Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin

Les maladies inflammatoires de l’intestin (MICI) sont classées en deux entités majeurs: la maladie de Crohn (MC) et la recto-colite ulcéro-hémorragique (RCUH), ces deux affections sont caractérisées par une inflammation chronique n’importe où le long de la paroi du tube digestif. Certains patients peuvent présenter des symptômes similaires entre la maladie de Crohn et recto-colite ce qui nous permet d’ajouter une troisième entité: la colite indéterminée. Ces trois entités présentent une différence de caractéristiques histologiques et leur localisation sur le tractus digestif mais une similarité sur le phénotype clinico-pathologiques.

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin touchent  souvent des sujets jeunes et évoluent par poussées  puis remissions. L’étiologie exacte de MICI est inconnue. Plusieurs facteurs sont met en jeu pour avoir un effet sur le développement de ce groupe de maladies, les facteurs environnementaux tels que le tabagisme, les antibiotiques, le régime alimentaire, le facteur génétique qu’il s’agit d’une prédisposition génétique de la maladie, ou bien le facteur immunologique responsable sur l’activation du système immunitaire provoquant une dysrégulation du système immunitaire. Celles-ci vont entrainer une  réponse inflammatoire excessive et chronique donc des lésions intestinales.

La maladie de Crohn

La maladie de crohn est une maladie inflammatoire chronique qui peut atteindre n’importe quel segment du tube digestif, de la bouche jusqu’à l’anus [2]. Le déroulement de la maladie est caractérise par des exacerbations entrecoupées par des périodes de rémissions (périodes calmes, sans symptômes).c’est une affection qui touche l’adulte jeune, généralement son pic de fréquence est situé entre 20-30 ans [3]. Les principales formes des lésions sont : les formes iléales, les formes coliques et les formes mixtes iléo-coliques.

Manifestations cliniques et anatomopathologie de MC

Les manifestations cliniques de la maladie de crohn sont principalement digestives depuis la bouche jusqu’à l’anus mais trois zones sont les plus souvent touchées : l’iléon, le colon,  iléo-colon, la région ano-périnéale. Les symptômes varient en fonction de la localisation (iléon, intestin grêle et le colon), l’intensité, et la présence ou non des manifestations extradigestives. Au moment des périodes de poussées, les principaux symptômes digestifs sont des douleurs abdominales, amaigrissement, une diarrhée chronique parfois sanglante, nausées [4].

Les lésions ano-périnéale sont fréquentes et constitués plus de complications tels que sténose, fistule, abcès avec une éventuelle atteinte extra-digestive: articulaire, cutanée, oculaire. [5] L’étiologie de la maladie de crohn reste toujours mal connue à l’heure actuelle. C’est une pathologie multifactorielle complexe caractérisée par une inflammation de la paroi du tube digestif  liée à plusieurs facteurs environnementaux,

une prédisposition génétique, une perte d’homéostasie du microbiote intestinale. Tous ces facteurs sont responsable sur le déclenchement d’une réponse immunitaire et inflammatoire anormale vis-à-vis la microflore intestinale provoquant des lésions caractéristiques. [6]

Les lésions sont segmentaires et hétérogènes avec une alternance entre la paroi saine et la paroi lésée. Souvent, l’atteinte est transmurale qui touche toute la paroi intestinale. Les lésions se siègent au niveau de l’iléon, le colon et l’anus. Les caractéristiques de la maladie sont des épaississements de la paroi ce qui peut aboutir à une sténose (diminution de la lumière intestinale), l’apparition des ulcères superficiels et profonds touchant les tissus voisins et donc un point de départ des fistules. Au niveau microscopique, on remarque la présence des granulomes tuberculoïdes qui représente un amas de cellules épithéliales, lymphocytes et cellules géantes. [7][12].

Complications et Diagnostic de MC

Les complications de la maladie de crohn sont les fistules, sténoses, abcès quand il s’agit d’une atteinte de l’anus ou la région périanale, des hémorragies digestives. Un risque de développer un cancinome colorectal en raison de chronicité de l’inflammation intestinale. [8] Le diagnostic est effectué le plus souvent lors d’une poussée. La présence des périodes de rémission rend la maladie difficile à diagnostiquer ce qui nécessite l’association de plusieurs  critères cliniques, biologiques et d’imagerie médicale (endoscopique, radiologique) ou même histologique de la maladie de crohn.

Aucun test ne permet à lui seul de diagnostiquer la maladie donc une analyse biologique de marqueurs sériques spécifiques à la MC permet d’orienter le diagnostic. Dans le but de suivre l’évolution de la maladie, une variété des marqueurs sanguines et sériques seront étudie au cours du temps. Une augmentation dans les protéines CRP et polynucléaires neutrophiles sanguins permet d’indiquer la présence d’une inflammation [9]. Pour une amélioration du diagnostic, une recherche des anticorps périnucléaire antineutrophile (pANCA) et anti-Saccharomyces cerevisiae (ASCA) seront étudiées [10].

Ces anticorps nous  permettent faire la différenciation entre la MC et RCUH. Les anticorps périnucléaire antineutrophile (pANCA) sont des auto-ancticorps, ils reconnaissent des antigènes qui se trouvent au niveau polynucléaires neutrophiles. Des études ont montré que les patients atteints par RCUH ont plus de pANCA par rapport aux patients atteints par MC. [11] Les anticorps anti-Saccharomyces cerevisiae (ASCA) sont des anticorps de type IgA ou IgG dirigés contre un résidu mannose retrouvé à la surface de la levure non pathogène Saccharomyces cerevisiae  .les ASCA se trouvent beaucoup plus chez les patients de MC que les patients atteints par RCUH.

