Piaget et le constructivisme

Le constructivisme est associé à une théorie de la connaissance. Piaget, le fondateur de ce courant, admet cela quand il réclame « Je ne suis pas un psychologue. Je suis un épistémologue » Garvin (1977). Cependant, sa portée en éducation est beaucoup plus large que le seul intérêt du développement cognitif et du transfert des connaissances aux élèves (Pépin, 1994).

En effet, cette théorie est largement adoptée dans le domaine d’éducation parce qu’elle permet, selon cet auteur, de mieux contextualiser l’ensemble des phénomènes éducatifs et d’avoir une vision globale et viable de leurs différents aspects tant psychologiques, développementaux, socioaffectifs et psychopédagogiques que des aspects cognitifs et didactiques. Selon Pépin (1994) le constructivisme est considéré comme une réponse globale aux lacunes dans le projet éducatif de notre société et comme une théorie d’espoir pour le développement de la société.

Si le but ultime de toute entreprise éducative est de favoriser, à un niveau ou à l’autre, cette survie et cette adaptation de toute la personne humaine et non le seul développement de compétences et de connaissances présumées importantes ou nécessaires, le constructivisme, par la radicalité avec laquelle il en redéfinit les enjeux, est susceptible de nous faire voir le paysage éducatif sous un jour autant rafraîchissant et stimulant que nouveau.

En référant à l’un des articles de Jean Piaget (Piaget, 1969), je vais essayer de décrire les fondements de sa théorie. La théorie constructiviste de Piaget repose sur l’étude de trois points qui sont d’importance décisive pour le choix des méthodes didactiques : la nature de l’intelligence ou de la connaissance, le rôle de l’expérience dans la construction des connaissances et le mécanisme des transmissions sociales ou linguistiques de l\’adulte à l’enfant. Selon Piaget, les fonctions essentielles de l’intelligence consistent à comprendre et à inventer, autrement dit à construire des structures de notre réalité.

Le problème de décrire l’intelligence est apparu comme associé au enjeux épistémologiques fondamentaux de la nature des connaissances : celles-ci dérivent de l’action et sont des assimilations du réel à des structures de transformations. Connaître un objet c’est agir sur lui et le transformer. Piaget insiste sur le rôle important de l’expérience nécessaire au développement de l’intelligence, l’expérience physique et l’expérience logicomathématique. Le langage ne suffit pas à transmettre une logique et il n’est compris que grâce à des instruments d’assimilation logiques relevant de la coordination des actions ou des opérations. D’une part, le développement est dû aux activités

de l’élève et passe de l’action sensorimotrice aux opérations les mieux intériorisées et d’autre part, cette opérativité est le produit de constructions successives. Selon Piaget, le facteur principal de ce constructivisme est « une équilibration par autorégulations permettant de remédier aux incohérences momentanées, de résoudre les problèmes et de surmonter les crises ou les déséquilibres par une constante élaboration de structures nouvelles que l’école peut ignorer ou favoriser selon les méthodes employées».

Le constructivisme continue d’être une théorie principale décrivant la façon dont nous comprenons la réalité et nous acquérons la connaissance. Avec le temps, ce courant est devenu un parapluie pour le développement d’un large éventail de courants qui en prennent appui : socioconstructivisme, constructivisme analogique, ethno-constructivisme, constructivisme radical, etc.

Comme on le verra plus loin dans ce chapitre, ces différentes orientations du constructivisme permettent de mieux réfléchir sur mon sujet de mémoire, la relativité einsteinienne et son enseignement.