Les aspects qualitatifs de l’enseignement des sciences

Le courant béhavioriste Le psychologue B.F. Skinner (1904-1990) est un des grands piliers centraux du courant béhavioriste. Il a passé la majorité de sa vie à accroitre ses connaissances sur des sujets comme l’éducation en lien avec sa vision du monde.

Les fondements théoriques sont bien définis et se base principalement sur un fondement particulier :

« L’objet d’étude était désormais un organisme intact considéré́ dans son environnement » (UNESCO, 2000),

« C’était le comportement — c’est-à-dire la manière dont l’organisme se conduit de façon visible — qui en définissait le contenu.» (UNESCO, 2000)

En d’autres mots, comme le courant l’indique, « behaviour » est la traduction de « comportement ». Ainsi, il étudie les actions des êtres vivants, qu’ils soient seuls ou en groupe, dans un environnement donné. Ces idées ont été conceptualisées dans l’apprentissage et l’enseignement, et évoquent notamment le conditionnement opérant. Cette façon d’apprendre se fait par renforcements négatifs ou positifs. Un exemple de renforcement négatif est d’enlever des devoirs à un élève qui a bien travaillé durant la période d’exercices en classe.

Par contre, selon le théoricien, il serait préférable pour les enseignants d’utiliser le renforcement positif, puisqu’il est plus efficace avec des jeunes en phase d’apprentissage.
«Cela doit cependant se faire dans un cadre établi par l’enseignant. De cette façon, l’élève pourra montrer qu’il a bien acquis le comportement à adopter. » (Samson, 2015).
«Enseigner quelque chose, c’est inviter l’élève à s’engager dans de nouvelles formes de comportement, clairement définies, dans des occasions clairement définies elles aussi » (Boutin, 2000).

Dans un autre ordre d’idées, selon les écrits de Boutin (2000), c’est une conception de l’homme et du monde qui est déterministe et pragmatique qui définit l’apprentissage comme se comporter et afficher ce comportement.

Cette manière de voir l’éducation a eu plusieurs retombées dans la pédagogie, puisque les nombreux écrits de Skinner influencent encore beaucoup le système d’éducation et la façon d’enseigner, surtout lorsqu’il est question de renforcements positifs. De nos jours, une attitude positive est davantage mise de l’avant avec les élèves, grâce à cette théorie. Selon Boutin (2000), ce courant, inspiré des travaux de Watson et de Skinner, … a envahi presque tous les systèmes d’éducation en Occident. Il ajoute que le courant se réfère à une « approche par compétences » pour mettre l’accent sur les comportements observables et mesurables, comme nous l’avons fait avec les compétences transversales dans notre système d’éducation au Québec. Ainsi, chaque élève doit accomplir les exigences

prédéfinies et prouver qu’elles sont apprises par le biais de ses comportements.

Une stratégie d’enseignement qui est en lien avec le courant béhavioriste serait de féliciter, encourager et complimenter un élève lorsque ce dernier a donné une bonne réponse à une question qu’on vient de poser à toute la classe. En plus d’être très valorisant, elle montre aux autres jeunes de la classe à faire la même chose, c’est-à-dire de s’exprimer librement et de ne pas avoir peur de lever la main. De cette façon, à chaque fois qu’un élève pensera avoir la bonne réponse il lèvera sa main aisément. Ainsi, par leur geste, ils prouveront qu’ils ont bien appris ou moins bien appris les compétences et les objectifs visés par le programme.

Le courant cognitiviste Ce courant renvoie à la cognition, c’est-à-dire à tout ce qui concerne les processus complexes du cerveau lors de l’apprentissage. Il reconnait un rôle aux connaissances antérieurs tout comme le constructivisme et pose ses fondements sur des termes comme la mémoire, l’analyse de la tâche et de la performance lorsqu’il est question de traitement de l’information. Il s’intéresse également à l’anatomie du cerveau et à ses transformations dans les structures et le fonctionnement. Le cognitivisme a été construit à l’aide du chercheur Tolman qui lui faisait évoluer une théorie en réaction au béhaviorisme (Rocheleau, 2009). En effet, il remarque de cette manière que plusieurs aspects de la théorie du comportement sont infirmés et croit qu’il n’y a pas seulement les actions des élèves qui peuvent prouver un certain accomplissement dans l’apprentissage.

