Les ambiances de travail dangereuses

Chapitre 1
Introduction
Les risques professionnels constituent un problème important dans les hôpitaux du fait de l’importance du nombre des travailleurs, la diversité des postes, la nature des activités pratiqué et la multiplicité des nuisances professionnels.
Dans l’hôpital, tous les services utilisent quotidiennement des produits chimiques à savoir les médicaments, les désinfectants, les stérilisants, les gaz anesthésiques et les réactifs des laboratoires. L’exposition à ces substances peut mettre en danger la santé des travailleurs.
Dans le secteur des laboratoires de biologie hospitalière, les principaux risques professionnels sont les risques chimique et biologique. Si le risque biologique est fréquemment évalué et fait l’objet de mesures de prévention et protection importantes, les risques chimiques, sont largement sous-évalués.
Le grand nombre et la diversité des produits manipulés rendent nécessaire une évaluation périodique des risques afin de mieux cerner les situations dangereuses et de proposer au personnel des solutions pratiques et adaptées.
Il existe plusieurs types d’évaluation, l’évaluation qualitative qui se base sur l’identification des risques, l’évaluation semi-quantitative dont le principe est de calculer des indices de risque et les classer selon une échelle quantitative et la méthode quantitative qui reste la méthode de référence. Dans ce type de méthodes, les résultats (prélèvements atmosphériques et biologiques) sont comparés avec des valeurs de références.
Les conditions de manipulation des produits chimiques sont régies par plusieurs textes législatifs. L’identification de ces produits devenus une obligation afin de mettre en place une surveillance médicale particulière pour le personnel exposé par le service de médecine du travail.
Les produits Cancérigènes, Mutagènes et Toxiques pour la Reproduction (C, M et R) notamment font l’objet de mesures réglementaires strictes quant à leur manipulation et aux protections à utiliser.
Les substances chimiques sont présentes dans tous les services de notre CHU. Il nous a paru intéressant de réaliser cette évaluation au niveau du laboratoire de toxicologie du CHU ibn sina.

Chapitre 3
Les produits chimiques.
3.1 Définitions.
3.1.1 Produit chimique [1].
tout composé chimique, soit en l’état, soit au sein d’une préparation, naturel ou synthétique, utilisé ou émis sous forme de déchet, du fait d’une activité professionnelle, qu’il soit ou non produit intentionnellement et qu’il soit ou non mis sur le marché.
3.1.2 Agent chimique dangereux [2].
– tout agent chimique qui répond aux critères de classement des produits ou préparation dangereux. (Classification européenne des substances dangereuses [arrêté du 20 avril 1994 modifié] et des préparations dangereuses [arrêté du 9 Novembre 2004])
– tout agent chimique qui, bien que ne remplissant pas les critères de classement, en l’état

ou au sein d’une préparation, peut être nuisible la santé des travailleurs en raison de ses propriétés physico-chimiques, chimiques ou toxicologiques et des modalités de sa présence sur le lieu de travail ou de son utilisation ».
3.1.3 Danger.
Propriété intrinsèque d’une substance dangereuse de pouvoir provoquer des dommages pour la santé de l’homme et/ou l’environnement.
3.1.4 Exposition.
Ensemble des conditions de contact entre un agent chimique et un individu, susceptibles d’entraîner des effets pour la santé de ce dernier.
3.1.5 Risque.
Probabilité d’un dommage dans les conditions d’utilisation et/ou d’exposition. Le risque se caractérise habituellement par une probabilité et une gravité [3].
3.1.6 Risque chimique.
Ensemble des situations dangereuses impliquant des produits chimiques, dans les conditions d’utilisation et/ou d’exposition.
3.1.7 Les produits CMR [4] Le terme est utilisé pour les produits qui ont des effets cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) chez les travailleurs qui ont été exposés.
Cancérogène : agent chimique, biologique qui, seul ou en association, est capable, pour une espèce donnée, après plusieurs années, d’induire des cancers ou d’augmenter la fréquence.
Mutagène ou génotoxique : substance qui provoque une mutation, c’est -à-dire une modification brusque et permanente des caractères génétiques héréditaires par changement dans le nombre ou la qualité.
Manifestation d’un effet d’une substance sur le patrimoine génétique. L’effet mutagène est l’étape initiale du développement du cancer.
