La responsabilité sociale et la performance financière des entreprises (long terme)

Le concept RSE, relativement récent puisqu’il n’apparait qu’au milieu des années 1950, ne commence à se développer réellement qu’à partir des années 1990. En effet, dans un contexte de mondialisation, cette notion ne cesse de s’ancrer dans les esprits au fur et à mesure que les déboires de la gestion usuelle se multiplient et impactent non seulement l’environnement mais aussi les relations sociétales. Qu’est-ce que la RSE ? La définition la plus récente, celle de la commission européenne (2011), postule que la RSE est « la responsabilité des entreprises vis -à- vis des effets qu’elles exercent sur la société. Pour assumer cette responsabilité, il faut respecter législation et conventions collectives. Et pour s’en acquitter pleinement, il faut avoir engagé en collaboration étroite avec les parties prenantes, un processus destiné à intégrer les préoccupations en matière sociale, environnementale, éthique, de droits de l’homme et de consommateurs dans les activités commerciales et la stratégie de base ». Cette définition montre à quel point la notion de RSE est complexe en tant que concept mais surtout en tant que pratique managériale. Selon la norme ISO 26000 (2010), la responsabilité sociétale des organisations est « la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement transparent et éthique qui contribue au développement durable y compris à la santé et au bien-être de la société. Ce comportement doit aussi prendre en compte les attentes des parties prenantes et respecter les lois en vigueur. De plus, il doit être compatible avec les normes internationales, intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations ». Dans ces deux définitions, la RSE concerne particulièrement les dimensions sociale et environnementale de l’activité des entreprises. Mais concrètement, la RSE ne s’intéresse pas uniquement à ces deux dimensions.

En effet, en vue de faire face à la globalisation et aux évolutions du marché, elle préconise aussi des pratiques commerciales éthiques. Autrement dit, la RSE favorise le dialogue et la transparence entre acteurs de l’entreprise, à savoir les clients, les fournisseurs, les actionnaires, les banques, les collectivités, la communauté internationale, etc. En définitive, dans cette ère ou le maître mot est le profit quel que soient les externalités causées, la notion de responsabilité sociale vient inverser un peu la tendance dans la mesure

où elle insiste sur l’augmentation de la valeur économique qualitative de l’entreprise (partenaires, réputation, éthique, système d\’information, capital humain, capital environnemental, etc.) au détriment de la valeur économique quantitative (chiffre d’affaires, trésorerie, actif, etc.). De plus, l’attitude éthique et responsable préconisée par la RSE, de plus en plus plébiscitée par les investisseurs et les managers, ne manquera probablement pas de faire gagner des points aux entreprises en améliorant leur image et leur réputation ou encore en améliorant les compétences managériales et la connaissance de l’environnement de l’entreprise et de ses parties prenantes, ce qui va sans doute améliorer son efficacité organisationnelle. L’entreprise peut aussi grâce à la mise en place d’une bonne stratégie environnementale, réduire certains coûts et générer certaines économies. Partant de ce constat, on tente dans ce travail d’examiner l’effet de la RSE sur la performance financière des entreprises marocaines cotées à la bourse de Casablanca compte tenu de leur score social attribué par l’agence Vigeo. Pour ce faire, d’une partie de ce travail sera consacrée à une revue de littérature relative au concept de la RSE. Dans la seconde partie, il sera question de tester empiriquement l’effet de la RSE sur la performance financière de l’entreprise. En se basant sur une étude empirique de l’impact de la RSE sur la performance financière des sociétés marocaines cotées en bourse de Casablanca faite par Mme Hajar Mouatassim Lahmini et Pr. Abdelmajid Ibenrissoul.

Chapitre 1 : La revue littérature.

1- Le signe de la relation(Association) Responsabilité sociétale de l’entreprise / Performance Financière de l’Entreprise :
La relation RSE/PFE est sous trois formes : négative, neutre, ou bien positive. L’ambiguïté de cette relation peut être expliquée en grande partie par la variété des mesures employées pour évaluer la RSE.

1-1- Association négative

Les défenseurs de cette position considèrent qu’une firme qui s’engage dans des actions à caractère social va avoir un désavantage compétitif dans la mesure où ces actions vont générer des coûts pour la firme qui peuvent être évités ou bien supportés par d’autres (gouvernement par exemple.). Selon cette ligne de pensée, il n’a que très peu de bénéfices économiques à récolter de ce type de comportement, alors que les coûts sont importants. Ces coûts vont théoriquement exercer une influence défavorable sur les profits de la firme, et la richesse des actionnaires. Les auteurs , en accord avec cette théorie, prévoient donc une corrélation négative entre RSE et PFE. Il convient cependant de relativiser ces résultats dans la mesure où la majorité des recherches se focalisaient sur l’impact d’un comportement illicite de la part de la firme (accords antitrusts par exemple.) ou de problèmes liés au produit sur la performance du marché (valeur de l’action). Il est à noter que le nombre d’études qui débouchent sur un lien négatif est très réduit. Margolis et Walsh recensent 127 études traitant le sujet en question. Ils trouvent que 8 uniquement d’entre elles prévoient une corrélation négative entre les deux dimensions. Pour conclure sur ce point, nous pouvons avancer l’idée que la seule certitude que l’on puisse avoir à ce sujet, c’est que l’investissement dans la RSE n’engendre pas systématiquement un retour sur investissement immédiat.

