Hooper et Kohlhagen

Depuis l’adoption du système du taux de change flottant en 1973, la variabilité et l’incertitude sur les taux de change ont été à l’origine d’un débat permanent. Il concerne en particulier l’impact des variations du taux de change sur les opérations du commerce international. L’absence d’une réponse décisive a contribué à l’existence du débat et à son développement durant ces dernières années.
plusieurs économistes et analystes financiers ont essayé de répondre a cette question de la relation entre le risque de change et les flux commerciaux : Clark (1973), Ethier (1973), Baron ( 1976 ), Hooper et Kohlhagen (1978), Cushman (1983), FMI (1984) et Akhtar et Hilton (1984), De grauwe (1988), Chowdhury (1993), Arize (1995),
Malgré que les résultats apparaissent logiques dans certains cas, toutefois ces études supportent plusieurs controverses et se considèrent dans l\’ensemble comme contradictoire, ce qui ne nous permet d’avoir une réponse définitive quant a l’existence d’une relation entre la variabilité du taux de change et le commerce extérieur.
Donc dans cette section nous allons présenter en premier lieu le modèle théoriques basé sur la théorie du producteur et incorporant le risque de change celui de Hooper et Kohlhagen (1978) qui a inspiré tous les autres travaux, en second lieu les hypothèses et fondements théoriques traditionnels qui ont été proposé avant le modèle de base et enfin hypothèses et fondements théoriques proposés depuis 1978.

Modèle basé sur la théorie du producteur et incorporant le risque de change : Hooper et Kohlhagen (1978)
Le modèle développé par Hooper et Kohlhagen est un qui a inspiré tous les travaux de la relation entre le taux de change et le commerce. c’est un modèle d\’offre d\’exportations et de demande d\’importations qui intègre le risque de change et qui analyse son impact sur les prix et les quantités d\’équilibre des biens échangés sur le marché international.
Environnement, horizon temporel et comportement des agents
Dans ce modèle les exportateurs et les importateurs opèrent sur deux périodes dans un environnement incertain.
Dans la première période, les entreprises rassemblent les commandes des clients pour leurs produits et placent leurs commandes auprès des fournisseurs pour les inputs importés.
Dans la seconde période , elles reçoivent d\’une part les inputs et paient les fournisseurs ; d\’autre part, elles effectuent les livraisons aux clients et enregistrent leurs paiements.
Il est bien évident que ces opérations soient risquées à plusieurs égards, la seule source d\’incertitude introduite dans le modèle concerne la valeur future du taux de change.
Toutes les

autres variables sont connues avec certitude au moment du contrat entre le producteur et son client ou son fournisseur. De plus, les contrats sont exclusivement libellés dans la devise de l\’exportateur ou de l\’importateur .
On suppose enfin que le comportement des agents est caractérisé par un certain degré d\’aversion au risque ; c’est à partir de cette hypothèse que se fonde la relation négative entre la variabilité du taux de change et le commerce international .
Demande d\’importations
La demande d\’importations est déterminée par le niveau de production intérieure en supposant que les inputs importés représentent une proportion fixe de cette production. Ainsi, chaque importateur est confronté à une demande pour son produit :

Q=aP+bPd+cY+dCU ; a,d 0 (1)


P est le prix du produit ;
PD est le prix des autres biens disponibles dans l\’économie nationale ;
Y est le revenu domestique ;
CU représente le rationnement qui s\’exerce par d\’autres mécanismes que celui des prix (délais de livraison plus longs, conditions de crédit plus sévères).
Dans ce contexte, l\’importateur choisit le niveau de production qui maximise son utilité (LO, celle-ci étant positivement reliée à l\’espérance (E) des profits (π) et négativement associée à leur variance (V) :

MAX U= Eπ- γ[Vπ]½ (2)


γ est une mesure relative de la préférence pour le risque. Comme le modèle suppose que les agents ont une aversion au risque, γ aura une valeur positive : γ > 0.
Les profits sont définis comme la différence entre la valeur des ventes totales et les coûts totaux des facteurs de production, y compris ceux encourus pour l’achat d\’inputs importés :

π=Q P(Q)- UC Q-H P*i Q (3)


UC est le coût unitaire total de production, incluant main-d\’oeuvre et matériel,
P* est le prix des biens importés exprimé en devises étrangères, / est le ratio fixe des importations sur la production totale (q=iQ, avec q représentant la quantité d’inputs importée nécessaire à produire Q).
Alors, P*q est égal au coût total des inputs importés exprimé dans la devise de l\’exportateur.
Pour convertir ceci en monnaie locale, on le multiplie par: la moyenne pondérée du coût de change étranger pour l\’importateur. Il dépend de la devise dans laquelle le contrat d\’importations est libellée et de la proportion du contrat qui fait l\’objet d\’une couverture sur le marché des changes Plus spécifiquement,

H= β[α F+(1-α)R1]+ (1-β)F (4)


F est le taux à terme de la devise de l\’importateur par unité de la devise de l\’exportateur ;
R1 est le taux au comptant à la date future du paiement.
Les paramètres α et β sont importants parce qu\’ils déterminent dans le modèle dans quelle mesure les profits de l\’importateur sont exposés au risque de change. β est défini comme la proportion des importations libellée dans la devise de l\’exportateur et ( 1 – β) la part libellée dans la monnaie de l’importateur, α reflète la proportion des achats d\’inputs que l\’importateur couvre sur le marché à terme .
En résumé, le coût total des importations HP*iQ a trois composantes : αβFP* q est la partie libellée dans la devise de l\’exportateur et couverte sur le marché à terme .
( 1 -α)βR 1P*q représente la partie non couverte sur le marché à terme et ( 1 -β)FP*q reflète la partie libellée dans la devise de l\’importateur.
L\’équation (4) suggère enfin les interprétations suivantes :
(i) le coût total des importations est connu avec certitude dans l\’un ou l\’autre des cas suivants : β = 0 signifie que l\’importateur a négocié le contrat d\’achat des inputs dans sa propre monnaie ; α = 1 reflète la situation où toutes les importations exprimées dans la devise de l\’exportateur sont couvertes sur le marché à terme.
(ii) l\’incertitude est introduite dans la transaction pour l\’importateur quand une partie du contrat est spécifiée dans la devise de l\’exportateur (0 < β < 1) et lorsque pour des raisons institutionnelles ou simplement par choix, il ne couvre pas la totalité de ses besoins en devises sur le marché à terme (0 < α < 1).