Toxique pour la reproduction : substance capable de diminuer la capacité de reproduction (stérilité), ou d’être toxique pour la femme enceinte aux différents stades de la grossesse : tératogénicité, foetotoxicité
3.2 Classification et étiquetage des produits chimiques.
3.2.1 Classification et étiquetage selon l’ancien système (DSD/DPD) [5].
L’ancien système de classification, d’étiquetage et d’emballage des produits chimiques reposait :
-pour les substances, sur l\’arrêté du 20 avril 1994 modifié (pris en application de la directive 67/548/CEE modifiée),
-pour les mélanges, sur l’arrêté du 9 novembre 2004 modifié (pris en application de la directive 1999/45/CE modifiée).
Ce système a été remplacé progressivement par le nouveau système CLP. Les étiquettes conformes à ce système ont disparu du marché le 1er juin 2017. Donc, cette classification ne sera pas détaillée dans ce document.
3.2.2 Classification et étiquetage selon le règlement CLP.
L’acronyme « CLP » signifie en anglais, « Classification, Labelling, Packaging » c’est-à-dire « classification, étiquetage, emballage ».
Le règlement CLP a remplacé progressivement le système européen préexistant.
Ce nouveau système s’applicable obligatoirement aux substances depuis le 1er décembre 2010 et aux mélanges depuis le 1er juin 2015, sauf dispositions particulières.
Une classe de danger définit la nature du danger. Les catégories de danger permettent une gradation du degré du danger de cette classe.
Définition des dangers
Le règlement CLP définit 16 classes de danger physique, 10 classes de danger pour la santé et
1 classe de danger pour l’environnement.
Il définit également une classe de danger pour la couche d’ozone.
Classes de danger physique :explosibles, gaz inflammables, aérosols, gaz comburants, gaz sous pression, liquides inflammables, matières solides inflammables, substances et mélanges autoréactifs, liquides pyrophoriques, matières solides pyrophoriques, substances et mélanges auto-échauffants, substances et mélanges qui, au contact de l’eau, dégagent des gaz inflammables, liquides comburants, matières solides comburantes, peroxydes organiques, substances ou mélanges corrosifs pour les métaux.
Classes de danger pour la santé
• Toxicité aiguë.
• Corrosion cutanée/irritation cutanée.
• Lésions oculaires graves/irritation oculaire.
• Sensibilisation respiratoire ou cutanée.
• Mutagénicité sur les cellules, germinales.
• Cancérogénicité.
• Toxicité pour la reproduction.
• Toxicité spécifique pour certains organes cibles-exposition unique.
• Toxicité spécifique pour certains organes cibles-exposition répétée.
• Danger par aspiration.
Classes de danger pour l’environnement
Dangers pour le milieu aquatique, dangereux pour la couche d’ozone.
La classification des mélanges s’effectue selon une approche par étapes :
• étape 1 : classification sur la base des données disponibles sur le mélange (sauf cas particuliers)
• si ces données ne sont pas indisponibles ou inadéquates, étape 2 : classification sur la base des données disponibles sur des mélanges similaires testés. C’est ce le principe d’extrapolation.
• à défaut, étape 3 : classification sur la base des données disponibles sur les composants du mélange.
Classification selon le règlement CLP
La classification CLP consiste à mettre une substance ou un mélange dans une ou plusieurs classes et catégories de danger et à lui attribuer une mention de danger (mention H). La classe et catégorie de danger peut être présentée sous forme d’une abréviation définie réglementairement.
Exemple d’une classification tel que l’on peut en lire dans une fiche de données de sécurité :
Flam. Liq. 2 ; H225
Carc. 1B ; H350
STOT RE 2 ; H373
Ce produit est classé liquide inflammable de catégorie 2, cancérogène de catégorie 1B et toxique pour certains organes cibles en cas d’expositions répétées de catégorie 2.
Étiquetage selon le règlement CLP
L\’étiquetage CLP comporte les informations suivantes :
• Identité du fournisseur : l’étiquette du produit chimique doit comporter le nom, l’adresse et le numéro de téléphone du ou des responsables de la mise sur le marché du produit.
• Identificateurs du produit : Pour les substances, l’identificateur est un nom chimique et lorsqu’il existe, un numéro d’identification.
Pour les mélanges ; l’étiquette doit comporter :
-la dénomination ou le nom commercial du produit.
-le nom chimique de certaines des substances entrant dans la composition du mélange et responsables d’une partie de la classification.
• Pictogrammes de danger : au nombre de 9, comportant « un symbole noir sur fond blanc dans un cadre rouge épais suffisamment pour être clairement visible ».
