La théorie du progrès chez Jean-Jacques

La technique, que nous pouvons définir comme étant l’ensemble des méthodes et connaissances visant à modifier la nature afin de l’accommoder aux besoins de l’homme, après avoir longtemps contribuée à la survie de l’humanité, est en train de devenir l’une de ses préoccupations majeures, notamment à cause de son ambivalence. En effet, la technique peut faire naitre, chez l’homme, de l’espoir comme de la crainte. C’est ainsi qu’en pleine ère d’avancée technique, il est nécessaire de nous demander si celle-ci transforme l’être humain pour le mieux. Face à ce soulèvement, la pensée de deux grands philosophes s’oppose. En effet René Descartes propose une vision optimiste, dans laquelle l’épanouissement de l’homme réside dans la technique, alors que Jean-Jacques Rousseau voit le progrès technique comme étant une illusion dangereuse et corruptrice pour l’être humain.

Selon Descartes, la technique transforme l’être humain pour le mieux. En effet, c’est avec la pensée cartésienne que l’homme s’est rendu compte que le progrès allait pouvoir nous rendre « comme maitre et possesseur de la nature ». De ce fait, Descartes présente le désir de participer à l’amélioration des conditions de vie des hommes. Selon lui, en se concentrant sur la nature, on peut s’en imprimer. On peut ainsi transformer la nature et la mettre à son profit dans une coexistence pacifique. De plus, en connaissant les causes et effets de la nature, l’homme peut également se libérer du déterminisme naturel. On constate donc un véritable optimisme chez Descartes qui propose une infinité de bienfaits dû à la technique. Aussi, selon Descartes, le but de la technique doit être de permettre aux hommes de vivre mieux, tout en étant conscient des limites. Il pense donc aux progrès reliés à la médecine, dans laquelle réside un grand espoir de diminuer les maux des hommes, aux machines ou encore à la morale. En bref, Descartes croit que la technique peut transformer l’homme pour le mieux si l’homme sait mettre la nature à son service.

D’un autre coté, pour Jean-Jacques Rousseau, la technique ne correspond pas à l’amélioration et au progrès humain. En effet, Rousseau entreprend de décrire la dangeureuse illusion du progrès technique, qui selon lui, excite les aspirations et les ambitions des hommes pour le pire. En effet, la technique fait en sorte que l’homme developpe le bien-être et les apparences du corps au détriments des vertus de l’esprit et nous projette vers une infinité de besoins irréalisables. Effectivement,

il considère les techniques comme étant des produits artificiels qui ont corrompu les mœurs et entrainé la décadence de l’homme : « l’homme n’a guère de maux que ceux qu’il s’est donnés lui-même et que la nature eût été justifiée». Ainsi, le progrès technique, dont l’homme est responsable, l’a conduit vers ses propres maux. Autrement dit, la technique n’ajoute rien à notre bonheur et ne transforme pas l’homme pour le mieux, car elle priorise le superficiel et pousse l’homme vers des besoins infinis. Ainsi, satisfaire le superflu par la technique ne correspond pas à l’amélioration de l’homme, mais plutôt au détournement de l’essentiel. Autrement dit, selon Rousseau, le monde se déshumanise par la technique, ce qui montre que celle-ci ne transforme pas l’être humain pour le mieux.

Pour ma part, je ne pense pas que la technique transforme l’être humain pour le mieux, car celle-ci rend l’homme dépendant et elle représente une menace lorsqu’elle n’est pas préalablement raisonnée.

Selon moi, la technique n’améliore pas l’homme car elle rend celui-ci dépendant, lache et même esclave. En effet, le rôle que nous accordons à la technique est devenu trop important, à tel point que nous ne sommes finalement plus maitres de celle-ci, mais au contraire, nous y sommes soumis aveuglement. En effet, la technique a formé en nous une certaine dépendance que l’on ne peut nier, on a qu’à penser au téléphone portable qui représente une nécessité absolue à laquelle la majorité ne peuvent se passer, ou encore simplement au monde actuel qui demande de recourir à ces techniques pour ainsi avoir plus de temps pour travailler et donc par le fait même s’assujettir à la technique pour survivre. Nous devons donc nous conformer à ses codes, tout simplement car nous en sommes des esclaves asservis. Autrement dit, la technique ne transforme pas l’homme pour le mieux car elle le rend esclave et le brime ainsi de sa liberté.

De plus, la technique n’améliore pas l’être humain car elle représente une véritable menace dans les mains de l’homme, un être caractérisé par sa soif de découverte souvent irréfléchie. En effet, même si la technique est à la base neutre, l’homme, possédant ce désir d’avancement continuel et un certain manque de contrôle, contrairement à ce l’idéal cartésien voudrait, peut l’utiliser de facon néfaste, voir même destructive. Par exemple, la technique a mené à un mode de consomation irrationel et destructeur au profit de l’homme capitaliste, les armes nucléaires sont originaires d’immenses tragédies humaines dû à un manque de raison et d’humanité et bien d’autres. En effet, la technique représente une arme dangereurse et véritable face à son créateur imparfait, qui inévitablement l’utilisera néfastement qu’il le veuille ou non. Donc, la technique ne transforme pas l’homme pour le mieux car elle représente une mance pour celui-ci.

Finalement, la technique, malgré son apparence bienfaisante et révélatrice comme le voulait le philosophe René Descartes, ne transforme pas l’être humain pour le mieux, car, tel que la conception philosophique de Jean-Jacques Rousseau le veut, celle-ci détourne des vertus de l’esprit et crée des besoins illusoires. De plus, la technique rend l’homme dépendant, tel un esclave brimé de sa liberté et elle représente une véritable menace dans les mains de son créateur qui ne peut s’empêcher d’appliquer une certaine domination face à la nature. D’un autre côté, le progrès technique doit nécessairement se poursuivre et il ne peut d’ailleurs en être autrement puisqu’il occupe une place fondamentale et essentielle chez l’homme d’aujourd’hui, mais il doit nécessairement s’accompagner d’une réflexion de l’homme sur la puissance qu’elle lui procure afin que ce dernier cultive toujours l’humilité nécessaire pour conserver son humanité.