Les conséquences de la réduction des inégalités familiales

Comme l’a dit Paul Claudel, un académicien français, « il n’y a de société vivante que celle qui est animée par l’inégalité et l’injustice ». Au travers de cette phrase, l’auteur souligne que les inégalités existent et existeront pour toujours, encore plus dans les pays développés. Les Etats-Unis d’Amérique, l’un des pays les plus puissants au monde, extrêmement bien développé, leader mondial dans de nombreux domaines, la terre de tous les possible, le pays de « l’American Dreams » ! Au simple regard de ces aspects, l’Amérique semble être le pays idéal pour y vivre, un exemple à suivre pour les autres pays. En effet dans de nombreux secteurs les Etats-Unis sont un modèle. Mais partout dans le monde, et aussi en Amérique, de multiples inégalités existent. On les retrouve dans le déroulement de la vie quotidienne en fonction de la couleur de peau, noire ou blanche, du métier exercé, du type de famille, biparentale ou monoparentale, ou encore en fonction de l’orientation sexuelle, homosexuelle ou hétérosexuelle.
En Amérique, deux personnes ne possédaient pas les mêmes droits. Les personnes homosexuelles ne pouvaient pas se marier ou encore adopter, contrairement aux personnes hétérosexuelles. La est l’inégalité familiale soulevée, deux familles qui devrait disposer des mêmes droits, ne peuvent pas en raison de l’attirance sexuelle des conjoints. Mais fort heureusement pour les familles homoparentales, les mentalités ont changé et les deux familles bénéficient à présent des mêmes droits et les inégalités s’en retrouvent donc réduites. Ce changement radical n’est pas sans conséquence. Nous nous intéresserons ici aux inégalités en fonction de l’orientation sexuelle et leurs conséquences.

I) Le mariage homosexuel
A) La reconnaissance juridique du mariage homosexuel
Le mariage entre deux personnes de même sexe est reconnu juridiquement depuis le 26 juin 2015 et ne fait donc plus office de débats quelconques. Mais cela n’a pas toujours été le cas.
En effet avant cette reconnaissance juridique, les couples homosexuels ne pouvaient pas se marier, et étaient en quelque sorte punit par l’opinion publique. La première remise en cause de cette interdiction, qui actuellement semble être injuste, date de 1993. Pour la cour suprême de l’Etat d’Hawaï, ce refus de liberté est considéré comme une discrimination, et c’est pour cette raison que Hawaï devient le premier Etat Américain de l’Histoire à autoriser juridiquement le mariage homosexuel. Tout porte à croire que les autres Etats vont suivre, mais il est encore trop tôt et les américains considèrent toujours comme

étant normal que les homosexuels ne peuvent pas se marier.
Face à l’action d’Hawaï, et craignant un développement rapide de l’idéologie Hawaïenne, le Sénat et la Chambre des Représentants élus en 1994 décident de réagir. Le Defense of marriage act (DoMA) est alors publié et adopté en 1996 par le président de l’époque, Bill Clinton. La section trois de ce texte donne une définition pointilleuse du mariage : « the word \’marriage\’ means only a legal union between one man and one woman as husband and wife, and the word \’spouse\’ refers only to a person of the opposite sex who is a husband or a wife. »
Cette phrase spécifie que le mariage représente une union légale entre un homme et une femme, et que le mot « époux » ne se réfère qu’à une personne du sexe opposé. Ce texte est donc un frein à la possibilité de voir un jour le mariage homosexuel juridiquement reconnut. Bill Clinton reconnaitra plus tard qu’il ne désirait pas forcément signer ce texte. Ce positionnement réfractaire au mariage gay est quelque peu étrange de la part de l’Amérique, car ce pays a toujours été en avance sur son temps sur la question de l’égalité entre les Hommes. D’après l’institut de statistique Américain Gallup, en 1996 seulement 27% des américain considère que le mariage entre personnes du même sexe devrait être reconnu et légal au même titre que les mariages traditionnels.
Les cinquante Etats qui composent l’Amérique décident donc d’interdire le mariage homosexuel. Cette situation ne connaitra aucune évolution pendant presque une décennie.
Ce n’est qu’à partir de 2004 que les choses vont changer. Cette année lance un changement rapide et radical de la façon de penser des habitants des Etats-Unis d’Amérique. L’Etat du Massachusetts est le premier Etat à revenir sur sa décision et à autoriser le mariage pour tous. Néanmoins, en raison du Defense of marriage act, les nouveaux mariés ne pourront pas jouir des mêmes droits que les mariages dit classique. Judith Schaeffer, a l’époque vice-présidente du « think thank constitutional accountability center » défini ces mariages comme étant « des mariages de seconde classe ». (Bars, 2015)

Cette avancée reste donc en demi-teinte. Avant de voir les choses réellement évoluer, il faut attendre 2011 et le président Barack Obama qui proclame publiquement la qualité inconstitutionnelle de la fameuse section trois du DEFENSE ACT. Il faudra pourtant attendre 2013 pour voir un véritable retournement de situation avec la modification de Defense of marriage act menant à la suppression de la section trois. Cette décision est en accord avec la volonté des américains qui dès 2010 veulent remettre en cause cette loi. D’après Gallup, en 2010, 44% des américains étaient pour la légalisation du mariage homosexuel.