Traitement de MC

Actuellement, il y a aucun médicament permettant de guérir de façon définitive la MC mais l’objectif du traitement est de soulager les symptômes, corriger les déficiences alimentaires, contrôler ou supprimer les manifestations pathologiques évidentes. Le traitement médical repose sur la prescription d’un ensemble des médicaments. Le choix de médicament dépend de la localisation et l’intensité des symptômes. Les deux symptômes les plus courants de la maladie de Crohn sont les douleurs abdominales et diarrhées donc un traitement de l’inflammation aide à contrôler les deux symptômes.

Les aminosalicylates (la sulfasalazine et la mésalazine) sont des anti-inflammatoire ayant une efficacité pour traiter les poussées d’intensité faible mais pas suffisamment efficace pour les poussées de fortes intensités. [4] Les corticoïdes sont prescrits pour les formes plus graves ou bien pour prolonger la période de rémission mais leurs effets indésirables et le développement de corticodépendance limitent la durée d’utilisation du traitement. [4] Les immunomodelateurs tels que l’azathioprine et méthotrexate  agissent de façon à calmer les réactions inflammatoires. Ils sont utilisés pour prolonger les périodes de rémissions.

Afin d’éviter l’insuffisance nutritionnel, l’alimentation parentérale a pour but de compenser  les carences en protéines, vitamines et les minéraux et atténuer les symptômes. Pour une thérapie plus ciblée basée sur l’utilisation des anticorps anti-TNF-α «tumor necrosis factor» comme l’adalimumab, le Golimumab, l’infliximab. Ils sont indiqués pour le traitement de la maladie de crohn active d’intensité modéré à sévère, chez les patients n’ayant pas répandus aux traitements conventionnels par les anti-nflammatoires et les corticoïdes.

Les TNF-α est une cytokine impliqué dans le processus inflammatoire. Les anticorps anti-TNF-α permet de diminuer la quantité de  TNF-α et donc l’évolution de la maladie. [4] En cas de complications (fistule, perforation) ou bien l’échec du traitement médical, l’intervention chirurgical est nécessaire. La chirurgie consiste de retirer la section du tube digestif lésé. Les antibiotiques sont efficaces pour traiter les lésions ano-périnéales de la MC.

La recto-colite-ulcéro-hémorragique

La recto-colite-ulcéro-hémorragique RCUH  est une maladie inflammatoire chronique limitée au colon et rectum. La RCUH touche principalement les jeunes adultes et parfois elle présente un deuxième pic entre 50-60 ans. L’évolution de la maladie est caractérisée par l’alternance des périodes de poussées et de remissions. En fonction des localisations de l’inflammation, on peut définir 3 types de RCUH : la pancolite qu’il sagit d’une atteinte touchant la totalité de la muqueuse du colon, recto-colite gauche où l’inflammation se situe au niveau de l’angle colique gauche et la recto-sigmoïdite qui atteint le rectum et le colon sigmoïde. [12] Figure : Localisation des atteintes intestinales dans la maladie de Crohn et la RCUH.

Manifestations cliniques et anatomopathologiques de RCUH

L’extension colique et le degré d’altération conditionne l’intensité des symptômes pendant les périodes des poussées. Les manifestations cliniques digestives sont rectorragies (évacuations intestinales hémorragiques), des syndromes rectaux (ténesmes, épreintes), des lésions limitées au rectum quand l’intensité des poussées est faible. Les sujets présentant des symptômes graves, ont une atteinte totale du colon avec des ulcérations profondes accompagnées avec des douleurs abdominales, une diarrhée glairo sanglante, une fièvre et amaigrissement rapide. Par contre, les symptômes extra-digestifs (cutanée, oculaire, articulaire) sont presque similaires que dans la maladie de crohn. [1]

Les lésions endoscopiques sont caractérises par une inflammation continu, uniforme et sans intervalle de  muqueuse saine. Une atteinte constante du rectum qui s’étend vers le haut et peut toucher le colon. Une muqueuse érythémateuse et hémorragique fragile avec une présence rare des ulcéres ce qui explique l’absence des fistules et sténoses. Formation des pseudopolypes lors de la régénération de  la muqueuse. Les examens microscopiques montrent que les lésions sont limitées à la partie superficielle de la muqueuse et la sous muqueuse. L’inflammation comprend  les abcès cryptique, infiltrat  lymphoplasmocytaire et absence des granulomes tuberculoïdes. [7] [12]

Complications et diagnostic de RCUH

Les complications de RCUH sont la colectasie quand les poussées sont très graves et l’inflammation atteint les couches profondes de la paroi du colon, elle constitue une urgence thérapeutique. Les perforations et les hémorragies digestives se manifestent au cours des formes intenses de poussées. Un risque de développement de cancer colique qui dépend de la durée de la maladie et de son degré d’extension au colon.

Le diagnostic repose dans un premier temps sur une analyse sanguine pour mettre en évidence la présence d’une inflammation générale, une anémie. Une coloscopie ou rectoscopie visualise l’intérieur du colon et rectum  pour permettre la mesure des lésions et leur aspect et faire des biopsies de la muqueuse. Pour visualiser mieux les dilatations et les rétrécissements de colon, un lavement baryté est effectué.

Traitement de RCUH

Le traitement médical de la RCUH est similaire à celui de la maladie de Crohn. La chirurgie d’urgence est indiquée chez les patients présentant des complications mettant leur vie en danger, comme une perforation, saignement rectal réfractaire, et mégacôlon toxique non en réponse à la gestion médicale. [12]