Week-end à Cannes pas cher

Vous ne connaissez surement que les grandes lignes de ce qui s\’est passé fin octobre puisque que seulement ma famille proche sait toute la vérité. Mais il est temps que tout le monde sache la vérité!

Je suis parti le jeudi 29 octobre en avion pour cannes dans le but de passer pour la première fois (et j\’insiste bien la dessus) un week-end avec papy toute seule. J\’avais envie de passer ce moment avec lui depuis un long moment déjà mais les études m\’avaient empêché de réaliser cela. J\’avais un weekend avec lui, je voulais qu\’il soit parfait. Je voulais le sortir de sa déprime et lui redonner gout à la vie. La journée de jeudi a été parfaite, certes difficile à certains moments surtout quand je voyais réellement sa déprime et que j\’en prenais conscience. Il m\’a parlé de la mort, de trouver une pilule qui le fera dormir pour toujours, de son refus de voir un médecin (ça fait bientôt 1 an qu\’il ne se soigne plus!!)… j\’avais décidé le lendemain de sortir de l\’appart et d\’aller revoir un village que j\’aime enfin que j\’aimais énormément. Le soleil était au rendez vous, j\’étais heureuse et ne voulant pas que papy conduise pour ne pas faire d\’imprudences, je l\’ai amené jusqu\’à Saint Paul de Vence. Papy était heureux, il avait le sourire, il semblait vivre et faisait plaisir à voir! Il a ensuite voulu qu\’on aille voir la fondation Maeght. Je l\’avais déjà faite avec mes parents, mamie et lui il y a quelques années, mais il tenait absolument à la faire avec moi. Ça lui faisait plaisir, je ne voulais pas gâcher son bonheur. À l\’intérieur il m\’a dit qu\’il me remerciait qu\’il passait une journée parfaite (j\’entends encore sa voix). Et c\’est là que le cauchemar commence……

On déambulait dans la galerie bras dessus bras dessous, je rigolais des œuvres essayant de trouver la moindre petite particularité pour en parler. J\’avais beaucoup d\’imagination. Mais je ne me suis pas rendue compte de ce qu\’il se passait, je ne l\’ai compris que trop tard. Oui sa main avait glissé et se trouvait sur ma hanche. Elle était scotchée là et rien ne pouvait la faire déplacer. Il m\’a conduit dans le labyrinthe de Miro, je n\’avais plus contrôle de rien. Je revois l\’arche et le coin tranquille vers lequel il m\’a amené. Je revois ses lèvres se tendre vers moi,

ses lèvres qui réclamaient un bisou de moi, pas le simple bisou comme j\’ai pu le penser naïvement, non le bisou qu\’on donne à son mari. Moi je lui ai fais un simple bisou sur la joue, comme une petite fille le ferait à son grand père. Mais sa main….sa main…elle n\’était plus sur ma hanche.. elle s\’en était échappée. Elle avait atterrie sur ma fesse. Il la malaxait. J\’étais pétrifiée, je ne comprenais plus rien. Mon cerveau s\’était déconnecté… je voulais m\’échapper de cette étreinte. Je l\’ai invité à finir la visite. Je voulais partir. Je pensais que tout ça était de mon imagination que j\’avais rêvée. Mais mon cauchemar s\’amplifiait au fur et à mesure que le temps passait… je voulais savoir ce qu\’il voulait qu\’on fasse avant de rentrer et c\’est alors qu\’il m\’a dit en me regardant droit dans les yeux les yeux brillants \”me déshabiller\”. Voilà ce qu\’il voulait faire. Mon monde s\’est écroulé en même temps que ses paroles raisonnaient dans ma tête. Il m\’avait clairement dit ses intentions et j\’avais beau lui répéter que j\’étais sa petite fille qu\’il n\’avait pas le droit de me dire ça, il me regardait toujours avec ses mêmes yeux suppliant.