• Chaque pictogramme possède un code composé de la façon suivante : « SGH » + « 0 » + 1 chiffre.

Les 9 pictogrammes de danger du règlement CLP

• Mention d’avertissement : c’est un mot indiquant le degré relatif d’un danger.
Deux mentions d’avertissement sont utilisées : « DANGER » (pour les catégories de danger les plus sévères) et « ATTENTION ».
• Mentions de danger : c’est une phrase qui, attribuée à une classe de danger ou à une catégorie de danger, décrit la nature et le degré de du danger que constitue un produit chimique. Un code alphanumérique unique constitué de la lettre « H » et de 3 chiffres est affecté à chaque mention de danger.
• Conseils de prudence : c’est un code alphanumérique unique constitué de la lettre «P» et de 3 chiffres
• Section des informations supplémentaires : Dans cette section, on peut trouver des informations supplémentaires sur des dangers spécifiques. Elles sont codifiées de la façon suivante : « EUH » + « 0 » + 2 chiffres.

Exemple d\’une étiquette répondant au règlement CLP
Classification et étiquetage des produits CMR selon le règlement européen [4].
3 catégories de l’Union européenne pour les Cancérogènes
1e catégorie (H350 ou H350i) : Substances connues comme cancérogènes pour l\’homme. « La relation entre l’exposition a ces substances et l’apparition de cancer est prouvée et confirmée». Exemple : le benzène.
2e catégorie (H350 ou H350i) : Substances devant être assimilées aux substances de la première catégorie.\” Il existe une forte présomption que l\’exposition humaine à ces substances peut provoquer un cancer. Cette présomption est en général fondée sur les résultats d’études appropriées de longue durée sur l\’animal ou d\’autres informations appropriées \”. Exemple : l\’oxyde d\’éthylène, le chrome VI.
3e catégorie (H351) : Substances pouvant être dangereuses pour l\’homme en raison d\’effets cancérogènes possibles mais pour lesquelles on ne dispose pas d’informations suffisantes. \”Des études sur les animaux ont été réalisées, dont les résultats ne permettes pas de les classer dans la deuxième catégorie». Exemple : le formaldéhyde.
3 catégories de l’Union européenne pour les Mutagènes
1e catégorie (H340) : Substances connue comme mutagène pour l’homme.
2e catégorie (H340) : Substances qui doivent être assimilées à des substances de la première catégorie.
3e catégorie (H341) : Substances pouvant être dangereuses pour l’homme en raison d’effets mutagènes possibles.
3 catégories de l’Union européenne pour les toxiques pour la Reproduction.
1e catégorie (H360 ou H360F ou H360D ou H360FD ou H360Fd ou H360fD) : Substances connues pour être toxique sur la fertilité et la reproduction chez l’homme.
2e catégorie (H360 ou H360F ou H360D ou H360FD ou H360Fd ou H360fD) : Substances qui doivent être assimilées à des substances altérant la fertilité ou le développement chez l’homme.
3e catégorie (H361 ou H361f ou H361d ou H361fd) : Substances probablement dangereuses pour la fertilité ou le développement chez l’homme.
3.2.3 Modes d’expositions et processus d’intoxication [9].
La contamination peut être entrainée :
Par inoculation (voie cutanée, lésion cutanée bénigne). Le risque est lié aux piqûres de pipettes pasteur ou d’aiguilles contaminées, ainsi qu’aux coupures ou égratignures avec du matériel contaminé (HVB, HVC, VIH).
Par ingestion (voie orale) des produits chimiques présents dans le lieu de travail par contact avec les objets contaminés.
Par contact des mains avec du matériel souillé.
Par inhalation (voie aérienne) des produits chimiques présents sur le lieu de travail.
Quelle que soit la voie de pénétration, les substances dangereuses passent dans la circulation sanguine au niveau des capillaires sanguins qui irriguent les alvéoles pulmonaires, la peau et les muqueuses digestives.
Les substances dangereuses arrivent aux organes où elles peuvent se fixer et en perturber le fonctionnement ou encore traverser ces organes sans y porter de modifications.

Au niveau des organes, existent deux possibilités :
La substance peut se fixer sur l’organe sans avoir subi de modification chimique, c’est le cas des solvants qui s’accumulent sur les tissus gras comme le système nerveux en provoquant un dysfonctionnement de ces tissus.