Cette modification ouvre donc la voie à une légalisation nationale du mariage gay. Tous les autres Etats américains vont donc suivre l’exemple du Massachusetts et vont un à un autoriser les mariages du même sexe.
En 2015 ce mariage est reconnu par l’Amérique tout entière et les mariés homosexuels disposent désormais des mêmes droits et devoirs que les mariés traditionnels. En 2015, selon les chiffres de Gallup, 60% de la population est favorable à ce changement, et ce chiffre ne cesse d’augmenter. En 2018, 67% des américains sont pour une reconnaissance du mariage homosexuels total, au même titre que les mariages traditionnels. Savoir s’il faut ou non autoriser légalement le mariage des couples homosexuels en Amérique, ne pose aujourd’hui plus aucun débat

B) Les conséquences de cette reconnaissance sur la société Américaine
Nous pouvons nous demander ce qui a pu pousser les différents Etats d’Amérique récalcitrants à adopter cette loi. Hormis le fait qu’ils ont été en quelque sorte forcés par la Cour Suprême américaine, il y a tout de même eu auparavant une multiplication des légalisations du mariage homosexuel à travers l’Amérique. Une des causes de cette expansion est dévoilée par une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association, Pediatrics qui montre une réduction drastique du taux de suicide chez les adolescents américains. Cette étude a été réalisée en comparant les Etats ayant légalisé le mariage entre personnes de même sexe et ceux l’interdisant toujours avant le mois de janvier 2015. Ils en sont arrivés à une conclusion significative : la légalisation du mariage homosexuels a permis une diminution de 7% de tentative de suicide des adolescents à l’échelle national. Ce pourcentage représente donc 134 000 tentatives en moins avec seulement trente-deux Etats sur les cinquante. Au sein d’un Etat, le taux de suicide a baissé en moyenne de 14%. Comment expliquer cela ? Les jeunes personnes homosexuelles ne pouvaient pas se projeter dans le futur en sachant qu’ils ne pourront pas se marier, et par la même occasion fonder une famille. Fonder une famille étant désir naturel qui se fait ressentir aux alentours de 25-35 ans. Cette perspective désagréable favoriserait les tentatives de suicide. Avec la suppression des lois anti-homosexuelles, les perspectives d’avenir apparaissent de plus en plus belles et réalisables. Cette amélioration notoire rentre dans un projet de réduction drastique du taux de suicide chez les jeunes américains décrit dans le « Healthy People 2020 » qui présente plusieurs objectifs concernant la santé publique. L’un d’eux est de réduire considérablement le taux de suicide chez les jeunes. L’autorisation le mariage homosexuel est donc une solution très efficace et qui a fait ses preuves pour permettre la réalisation des objectifs de ce programme.

II) L’adoption homosexuelle

A) L’évolution du droit à l’adoption pour les couples homosexuels
Alors que le mariage homosexuel est rendu juridiquement légal au sein de tout le territoire américain, les possibilités d’avoir un enfant reste très faibles. L’une d’elle est l’adoption.
Malheureusement l’adoption homoparentale reste interdite dans la plupart des Etats fédéraux américains. On pourrait penser que cette interdiction est justifiée par rapport au bien-être de l’enfant (comme en France) mais cette idée est pourtant fausse ; c’est la capacité d’élever un enfant qui est remise en cause. Mais peu à peu cette tendance recule et fait place à une légalisation de l’adoption dans plusieurs Etats. Trente-sept d’entre eux accordent ce droit aux homosexuels.
En 2016, presque tous les Etats américains autorisaient l’adoption d’enfants par des couples homosexuels.
Seul l’Etat du Mississippi interdisait ce droit. Il l’interdisait depuis les années 2000, alors que le mariage homosexuel était reconnu et légal.
Au cours de ces années d’autres Etats, tel que la Floride ou encore l’Alabama, avaient suivi l’exemple du Mississippi avant de revenir sur leur décision. Treize ans plus tard, en 2013, le gouverneur du Mississippi souligne que cette loi restera en vigueur dans l’Etat. Après plusieurs plaintes de couples de même sexe, souhaitant adopter un enfant mais étant dans l’impossibilité de le faire en raison de la loi en vigueur dans l’Etat du Mississippi, le juge fédéral Daniel Jordan pose une injonction préliminaire contre la législation du Mississippi. Il déclare : « La Cour Suprême se saisit des cas litigieux dans lesquels des lois États interfèrent avec le droit de se marier et avec les droits et responsabilités attachés au mariage. Il semble également hautement improbable que cette même cour – qui juge qu’un État ne peut interdire le mariage homosexuel car cela reviendrait à refuser (aux couples de même sexe) les mêmes avantages (que les couples homosexuels), incluant expressément le droit à l’adoption – puisse ensuite conclure que les couples homosexuels peuvent se voir refuser l’avantage précité. » (Lacroix, 2016)
Grâce à cette injonction, l’adoption homoparentale est devenue légale sur tout le territoire Américain en 2016.
Cette décision de justice montre que la mentalité des américains a évolué de façon radicale, pour aboutir à une égalité des droits entre les couples homosexuels et les couples hétérosexuels.
Pour les couples homosexuels composés de deux femmes, il existe une autre possibilité pour avoir des enfants. Bien qu’elles aient dû attendre, comme tous les couples homosexuels, 2016 pour pouvoir adopter, elles ont pu avoir recours à la procréation médicalement assistée. Ce moyen n’est pas pratiqué à grande échelle, car il pose des problèmes d’éthique et les couples ne sont pas convaincu par cette méthode, bien que certains y ont recours. Les problèmes d’éthique soulevés sont notamment le contrôle total des médecins sur la progéniture, ou encore le fait que des médecins détiennent et élèvent des embryons dans un laboratoire. Certains pourraient qualifier ces actes de contre-nature. De plus cette méthode est extrêmement onéreuse. En 2012 seul 1% des enfants sont mis au monde par la procréation médicalement assistée. Mais qui sait ? Peut-être que les mentalités vont-elles aussi changer, comme cela a été le cas pour l’adoption des couples homoparental.

