Les glaçantes statistiques des violences policières aux États-Unis

Il n’y a aucun doute que les États-Unis, entre autres, font face à une épidémie de brutalité policière depuis les dix dernières années. L’idée principale d’adopter le port de caméras portatives culmine depuis un certain temps, surtout depuis le meurtre de Michael Brown par l’officier Darren Wilson à Fergusson, Missouri (Cochran & Gonzales, 2017) et celui d’Eric Garner par l’officier Daniel Pantaleo à Staten Island, les deux ayant pris place en 2014 (Considering Police Body Camera, 2015). Au Canada, c’est le meurtre de Sammy Yatim à Toronto qui a suscité l’intérêt de la population en ce qui concerne les caméras corporelles (Bud, 2016). Les manifestations qui se sont déroulées par la suite ont su capter l’attention du président Barack Obama, qui a pris la décision de supporter cette nouvelle technologie dans l’espoir de possiblement voir la diminution de brutalité policière envers des personnes de couleur (Lawrence, 2015). De façon globale, les caméras portatives ont été implantées dans le but de permettre aux départements de police d’être plus transparents envers leur communauté et leurs citoyens (Considering…, 2015), ce qui vise la diminution des plaintes émises par ceux-ci (Hedberg, Katz & Choates, 2017). En effet, cette nouvelle technologie a été adoptée dans le but d’enregistrer tous contacts, physiques ou verbaux, entre un policier et un citoyen, et donc assurer le bon comportement des deux partis lors d’altercations (Lawrence, 2015). L’idée est que, avec ces caméras, les policiers seraient plus vigilants lors de leurs interactions avec des citoyens et de ce fait, améliorerais l’image des forces de l’ordre (Lawrence, 2015).
L’évidence empirique de l’efficacité de cette technologie se fait quand même rare, mais certaines recherches ont été conduites dans le but de saisir la perception des citoyens ainsi que des policiers (Hedberg, Katz, & Choates, 2017). En effet, les recherches faites auprès des policiers étaient réalisées dans le but de saisir leurs opinions envers les caméras portatives, s’ils pensaient que celles-ci avaient une place dans le domaine de la sécurité. De l’autre côté, les recherches réalisées auprès des citoyens étaient en rapport avec leurs interactions avec les policiers et s’ils pensaient que les caméras portatives seraient une bonne idée en général. D’après une étude fait auprès de trois départements de police aux États-Unis, 78% à 80% des officiers croient fortement que les caméras corporelles produiraient des rapports d’accidents beaucoup plus précis tandis que 66% à 87% disent que celles-ci amélioreraient la qualité globale de
l’évidence recueillie (Gaub, Choate, Todak, Katz, & White, 2016). Dans une différente étude, 40.6% des officiers pensaient que l’adoption de caméras corporelles améliorerait le comportement des citoyens (Jennings, Fridell, & Lynch, 2014). Bien que ces études n’aient pas été formellement suivies et qu’il ne s’agissait que de la perception personnelle d’un certain nombre d’officiers, il est dans l’intérêt d’analyser l’opinion des policiers envers cette technologie ainsi que leur optimisme face à celle-ci (Jennings, Fridell, & Lynch, 2014). Dans une recherche qui étudiait les effets des caméras corporelles sur l’usage de la force et les plaintes civiles, des 25 instants d’usage de force, seulement 8 provenaient de policier ayant des caméras corporelles, tandis que 17 provenaient de ceux n’en ayant pas (Ariel, Farrar, & Sutherland, 2015). Selon cette recherche, non seulement le niveau de plaintes déposées par les citoyens a largement diminué, mais les policiers étaient moins tentés de faire usage de force et donc améliorer les interventions entre les civiles et la police (Ariel, Farrar, Sutherland, 2015). Après une série d’études, le département de police de la ville d’Orlando a observé qu’un officier sur quatre constatait que son comportement « sur le terrain » avait été grandement affecté par le port de caméras corporelles (Jennings, Lynch, & Fridell, 2015). De plus, 30 à 40% affirmaient que ces caméras portatives avaient un impact sur le comportement des citoyens et diminuaient les confrontations des citoyens envers les autres (Jennings, Lynch, & Fridell, 2015). Par contre, il est possible d’observer que le port de caméras corporelles augmentait le risque qu’un policier se fasse attaquer par un civil durant une interaction avec ce-dernier (Ariel & al., 2016). En effet, d’après cette recherche, le fait d’être surveillé par une caméra portative rendrait le policier plus vulnérable aux attaques (Ariel & al., 2016). Il est mentionné que la raison pour laquelle le risque d’une attaque se produise est dû au fait que lorsque certaines personnes sont en présence d’une caméra, elle peut devenir plus agressive, et ceci s’applique aux policiers autant qu’aux citoyens (Ariel & al., 2016). Ceci n’est, par contre, qu’un seul inconvénient associé aux caméras corporelles, et ne constitue qu’une seule étude sur l’augmentation des risques. D’un autre côté, les citoyens ont également leur mot à dire en ce qui concerne l’adoption des caméras corporelles. Dans une étude réalisée auprès de ceux-ci, il est possible de noter que leur perception envers cette nouvelle technologie est très positive, voir même très favorable envers l’adoption permanente des caméras corporelles (White, Todak & Gaub, 2015). Nous pouvons donc constater que les impacts associés à cette nouvelle adaptation sont à la fois positifs et négatif. Puisque les recherches sur ce sujet se font un peu rare, il est quand même difficile de cibler avec précision les différents impacts que peuvent avoir les caméras portatives sur la population. Par contre, comme nous pouvons le voir dans les différentes recherches abordées ci-haut, la perception des citoyens et des policiers est très optimiste.
Cette nouvelle technologie est, d’après moi, une bonne initiative pour essayer de réduire la brutalité policière et assurer la transparence des départements de police. D’une certaine façon, c’est démoralisant à savoir qu’à cause de la hausse de la brutalité policière, nous devons avoir recours à ce moyen pour donner une voix à ceux qui se font incarcérer (ou même tuer) injustement ou pour aucune raison. C’est démoralisant de voir qu’au lieu d’évoluer et de marcher vers l’avant, nous prenons 50 pas vers l’arrière à chaque fois que la carrière d’un policier est plus importante que la vie d’une personne de couleur. C’est démoralisant que certaines personnes se font arrêter et craignent pour leur vie. Malgré tout, si les caméras corporelles sont ce qu’il faut pour essayer de diminuer cette crainte et essayer de combattre la brutalité policière qui devient de plus en plus présente dans notre société, je suis tout à fait en accord avec leur adoption. En fait, tous les policiers dans tous les départements devraient être munis de celles-ci. Bien qu’il y ait effectivement deux côtés à cette médaille, on ne peut pas s’attendre à ce que tout le monde soit 100% partant avec cette technologie. À mon avis, les bénéfices reliés à ceux-ci l’emportent grandement sur les inconvénients. Nous savons tous que la technologie nous permet d’évoluer, et celle-ci nous permettrait de cibler un problème social qui prend clairement de l’ampleur. Bien sûr il va y avoir des sceptiques qui ne voudront rien savoir, et malgré tous nos efforts, nous ne pourrons surement pas changer leur avis. Les questions de sécurité privée et de violation des droits de les personnes reviendront comme argument principal pour être contre. Pourquoi le droit de ces personnes innocentes est moins important? D’après moi, c’est un prix que nous devrons tous être prêts à payer si nous voulons avoir une chance à un certain respect des races.