Dans l’autre cas, le produit peut être métabolisé au niveau de l’organe pour donner des métabolites qui sont plus réactives et responsables de dysfonctionnement d’organes. Par exemple, Le benzène qui est métabolisé au niveau du foie en phénol, produit très toxique et agressif qui se fixe préférentiellement sur la moelle osseuse, provoquant l’apparition des leucémies.
On distingue deux types d’intoxications :
Intoxication aigue : considérée et réparée comme un accident du travail, c’est la conséquence de la présence massive de produits concentrés très agressifs, qui attaquent les tissus vivants au point de contact, provoquant leur destruction rapide. Parmi les principaux produits industriels à l’origine de tels accidents, on peut citer les acides et les bases concentrés, le chlore, l’ammoniac et les amines légères, les solvants peu volatils, les isocyanates, les phénols, etc.
Intoxication chronique : entraine les maladies professionnelles. Elle s’explique par l’exposition régulière a de petites quantités de produits toxiques qui se fixent sur les différents organes en perturbant leur fonctionnement. Cette agression peut aller jusqu’à la destruction totale du tissu cellulaire atteint. On peut citer l’exemple du tétrachlorure de carbone qui détruit à la longue le foie, et le benzène qui détruit la moelle osseuse.
L’intoxication chronique peut se faire par l’action directe du produit toxique sur l’organe, Ou le plus souvent par l’action des métabolites formés, soit encore par les deux processus à la fois.
Une même substance peut se fixer directement ou par l’intermédiaire de ces métabolites sur plusieurs organes provoquant une atteinte multiples et par conséquent plusieurs maladies professionnelles. Ainsi les solvants chlorés se fixent sur le système nerveux et conduisent à des manifestations neurologiques et les métabolites chlorés attaquent le foie en détruisant les cellules hépatiques.
Les différents types de pathologies en milieu professionnel sont les atteintes :
– Pulmonaires : broncho-pneumopathies, asthmes et dyspnées, œdèmes, allergies, pneumoconioses et fibroses, cancers, etc. Les principaux agents chimiques à l’origine de ces maladies sont : l’amiante, la silice, l’oxyde de fer (sidérose), le talc, l’anhydride chromique, le formol, l’oxyde d’éthylène, les isocyanates, les amines légères, la poussière de bois, etc. ;
– Sanguines : anémies, cancers, leucémies, troubles hémorragiques et modification de la formule,sanguine. Parmi les produits en cause, il y a lieu de citer le plomb et ses dérivés, l’arsenic et ses composés, l’oxyde de carbone, le benzène, la phénylhydrazine, les amines aromatiques, le chlorure de vinyle, etc. ;
– Cutanées et des muqueuses : eczémas, dermites, dermatoses, ulcérations, cancers. Tous les24solvants, les isocyanates, les composants des résines époxydes, les amines, le latex, les ciments, les dérivés de nickel et d’arsenic, sont à l’origine de ces maladies, etc. ;
– Neurologiques : encéphalopathies, troubles de l’équilibre, des mouvements, du langage, de la vision et de l’audition, névrites et polynévrites, troubles psychiatriques. Elles sont dues entre autres choses aux solvants, aux éthers de glycol, aux hydrocarbures bromés, au chlorure de vinyle, à l’arsenic et ses composés, au mercure et ses composés, etc. ;
– Du système digestif : vomissements, diarrhées, douleurs abdominales, hépatite, angiosarcome hépatique. L’arsenic, le mercure, le cadmium, le plomb et leurs dérivés, le benzène et certains hydrocarbures aromatiques et leurs dérivés chlorés, le chlorure de vinyle sont à l’origine de ces pathologies, etc. ;
– Osseuses : ostéolyse, nécrose, arthrose, calcification etc. Parmi les substances en cause, il y a lieu de citer le fluor et l’acide fluorhydrique, les fluorures, le chlorure de vinyle, le cadmiumet ses dérivés, le phosphore, etc. ;
– Cardiaques : insuffisance circulatoire, hypertension, douleurs, atteinte du péricarde, phlébites, troubles angioneurotiques, etc. Les produits en cause sont l’arsenic, le plomb, le béryllium et leurs composés, les dérivés nitrés des polyols, l’amiante, certains hydrocarbureshalogénés, le chlorure de vinyle, etc. ;
– Diverses : œil (conjonctivites, kératites, névrites, amblyopies), oreilles (troubles auditifs), nez (rhinites, ulcérations et perforations nasales), bouche (stomatites), reins (néphrites, insuffisance rénale, tumeurs vésicales). Le fluor et l’acide fluorhydrique, l’arsenic, le béryllium et leurs composés, les ciments, l’acide chromique, les chromates et les bichromates, le formol, le méthacrylate de méthyle, le méthanol, les poussières de bois, le sulfure de carbone, le bromure de méthyle, les organophosphorés, etc., sont à l’origine de ces atteintes ;
– Cancéreuses : cutanées (épithélium), osseuses (ethmoïde), broncho-pulmonaires, de la vessie, cérébrales, mésothélium, angiosarcomes, leucémies, etc.
