Caractéristiques et enjeux du risque-pays

Il existe différentes façons d’analyser le risque-pays que ce soit au niveau du cadre de l’étude, c’est-à-dire les risques encourus au niveau macroéconomique ou microéconomique.

On peut également analyser le risque-pays selon les « types » de risque qui le compose, autrement dit on peut étudier ces composantes une à une : d’une part on a le macro-risque, le micro-risque et le risque socio-culturel qui forment le risque socio-politique et d’autre part on a le risque économique et financier qui se regroupent pour former le risque économique-financier.

De plus, le risque socio-politique et le risque économique et financier sont interdépendants car une crise politique peut engendre une crise économique et financière et vice et versa.

Ci-dessous, voici un schéma pour mieux comprendre les différentes composantes du risque-pays.

le risque économique et financier

Cette notion est apparue dans les années 1980 lorsque les pays dits « pays du tiers-monde » se sont retrouvés surendettés.

2.1) le risque financier

Comme le montre le SCHÉMA 1, le risque économique et financier sont interdépendants. Nous allons nous intéresser à ce qu’est le risque économique et expliquer en quoi ces deux risques sont reliés.

Lorsqu’un pays emprunte à l’étranger, il faut qu’il respecte ses échéances afin de pouvoir honorer ses dettes. Cependant, ce n’est pas toujours le cas, on parle alors de risque financier. En effet, dans le contexte de mondialisation actuel, les flux financiers qui circulent sont soumis à différents types de contraintes comme la taxation en France (ENCADRÉ1) ou encore le contrôle du taux de change en Chine (ENCADRÉ2). Ce sont ces multiples contraintes qui génèrent le risque financier, d’autant plus si les pays empruntent en devise car lorsqu’un pays fait des emprunts dans une monnaie étrangère, il doit alors faire face au risque que le taux de change se modifie (dépréciation ou appréciation du taux de change), ce qui pourrait considérablement augmenter sa dette ainsi que les intérêts qui vont avec. Cependant, la capacité d’un pays à rembourser ses dettes est jugée à sa capacité à exporter sur le long terme car pour pouvoir honorer ses dettes, les pays doivent accumuler une richesse extérieure plus importante que le capital de base. Or, parfois si pour une quelconque raison il y a une baisse de la demande vis-à-vis d’un produit que le pays exporte, alors il ne pourra pas rééquilibrer sa balance commerciale6, les importations seront supérieures aux exportations, elle sera donc déficitaire c’est-à-dire qu’elle aura un solde négatif et le pays aura du mal à rembourser ses

dettes. De ce fait, le risque financier entraîne à son tour un risque économique.

e risque économique

Tout d’abord, le risque économique est dû à un risque financier du fait que lorsque le pays qui emprunte en devise doit rembourser ses échéances, comment peut-il y parvenir ? Il faut qu’il exporte plus qu’il n’importe et ce sur le long terme afin que la balance commerciale soit excédentaire, autrement dit il faut que ses exportations soient supérieures aux importations. Effectivement, en plus du capital emprunté, il faut aussi rembourser les intérêts. Ici, ce sont les entreprises exportatrices qui sont les plus affectées vis-à-vis du pays importateur comme par exemple quand la croissance de la Chine a diminué et que le pays a donc moins importé.

Les acteurs du risque-pays

Au tout début, nous avions définis deux méthodes d’analyse du risque-pays qui, pour rappel étaient soit de le définir selon le contexte, c’est-à-dire le cadre macroéconomique ou microéconomique. Soit par les « types » de risque qui composent le risque-pays. Il existe une autre méthode qui est d’analyser le risque-pays selon les différents acteurs qui y sont le plus soumis, à savoir : la banque7, l’entreprise exportatrice8 et l’investisseur9.

La banque

Au sein de la banque, on peut distinguer deux types de risque : ceux que la banque subit et ceux qu’elle accepte.

En premier lieu, définissons les termes qui composent le risque accepté par les banques. Ce risque est composé de trois types de risque (SCHÉMA 2).

Lorsque qu’un client n’arrive pas à rembourser ses dettes auprès d’une banque, on parle de risque de contrepartie car la banque assume le risque de défaillance de ses clients, autrement dit elle assume le fait de ne pas être remboursée. De même, ce risque (le risque de contrepartie) comporte une dimension supplémentaire qui est le risque de liquidité, c\’est-à-dire que la banque n’arrive plus à faire face à ses échéances car elle n’a pas réussi à se refinancer à court terme en raison du décalage temporel.