Bien que cela soit un peu radical, les cognitivistes perçoivent l’élève comme un ordinateur : « il perçoit des informations qui lui proviennent du monde extérieur, les reconnait, les emmagasine en mémoire, puis les récupère de sa mémoire lorsqu’il en a besoin pour comprendre son environnement ou résoudre des problèmes. » (Ibid., p.12) Donc, des stimuli sont réceptionnés par l’élève, qu’ils soient visuels, auditifs, olfactifs ou tactiles et emmagasine certains d’entre eux dans sa mémoire à court terme (quelques secondes), puis dans sa mémoire à long terme (mémoire permanente).

Pour que les jeunes soient capables d’effectuer toutes ces procédures, ils doivent être placés dans un environnement qui est sécuritaire et calme pour éviter de créer un stress ou une peur quelconque qui, eux, pourraient bloquer les stimuli importants dans leur apprentissage. Aussi, l’enseignant ou l’enseignante doit mettre de l’avant des stratégies qui aideront ses élèves à faire des liens avec des contextes multiples ou des manières de mieux organiser l’information pour l’encoder plus facilement. (Ibid.) Au Québec, ce courant est souvent utilisé dans les classes comme technique pédagogique, puisque les enseignants et enseignantes veulent rejoindre le plus de types d’apprentissage. Par exemple, la majorité des classes sont dotées de tableaux interactifs pour aider les jeunes qui, soit, apprennent mieux avec le sens de la vision, soit avec le sens du toucher et même ceux qui sont plus auditifs si des sons ou des vidéos sont diffusés.

Le cognitivisme est souvent utilisé, car le cerveau est à la fois la partie la plus complexe du corps humain et à la fois une technique d’apprentissage qui est très concrète, ce qui donne plusieurs possibilités d’enseignement. Plusieurs stratégies peuvent être utilisées dans une classe lorsque l’on veut expérimenter le courant cognitiviste. Enseigner les notions d’une matière en donnant plusieurs façons de les mémoriser peut aider chaque élève à faire des liens et à traiter l’information de plusieurs manières différentes. Par exemple, fabriquer un tableau conceptuel, faire surligner dans un texte les mots et les phrases qui sont plus importantes à retenir, en leur demandant de faire un petit résumé de ce qu’ils ont appris, etc.
L’important dans cette démarche est que les apprenants puissent développer de nouvelles connexions dans leur cerveau en mémorisant des stimuli, c’est donc une bonne idée d’utiliser les sens pour qu’ils aient de meilleures chances d’apprendre.

Le courant constructiviste Ernst von Glasersfeld est, selon Samson (2015), le pionnier du constructivisme dit radical. Il a dans son bagage plusieurs écrits sur le sujet et a mis en place une grande partie des fondements théoriques. Cette façon de penser est souvent mise en parallèle avec le courant béhavioriste, puisqu’ils ont des points dissemblables. En effet, le courant constructiviste n’impose pas d’objectifs prédéterminés aux élèves et met l’accent sur l’apprenant et moins sur l’enseignant. Il est même possible de dire que c’est un courant qui vise l’individualisme, puisque c’est la personne même qui construit ses propres idées et savoirs en fonction de leurs expériences antérieures et de leurs connaissances qu’ils ont déjà acquises (Boutin, 2000).

Pour que le constructivisme soit mis en pratique, il faut avoir une pensée dite critique et croire que chaque personne a la capacité de penser. L’élève, dans cette situation a plusieurs manières d’apprendre. Dans les faits, il est son propre moyen d’apprendre et il doit être autonome dans son apprentissage. Il doit également user de curiosité et avoir de l’initiative pour faire des recherches. Il est libre de résoudre ses exercices et activités avec les méthodes et connaissances qu’il a déjà. L’apprentissage se fait plutôt par essai et erreur dans ce courant et se fait par interaction avec le milieu, afin d’arriver à une construction mentale unique à chaque élève. En lien avec l’apprentissage, l’enseignant devient alors un facilitateur pour ses apprenants, son but n’est pas de lui apprendre des notions quelconques ou de lui donner des réponses et des faits.

Au contraire, il doit les guider dans un processus de construction et de synthétisation des connaissances et à l’encourager dans son apprentissage. Pour arriver à ce type d’apprentissage, il convient de mettre à la disposition des élèves un environnement qui est ouvert, riche et propice à éveiller l’intérêt (Boutin, 2000).

Au Québec, le courant constructiviste fait ses débuts à partir de 1980 seulement. Souvent conçu comme une façon de penser plutôt différente de la norme de l’époque, il ne devient pas l’approche la plus utilisée même encore aujourd’hui. Puisque notre système exige que les apprenants atteignent un certain niveau avec des connaissances qui sont concrètes et définies par des compétences, on remarque plutôt que ce sont les novateurs en éducation qui recourent à cette forme d’enseignement. Elle peut par contre être utilisée pour certaines notions ou compétences qui doivent évaluer une autonomie ou une certaine pensée critique.
Puisqu’il n’y a pas d’objectifs prédéfinis, toutes les réponses ont quelque chose de «bien ». Les élèves produisent rarement une solution aléatoire (Ernst von Glasersfeld, 2001).