1-2-Association neutre

Auperle et al., n’avaient pas trouvé un lien significatif, ni positif ni négatif, entre la profitabilité de l’entreprise et l’adoption de la RSE. Ils ont souligné dans la conclusion de leur recherche que les bénéfices intangibles de la RSE tendent à être incernables par les investigations scientifiques. Certains chercheurs, pensent que les variables expliquant les liens entre les deux concepts sont si nombreuses que la mise à jour d’une relation empirique « claire » est impossible. Il y aurait neutralité de la relation entre les deux concepts. L’absence de lien pourrait être expliquée par des problèmes dus aux différents concepts. D’autres encore ont établi qu’il existait une double relation positive et négative entre les deux concepts (Chan et Metcalfe, Cochran et Wood). Quant à Mc Williams et Siegel (2000), leurs résultats montrent que si la RSE encourage l’innovation de produit et de processus, elle reste neutre quant à la profitabilité de l’entreprise. On peut expliquer l’ambigüité du lien entre RSE et la profitabilité par le fait que la contribution de cette première à la performance financière de l’entreprise dépend surtout des facteurs qualitatifs tels que la réputation de l’entreprise ou l’attitude des employés. Allouche et la Roche (2005) ont le sentiment d’un lien fragile voire inexistant et quelque peu contrasté. Plusieurs travaux empiriques récents ne prévoient aucun lien entre les deux dimensions (O’Neil, Saunders et McCarthey 1989 ; Graves et Waddock, 1999). D’autres stipulent que le lien est trop faible voire inexistant (Balabanis et al. 1998). Griffin et Mahon trouvent que les résultats sont peu concluants : les variables retenues ne permettent pas de distinguer entre firmes performantes et firmes non performantes.

1.3-Association positive

Ce type d’association confirme la théorie des Parties Prenantes. Celle-ci, stipule qu’une firme qui tente de diminuer ses coûts implicites (coûts de qualité du produit, coûts environnementaux, …) par des actions sociales irresponsables aura, en retour, à faire face à des coûts explicites plus élevés (paiement de pénalités, réputation, etc.). Cela aura un impact négatif sur sa compétitivité et profitabilité . Une perception positive des clients par rapport à la qualité et la nature des produits d’une entreprise, l’attention que l’entreprise attache à l’environnement et ses relations avec la communauté deviennent de plus en plus des bases de la concurrence. Cornell et Shapiro (1987) justifient cette hypothèse en montrant que les entreprises qui ne satisfont pas les attentes des Parties Prenantes implicites (autre que les actionnaires) seront perçues par les stakeholders explicites (actionnaires) comme plus risquées et subiront en conséquence les coûts venant grever leur profitabilité. Découlant de cette théorie, certains auteurs (Moskowitz, 1972) considèrent que les coûts engendrés par une bonne RSE peuvent être minimaux au regard des bénéfices potentiels engendrés. Même si cette théorie peut paraître normative, on observe un intérêt grandissant de certains responsables de la gestion stratégique de certaines firmes qui ont une volonté réelle de mettre en place des stratégies intelligentes afin que leurs firmes soient en harmonie avec leurs environnements internes et externes (Freeman et Gilbert, 1988; Bartlett et Goshal, 1994). De la même manière, d’autres auteurs considèrent que de hauts niveaux de RSE sont des indicateurs pertinents montrant une qualité de la gestion supérieure par rapport à la moyenne. Cela aura alors un impact en diminuant les coûts explicites de la firme (Alexander et Buchholz, 1982). Allouche et al, ont effectué une analyse tendancielle de la nature du lien à partir de la synthèse de quatre travaux recensant les résultats d’études empiriques sur l’impact financier de la RSE. Les auteurs ont trouvé que la tendance majoritaire des études penchait en faveur de la nature positive du lien. Selon Laperche et Uzunidis, la RSE permet : la réduction des coûts et des risques (par la maîtrise de la consommation énergétique, par l’usage de sources d’énergies renouvelables) ; la construction d’un potentiel d’innovation en faisant (en droite ligne de la théorie des ressources) de la responsabilité sociétale le moyen de la construction d’une compétence porteuse d’un avantage compétitif (les produits verts ou bio par exemple) ; l’amélioration de sa crédibilité. Ce dernier point est l’un des plus directement visibles faisant partie de la stratégie de communication des entreprises. L’ensemble de ces auteurs considère donc qu’il existe une corrélation positive entre la RSE et la PFE.

