Les défis de la mobilité urbaine dans les pays en voie de développement

Les villes des pays en voie de développement croissent à une vitesse considérable. Leur population, environ 2 milliards au début des années 2000, devrait atteindre les 5.5 milliards dici les années 2050. Cela représente 95% de laugmentation de la population urbaine dans le monde. Pour de multiples raisons, tant économiques que sociales, les habitants trouvent de plus en plus de raisons de migrer à proximité des centres urbains, plus prospères en emplois. Le résultat de cette importante migration vers les centres urbains du continent est une très forte croissance de la population dans les villes, et par conséquent, une augmentation conséquente des besoins de mobilité des personnes (Cohen, 2006). Dans ce contexte durbanisation majeure, les villes des pays en voie de développement doivent relever de nombreux défis : logement, éducation, santé font partie des aspects les plus urgents et les plus importants à traiter pour les villes. Parmi tous ces défis, celui des transports est également capital. Dans les pays en voie de développement, il est important de noter que la situation liée aux transports et à la mobilité est sensiblement différente à celle rencontrée dans les pays du monde développé. En effet, une croissance de population très rapide, une pauvreté importante, des inégalités sociales fortes et des centres urbains surchargés sont autant de facteurs présents dans les villes de ces pays qui ont un impact sur la question de la mobilité (Cervero, 2013). De plus, avec laugmentation du niveau de vie, les espaces urbains sétendent fortement, augmentant ainsi les distances intra-urbaines. Cet étalement urbain, à son tour, a donc une influence sur la demande de déplacements des villes.

De nos jours, la mobilité urbaine est souvent placée au cur des débats sur la ville car elle participe au développement des populations et des territoires. La mobilité est indispensable : elle est une nécessité pour participer au système social puisquelle permet laccès aux ressources, à lemploi, à léducation, aux loisirs. Dans les villes, habitants et services sont dissociés géographiquement, ce qui induit un besoin au déplacement et à la mobilité des personnes. Trop souvent, par le passé, les villes du monde entier se sont-elles basées sur un développement des transports guidé par le modèle automobile. Lavancement des technologies nous permet aujourdhui dêtre en mesure dutiliser de nombreux modes de déplacements à lintérieur des villes, plus respectueux de lenvironnement que ne lest lautomobile individuelle. Les voyageurs peuvent

aujourdhui disposer dun vaste choix modal, quil sagisse de transports collectifs tels que le bus ou le tramway, ou de transports individuels tel que le vélo. Quoi quil en soit, les villes qui sont planifiées et aménagées doivent être en capacité daccueillir et de favoriser ces modes de transport.

La mobilité urbaine se dote dorénavant de responsabilités importantes dans une approche de planification intégrée et durable. Dans ce contexte, les villes ont fait de la planification et de la gestion des services de transports collectifs une de leur priorité. Le rôle des transports urbains devient de plus en plus stratégique, lobjectif nétant plus de se conformer à lextension urbaine mais plutôt de tenter de la précéder et de la structurer au préalable. Pour y parvenir, transport et aménagement du territoire sont deux éléments qui se doivent dêtre étroitement liés lun à lautre. Intégrer les politiques de transports urbains avec celles de laménagement des territoires est un des moyens les plus prometteurs pour assurer un futur durable et éviter létalement urbain des villes du Sud. Ainsi, les questions durbanisme et de transports urbains doivent être liées et doivent permettre un développement complet des villes incluant tous les aspects urbains nécessaires à leur bon fonctionnement. 

En mappuyant sur plusieurs exemples issus de villes de pays en voie de développement, mon mémoire a pour objectif de comprendre les dynamiques de transports urbains dans les pays en voie de développement, et plus particulièrement sur le continent africain. Lobjectif est également de questionner les difficultés rencontrées par les villes, de manière à pouvoir proposer des perspectives damélioration et des possibles solutions. La première partie de mon mémoire vise à présenter le contexte dans lequel jai effectué mon stage. Je présenterai le bureau détudes dans lequel jai été accueilli, suivi dun descriptif des missions confiées. La seconde partie, basée sur des publications scientifiques rédigées par des experts du domaine des transports, a pour objectif de présenter le contexte de létude en établissant les conditions de mobilité actuelles dans les villes africaines. Lien entre les formes urbaines et dynamiques de mobilité, gouvernance des transports, spécificités du transport urbain africain sont parmi les aspects qui y sont explorés. La troisième partie de mon mémoire sintéresse au lien qui existe entre la planification des transports et laménagement du territoire. Cette partie recense plusieurs études de cas, issus de villes de différents pays en voie de développement. En analysant les succès et les échecs de chaque projet, cette troisième partie tente de mettre en avant les effets des transports sur lurbanisme, et inversement. Enfin, la quatrième et dernière partie de ce document est centrée autour du cas de Kisumu, la ville kenyane pour laquelle jai travaillé lors de mon stage. Basée sur les résultats dentretiens que jai menés avec des experts, cette partie vise à comprendre les dynamiques de transport urbain à Kisumu et proposer un scénario damélioration.