Le développement financier en Tunisie

Comme la plupart des pays de Sud, la Tunisie a entamé, depuis les dernières décennies, des programmes de mise à niveau et de restructuration de leurs systèmes financiers, visant à créer les conditions idéales à l’essor et au développement de leurs secteurs financiers pour une participation plus active, et un rôle plus important dans l’économie. Ces réformes ont été menées suivant différents degrés et à grande échelle. Le secteur bancaire tunisien occupe une place non négligeable dans l’économie du pays. Il domine son secteur financier.
Dans cette section, nous allons tout d’abord présenter un aperçu historique du secteur financier tunisien. Par la suite nous allons présenter le secteur bancaire dans la Tunisie. L’élément suivant sera consacré aux réformes financières et bancaires dans le pays. En dernier élément nous allons donner une évaluation du développement financier en Tunisie.

Aperçu historique du secteur financier tunisien

Le système bancaire tunisien a été créé en 1958. Jusqu’à la fin des années 1980, il a été administré et dirigé. Ce système était dominé par l’Etat. Son activité était strictement contrôlée. Les banques ne possédaient aucune liberté. Les taux, les crédits accordés ainsi que les méthodes de gestion devaient être conformes à la réglementation dictée par de la Banque Centrale. L’octroi du crédit était réservé aux prêts destinés à la consommation. La banque centrale surveillait et contrôlait rigoureusement les crédits et les taux d’intérêts. A cette époque toutes les banques fixaient des taux d’intérêt similaires. Cela décourageait l’épargne à cause d’absence de concurrence, de compétitivité et de faiblesse de la demande de crédit.

En 1987, le Plan d’Ajustement Structurel a été instauré. Ce qui a permis l’émergence d’un marché financier organisé caractérisé par un allégement des conditions d’octroi de crédit. Les banques se sont dirigées vers une politique de financement des ménages. De nouvelles réformes ont été établies pour améliorer la capacité du système financier à mobiliser l’épargne et à financer les investissements productifs. Plusieurs mesures ont été adoptées comme la suppression de l’encadrement du crédit, l’adoption d’une nouvelle politique de refinancement, la déréglementation des taux d’intérêt et la mise en place d’une nouvelle politique de réserves obligatoires. Ces règlementations cherchaient essentiellement à maintenir la sécurité et la stabilité nécessaires pour construire un système bancaire vigoureux.

En 1990, la libéralisation financière soutenue par le système bancaire tunisien a abouti à un changement dans la structure financière. La libéralisation visait à réduire le pouvoir monopolistique des banques tunisiennes en renforçant leur efficacité

et leur décentralisation. Cela a permis la diversification et la spécialisation des banques (les banques universelles, les banques d’affaires, les banque offshores, les sociétés de factoring etc.). L’intervention de l’Etat dans ce secteur est devenue de moins en moins importante. Ce qui a facilité l’entrée des investisseurs étrangers dans l’actionnariat des banques et l’implantation des banques étrangères sur le marché national. La structure de l’actionnariat bancaire est devenue plus équilibrée en classant les banques en trois catégories (les banques étatiques, les banques privées, et les banques à majorité étrangère).

D’autres réformes visant la modernisation des banques ont été adoptées. Ces réformes ont pour objectif l’amélioration des services bancaires et le renforcement de la sécurité des opérations de ces établissements. Parmi ces mesures il y’a l’instauration d’un système de télé compensation, l’amélioration de la gestion du personnel, l’introduction de nouveaux instruments financiers, le développement de la monétique, l’innovation, etc. Toutes ces modifications ont permis aux banques tunisiennes de montrer une garantie de stabilité pour les investisseurs étrangers et de présenter un certain niveau de compétitivité.