Manon Roland, personnalité de la Révolution

Manon Roland, épouse de Jean-Marie Roland de la Platière, est la femme de révolutionnaire la plus influente et la tête pensante derrière de nombreuses réformes et discours, proposés et prononcés par son mari.

Née le 17 mars 1754 à Paris, Manon Roland née Jeanne Marie Phlipon a vécu dans un milieu bourgeois sur l’Ile de la Cité. Depuis sa plus tendre enfance, Manon est une petite fille passionnée par la lecture, par les études et par la mythologie et les héros de l’Antiquité, domaines dans lesquels elle excelle. Cette intelligence innée, épaulée par son milieu, l’envoie au couvant des Augustines de la Congrégation de Notre-Dame où son éducation est encore peaufinée. Plusieurs des lectures de Manon Roland ont eu un impact fort sur son futur : tous les récits mythologiques et religieux concernant les héros de l’Antiquité l’ont fortement influencée dans la direction qu’elle a pris : elle veut devenir comme les héros mythologiques et développe ainsi une profonde envie d’aider les gens, qui se traduit dans le monde réel par de la politique.

De plus, elle lit en 1761 « Julie ou la nouvelle Héloise » de Rousseau qu’elle prend pour modèle politique et dont elle suit les préceptes politiques à la lettre, la poussant encore plus loin sur le chemin de la politique. Plus tard, Manon Roland devient, avant de se lancer dans l’ombre dans la politique, salonnière. Elle tient un salon de thé dans lequel se retrouvent nombre de personnalités politiques éminentes tels que des ministres, des députés, dont Brissot, Pétion et Robespierre.

Elle fait la connaissance en 1776 de Jean Marie Roland de la Platière grâce à des amies du couvent avec lesquelles elle a gardé contact. De 25 ans son aîné, elle n’est pas tant intéressée par son physique que par sa personnalité : Roland est un homme au service du peuple, tout comme Manon, et a collaboré avec Rousseau sur la rédaction de l’Encyclopédie méthodique, qui est quasiment l’idole de Manon. Ils se marient 4 ans plus tard, le 4 février 1780, et leur vie conjugale est décrite par Manon comme « Mariée dans tout le sérieux de la raison, je ne trouvais rien qui m’en tirât ; je me dévouais avec une plénitude plus enthousiaste que calculée.

À force de ne considérer que la félicité de mon partenaire, je m’aperçus qu’il manquait quelque chose à la mienne » ( extrait de ses mémoires). Leur mariage relevait, en

somme, plus d’une collaboration professionnelle que d’une véritable vie conjugale. Sa vie politique démarre véritablement en Mars 1792, lorsque Jean Marie Roland de la Platière devient ministre de l’intérieur sous le gouvernement de Louis XVI.

Dans l’ombre, elle prend le contrôle du ministère et devient son éminence grise, le cerveau derrière nombre des hauts-faits de Roland : elle co-rédige avec lui ses discours académiques, ses traités techniques, ses rapports d’inspecteur des manufactures, ses articles pour l’Encyclopédie méthodique, elle rédige également nombre de proclamations et discours pour son mari à l’époque de la Révolution. Son mari, dans le camps des Girondins, est un membre de l’Assemblée nationale et participe aux débats politiques. Pendant ce temps là, Manon en retrait, prend des notes et rédige des comptes rendus des séances.

Elle est à l’origine de nombreuses réformes proposées à l’Assemblée par son mari, comme le libéralisme politique et économique. Son plus grand coup de poker politique est sans doute la lettre adressée à Louis XVI. En Juin 1792, nombres de décrets votés par l’Assemblée sont rejetés par le roi, qui impose à l’Assemblée son droit de véto, notamment les décrets à l’encontre des prêtres réfractaires n’adhérant pas à la constitution civile. S’ensuit un fort mécontentement chez les français, et Manon décide de prendre les choses en main.

Elle écrit une lettre provocatrice au roi, dans laquelle elle dit « si vous ne donnez pas satisfaction à la Révolution, elle sera cimentée par le sang. » Roland est immédiatement retiré du poste de ministre de l’intérieur mais le gain de popularité que ce coup lui a offert lui ainsi qu’à la Gironde en vaut la chandelle.

Les choses commencent à se gâter pour les Rolands à partir du 10 août 1792 : cette lettre, quoiqu’un succès frappant, a galvanisé la colère du peuple : la tentative de fuite de Louis XVI est ainsi vécue par les français comme une trahison car il se disait en accord avec le peuple et avec les nouveautés apportées par la révolution, et c’est en particulier le procès qui va poser problème.

En effet, les positions radicalement opposées des deux parties vont attirer les critiques de l’Assemblée sur les girondins et sur Roland , qui après avoir proposé de simplement bannir le roi, sera constamment traité de royaliste, et sera surnommé « Coco Roland » et sa femme « Madame Coco » en référence à la forte influence qu’elle a sur lui dont l’Assemblée est au courant. Ainsi, la Gironde perd de l’influence et Roland et sa femme se retirent de la vie politique. Le printemps 1793 marque le début de la Terreur : les Girondins sont poursuivis à travers toute la France.

A cause de leur position quant au jugement de Louis XVI, ils sont considérés comme des suspects (terreur militaire), qu’ils soient politiquement actifs ou non, arrêtés puis exécutés. Jean Marie Roland de la Platière parvient à s’enfuir, mais Manon reste. Elle est rapidement arrêtée puis enfermée pendant 5 mois dans la prison de Sainte Pellagie, durée pendant laquelle elle rédige ses mémoires avant de monter à l’échafaud.

Dans sa cellule, elle dispose d’un bureau, et elle achète de l’encre et du papier à ses geôliers. Pendant les 5 mois qu’elle passe là-bas, elle entreprend la longue rédaction du récit de sa vie, de l’injustice qu’elle subit et elle prouve que la plume est plus forte que l’épée, en transmettant les manuscrits contenant ses mémoires à l’un de ses amis qui le garda jusqu’à ce que ces précieux documents soient retrouvés et entreposés dans la Bibliothèque Nationale de France, qui serviront de témoignage des évènements durant la révolution française mais aussi lors de la Terreur, dont elle est victime le 8 Novembre 1793.