1.4- Le lien de causalité RSE/PFE :

La poursuite des objectifs sociaux entraîne de meilleures performances financières. Le second aspect de la relation RSE/PFE est lié au lien de causalité entre ces deux concepts. Pour tenter de répondre à cette interrogation, nous faisons référence à la « théorie de la bonne gestion » qui stipule qu’une bonne RSE peut laisser présager d’une bonne PFE future de la firme. Certaines études (Ullmann; 1985 ; Roberts, 1992) montrent que 50% des excellents résultats des entreprises socialement responsables sont imputables à leur engagement social, tandis que l’autre moitié s’explique par les performances dans leur secteur. Une entreprise socialement responsable est censée enregistrer des bénéfices supérieurs à la moyenne puisque son aptitude à résoudre avec succès des problèmes écologiques et sociaux peut passer par une mesure crédible de qualité de gestion. Finalement, à la lumière de ces travaux de recherche empiriques qui se sont attachés à évaluer l’existence d’une relation entre la RSE et la PFE en tenant compte du signe de la relation et du lien de causalité, on peut tirer un certain nombre de conclusions. S’agissant tout d’abord de l’influence de la RSE sur la PFE, on peut conclure à la plausibilité de l’hypothèse dite « du bon management » et, dans une moindre mesure, de l’existence de relations plus complexes .Vogel (2005), de son côté, démontre cette ambivalence dans les résultats des études sur le lien RSE/PFE. Ainsi, à titre d’exemple, dans le domaine environnemental, une étude montre une relation positive modérée entre les niveaux de réduction d’émission entre 1988 et 1989 et la performance financière des entreprises (Vogel, 2005). Une autre étude montre une relation positive forte entre la performance financière et l’adhésion de ces entreprises à des standards environnementaux mondiaux (Vogel 2005). L’auteur met en garde contre les études qui n’utilisent pas de variables de contrôle ; ce qui implique que toute relation trouvée peut être fausse/fallacieuse. Un certain nombre d’entreprises obtenant de bons résultats dans le domaine social ou la protection de l’environnement indiquent que ces activités peuvent conduire à une meilleure performance et générer davantage de profits et de croissance. L’impact économique de la responsabilité sociale des entreprises peut être ventilé en effets directs et indirects. Des résultats positifs directs peuvent, par exemple, découler d’un meilleur environnement de travail se traduisant par un engagement plus marqué et une plus forte productivité des salariés, ou provenir d’une exploitation efficace des ressources naturelles. En outre, les effets indirects sont le fruit de l’attention croissante des consommateurs et investisseurs qui élargiront les possibilités de l’entreprise sur le marché. La RSE permettrait donc : d’améliorer la performance financière, de diminuer les coûts d\’opération, d’améliorer l\’image de marque et la réputation, d’augmenter les ventes et la loyauté des consommateurs, d’atteindre une meilleure qualité et productivité, d’améliorer la capacité d\’attirer et conserver les employés, de diminuer le contrôle par la réglementation, et enfin d’accroître l\’accès au marché des capitaux. Vong Phanith fait le même constat. La RSE peut provoquer une réduction des coûts (le respect de l’environnement amène parfois des économies de l’énergie), améliorer l’attractivité sociale de l’entreprise, lui ouvrir de nouveaux marchés (par exemple, par l’éducation à la nutrition dans des pays en voie de développement), constituer un facteur de différenciation par rapport à la concurrence en lui permettant d’augmenter ses ventes et/ou d’améliorer son image (et donc son actif immatériel). Par conséquent, non seulement un comportement d’entreprise socialement irresponsable l’expose de plus en plus à des sanctions de la part de ses différents publics, mais l’engagement d’une entreprise vers davantage de RSE présente aussi de nombreux avantages en termes de performance globale.

Elles améliorent sa productivité grâce à un personnel fidèle, mieux intégré, de meilleure qualité, et par un système d’informations extra financières plus large. La diminution des risques de procès et du montant des amendes payées se traduisent par une diminution des charges à court ou moyen terme. L’amélioration de la qualité, de l’image et de la réputation contribue à fidéliser consommateurs et les salariés. L’ensemble devrait donc créer de la valeur financière et immatérielle, et attirer des capitaux non seulement des investisseurs socialement responsables, mais aussi de ceux qui recherchent une rentabilité financière durable (Quairel, 2003). Notre modèle de recherche se présente comme suit :

CHAPITRE 2 : problématique et cadre conceptuel.