Que faire?? J\’étais… tétanisée. Je refusais cette situation. J\’ai voulu reprendre la voiture et fuir cet endroit pensant qu\’il était la cause de mon malheur. Il était déjà installé sur le siège passager quand je suis montée dans la voiture. Je n\’ai pas eu le temps d\’anticiper son geste, sa main se retrouvait sur ma cuisse, sur ma peau, il avait passé la frontière de la robe et il me tenait fermement. J\’étais aux enfers. Qu\’avais je fais pour mériter de vivre ça? J\’avais envie de vomir, d\’hurler contre lui mais j\’étais bloquée. Je lui disais que c\’était moi Alice que j\’étais sa petite fille mais il le savait et voulait absolument ça. Il me suppliait de lui dire oui! De laisser sa main aller plus haut et il était déjà assez haut!!!!!! J\’ai réussit au bout d\’un moment à lui enlever sa main à démarrer la voiture et à prendre la fuite. La fuite mais pour aller où?? Il était avec moi dans la voiture!! Je sentais son regard constamment sur moi. Dans ma tête tout un tas d\’idées ont émergées mais aucune valable pour moi. J\’ai essayé d\’être la plus longue pour rentrer redoutant ce moment seule avec lui à Cannes. La peur commençait à s\’installer en moi. Sur la route du retour il a tenu à ce qu\’on prenne un verre dans un bar. Il s\’était mis si près de moi, j\’étais tellement mal. Mais à qui parler de ça?? Pour moi tout ça n\’était pas réel. C\’est mon grand père, un homme que je respecte. Mais il s\’était transformé en prédateur sexuel, s\’amusant à me coller, à me toucher, à me caresser. Il a bien fallu à un moment qu\’on rentre… mais je ne voulais pas me retrouver seule avec lui. Il fallait que je parle de tout ça avec quelqu\’un.. mais qui? Papa? Impossible c\’est mon père. Maman? J\’étais incapable de lui dire la vérité. Heureusement j\’avais trouvé la personne a qui en parler. A peine on est arrivé à Cannes, que je suis partie seule dans le Cannet pour téléphoner à ma meilleure amie. Je lui ai relaté certains faits masquant les plus graves. Après 1h d\’appel, elle m\’a obligée à parler à ma mère. Je l\’ai donc écoutée et j\’ai appelé maman. On a parlé de tout sauf de ça, j\’en étais incapable. A la fin de l\’appel bien sur ma meilleure amie me rappelle et me demande si j\’en ai parlé à maman. Je vous laisse imaginer le soufflon que j\’ai pris par elle. Elle m\’a donc obligé à mettre un sms à maman car parfois par écrit c\’est plus facile. J\’étais à 600km d\’eux… je ne voulais pas les inquiéter, alors je n\’ai dit que le minimum. Mais ça a suffit pour les inquiéter un peu.

La nuit tombait, fallait que je rentre, que je me change au plus vite et que je mette des barrières à mon corps. Il m\’attendait devant la télé. A peine arrivée, je me suis précipité dans ma chambre mais il m\’a suivit…. J\’ai donc déposé toutes mes affaires et je lui ai dit que j\’allais me changer. Il est resté là devant la porte en me souriant, son regard en disant long. Il restait là debout et attendait que je me déshabille devant lui. Il n\’a pas compris quand j\’ai refusé et que j\’ai fermé la porte devant lui. De longues minutes se sont passées avant que je ne sorte de la chambre. J\’avais mis un pull, un pantalon. Il avait augmenté le chauffage mais tant pis fallait que je me protège, que je me cache. Je suis restée froide durant le repas, j\’avais déjà très peur… j\’ai fait la vaisselle pour rester le plus loin possible de lui et je lui ai préparé un repas à congeler pour après mon départ. Il est venu me chercher pour le début de la petite finale de rugby. Je vous enlève toutes les remarques que j\’ai pu avoir de sa part sur ma tenue, sur mes cheveux…… je parlais avec Aurélie, ma meilleure amie, je lui racontais tout ce qui se passait car mon cerveau ne fonctionnait plus. Son regard était sur moi, pas sur la télé, non, sur moi. Il me souriait et me regardait.

