de DP à un effet placebo pour drogue. Il cite Linnie Price: «Si l’industrie pharmaceutique devait produire une médicament aussi fiable, d’une telle applicabilité et avec un historique d’efficacité aussi impressionnante que celle de l’effet placebo, il serait sans doute proclamé une panacée miracle “. La conviction qu’il est possible de s’améliorer est un facteur puissant, et ne peut pas être facilement rejeté. Ogles, Lambert & Craig (1991) constaté que la lecture d’un livre de DP sur la perte ou le divorce avait entraîné soulagement symptomatique plus élevé pour les lecteurs ayant des attentes initiales plus élevées en matière d’avantages.

II/ Les limites du DP

Le DP est incontournable aujourd’hui dans notre société. Certains le qualifierons d’une arnaque et d’autres d’une aubaine. En effet, le DP n’a pas bonne presse surtout dans le domaine scientifique même si le livres de DP se vendent comme des petits pains. En effet, des auteurs comme Dale Carnegie (How to Win Friends and Influence People, publié en 1936, a été vendu à ce jour à plus de 50 millions d’exemplaires) ou Norman Vincent Peale (dont le célèbre The Power of Positive Thinking, publié en 1952), resta près de dix ans dans la liste des best-sellers du New York Times) exercèrent une influence considérable sur la manière de penser le développement personnel. Les Américains ont dépensé 563 millions de dollars en livres d’entraide en 2000 (Paul, 2001).

DP comme solution miracle à tout type de problème

Le DP se proclame comme une solution miracle à tout type de problème. Il suffit juste d’avoir une pensée positive et de la volonté pour changer les choses dans notre vie. C’est cette fondement qui a beaucoup décrié par beaucoup de scientifiques. En fait, la pensée positive a aussi un revers de médaille. Elle peut avoir l’effet contraire car dire à une personne qu’on peut avoir toutes les richesses, tous les succès, tous les pouvoirs entre autre qu’on veut par la seule force de nos pensées peut pousser à l’inaction. Rhonda Byrne, auteur du best-seller Le secret (la bible des marchands de bonheur), qui explique sans sourciller que le tsunami de 2006 était probablement dû au fait que les victimes avaient envoyé les vibrations responsables du tsunami dans l’univers… est un exemple choquant parmi tant d’autres de cette pensée positive. En fait, il s’appuie sur la pensée positive ou la visualisation créative, faire croire aux gens qu’ils peuvent changer toute leur vie en jouant sur événements: empêcher ou advenir certains événements dans notre vie.« Nous y avons tous recours, notamment par la superstition, affirme Jean- Michel Hirt. Mais le danger est d’en faire un système de pensée proposé comme un outil thérapeutique, car l’individu est censé être entièrement responsable de ce qui lui arrive ou lui est arrivé. »

En effet, le DP nous pousse à nier nos émotions négatives, à voir toujours le verre à moitié plein et à écouter des messages positifs. Il suffirait ainsi de se répéter des “messages positifs” pour éloigner nos problèmes et attirer la bonne grâce. Mais tel n’est pas le cas, ceci peut entraîner la culpabilisation, le manque de confiance… Ce n’est en se répétant qu’on est le meilleur dans un domaine qu’on l’est. Ainsi, Jean-Michel Hirt, psychanalyste et professeur de psychopathologie à l’université Paris-XIII explique que « Le discours du développement personnel a tendance à venir conforter notre sentiment de toute-puissance, en faisant l’impasse sur la castration ». De plus, il ajouta « Dans ces pratiques, expose-t-il, l’inconscient est le grand absent. Or, pour la psychanalyse, c’est lui le vrai maître du jeu, et, comme nous ne pouvons avoir qu’un accès très partiel à notre inconscient, nous ne sommes jamais les seuls maîtres à bord. Nous devons apprendre à vivre avec nos failles, nos manques, notre incomplétude ontologique. Pour le DP, ce qui est visé, c’est l’épanouissement complet de l’être, et si nous n’y parvenons pas, si nous retombons dans nos “travers”, c’est que nous n’avons pas assez bien travaillé. Il nous faut alors reprendre l’entraînement ou essayer de nouvelles techniques. »

Ainsi, Nicolas affirme que DP n’est rien d’autre qu’un amas de déclinaisons infinies autour d’une promesse répétée à la façon d’un mantra : « Il n’y a aucune situation dans laquelle vous ne puissiez rien faire face à ce qui ( vous ) arrive. » Voilà donc le grand secret et la grande mission dont se charge le DP : (re)donner à chacun de la marge de manœuvre sur sa vie ainsi que, bien évidemment, la responsabilité d’en faire usage ( si tout le monde « peut », chacun « doit » ).