Pour finir, le risque de marché est un risque lié à la volatilité des actions, taux d’intérêt et aussi des taux de change. Dans ce dernier cas, la banque prend le risque de voir un remboursement en devise diminuer si la devise se déprécie10 et inversement.

En second lieu, la banque doit aussi faire face aux risques qu’elle subit. Comme le montre le (SCHÉMA3), il s’agit des risques opérationnels dont fait partie le risque de non-conformité et pour finir, elle subit le risque d’intégrité de marché.

Premièrement définissons ce que sont les risques opérationnels selon le comité de Bâle11. Ce risque est défini comme suit : « le risque de pertes dû à l’inadéquation ou à la défaillance de processus interne dus au personnel ou aux systèmes ainsi que ceux dus à des évènements extérieurs »12. Ces risques concernent tous ce qui fait références aux erreurs humaines comme par exemple : les pratiques malhonnêtes, les accidents, etc.

Un autre risque auquel la banque est exposée, est le risque de non-conformité qui est une composante des risque opérationnels, que le comité de Bâle défini comme étant « le risque de sanction judiciaire, administrative ou disciplinaire, de perte financière, d’atteinte à la réputation, du fait de l’absence de respect des dispositions législatives et règlementaires, des normes et usages professionnels et déontologiques, propres aux activités de la banque », (Bâle I, 1988).

Pour finir, elle subit le risque d’intégrité de marché. Ce risque comprend tous les abus de marché que la banque peut subir, comme les délits d’initié qui est le fait qu’un individu détient une information que les autres n’ont pas et s’en serve afin d’acquérir ou de revendre des titres financiers. Un autre exemple de risque d’intégrité de marché est la manipulation des cours afin de modifier la valeur des titres.

L’entreprise exportatrice

Pour une entreprise, exporter des biens et des services peut lui apporter de nombreux bénéfices car d’une part, elle étend son aire de marché et a donc accès à de nouveaux marchés qui lui étaient jusqu’à présent fermés. D’autre part, elle peut baisser ses coûts de production en raison des ventes supplémentaires qu’elle pourrait faire grâce aux économies d’échelle (GRAPHIQUE2), mais comment ? En effet, les économies d’échelles sont « une diminution des coûts unitaires de production due à l’augmentation des quantités produites »13. Elles sont la conséquence de la répartition des coûts fixes sur la quantité produite qui augmente lorsque l’entreprise grandit, ou encore étend son aire de marché.

Cependant, cette situation avantageuse a priori peut s’accompagner d’inconvénients, plus particulièrement on dira que les avantages de l’export comportent des risques que nous allons analyser liés au non-recouvrement des créances commerciales14.

Ce risque s’apparente au risque que peut subir une entreprise exportatrice si les créances qu’elle détient sur les pays importateurs sont impayées. De plus, elle est démunie face à ces pays qui peuvent mettre en place des mesures protectionnistes ou encore elle peut se retrouver pénalisée si le produit intérieur brut (PIB) du pays importateur ralentit.

Le risque de non recouvrement des créances commerciales peut se matérialiser de différentes façons : il peut s’agir de barrières douanières comme par exemple lorsque les Etats-Unis ont imposé une taxe de 10% sur l’aluminium et de 25% sur l’acier. Il peut aussi se matérialiser sous forme d’interdiction pour un pays de transférer des devises à l’extérieur du pays.

3.) les investisseurs

Les investisseurs, quant à eux sont soumis à deux types de risque qui sont : le risque industriel et le risque financier. Comme nous avons déjà expliqué ce qu’était le risque financier, nous allons donc nous intéresser au risque industriel.

Le risque industriel auquel est soumis l’investisseur concerne le fait qu’il peut y avoir un accident au sein de l’usine de production et qui peut provoquer de considérables dégâts sur la santé du personnels, des habitants mais aussi sur l’environnement. On peut citer comme exemple la fuite de gaz à Bhopal, en Inde qui avait fait plus de 3500 morts.

Le risque financier pour investisseur c’est le risque de perdre de l’argent suite à une opération financière. Il est soumis aux contraintes que nous avons expliquées tantôt dans la partie concernant le risque financier.