La différence entre flatterie et art véritable se construit sur les fondements de l’âme et du corps. L’âme, phénomène psychique, principe de vie, de la pensée et immortel contrôle le corps. C’est à elle de préserver l’ordre qui y règne. Aristote observera en l’âme la forme du corps. Quant au corps, lui, il peut devenir un mal lorsqu’il sort de sa fonction. C’est à l’homme de savoir le gérer, sinon il deviendra un tombeau. L’âme et le corps se complètent. Ils ont chacun un art véritable qui leur appartient. On associe ici, au corps l’art de la gymnastique et l’art de la médecine. L’âme, quant à elle, se préoccupe plutôt de l’art politique : le législatif et la judiciaire. Ces arts sont source de bien-être pour les hommes qui détiennent le pouvoir et leur fondement, qui peuvent parfois être déviés.
La forme de flatterie qui s’est glissée ici vient remettre en question la vraie place de l’art véritable, sous la médecine s\’est glissé la cuisine, elle se prend pour le médecin, en apportant la réflexion suivante : quels aliments sont meilleurs pour la santé ? Sous la gymnastique, l’esthétique s\’est glissée, elle se prétend plus importante, que mettre en valeur la vraie beauté qu’offre la gymnastique : la mise en mouvement du corps. Elle se contente simplement de vouloir paraître. Sous l’art législatif, s\’est glissée la sophistique : sagesse apparente mais sans réalité qui propose comme règle de vie l’obtention du succès oratoire. Sous l’art judiciaire, s\’est glissée la rhétorique : volonté de vouloir persuader et avoir en même temps la
Pour ce qui est de la rhétorique pour Platon, c’est « savoir-faire de la tromperie », le même fonctionnement s’applique, on peut reconnaitre un corps et une âme, vraie et apparente, cela dépend de la manière dont elle est utilisée, on peut déclamer un discours convaincant, sur un raisonnement qui est développé mais reposant sur des bases fausses, finalement il n’y aucune réelle recherche de vérité. Si elle est mal utilisée elle peut correspondre au corps et peut devenir un obstacle à l’épanouissement de l’âme, elle peut empêcher l’âme d’arriver à ses fins comme le désir de vérité et de sagesse. Elle peut entraîner la défaillance du corps par ses idées, un mode de penser confus et partiale. C’est ainsi la même chose pour la cuisine, corpus de techniques visant à la consommation des aliments, « toute cuisine révèle un corps en même temps qu’un style » disait Onfray. Si elle est mal utilisée elle peut conduire l’homme à la démesure, au désordre corporel. Il est important que le corps reste dans son rôle et que l’âme le contrôle pour ne pas qu’il s’emporte encore une fois. La rhétorique, si elle est bien utilisée, est bénéfique, mais si elle ne l’est pas, elle peut être destructrice.
L’âme et le corps sont complémentaires, mais n’ont aucune relation entre eux. Même si le corps est principalement un frein à l’activité de l’esprit, il n’est pas pour autant négligeable, il sert de tremplin. La santé est nécessaire à l’exercice philosophique, la maladie peut venir chambouler l’esprit et couper toute réflexion, toute objectivité à la vérité, et peut rendre l’individu inapte à la science. Il est important de distinguer toutes les réalités et non pas quelle soient confondues, afin que chacun agisse dans son domaine qui lui est propre, et que celui-ci ne soit pas pourvu par quelle que chose qui est soi-disant agréable, mais qui ne correspondrait pas finalement à la logique des choses, aux fondements premiers. On veut ainsi nous montrer que le corps doit s’astreindre à une certaine austérité afin qu’il seconde l’âme et ne la perturbe point.