Parmi les substances CMR utilisées aux laboratoires, on retrouve (solvants, agents alkylants, agents intercalants, amines aromatiques, hormones, métaux lourds…).
Chapitre 4
Évaluation du risque chimique.
L’évaluation des risques chimiques peut être conduite :
• de manière qualitative : dans ce type d’évaluation, le risque est estimé à partir de différents critères mais ceux-ci ne sont jamais cotés sur une échelle quantitative. Elle permet juste de classer les situations en acceptables ou inacceptables sans calcul d’indices de risque.
• de manière quantitative : par la mesure des niveaux d’exposition aux agents chimiques dans divers milieux (atmosphère, milieux biologiques). Elle permet une précision élevée des résultats mais au prix d’un cout élevé.
• de manière semi-quantitative : par l’estimation de niveaux de risque en fonction des conditions d’exposition. Elle repose sur une quantification mathématique du risque, souvent simple multiplication du Danger par l’Exposition :
Risque = Danger ×Exposition.

Cinq méthodes référencées dans la littérature ont été étudiées :
– Méthode OHB Rhodia
– Méthode UIC (Union des Industries Chimiques)
– Méthode INRS
– Méthode « Bernard MARTEL »
– Méthode Opera CRAM Bourgogne

Chapitre 5
Prévention [12].
La prévention du risque chimique repose sur les principes généraux de prévention. Les actions à mettre en place sont de nature organisationnelle, technique, et humaine.
Elles doivent être :
– Adaptées aux dangers,
– Communiquées aux salariés et bien acceptées,
– Régulièrement suivies et adaptées aux changements de situation,
– Conformes à la réglementation.
5.1 Actions d’ordre organisationnel :
– Organiser les tâches de travail permettant de réduire les expositions.
– Appliquer des procédures de travail prenant en compte les moyens qui permettent de prévenir les travailleurs du risque.
– Organiser la gestion des déchets.
– Limiter l’utilisation des substances chimiques lors du travail.
Stockage des produits chimiques : [8] Principaux risques lié au stockage de produits chimiques :
– Chute, renversement ou fragilisation des emballages
– incendie/explosion
– intoxication
– infiltration dans le sol ou les eaux → Nécessité de respecter certaines règles pour maîtriser ces risques

3 zones potentielles de stockage de produits dangereux :
– Stockage centralisé :
Ventilation du local, Séparation des produits incompatibles, suppression des produits non utilisés des produits, bacs de r s, bacs de rétention
– Stockage intermédiaire :
Ventilation des armoires de stockage, bacs de rétention
– Stockage « paillasse »: quantités minimales, pas de stockage en hauteur, flacons étiquetés.
Consignes de stockage :
• Local bien ventilé.
• Installation électrique conforme.
• Afficher le numéro d’appel d’urgence et liste des produits enregistrés à jour en stock.
• Sol étanche tanche.
• Bac de rétention au niveau de chaque étagère.
• Poudres absorbantes inertes.
• Extincteurs à l’extérieur.
•Point d’eau eau à coté.
• Interdiction de fumer des cigarettes dans le lieu de stockage.
•Produits rangés par familles.
•Produits très toxiques et CMR rangés dans une armoire fermée à clef.
•Préserver les substances dans leur emballage d’origine.
•Séparer les produits incompatibles.
5.2 Actions d’ordre technique :
Supprimer ou substituer les produits et les procédés dangereux (action prioritaire).
La substitution concerne l’ensemble des produits chimiques dangereux pour la santé et la sécurité (les produits CMR de catégories 1A et 1B et les autres agents chimiques dangereux).
– Cas des agents CMR de catégories 1A et 1B : la substitution est obligatoire sauf impossibilité technique et l’employeur doit consigner les résultats des recherches de substitution dans le document unique d’évaluation des risques.
– Cas des autres agents chimiques dangereux (ACD) : lorsque les mesures de prévention organisationnelle et technique sont insuffisantes, il est nécessaire d’envisager le remplacement des substances chimiques les plus dangereux même s’ils ne sont pas CMR de catégories 1A et 1B.