2.1 -Objectif de le recherche :

L’objectif de cette étude est d’analyser les liens entre Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) et performance économique et financière de l’entreprise (PFE). La RSE a été définie par la Commission européenne (2011) comme le fait, « non seulement de satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables, mais aussi d’aller au-delà et d’investir davantage dans le capital humain, l\’environnement et les relations avec les parties prenantes ». Cette définition cache en pratique un large éventail de dimensions que l’on regroupe habituellement sous trois grands piliers : Environnement, Social et Gouvernance (facteurs ESG). Le volet environnemental de la RSE recouvre un grand nombre de pratiques depuis la prévention et le contrôle des pollutions jusqu’à la protection des ressources naturelles et inclue en particulier la réduction de l’empreinte carbone et des émissions de gaz à effets de serre de l’entreprise. La dimension sociale renvoie aux pratiques innovantes de gestion des ressources humaines (formation et gestion des carrières, participation des salariés, qualité des conditions de travail) et peut inclure également les contributions aux causes d’intérêt général et local ; le respect des droits de l’homme ou encore l’élimination du travail des enfants. Enfin, la dimension gouvernance renvoie aux pratiques des entreprises vis-à-vis de leurs actionnaires (respect du droit des actionnaires, promotion de l’indépendance et la compétence des administrateurs, transparence de la rémunération des cadres dirigeants) et peut être étendue aux comportements sur les marchés et vis-à-vis des clients et des fournisseurs (prévention des conflits d’intérêt et des pratiques de corruption ou anticoncurrentielles ; sécurité des produits ; information donnée aux consommateurs sur les produits ; ou encore diffusion des bonnes pratiques dans l’ensemble de la chaîne de valeur en amont et en aval de la production. D’une pratique à l’autre, la motivation de l’entreprise peut être très variée. Et donc c’est d’identifier pourquoi les entreprises ont intérêt à s’engager volontairement à aller au-delà de la réglementation en déployant des stratégies de performance ESG ?

2.2 PROBLEATIQUE :

L’intuition qui guide notre analyse est que les différents critères de RSE et les synergies entre ces critères sont des déterminants essentiels de la performance des entreprises. Un nombre croissant d’études pointent en tout cas en ce sens. Dès lors, quel lien les stratégies de RSE entretiennent-elles avec la performance des entreprises ? Une attention considérable a été consacrée dans la littérature aux déterminants des stratégies de RSE et à leur impact sur la performance des entreprises. Donc quelle est la nature réelle de la relation RSE-performance ? Est-elle dépendante de la conjoncture et des caractéristiques de l’entreprise ? Dans un contexte de récurrence des crises et face à l’importance croissante des enjeux de durabilité pour les firmes, les entreprises développent-elles des stratégies RSE cohérentes et ciblées ? Comment la réglementation nationale en matière de RSE influence-t-elle le lien RSE-performance ? Existe-t-il une composition optimale des pratiques RSE permettant d’optimiser la performance économique, et financière ? Autrement dit, à quelle logique répondent les choix stratégiques des entreprises en matière de RSE : quels arbitrages ou synergies sont privilégiés entre les différentes dimensions de la RSE, c’est-à-dire entre les attentes des différentes parties prenantes ?

2.3 Le cadre théorique :

Plusieurs travaux concernant la RSE portent sur la mise en place d’une relation entre : l’environnement, le social et l’économique. Dans un contexte d’économie mondialisée, naturellement la RSE va aussi s’imposer comme étant une préoccupation d’actualité pour les entreprises du continent africain. Si nous prenons le cas du MAROC, de nombreuses entreprises mettent en pratique des démarches de RSE, soit pour être en phase avec les exigences du marché international, soit pour répondre aux attentes des différentes parties prenantes, soit encore pour améliorer leur image auprès du grand public.
Les cadres théoriques, permettant de structurer avec recul une réflexion de fond sur l’intégration de la RSE par les entreprises, sont absents. Une exception cependant apparaît : la théorie des parties prenantes, très souvent associée aux questions de responsabilité sociale de l’entreprise. Freeman (1984) considère l’entreprise comme une constellation d’intérêts portés par les parties prenantes, intérêts pouvant converger ou diverger.
La performance globale peut être définie comme étant une visée (ou un but) multidimensionnelle, économique, sociale et sociétale, financière et environnementale, qui concerne aussi bien les entreprises que les sociétés humaines, autant les salariés que les citoyens. Cependant, le concept de performance globale est mobilisée dans la littérature managériale pour évaluer la mise en œuvre par l’entreprise des stratégies annoncées de développement durable, renvoyant ainsi à une conception holistique de la performance.
La performance globale doit ainsi recouvrir les objectifs à la fois contradictoires de toutes les parties prenantes de l’entreprise : Etat, salariés, actionnaires, clients, fournisseurs, collectivité locale, ONG, compagnies d’assurance, banque…

1.4 Hypothèses :

La responsabilité sociale des entreprises est une notion de plus en plus mise en valeur tant par les praticiens que par les théoriciens. En effet, durant ces dernières décennies, plusieurs travaux de recherche se sont intéressés à cette notion et plus particulièrement à la relation entre performance sociale et performance financière . Cependant, le débat sur la contribution de la RSE à la performance globale de l’entreprise continue de diviser.
Dans ce sens plusieurs hypothèses coexistent. En effet, Preston et O’Bannon (1997) ont détaillé les différentes interactions possibles entre profit et responsabilité sociale des entreprises. Le tableau 1 récapitule les principales hypothèses théoriques que les chercheurs tentent de valider empiriquement. Il est cependant judicieux de signaler que les nombreuses études menées dans ce sens ne permettent tout de même pas de trancher le débat sur les interactions performance sociale-performance financière, étant donné la différence des méthodes économétriques et des données utilisées. Certaines études mettent en évidence des corrélations positives, d’autres aboutissent à des corrélations négatives voire même absence de corrélation dans certains cas

