Les Contemplations, Victor Hugo Analyse

Alors qu’il travaille à la rédaction des Contemplations, Victor Hugo écrit à son ami Paul Meurice, dans une lettre datée du 21 février 1854 :
“Je crois que le moment serait bon pour publier un volume de vers calmes. Les Contemplations après Les Châtiments. Après l’effet rouge, l’effet bleu.” Cette citation nous introduit le fait que Hugo cherche à faire un nouveau recueil, celui-ci nous évoque “l’effet rouge” que représente Les Châtiments, la couleur rouge signifiant le sang, le mal, la vengeance, la puissance, l’aristocratie, la souveraineté ou encore le pouvoir. Et “l’effet bleu” que représente Les Contemplations, la couleur bleu elle signifiant l’évasion, la justice, la foi, l’immortalité et la vérité. En effet, les deux œuvres semblent à l’opposé. Les Contemplations est l’œuvre que nous avons étudiée en cours et sur lequel nous allons nous concentrer. Cette œuvre a commencé à être écrite par Hugo en 1851 et fut publiée en 1856. Comme l’énonce Hugo à son ami, il cherche à faire des Contemplations “un volume de vers calmes”, nous cherchons à démontrer ici si ce programme correspond à notre lecture des Contemplations. Nous verrons en première partie que le programme correspond bien à notre lecture, ensuite les limites de cette affirmation et enfin on va donner un autre point de vue que l’auteur sur son œuvre.

Les Contemplations est un recueil de poèmes constitué de 156 poèmes, 2 parties Autrefois de 1830 – 1843 et Aujourd’hui de 1843-1855 répartis en 6 chapitres. Ces 6 parties étant l’aurore, l’âme en fleur, les luttes et les rêves, pauca meae, en marche et au bord l’infini. Autrefois est constitué de 3 parties, L’aurore c’est le livre de évoque les souvenir du poète lors de sa jeunesse, ces premières fois. L’âme en fleur lui est le livre des amours dans lequel l’auteur évoque son amour envers Juliette Drouet sa femme. Les luttes et les rêves sont assez émotionnels, la misère et la pitié sont abordées. Aujourd’hui est constitué de 3 parties aussi, Pauca meae est le livre qui est destiné à sa fille Léopoldine morte noyée dans la seine en 1843 l’année où la partie Aujourd’hui commence. Ce chapitre est une sorte de conversation que cherche à établir l’auteur avec sa fille. En marche est concentré sur l’exil de Hugo et sur comment il cherche à revivre. Au bord de l’infini est un chapitre ou le surnaturel est présent, les esprits et les

anges sont avec l’auteur. La peur et la foi se mélangent. Hugo fut exilé de 1851 à 1870 pendant les deux derniers chapitres du recueil. L’idée de deux volumes de poèmes avec un de poésie et l’autre de pamphlétaire été pensé par Hugo ces deux volumes sont Les Contemplations et Les Châtiments. Il est vrai que l’œuvre des Contemplations est comme le proverbe après la pluie vient le beau temps. L’œuvre est plus joyeuse, avec plus de questionnement positif et une tentative de ne faire qu’un avec le monde. L’auteur contemple le monde, la nature, sa fille, sa femme et cherche une raison sur pourquoi ceci est beau, pourquoi sa fille est morte, à quelle point il aime sa femme. Beaucoup de questions sont soulevées. Comme dit dans la préface ce sont les “mémoires d’une âme” l’âme de l’auteur, il explore sa vie dans tout le livre comme dis avec Autrefois et Aujourd’hui. “Ce que c’est que la mort” montre cette différence entre la colère et la vengeance dans Les Châtiments et l’acceptation des différentes idées dans Les Contemplations. “Ne dites pas : mourir ; dites : naître. Croyez”, ici l’auteur a une autre vision de la mort, il pense la mort comme une nouvelle façon de naître,une renaissance. Alors que, au contraire dans les Châtiments,”Sacer Esto” ce poème établit que la mort peut servir d’échappatoire à des gens qui ne la méritent pas et que donc pour certains mourir n’est pas permis. L’auteur dans sa seconde œuvre cherche un repos la paix, l’effet bleu est effectivement présent.