Réduire le risque par les mesures de protection collective (travail en système clos, captage des polluants à la source).
5.3 Actions d’ordre individuel :
5.3.1 Les équipements de protection individuels :
Equiper les laboratoires par des Équipements de Protection Individuelle (EPI) adaptés lorsque les actions techniques et organisationnelles ne permettent pas de réduire le risque au minimum.
– Appareil de protection respiratoire en l’absence de protection collective éfficace et lorsque l’étude du poste de travail révèle un risque pour la santé par inhalation, il est nécessaire de fournir aux salariés des appareils de protection respiratoire adaptés.
Les appareils de protection respiratoire sont de type filtrant ou isolant.
– Appareil filtrant : purification de l’air par filtration
– à ventilation libre : passage de l’air par l’action de la respiration – à ventilation assistée : passage de l’air assuré par un ventilateur motorisé
– Appareil isolant : alimentation en air respirable
– non autonome : alimentation en air par adduction – autonome : alimentation en air ou en oxygène
– Gants et vêtements de protection : En l’absence de moyens permettant d’empêcher tout contact avec des produits chimiques dangereux, les équipements de protection cutanée (vêtements, gants, bottes) et oculaire (lunettes, visière) sont couramment utilisés pour protéger les travailleurs.
Les situations de travail pour lesquelles on observe :
– Risques de projection de liquide,
– Un air pollué (utilisation de solvants en milieu confiné),
– Un contact cutané avec des substances chimiques,
Nécessitent le port d’une protection cutanée et oculaire.
Les gants de protection chimique diffèrent par :
– Leur forme : longueur de manchettes et état de surface plus ou moins lisse.
– Leur épaisseur : 0,1 mm pour les gants jetables et jusqu’à 0,8 mm pour des gants réutilisables.
– Leur matière :
– nitrile, butyle, vinyle, latex. – matériaux fluorés, matériaux multicouches.
5.3.2 La formation et l’information des salariés :
5.3.2.1 L’information des salariés porte sur :
– Les produits chimiques dangereux et/ou CMR présents dans le laboratoire.
– Les moyens permettant de repérer les dangers chimiques étiquetage, pictogrammes, FDS.
– Les risques sur la santé et la sécurité.
– Les consignes de prévention (ventilation, usage des EPI.).
– Les incidents et accidents susceptibles d’entraîner une exposition anormale.
– Les consignes à suivre en cas d’urgence.
– Les mesures d’hygiène.
5.3.2.2 Former les salariés :
Actions pour former les salariés sur le danger des produits chimiques peuvent venir renforcer les actions d’information. Elles permettent de préciser les risques spécifiques en situation réelle au poste de travail (lecture des étiquetages, de la notice de poste) et d’appliquer en pratique les actions de prévention permettant de réduire les risques (application des bonnes pratiques de travail, mise en service des protections collectives, formation au port des protections individuelles).
Les formations doivent être renouvelées selon l’évolution des connaissances et des techniques.
5.3.3 Prévention médicale du risque chimique :
5.3.3.1 La visite médicale périodique :
Les salariés exposés aux produits chimiques dangereux font l’objet d’une surveillance médicale particulière (chaque 6mois).
Un interrogatoire, un examen clinique complet et des examens paracliniques pour permettre de dépister les anomalies de santé liées au travail le précocement possible, pour aider à la décision d’aptitude, et pour identifier les défauts, l’inadaptation des mesures de prévention en place.
Les examens complémentaires dépendront de la nature de l’exposition et les conditions de travail du salarié.
5.3.3.2 Fiche individuelle de prévention des expositions à des facteurs de risques professionnels :
On prévoit cette fiche pour certains facteurs professionnels pénibles (agents chimiques dangereux, CMR ou non, y compris les poussières et les fumées).
L’employeur doit établir cette fiche pour chacun des salariés exposés à ces facteurs sous certaines conditions.
Sont mentionnées sur cette fiche, les conditions d’exposition habituelles, la durée d’exposition, les mesures préventives mises en place afin d’éliminer ou de réduire le risque sur la santé durant la période d’exposition, ainsi que les résultats des contrôles du niveau d’exposition.
Une copie de la fiche est remise au médecin du travail. Cette fiche est accessible au travailleur et lui est remise a son départ de l’entreprise, et servira pour le suivi médical a long terme du salarié exposé au produits dangereux.