Pratiquement, même si la mise en place de stratégies socialement responsables engendre des coûts supplémentaires qui peuvent parfois pénaliser la compétitivité de l’entreprise, cette dernière pourra tout de même tirer profit de plusieurs aspects positifs liés à la RSE. Cela va de l’amélioration de son image/ réputation à l’amélioration des compétences managériales et la connaissance de l’environnement de l’entreprise et de ses parties prenantes, ce qui va sans doute améliorer son efficacité organisationnelle. Pareillement, s’agissant du volet opérationnel, grâce à la substitution de certains procédés ou matériaux par exemple, l’entreprise pourra réduire des coûts (directs ou indirects liés à la mise en place de ces nouveaux procédés) et/ou générer des économies (bénéfices directs ou induits des démarches socialement responsables).
A titre d’exemple, en appréhendant le volet maîtrise des risques environnementaux, il est possible de mettre en place des processus d’éco- conception visant une gestion efficace de la consommation des matières premières et de l’énergie. Pareillement, une entreprise peut mettre en place des processus pour utiliser de façon optimale les équipements existants, et prévoir d’investir futurement dans du matériel dit « vert », moins polluant et surtout moins énergivore. Ces dispositions permettront à l’entreprise de réduire ses coûts et de générer des économies. S’agissant du volet ressources humaines de l’entreprise, comme le souligne le guide de bonnes pratiques pour les PME (2011) , il est recommandé de créer un environnement de travail agréable et de lutter contre toutes les formes de discrimination. En conséquence, les collaborateurs seront plus performants et plus adaptables aux changements, ce qui sera d’une grande valeur ajoutée pour l’entreprise.
Enfin, pour aborder la question de l’impact de la RSE sur la performance de l’entreprise, nous pouvons distinguer trois méthodologies: l’étude d’événements, la comparaison des performances des entreprises les plus avancées et les moins avancées et finalement les études économétriques.

La première méthode se base sur des études d’événements reliant le cours boursier à la survenance d’un événement majeur. Dans ce contexte, nous citons l’étude réalisée par Hamilton (1995) où il a été question de démontrer l’effet de la pollution sur la performance boursière des entreprises américaines. La conclusion est que celle-ci impacte négativement le cours de bourse. Pareillement en 1997, Freeman a montré que les pratiques irresponsables sont systématiquement pénalisées sur les marchés financiers.
Outre les effets négatifs, il a été question ensuite d’aborder les bénéfices économiques de la RSE afin que celle-ci puisse être considérée comme une source effective de compétitivité. Or, les études réalisées dans ce sens n’aboutissent pas à un consensus clair. Selon Derwall et al.(2005), les meilleures performances de portefeuilles investis dans des titres à fort score environnemental d’entreprise pourraient refléter une sous-évaluation de l’information. Ce qui signifie que l’annonce d’une bonne nouvelle liée à la RSE même si elle est pertinente pour les marchés financiers, elle reste tout de même insuffisamment quantifiée (qualitative par nature) et par conséquent ne se reflète pas efficacement dans les cours boursiers.
Derwall et al proposent une synthèse des principaux résultats de la littérature sur l’impact de chaque composante de RSE sur la valeur boursière mettant en évidence les effets suivants :
La bonne gouvernance, le respect des standards environnementaux et la prise en compte modérée des relations avec les parties prenantes seraient associés à des valeurs actionnariales plus élevées ;
La performance environnementale n’est pas automatiquement associée à un accroissement du cours de bourse de l’action.

Les résultats des études ayant recours à la deuxième méthodologie, qui elle est basée sur la comparaison des performances des entreprises les plus avancées et les moins avancées sur certains aspects sociaux et environnementaux, n’aboutissent pas non plus à un consensus clair.
Le constat qui se dégage donc de ces deux types d’approches est le suivant : la valorisation de l’information par l’investisseur n’est pas faite de la même manière. Celui-ci tend à surpondérer les mauvaises nouvelles par rapport aux bonnes nouvelles liées à la RSE.

La troisième méthodologie basée sur les études économétriques n’aboutit pas non plus à des résultats consensuels. En effet, selon Waddock (2000), les entreprises pro-actives en matière de RSE sont plus performantes. D’autres études parviennent à des conclusions contraires, tel est le cas de Barnett & Salomon (2006) et Derwall et al. (2005).

En résumé, la littérature reconnaît une relation ambiguë entre les variables de performance financière et de responsabilité sociale et ce quel que soit la méthodologie utilisée pour quantifier cette relation. La RSE peut donc avoir un impact direct ou indirect, immédiat ou sur le moyen long terme, positif ou négatif sur la performance financière de l’entreprise. Cette analyse nous mène donc à l’hypothèse centrale de recherche suivante :
H : Il existe une relation (positive ou négative) entre RSE et performance financière de l’entreprise.