Ils ont construit une solution à l’aide de connaissances antérieures qui, elles, sont probablement « vrais ». Donc, il est certain que la réponse n’est pas totalement fausse, même si elle peut l’être pour l’enseignant ou l’enseignante. Minimalement, il faut reconnaitre leurs efforts pour être arrivé à une solution. Ne pas reconnaitre cela, selon Ernst von Glasersfeld (2001), est une manière certaine d’éteindre toute étincelle de motivation. Le courant socioconstructiviste

Comme l’indique leurs noms, les courants constructiviste et sociocontructiviste sont semblables, mais se différencient sur quelques points particuliers. Théoriquement, le socioconstructiviste, développé majoritairement par Vigotsky, ne prône pas l’individualisme, mais plutôt le travail en équipe et en groupe. Il favorise la communauté et le partage de connaissances. On opte dans ce cas-ci pour une idéologie plus sociale dans l’environnement des jeunes et sur les échanges qu’ils font avec les autres (Samson, 2015).

En ce qui concerne l’enseignement et l’apprentissage, il est important de mentionner que les élèves apprennent pratiquement de la même façon que dans le constructivisme, c’est-à-dire en formant eux-mêmes leurs connaissances en faisant des liens avec des savoirs de leur mémoire. Par contre, une dimension est modifiée, en effet, ils sont invités à discuter et échanger avec leurs camarades et/ou leur enseignant ou enseignante sur les différents sujets qui sont abordés. Néanmoins, il n’est pas question de créer de la compétition entre les apprenants, au contraire, ils devront collaborer pour apprendre ensemble et s’entraider dans leurs démarches.

L’enseignement diverge légèrement aussi du constructivisme. Dans ce courant l’enseignant ou l’enseignantes doit également créer un environnement qui est propice à ce genre d’apprentissage, mais de manière à ce qu’il y ait une construction commune avec tous les élèves, c’est-à-dire qu’il doit y avoir des négociations et de la coopération. L’adulte doit tout de même encourager et guider les élèves dans leur développement tout en le laissant découvrir son esprit critique (Boutin, 2000).

Dans la pédagogie du Québec, on pourrait dire que le courant socioconstructiviste est utilisé surtout lorsque nous voulons favoriser la réflexion de groupe ou que nous voulons orienter un exercice qui se fera en équipe pour que les élèves partagent leurs connaissances afin d’essayer d’en créer des nouvelles. La majorité du temps, cette façon de penser n’est jamais mise de l’avant dans un programme dans sa totalité. En fait, on l’utilise plutôt pour certaines notions ou parties de programmes, puisqu’elle s’aborde mieux de cette manière ou tout simplement pour faire évoluer l’esprit d’équipe en classe.

Ainsi, en utilisant le courant socioconstructiviste, un enseignant ou une enseignante pourrait proposer une mise en situation qui demande une certaine réflexion à ses élèves en leur demandant de discuter et d’échanger avec leurs camarades pour essayer de trouver une piste de réponse. Il est même préférable que les jeunes puissent se déplacer en classe pour aller partager avec leurs pairs et une limite de temps ne devrait pas être imposée pour éviter qu’ils bloquent leur curiosité.

Le courant humaniste Ce courant est souvent vu sous la forme d’une philosophie née dans le siècle des lumières. En fait, ce courant découle de cette époque ou Abraham Maslow et sa pyramide des besoins faisaient leur entrée dans l’Europe (Samson, 2015) ou bien lorsque le peuple avait découvert que la terre est ronde (Brouillette, 2016). Un courant dans lequel l’être humain et la liberté son au premier plan. On veut que chaque personne soit consciente qu’il peut provoquer des changements pour une plus grande justice sociale et environnementale, bref, qu’il a un pouvoir dans la société dans laquelle il évolue (Niblett, 2017). On veut qu’il trouve sa place dans le monde et qu’il développe une réflexion sur la perception de lui-même dans ce monde. Principalement, l’idéologie de ce courant est que l’être humain ne possède pas de nature prédéterminée et qu’il doit donc se construire sa propre personne (Brouillette, 2016).