“Ėclaircie” est situé dans le livre VI est va nous servir d’exemple pour parler du rythmes, des images et de la sonorité dans le recueil. Dans ce poème une atmosphère calme règne, le champ lexical du calme est présent “océan”, “assoupit”, “repos”,”la nuit”,”couché”, “profonds”,”chaud”,”couvé”,”rêve”, “nuage”, “berceau”,”vague”, “dort”, “doux, calme, heureux,apaisé”. En effet, le calme règne, les rimes sont plates, les vers sont des alexandrins, le rythme fait des vagues de croissant a décroissant comme l’océan et le bruit de fond qui règne. Ici le calme règne comme l’auteur l’a annoncé à son ami.
Mais l’affirmation de l’auteur a des limites, effectivement le calme règne mais le bruit est quand même assez présent. Il y a de nombreuses similitudes entre les deux œuvres, la tristesse est énormément présente, la mélancolie, le souvenir, la colère sont aussi présents dans Les Contemplations. L’effet rouge est minime mais il brouille quand même l’effet bleu dans cette œuvre. En effet, l’histoire de la mort de Léopoldine étant assez triste les trois livres après sa mort ne parle que de mort, de tristesse, de deuil, de colère, d’angoisse ce qui est assez perturbant est qui secoue. L’horrible, le monstrueux est qualifié dans ces textes là, le surnaturel la peur, l’angoisse est évoqué dans de nombreux poèmes, l’auteur ne trouve pas cette tranquillité qu’il cherche tant dans la partie Aujourd’hui, il est tourmenté et n’accepte pas cette mort. Cette mort lui provoque donc des hallucinations, l’œuvre finit d’ailleurs avec “Le gouffre monstrueux pleins d’énormes fumées”, le poète est enfermé comme l’indique le dernier à “l’infini”. Ces douleurs ne s’arrêtent pas dans le poème “Mors” l’auteur évoque le paranormal est dit avoir vu la faucheuse “Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.” le poète semble instable émotionnellement et on comprend qu’il a peur plus tard avec :
Un troupeau frissonnant qui dans l’ombre s’enfuit ;
Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit.
Derrière elle, le front baigné de douces flammes,
Un ange souriant portait la gerbe d’âmes.

Ici, le poète affirme bien sa peur de la mort et le fait qu’il cherche à s’enfuir ce qui revient à dire que rien ne va plus et qu’il a perdu le calme qu’il avait dans la partie d’Autrefois.
Au niveau du rythme et de la sonorité dans la partie Aujourd’hui, Dans le poème les “mors” un polyptote employé avec la racine“faux” avec les mots “faucheuse”, “fauchant”,”faulx”, l’auteur à une sorte d’obsession avec cette faux. Dans le poème est aussi présent des bruits violents se font entendre qui semble être les bruits du faux grâce aux allitérations en “ch” et en “s” et les assonances en “an” fait avoir une sorte de musicalité funèbre. Le poème est très sombre et fait ressentir une ambiance terrifiante contrairement au fait que l’auteur dit chercher le calme.

Les deux œuvres Les Contemplations et Les Châtiments se complètent l’effet bleu et l’effet rouge forme ensuite un effet violet. En effet une lettre adressée à l’éditeur, Pierre Jules Hetzel, datée du 7 septembre 1852, dans laquelle il lui annonce la rédaction des Châtiments pour dénoncer le coup d’État de Napoléon III, Victor Hugo écrit : « J’ai pensé qu’il m’était impossible de publier en ce moment un volume de poésie pure. Cela ferait l’effet d’un désarmement, et je suis plus armé et plus combattant que jamais ». L’auteur savait déjà qu’il allait vouloir écrire les Contemplations mais son énervement et son mépris pour les Napoléon lui fait rédiger Les Châtiments. Les deux se complètent bien puisque Les Contemplations est une sorte d’évolution de ses pensées qui deviennent de plus en plus calmes. Après la guerre, il y a enfin la paix.
En conclusion, ce programme poétique répond bien à ce que l’auteur à souligner “le volume de vers calme” car il transmet un calme et un repos que ne transmet pas Les Châtiments. La citation est à nuancer puisque le calme n’est pas présent dans tout le recueil mais globalement, ce programme poétique est bien respecté.