B) Les conséquences de cette évolution sur la société Américaine

De nombreux couple se réjouissent de la légalisation de l’adoption des couples homosexuels.
Avant cette annonce de nombreuses personnes étaient dans l’incapacité de pouvoir élever un enfant. Mais les choses ont évolué et cela a provoqué des changements au sein de la société américaine.
Avec la légalisation du mariage homosexuel, de nouveaux couples se sont former. Il est tout à fait imaginable de penser que l’un des deux conjoints a pu avoir un enfant auparavant. Cette personne va donc continuer à l’élever avec son nouveau conjoint du même sexe. Mais ils doivent faire face a un problème de taille, avant la légalisation de l’adoption, ces couples ne pouvaient pas avoir d’enfants.
Certains parents ont donc dû devoir attendre parfois plusieurs années avant de devenir les parents légaux de ces enfants. Une étude réalisée par ABBIE E. GOLDBERG, LORI A. KINKLER, HANNAH B. RICHARDSON, et JORDAN B. DOWNING, pour le compte de l’université de Clark en 2011, soit bien avant la légalisation de l’adoption homoparentale, montre que les couples gays veulent de plus en plus pouvoir adopter, sans devoir remettre en question leurs identités sexuelle. Grâce a cette loi, il est désormais possible pour eux de réaliser leur rêve.
L’autorisation d’adopter un enfant pour les couples homosexuels augmente considérablement le nombre d’adoption. Point non négligeable pour la vie en société des jeunes : diminution de la délinquance, et augmentation du taux d’éducation du pays. D’après une étude réalisée par le ministère des affaires étrangère français, en 2014, seulement 117 adoptions ont été réalisé en Amérique. En 2016, avec les couples homosexuels qui peuvent adopter, ce chiffre est passé à 190 adoptions. Cette augmentation considérable est extrêmement importante pour les Etats-Unis et découle directement de l’adoption homoparentale rendu légal.
Il existe d’autres conséquences à l’adoption homoparentale rendue légale.
Bien qu’elles soient des conséquences indirectes a cette loi, elles y restent fortement liées. L’une d’elle est l’apparition d’une nouvelle problématique éthique : les parents biologiques de l’enfant sont plus réticents à accorder une adoption à un couple homosexuel plutôt qu’à un couple hétérosexuel. Malheureusement pour les couples homosexuels, ce problème ne peut pas être résolu seulement par une loi, car il ne s’agit pas ici d’une discussion légale, mais plutôt d’une discussion morale.

Conclusion :
Pour conclure, je souhaite revenir sur quelques aspects de ce travail.
Tout d’abord nous avons pu voir que de grandes inégalités existaient entre les familles « classiques » et homoparentales. Il était juste impossible pour les couples homosexuels d’envisager fonder une famille, ne pouvant ni se marier, ni adopter des enfants. Aujourd’hui ces couples peuvent entrevoir un avenir plus radieux, puisqu’ils ont désormais la possibilité de fonder une famille sans remettre en cause leurs sentiments. Ces lois contre les lois homophobes ont donc révolutionné la vie de milliers de personnes mais pas seulement. Elles modifient considérablement la face du pays sur le long terme. La légalisation du mariage homosexuel a permis une diminution importante du taux de suicide chez les jeunes adultes, garantissant un plus bel avenir national. La légalisation de l’adoption pour des parents homoparental permet un plus grand nombre d’adoption annuel, évènement important pour l’image dégagé et la santé sociale des Etats-Unis.
Les inégalités familiales en fonction de l’orientation sexuelle sont donc presque entièrement effacées et toutes les familles homoparentales sont donc égalitaire avec les familles dites « classique ». Pour en arriver à ce stade il aura fallu beaucoup de temps et de réforme mais tout le monde y trouve finalement son compte. Ce n’est pas pour autant que toutes les inégalités ne sont plus présentes sur le territoire américain, et il y en aura toujours
Je voudrais finir en citant le romancier Jacques Sternberg qui souligne ce point de vue : « nous sommes tous égaux devant l’inégalité qui régit notre planète ».