Récupération améliorée après la chirurgie

Au Canada, grâce à la volonté croissante de mise en place du projet ERAS, les patients qui se remettent d’une opération chirurgicale prennent congé plus rapidement. Cette approche fondée sur des données probantes donnent de meilleurs résultats.

C’est ainsi qu’au Canada un réseau national a été conçu afin que les lignes directrices du projet ERAS puissent être diffusés au sein du pays. Une dynamique de changement a donc vu le jour ces dernières années. En effet, le mouvement vise à transformer la tradition en une pratique exemplaire. La mise en œuvre d’ERAS nécessite un changement culturel important car de nombreux protocoles, également appelés directives, procédures ou processus de soins, renversent les conventions.

Colombie-Britannique : Une étude importante a été faite en Colombie-Britannique. En effet, de novembre 2014 à janvier 2016, 11 sites chirurgicaux de la Colombie-Britannique ont collaboré afin de mettre en œuvre des procédures fondées sur des données ERAS. Leur approche était axée sur l’amélioration de la qualité et impliquait un suivi attentif de chaque opération de chirurgie colorectale afin de mesurer la conformité à 22 protocoles sur la totalité du parcours patient.

Selon le rapport final, de janvier à décembre 2015, le taux de complications est passé de 32% à 22% et la durée d’hospitalisation est passée de sept à cinq jours. Depuis lors, le nombre d’hôpitaux participant à ERAS en Colombie-Britannique a augmenté. (8 source à trouver) Comme nous l’avons vu précédemment, la collecte de données et l’audit sont essentiels à la mise en œuvre du projet ERAS au sein des structures.

La majorité des grands sites de la Colombie-Britannique utilisent le logiciel NSQIP (National Surgical Quality Improvement Program) de l’American College of Surgeons pour collecter des données sur les processus et les résultats. Cependant les plus petites structures ayant mise en place un projet de récupération améliorée après chirurgie utilisent des feuilles de calcul sur Microsoft Excel.

L’Hôpital Général de Vancouver a été l’un des premiers en Colombie-Britannique à présenter ERAS comme projet d’amélioration de la qualité. Il surveille actuellement jusqu’à 50 mesures de processus pour la chirurgie intestinale, la gynécologie et l’oncologie. En plus d’utiliser NSQIP, l’Hôpital Général de Vancouver a développé sa propre base de données et son propre système de gestion documentaire. Cette dynamique leur permet de simplifier la collecte et l’analyse des données.

De plus, l’hôpital ajoute un niveau de détail supplémentaire dans de nombreux cas afin d’aboutir à des données plus robustes. Par exemple, afin de mesurer

la distribution d’aliments solides à un patient, l’indicateur classique enregistre simplement si l’aliment a été donner ou non alors qu’ici l’hôpital mesure si l’aliment a été consommé ou non.

C’est ainsi que l’Hôpital Général de Vancouver a réduit la durée de séjour de 2 jours et la plupart des complications de 15,5%. (9 source à trouver) Alberta : Les services de santé de l’Alberta montrent un succès similaire après l’implantation des protocoles ERAS. De l’été 2013 à l’été 2014, 6 sites ont mis en œuvre ERAS pour la chirurgie colorectale.

Le but de la mise en œuvre d’une récupération améliorée après chirurgie est de réduire la durée du séjour des patients à l’hôpital, favoriser leur retour à la mobilité et la fonction, et diminuer le taux de complications post-opératoires. De plus, cette mise en œuvre permet de de réduire les coûts associés à la chirurgie. En effet, les auteurs d’une évaluation économique du programme de chirurgie colorectale multi-sites ERAS en Alberta estime que chaque 1 $ investi dans le protocole ERAS livré une économie de 3 $ en retour. (10 source à trouver) Aujourd’hui, l’Alberta s’emploie à introduire les voies ERAS pour la gynécologie et l’oncologie, la chirurgie de la tête et du cou, le cancer du sein et la cystectomie pancréatique.

À noter que la province est la première du Canada à utiliser le système d’audit interactif ERAS (EIAS) cités précédemment. En janvier 2017, à Calgary en Alberta un symposium a eu lieu sur les pratiques optimales en matière de sécurité des soins chirurgicaux.

L’institut Canadien pour la sécurité des Patients (ICSP) a organisé cette réunion qui regroupait 24 organisations afin de faciliter les meilleures pratiques ERAS locales, nationales et internationales. Le partage de l’information était essentiel, les participants ayant également examiné les moyens d’améliorer l’adoption du système ERAS au Canada, notamment par la mise en place d’un réseau pancanadien.

Lors du symposium, une équipe interdisciplinaire a été formée pour favoriser la dynamique de centralisation des connaissances et des compétences. C’est ainsi qu’a été créé la structure de gouvernance principale du Canada pour ERAS à savoir, l’Enhanced Recovery Canada ou ERC. Aujourd’hui, l’ERC dirige la campagne visant à améliorer la sécurité chirurgicale dans l’ensemble du pays et contribue à la diffusion des principes ERAS.

II Objectif de l’étude Nous venons de voir qu’au Canada, il est de plus en plus important de mettre en œuvre une récupération améliorée après chirurgie (11). Plusieurs établissements canadiens ont réussi à mettre en œuvre un protocole ERAS officiel. En effet, l’ICSP a lancé un projet d’amélioration de la sécurité axé sur les meilleures pratiques chirurgicales pour les chirurgies colorectales en avril 2019. Cependant, il peut être difficile de démarrer un tel programme (12) car cela nécessite un effort multidisciplinaire et l’adhésion de nombreuses parties prenantes.

Il est également important de rappeler que ERAS est une approche multimodale qui devrait être utilisée pour tous les patients en chirurgie. En d’autres termes, toutes personnes de toutes catégories sociales subissant une intervention chirurgicale devraient bénéficier des protocoles ERAS.

Toutefois, les différents résultats cités précédemment peuvent-ils s’inscrire dans des structures non-universitaires comme l’Hôpital Notre-Dame qui fait face à deux aspects pouvant biaiser les résultats des pratiques ERAS, à savoir, une population de patients socio-économiquement faibles et une population de chirurgiens jeunes.

Une mise en œuvre du projet ERAS par une personnalisation complète de ces pratiques est donc primordiale.

À travers ce mémoire, nous verrons si l’implantation du projet ERAS, personnalisée à l’Hôpital Notre-Dame situé à Montréal (Québec), permet d’améliorer la prise en charge du patient en y associant un chemin pédagogique au chemin clinique sur les trois indicateurs majeurs retrouvés dans la littérature scientifique, à savoir :

– La durée de séjour

– La morbidité

– La réadmission à 30 jours.