L’apprentissage, dans le cas de l’humanisme est perçu comme un processus de développement personnel avant toute chose (MELS, 2011). Comme l’indique Brouillette (2016) dans son entrevue à la radio, la pensée humaniste développe sur une idée particulière : on ne nait pas homme ou femme, on le devient. En prenant compte de cette philosophie, l’élève est pratiquement une page blanche qu’il doit écrire lui-même tout au long de sa vie. Qu’il devienne « bon » ou « mal », il est le propre responsable de son destin. Les élèves ont donc une certaine liberté dans leur éducation.

Pour accompagner ses élèves dans ce processus, il est certain que l’enseignant ou l’enseignante doit user de respect et doit créer un lien, qui est différent des autres courants, avec les jeunes de sa classe. C’est un enseignement plus libre qui est rempli de valeurs comme l’équité et la communauté.

Dans le système de l’éducation, les principales retombées liées avec le courant humaniste sont surtout les institutions qui ont été créés dans le but de garder un héritage à long terme. Par exemple, le collège de France défend bien l’idéologie humaniste depuis 1530.

Aujourd’hui, cet établissement est public, gratuit et ouvert à tous ceux qui souhaite apprendre et qui font l’effort de le faire. Il reflète bien le courant puisque chaque élève qui s’y rend, selon Brouillette (2016), acquiert cette dignité qui est propre à l’être humain. Évidemment, au Québec, nous gardons également un peu d’idées découlant de ce principe. On cherche de plus en plus, surtout avec les écoles alternatives, une liberté qui serait plus présente pour les élèves et surtout on cherche à définir le jeune et son apprentissage comme point central.

On veut qu’ils s’impliquent plus dans leur communauté pour augmenter le lien entre les humains et on veut qu’ils développent un bien-être personnel et commun (Niblett, 2017). Un exemple de stratégie d’enseignement serait de lier une classe avec un organisme qui défend une cause pour que les élèves aient conscience de l’impact qu’ils peuvent avoir sur leur communauté. Ils pourraient leur venir en aide avec l’enseignant ou l’enseignante une fois par mois.

Le courant critique et citoyen Ce courant a créé ses fondements à partir des nombreux événements socioéconomiques de notre monde contemporain. En effet, on peut remarquer la présence d’une crise importante sur l’humain et l’environnement en ce moment et au cours des dernières années. Donc, pour ce courant, il est nécessaire d’ajouter dans l’éducation, même aux plus jeunes, un programme qui apportera une pensée critique tout comme dans l’humanisme. Il propose ainsi de former des citoyens qui seront engagés dans leur société.

On peut voir cette façon de penser comme un projet de société, par exemple, dans le but de forger un peuple qui a des valeurs particulières, mais aussi dans le but de toucher une valeur qui est planétaire.

Dans ce cas-ci, l’élève devra apprendre à développer une pensée critique, c’est-à-dire à analyser et comprendre une information pour en faire un jugement. On veut qu’il utilise cette stratégie comme citoyen ou citoyenne face à des enjeux sociaux et planétaires, ainsi le jeune fera sa propre idée d’une situation quelconque et prendra les décisions et les actions qui lui semble les meilleures pour devenir engagé et responsable (Vienneau, 2011). Dans le même ordre d’idée, l’enseignant ou l’enseignante devra recourir à des termes ciblés comme le droit humain, la démocratie, la paix, l’environnement, la solidarité et l’interculturalisme. Il ou elle doit utiliser une pédagogie qui aide les élèves à la conscientisation et à l’engagement pour que les élèves aient le plus de ressources possibles pour s’outiller dans leur environnement (Ibid.).

Il y a plusieurs idées pédagogiques qui ont été mises en place au Québec pour favoriser ce genre de valeurs environnementales et planétaires. En effet, on peut voir dans la plupart des écoles de la récupération et même du compostage. On organise des petits cours sur les problèmes environnementaux et sur les moyens que l’on peut prendre pour être plus écologique par exemple. Cependant, c’est surtout au secondaire que l’on remarque une vraie différence à ce sujet. Il y a maintenant des cours plus politiques, plus philosophiques et plus pointés vers le monde et ces enjeux socioéconomiques et environnementaux. Dans les écoles primaires, même si l’accent est surtout mis sur les notions comme le français ou les mathématiques, on introduit brièvement les valeurs de ce courant.

Une stratégie qui pourrait être intéressante pour un enseignant ou une enseignante serait de projeter des vidéos d’un téléjournal aux tableaux qui présente des nouvelles soit locales ou mondiales, puis de demander aux élèves dans faire une réflexion écrite. Ensuite, les élèves qui le désire pourrait partager leurs pensées au reste de la classe et ainsi produire une petite discussion en groupe sur certaines problématiques.