Compte tenu de cette analyse théorique, le modèle à estimer pour analyser l’impact de la RSE sur la performance financière de l’entreprise se présente sous la forme suivante :

??????????? = ∝ +?1. ??? + ?2. ? + ?

Ou :
. la performance est l’indicateur de performance retenu a chaque fois.
. ∝ : une constant.
RSE : Une variable indicatrice indiquant si oui ou non l’entreprise se conforme aux principes RSE ;
X : Une matrice de variables de contrôle susceptibles d’expliquer la performance financière de l’entreprise.

2.5 Analyse empirique

-Spécificités des entreprises cotées labellisées RSE :

Dans l’échantillon objet de l’étude, uniquement huit entreprises sur les 65 valeurs cotées détiennent le titre de « Top Performers en responsabilité sociale » décerné par Vigeo . Ces entreprises sont celles qui ont recueilli les scores les plus élevées sur 22 critères du référentiel de Vigeo, consolidés en six domaines: la valorisation du capital humain, le respect des droits de l’homme, la protection de l’environnement, l’éthique des affaires, l’efficacité et l’indépendance de la gouvernance et l’engagement sociétal. Selon le rapport d’analyse des Top Performers Vigeo (2016), le score moyen des sociétés marocaines cotées s’est amélioré en 2015 par rapport à 2013, mais il reste bas (20,90% contre 16,15%). Le taux moyen de disponibilité de l’information des entreprises s’est aussi amélioré (39% contre 28% dans le secteur des services et 37% contre 31% pour les entreprises de l’industrie). Le niveau d’engagement des entreprises marocaines en faveur de la RSE, bien que faible, est l’un des plus avancés d’Afrique, du Maghreb et du monde arabe, avec des référentiels d’engagement qui incluent les normes publiques internationales relatives aux droits de l’homme. Ci-dessous un tableau récapitulatif des expériences RSE des huit entreprises objet de l’étude.

Tableau 2 : Récapitulatif des expériences RSE des « Top Performers» Vigeo

CHAPITRE 3 : Méthodologie de recherche

3.1 Méthodologie :
Afin de vérifier l’impact de la RSE sur la performance financière des entreprises marocaines, l’étude s’est basée sur un échantillon de 65 entreprises cotées à la bourse de Casablanca. Les données sont collectées à partir des états financiers des dites entreprises disponibles sur le site de la bourse et le site du conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) .

La méthodologie empirique utilisée est l’économétrie des données de panel sur un horizon temporel de 5 années (2012-2016), afin d’obtenir un panel cylindré d’un maximum de sociétés cotées. En d’autres termes, il s’agit de faire des régressions linéaires multiples par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) dans un premier temps si aucun problème d’autocorrélation ne survient, sinon les régressions se feront par la méthode des moindres carrés généralisés (MCG) pour remédier à ces problèmes.
La variable dépendante de cette recherche, à savoir la performance financière de l’entreprise, est opérationnalisée par trois mesures de performance : la performance boursière, la rentabilité économique et finalement la rentabilité des fonds propres.
Le choix de la principale variable explicative est basé sur l’hypothèse de recherche élaborée. En effet, comme il s’agit ici de vérifier si la RSE a un impact direct sur la performance financière de l’entreprise, cette notion a été opérationnalisée par une variable indicatrice indiquant si l’entreprise en question suit une politique RSE ou pas :

Des variables de contrôle au sens statistique ont été ajoutées au modèle afin que toutes les composantes pouvant intervenir dans l’explication de la performance de l’entreprise soient prises en compte. En effet, les variables structure de capital, taille de l’entreprise et conjoncture ont toutes été introduites.
. La variable « Structure de capital » a été opérationnalisée par le ratio Dette/Fonds propres dans un premier temps, et ensuite dans une version plus étendue du modèle, elle a été traduite par les deux ratios : Dette long terme/Total Passif et Capitaux propres/ Total Passif.
.La variable « Taille de l’entreprise » a été matérialisée par le logarithme du chiffre d’affaires de chaque entreprise.
.La variable « Conjoncture » a été opérationnalisée par la croissance annuelle du PIB.
Il est toutefois judicieux de signaler que la variable « Conjoncture »est non seulement non significative mais n’améliore point la qualité du modèle.

Tableau 3 : Récapitulatif des variables du modèle

ROE : Return on equity, Dette LT : Dette long Terme

-Statistiques descriptives des variables étudiées :
Les statistiques descriptives des variables étudiées font ressortir des écarts assez conséquents entre les entreprises de tout l’échantillon et l’échantillon réduit des entreprises qui appliquent une stratégie RSE.

Tableau 4 : Statistiques descriptives de l’ensemble des entreprises étudiées

DLT : dette long terme, TP : total passif, CP : capitaux propres, Structure de capital : dette sur fonds propres.