DP une dérive

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) affirme que les pratiques, les promesses et les recettes de guérison, de bien être et du développement personnel sont au coeur des pratiques à risque des dérives sectaires et il estime aujourd’hui que:

– 4 Français sur 10 ont recours aux médecines dites alternatives ou complémentaires, dont 60 % parmi les malades du cancer ;

– 400 pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique sont proposées ;

– 1 800 structures d’enseignements ou de formation sont « à risques » ;

6– 4 000 « psychothérapeutes » autoproclamés n’ont suivi aucune formation et ne sont inscrits sur aucun registre ;

– 3 000 médecins seraient en lien avec la mouvance sectaire.

Les dangers de ce marché tiennent d’abord à l’absence d’évaluation et de formation. Mais certaines de ces pratiques répondent également aux critères de la dérive sectaire car elles sont le fait de « gourous thérapeutiques » qui exercent une véritable emprise mentale sur les malades, pour mieux les dépouiller de leurs ressources. À telle enseigne qu’à ce jour, les dérives sectaires dans le domaine de la santé représentent près de 25 % de l’ensemble des signalements reçus à la Miviludes. Un des critères de l’existence d’un dérive sectaire est déstabilisation mentale, toujours présent dans les cas de dérives sectaires. « La dérive thérapeutique devient sectaire lorsqu’elle essaie de faire adhérer le patient à une croyance, à un nouveau mode de pensée.p13 »

Miviludes dénonce aussi ces gurus, ces guides ou accompagnateurs qui se présentent comme le messi qui a la solution à toute sorte de problèmes et qui est la clé à leur bonheur. Donc, il ya une sorte d’endoctrinement. Ainsi, l’adepte va se retrouver sous son emprise et il va l’amener progressivement à adhérer à sa méthode, en lui proposant la vente d’ouvrages, la participation à des stages payants etc. D’où cette citation « La dérive thérapeutique à caractère sectaire s’accompagne donc d’un mécanisme d’emprise mentale destiné à ôter toute capacité de discernement au malade et à l’amener à prendre des décisions qu’il n’aurait pas prises autrement.”

les auteurs de “le syndrome du bien être’’ abondent dans le même sens “La figure du coach prend une place majeure. On accepte de moins en moins que quelqu’un, parce qu’il a fait des études, vienne nous dire ce qu’on doit faire. Ce qu’on accepte parc contre beaucoup plus facilement, c’est que quelqu’un vienne nous aider parce que cette personne a vécu la situation dans laquelle on se trouve actuellement”. Beaucoup de gourous utilisent cet aspect là pour faire des profits “Les auteurs prétendent être un peu plus avancés sur un chemin que le lecteur va devoir lui-même parcourir et ils disent ‘Regardez, il est possible de s’en sortir’.”

« Tant que le coaching et ses méthodes comportementalistes ne seront pas réellement au service des individus et de leur épanouissement, mais à celui des entreprises et de la synchronisation des consciences, ils favoriseront une culture de la compétition sans pitié et des techniques de « management » aussi politiquement correctes que déshumanisantes…. » Ils dénoncent les comportements déviants liés aux pratiques du DP, Si accéder au bien-être relève du choix, alors l’échec est aussi de notre responsabilité «loin de produire les effets bénéfiques vantés tous azimuts», cet investissement dans notre moi profond «provoque un sentiment de mal-être et participe du repli sur soi.» Il expliquent que «Le syndrome du bien-être résulte pour une grande part de la croyance selon laquelle nous sommes des individus autonomes, forts et résolus, qui devons nous efforcer de nous perfectionner sans relâche. Or c’est précisément le fait d’entretenir cette croyance qui entraîne l’émergence de sentiments de culpabilité et d’angoisse.» au lieu que le DP nous débarrasse de nos stress il augmente car on est responsable notre bonheur et tout ce qui arrive dans notre vie donc ne pas y parvenir est de notre seule faute.

Il pointe aussi que la méditation et tous ces pratiques ne sont pas des solutions aux problèmes mais plutôt un moyen de se voiler la face. «Le revers de la médaille est que celui-ci doit dorénavant se sentir coupable chaque fois qu’un problème survient dans sa vie: rupture amoureuse, perte d’emploi ou maladie grave. Accéder au bonheur relèverait donc d’un choix: le nôtre, et, par extension, engagerait notre responsabilité. Par ce qu’elle comporte de déplaisant, une telle prise de conscience ne peut que faire naître un sentiment d‘intense anxiété chez l’individu.»

Robert vise ces coachs qui se servent du développement personnel pour atteindre leur but égoïste qui est le pouvoir, l’argent et le succès. Il dénonce selon ses termes « le formatage des esprits et les manipulations des artisans du conformisme ».Pour lui toutes les techniques prônées par les gourous, les coachs, les conseillers, les accompagnateurs, les guides de tout poils seraient le symptôme d’une crise identitaire sans précédent.