A quoi pensait-il? Aurélie m\’a ordonné d\’aller me réfugier dans ma chambre et de fermer à clé. Je lui ai obéit car elle voulait me mettre hors de danger car oui papy était un danger là. J\’ai prétexté une fatigue pour partir au lit à 21h20. J\’ai attrapé des coussins et je me suis barricadé dans la chambre. Le cauchemar amplifiait. Je réalisais tout ce qui s\’était passé dans la journée. Benoit s\’est mis à me parler car maman lui avait parlé de ce que je lui avais dit. J\’ai dit plus de détails à benoit qui a vite pris conscience du danger. De longues minutes se sont passées, 1h même durant laquelle ma famille a pris la décision de ma fuite et a tout planifié pour me mettre en sécurité. J\’étais si effrayée, si mal, je tremblais tellement, c\’était affreux. Fallait que je prenne la fuite mais il fallait surtout que je récupère toutes mes affaires (surtout celle dans la salle de bain) et que je m\’assure qu\’il dormait. Je vous laisse imaginer l\’état de terreur absolu dans lequel j\’étais en réalisant cette étape préliminaire. Je n\’avais pas d\’autres moyens pour partir. Fallait que je passe par devant sa porte de chambre. Ce n\’était plus mon grand père à cet instant. Mais j\’aurai été incapable de lui faire quoi que ce soit s\’il s\’était jeté sur moi à cet instant là. Prenant mon courage à deux mains et mon sac à dos j\’ai couru hors de l\’appart sautant dans les escaliers. Mon cœur battait à tout rompre, j\’étais dehors je sentais l\’air frais sur mon visage couvert de larmes. Je courrais dans la première direction qui m\’était disponible, vers le square. C\’est alors que je reçois l\’appel de benoit pour m\’indiquer l\’hôtel dans lequel j\’ai pu passer une \”nuit\”. J\’ai couru dans les rues, sur les trottoirs sur la route même regardant derrière moi dès que c\’était possible. Je me cachais entre les voitures stationnées. A l\’hôtel le gardien de nuit m\’attendait a vu ma détresse et ma donné rapidement une chambre. Je me suis encore barricadée et j\’ai hurlée ma peine en déversant toutes les larmes de mon corps.

Je ne sais pas à quelle heure j\’ai réussit à sombrer dans un sommeil agité, je ne sais pas combien de temps j\’ai dormi mais au moins j\’ai dormi car on n\’avait pas arrêté de me répéter que j\’allais bien que tout allait bien. Ca devenait une litanie pour moi. Mais il fallait encore que je sorte de l\’hôtel pour prendre le train. Il ma fallu beaucoup de temps pour que j\’arrive à me décider de sortir de la chambre. Je m\’étais camouflée du mieux que j\’ai pu. Une fois dans la rue j\’ai couru pour attraper le premier bus que je pouvais. J\’ai couru entre les voitures qui me klaxonnaient pour pas le manquer. Dans le bus je me suis cachée, mon cœur battait encore tellement fort que tout le monde autour de moi aurait pu l\’entendre. Et la mon portable sonna…avec l\’inscription papy… je refusais de répondre et je me remis à pleurer à chaudes larmes. J\’ai averti benoit de cet appel. Papa avait déjà essayé de l\’appeler sans résultat mais après cela il a retenté sa chance avec succès. Papy n\’a pas cherché à nier ce qui s\’était passé. Il s\’en souvenait très bien. Il savait très bien qui j\’étais!!! Il ne m\’a pas pris pour mamie comme j\’ai pu l\’entendre.

Je suis arrivée à la gare où j\’ai retrouvé Bertrand. Après avoir acheté un billet de train de dernière minute, nous avons pris un café pour que je lui raconte certains détails… puis il m\’a laissé sur le quai pour rejoindre papy comme je lui demandais. J\’ai mis 7 longues et interminables heures avant de retrouver ma famille. Je ne me suis pas effondrée dans leur bras j\’ai essayé de rester forte. Je me suis blottie contre maman à l\’arrière de la voiture sans m\’attacher et j\’ai donné la main à papa, benoit conduisait. Je n\’ai pas dit un mot, je n\’en avais pas la force. On s\’est tous installé devant la finale de la coupe du monde de rugby et après 5 min du match je suis allée me blottir sur les genoux de papa. J\’avais besoin de sa chaleur, de sa proximité. On a eu mal au cou, aux jambes, au dos mais on s\’en fichait on était réunis et j\’étais saine et sauve. Mais je suis rentrée dans un mutisme, je me refermais sur moi-même. Le dimanche maman m\’a dit qu\’il allait falloir que je leur raconte l\’histoire. Le soir avant le repas j\’ai décidé de le faire après et j\’en ai averti maman.

Le moment venu je me suis installée sur le canapé, un mouchoir dans mes mains, j\’ai regardé le sol tout le long du récit en tremblant comme une folle et en pleurant. A la fin papa, qui était assis à côté de moi mais sans contact, m\’a attrapé et ma serré si fort contre lui. On était tous les uns contre les autres. On se réconfortait tous. On avait vécu le pire… mais on était tous là…

Voilà l\’histoire de tout ça, l\’histoire de ce harcèlement. Je vois un psy en ce moment qui tente de me reconstruire et de me faire surmonter ce traumatisme. Mais toutes les nuits j\’y pense, toutes les nuits je vois les images qui me rongent à l\’intérieur.