En moyenne, la performance boursière des entreprises étudiées sur la période 2012-2016 s’élève à -0.78%, la rentabilité économique moyenne est de l’ordre de 13.8%et le ROE moyen s’élève à 11.2%, le maximum respectif est de l’ordre de 183.8%, 50.3% et 52.1%.
S’agissant de la structure de capital, le financement par capitaux propres est privilégié (38.3% en moyenne avec un maximum de 99.3%) contre 8.7% en moyenne pour le financement par dette long terme (avec un maximum de 59%).

Tableau 5 : Statistiques descriptives des Top Performers RSE- Vigeo

indicateur Performance boursière Rentabilite économique ROE structure de
capital DLT/TP CP/TP
Moyenne 9,25% 20,4% 19,2% 25,8% 5,0% 35,1%
Médiane -1,5% 18,6% 16,9% 10,4% 2,8% 36,6%
Ecart type 43,0% 10,3% 11,4% 33,7% 8,9% 23,6%
Min -89,6% 3,8% 2,4% 0,0% 0,0% 6,0%
Max 183,8% 47,3% 50,2% 131,6% 59,1% 88,0%
DLT : dette long terme, TP : total passif, CP : capitaux propres, Structure de capital : dette sur fonds propres

En moyenne, la performance boursière des entreprises labellisées RSE sur la période 2012-2016 s’élève à 9.25%, la rentabilité économique moyenne est de l’ordre de 20.4% et le ROE moyen s’élève à 19.1%, le maximum respectif est de l’ordre de 183.8%, 47.3% et 50.2%.
S’agissant de la structure de capital, le financement par capitaux propres est privilégié (35% en moyenne) contre 5% pour le financement par dette long terme, avec un maximum respectif de 88% et 59.1%.

-De ces deux tableaux se dégagent les constats suivants :
-La performance boursière moyenne des entreprises labellisées RSE est de loin supérieure à celle de l’échantillon global (9.25% Vs. -0.78%).
-Pareillement, que ce soit la rentabilité économique ou la rentabilité des fonds propres, les sociétés labellisées RSE affichent de meilleures performances en moyenne.
-S’agissant de la structure de capital, les entreprises labellisées RSE ont moins recours à la dette par rapport à l’ensemble de l’échantillon. En effet, le ratio dette sur fonds propres ressort à 25.8% pour les entreprises labellisées RSE contre 39% pour l’ensemble de l’échantillon.

3.2 Résultats :

Dans cette section, nous présentons les résultats d’une étude empirique . Les modèles 1 à 6 présentent les résultats des régressions multiples conduites pour tester l’hypothèse élaborée en fonction de l’indicateur de performance utilisé à chaque fois.

Tableau 6 : Résultats des régressions testant l’impact de la RSE sur la performance financière de l’entreprise compte tenu des différentes mesures de performance.

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Modèle 4 Modèle 5 Modèle 6
Variables
dépendantes Rentabilité
économique Rentabilité
économique Performance
boursière Performance
boursière ROE ROE
Variables
indépendantes
Constante 0,078 **
(0,038) 0,096 *
(0,05) -0,096
(0,067) -0,1
(0,09) -0,01
(0,76) -0,387 **
(0,175)
RSE 0,083***
(0,029) 0,078 ***
(0,05) 0,056
(0,05) 0,052
(0,05) 0,035
(0,05) 0,26
(0,07)
Dette/FP -0,032***
(0,11) 0,029
(0,02) -0,13***
(0,014)
DLT/TP -0,26 ***
(0,075) 0,07
(0,15) -0,18
(0,12)
FP/TP -0,028
(0,04) 0,01
(0,08) 0,25 **
(0,1)
Taille 0,07
(0,005) 0,008
(0,006) 0,002
(0,01) 0,003
(0,01) 0,02**
(0,01) 0,05 **
(0,02)
R² 0,27 0,28 0,02 0,02 0,57 0,46
R² ajusté 0,258 0,265 0,01 0,01 0,563 0,449
Test F 23,62*** 19,75*** 1,2 0,687 84,7*** 43,31***
Prob (F-statistic) 0,00000 0,00000 0,31000 0,63000 0,00000 0,00000
Durbin Watson
stat 1,97 2,02 1,91 1,92 1,95 2,05
N 260 260 260 260 260 260