En effet, dans une société où les gens ne sais plus qui ils sont la peur et la culpabilité sont devenues leurs alliés de tous les jours. Ce sentiment de ne pas trouver sa place est exacerbé par l’individualisme de notre société. Le développement personnel s’apparente alors à du selfpackaging et introduit une dérive conformiste pour s’adapter à la demande. Pour l’auteur dans une culture de l’aveu le développement personnel et le coaching constituent des prothèses psychologiques.

DP manque de professionnel

La relation entre le client et le thérapeute est un facteur important dans les succès de la thérapie (Wampold, 2001), et cet élément est évidemment manquant dans le DP. Le rôle du psychothérapeute est mentionné explicitement ici, pour souligner le fait que le DP manque de l’implication d’un professionnel. Il est important de noter que les lecteurs de DP ne disposent pas d’une structure pour surmonter cette limitation. On a jamais vu un livre de DP avec des contre-indications sur la couverture ou un avertissement à propos des effets secondaires possibles. Starker (1989) pense que l’énorme variété de livres de DP et sa sélection de manière hasard représente le “plus grand problème individuel” du genre.

LE DP EST ÉGOÏSTE ET INDIVIDUALISTE

Nicolas expose aussi le fait du neuf avec du vieux. Par exemple des expressions comme « Soyez vous-même, pas ce que la société veut faire de vous », « Vous êtes plus que ce que vous croyez », avec des variantes plus dures :  « Prenez votre vie en main », « Cessez de vous lamenter »  ou plus mystico-ésotériques :  « Connectez-vous aux énergies de l’univers », « Ouvrez vos chakras » . Il donne une autre illustration frappante de ce manque de nouveauté sur le DP en prenant l’exemple sur deux auteurs. Samuel Smiles écrit Self-help, with Illustrations of Character, Conduct and Perseverance en 1859. Il ouvre son ouvrage par ces mots : « L’esprit du self-help est la source du véritable développement de l’individu et, quand on le retrouve chez de nombreuses personnes, de la force et de la vigueur de la nation. L’aide qui vient du dehors conduit souvent à vous affaiblir, mais l’aide qui vient du dedans vous revigore immanquablement. » En 2014, Jacques Attali, récemment promu « LinkedInfluencer » publie à son tour son ouvrage de DP : Devenir soi. Il y écrit : « Dans un monde aujourd’hui insupportable et qui, bientôt, le sera bien plus encore pour beaucoup, il n’y a rien à attendre de personne. Il est temps pour chacun de se prendre en main. Ne vous contentez pas de réclamer une allocation ou une protection à l’État, arrachez-vous à la routine, aux habitudes, au destin tout tracé, à une vie choisie par d’autres. Choisissez votre vie ! »

Le succès du Dp est dû en partie à vouloir avoir le contrôle de sa vie, ou de sa destinée ou le choix de vie. Le dp peut exister que dans les sociétés individuelles et les consommateurs du DP sont ceux qui croient au choix de sa vie en la liberté individuelle. il donne des exemple concrets de cette pensée en argumentant: L’individualisme n’est pas, comme on le pense souvent, synonyme de l’égoïsme. Sociologiquement, l’individualisme qualifie un contexte moral qui, d’une part, donne à chaque individu une valeur égale et plus importante que celle accordée au groupe et, d’autre part, investi comme jamais auparavant l’intériorité de chaque individu. Les individualistes se vivent comme des êtres libres et égaux, disposant d’eux-mêmes et de leurs projets de vie. Ils se pensent aussi habités par une intériorité qui dit le vrai sur eux et cherchent à s’y conformer. C’est pourquoi ils valorisent le choix, la volonté, le projet personnel et la résistance à toute norme imposée de l’extérieur, car ils craignent comme la peste de vivre une vie de faux-self, où l’on n’est pas soi, mais celui que les autres veulent que l’on soit.

François a réagi à l’article « Développement personnel, pourquoi un tel succès ? » (Sciences Humaines, n° 266, janvier 2015) en affirmant qu’il y a peu de critiques du DP dans l’article et que le DP n’a pas de fondements scientifiques. Il dit: « Être acteur de sa propre vie, c’est aussi et nécessairement avoir recours à la dénonciation, on ne joue jamais seul et en dehors de tout environnement. L’individualisme s’inscrit dans une idéologie qui contrarie le constat que l’individu, c’est essentiellement du collectif incarné et du social incorporé. » Enfin, il ajouta « Ce développement personnel qui impose la réussite personnelle normée, souveraine de l’idéal méritocratique, justifie les inégalités. Il conforterait dès lors les thèses anglo-saxonnes du néolibéralisme qui ravagent nos sociétés actuelles. Ainsi, les victimes de notre système socioéconomique et culturel inégalitaire seraient-elles seules responsables de leur situation, de par leur non-accomplissement ou de leur non-réussite de leur développement personnel. »