Le modèle 1 a 6 testent l’hypothèse de recherche à savoir l’existence d’un impact direct de la RSE sur la performance financière de l’entreprise en changeant à chaque fois soit la variable dépendante dans les modèles impaires, soit les variables de structure financière dans les modèles paires. Seulement quatre modèles sur six, ceux avec la rentabilité économique et le ROE comme variable dépendante (modèles 1, 2, 4 et 6) ont une portée explicative puisque leurs R² s’élèvent à 27%, 28%, 57% et 46% respectivement. Les deux modèles restant n’expliquent aucunement la performance boursière de l’entreprise.
Dans les quatre modèles retenus, la variable RSE a un effet positif (β1 .1=0.083 ; β1.2=0.078 ; β1 .5=0.035 et β1.6=0.26 respectivement). Elle est cependant statistiquement significative à un niveau α < 0.01 dans les deux premiers modèles uniquement. Par contre, dans les modèles 5 et 6, l’effet de la RSE est non significatif statistiquement.
Dans les modèles 1 et 5, la variable structure de capital (dette/Fonds propres) a un effet négatif (β2 .1=-0.032 et β2 .5=-0.13) et statistiquement significatif à un niveau α < 0.01. Dans les modèles 2 et 6, les variables opérationnalisant la structure de capital détaillée à savoir DLT/TP et FP/TP ne sont pas toutes les deux significatives. La première variable (DLT/TP) a un effet négatif dans les deux modèles 2 et 6(β3 .2=-0.26 et β3 .6=-0.18) et elle est significative à un niveau α < 0.01 pour le modèle 2 uniquement. La seconde variable (FP/TP) a un effet négatif (β4 .2=-0.028) dans le modèle 2 mais elle est non significative. Dans le modèle 6 par contre, elle a un effet positif (β4 .6=0.25) et elle est significative à un niveau α < 0.05.
La variable taille impacte positivement la performance financière de l’entreprise dans les quatre modèles(1, 2, 4 et 6)(β5 .1=0.07, β5.2=0.008, β5 .5=0.02 et β5.6=0.05 respectivement). Elle est cependant non significative statistiquement dans les modèles 1 et 2 et significative à un niveau α < 0.05 dans les modèles 5 et 6.
Validité des tests statistiques :
nous pouvons conclure que les modèles 1, 2, 5 et 6 sont tous significatifs à part la variable taille et FP/TP dans les modèles 1 et 2, et la variable RSE dans les modèles 5 et 6 pour qui les coefficients sont non significatifs, tous les autres coefficients sont significativement.

3.3 Interprétation :

L’objectif poursuivi dans cette communication consistait à mettre en avant l’effet de la RSE sur la performance financière de l’entreprise. Nous avons proposé une opérationnalisation dont l’objectif est justement de mesurer l’impact de cette composante si toutefois impact il y a. Le premier constat à faire est la similitude des résultats pour les quatre modèles retenus où la variable dépendante est soit la rentabilité économique, soit la rentabilité des fonds propres.
En effet, d’après l’étude empirique réalisée sur un échantillon de 65 entreprises cotées à la bourse de Casablanca, il ressort que la RSE a un effet positif sur la performance financière de l’entreprise. Toutefois la significativité de cet effet varie en fonction de l’indicateur de performance retenu. Lorsqu’il s’agit de la rentabilité économique comme variable dépendante, l’effet de la RSE est positif et significatif statistiquement. Au contraire, quand la performance financière est opérationnalisée par la rentabilité des fonds propres, l’effet de la RSE est aussi positif mais n’est pas significatif statistiquement.

Conclusion :

Ce travail s’est intéressé à l’effet que peut produire le choix de se conformer aux principes de la RSE sur la performance financière des entreprises cotées à la bourse de Casablanca. Autrement dit, ce travail avait pour objectif d’élargir le champ de la connaissance relatif aux effets de la RSE outres ceux communément reconnus tel la réduction de certains coûts, la génération d’économies ou la création d’environnement propices aux salariés dont la rentabilité sera meilleure.
Notons toutefois que les études empiriques déjà réalisées dans ce sens n’aboutissent pas à un consensus empirique clair. De surcroît, la quasi-inexistence des études sur les données marocaines a motivé notre choix du thème à étudier. Pour ce faire, nous avons testé empiriquement l’impact de la RSE sur la performance financière de l’entreprise de 65 entreprises cotées à la bourse de Casablanca sur une période de cinq années (2012- 2016). Nous avons donc analysé l’effet linéaire de l’adhésion aux principes de la RSE sur la performance financière de l’entreprise. À l’issue de cette étude, nous pouvons déduire que le choix de se conformer aux principes de la RSE a une influence significative sur la performance de l’entreprise mais diffère en fonction de l’indicateur de performance retenu. En effet, l’impact de la RSE est positif quel que soit la variable de performance retenue, mais il est non significatif statistiquement lorsque la performance financière est opérationnalisée par la rentabilité des fonds propres (ROE). Cependant, ce travail présente certaines limites notamment le nombre réduit des données mais aussi la négligence de certaines variables pouvant expliquer davantage la performance de l’entreprise. Dans les recherches futures, il serait intéressant d’étendre cette analyse aux sociétés non cotées et surtout introduire d’autres variables spécifiques à l’entreprise, son secteur d’activité, son environnement d’évolution ainsi que des variables ayant trait à la finance comportementale notamment l’attitude des dirigeants face à la décision d’adhésion aux principes de la RSE. Il sera aussi intéressant d’étudier chaque aspect de la RSE à part entière afin d’avoir une vision plus claire sur l’adhésion aux principes de la RSE.

Bibliographie

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