Extrait de Harry Potter

Comme à son accoutumée, le soleil s’était élevé haut dans le ciel et ses rayons renvoyaient une douce chaleur. Quelques-uns s’étaient docilement incrustés à travers la fenêtre. Plissant légèrement les yeux à cause de cette lumière intense, Hermione, face à un grand miroir, tentait de discipliner sa crinière brune, mais sans succès. Les années étaient passées, mais ce désagrément était toujours aussi présent. Un petit sourire naissait sur ses lèvres en pensant à Ron qui ne cessait de rechigner quand il passait ses doigts dans la chevelure emmêlée de sa belle. Elle s’était promis de faire quelque chose quand son bien-aimé serait revenu de mission.

 

C’était un jour spécial aujourd’hui, il marquait le départ d’une nouvelle vie pour une personne, mais peut-être aussi la fin pour une autre… Il y a quelques mois de cela, Hermione avait accepté de se porter garant d’un détenu d’Azkaban. Chaque jour, la brune ne cessait de se demander si elle avait fait le bon choix. C’était une décision risquée compte tenu du passif du futur libéré sous caution. Dans ses bons jours, elle se disait qu’elle aiderait une personne à se réinsérer dans le monde sorcier et dans ses pires jours, elle se disait qu’elle était folle à lier de laisser un prisonnier chez elle. Tout en sachant qu’elle n’avait pas prévenu son concubin… Elle avait pourtant essayé, oh oui elle avait essayé. Mais à chaque fois, les mots ne sortaient pas, comme si ces derniers étaient restés bloqués dans sa gorge comme prisonniers, triste ironie.

L’ancienne rouge et or savait que cette liberté conditionnelle pour un condamné d’Azkaban n’était pas une mince affaire. Elle connaissait les inconvénients, mais également les avantages. Il y avait deux ans de cela, Ron avait fait une surprise à Hermione en achetant un joli Cottage dans le Sud-ouest de l’Angleterre. Un endroit paisible, une grande étendue d’herbe à perte de vue, une vieille bâtisse dont la façade était grignotée par le lierre et un spacieux environnement qui était propice pour créer un vrai cocon de bonheur et d’amour. C’était un véritable havre de paix pour la brune. Même si Ron n’avait cessé de lui répéter qu’il avait acheté ce Cottage à comptant, cela était un mensonge. Hermione avait appris quelque temps après qu’il s’était endetté pour elle. L’ancienne Gryffondor était morte de culpabilité. Elle avait alors supplié Ron de rendre cette maison, mais les faits étaient là et ce Cottage

également, alors elle s’était finalement résignée. Cependant, une rumeur courrait au sein du Ministère. L’administration avait décrété qu’il était maintenant possible d’accueillir un captif d’Azkaban chez soi pour l’aider à sa réintégration moyennant une importante somme d’argent. Alors oui, cette compensation financière avait réveillé une idée chez la brune qui comptait bien rembourser la dette de Ron. Elle mettait d’ailleurs tous ses espoirs sur cet argument qui pouvait peut-être faire changer d’avis Ron… Elle n’en était pas certaine, mais elle allait essayer le tout pour le tout.

 

Les heures semblaient passées à une vitesse folle. La jeune femme appréhendait le moment où elle allait avoir ce détenu devant elle. Même si elle avait tout planifié, une chose était incertaine, la réaction de Ron. Bon, elle savait qu’elle n’allait pas être enthousiaste, mais elle espérait le faire changer d’avis ! En priant pour avoir un captif plus ou moins compatissant… C’est avec le souffle court, que la brune prenait un peu de poudre de cheminette pour se rendre au Ministère de la Magie.

[…]

Hermione marchait d’un pas pressé vers le bureau du Ministre de la Magie. Plus vite elle arrivait et plus vite cela serait terminé. L’ancienne Gryffondor frappait trois petits coups contre l’immense porte d’ébène et entrait à la demande. Elle esquissait un petit sourire à Shacklebolt et s’asseyait en face de lui. Machinalement, la brune était déjà en train de tapoter nerveusement ses doigts contre sa cuisse.

Le temps avait décidé de lui jouer encore un tour. Elle avait l’impression que les secondes semblaient des heures. Kingsley discutait avec elle, mais elle n’arrivait pas à penser à autre chose que ce à quoi elle était venue faire. Mais le Ministre n’était pas décidé à passer tout de suite au sujet de sa visite. Malgré tout, Hermione n’en pouvait plus.

Excusez-moi Monsieur le Ministre… Mais il ou elle n’est pas encore arrivé(e) ?

Kingsley Shacklebolt acquiesça et lui adressa un léger sourire. Le Ministre sortait un parchemin de son bureau et le posait devant elle. Quelques semaines auparavant, la brune avait eu une copie du parchemin et avait pris connaissance de chaque article dans les moindres détails. Elle savait qu’elle ne pouvait pas prendre connaissance de l’identité du prisonnier avant de signer le contrat. Et une fois qu’elle aurait apposé sa signature sur la convention, il n’y avait plus de retour en arrière possible, sauf erreur grave du détenu ou non-respect des conditions légales par une des deux parties.

Êtes-vous vraiment certaine de vouloir faire cela Miss Granger ? Demanda Shacklebolt en arquant un sourcil.

Oui, plus que certaine, répondait Hermione avec un sourire qui ressemblait plus à une grimace.

Et qu’en pensera Ron ?

J’habite autant que lui dans cette maison, je me porte garant de ce prisonnier.

Hermione commençait à trouver le comportement du Ministre de la Magie louche. Il était clairement en train de la dissuader et cela ne tournait pas rond. Y avait-il une raison pour qu’il essaie de l’empêcher de prendre sous son aile ce détenu ?

Bien, je vous laisse signer alors, lui disait Kingsley Shacklebolt.

La brune attrapait la plume qui trônait sur le bureau et apposait avec difficulté sa signature ainsi que ses initiales, ses mains moites dues au stress n’arrangeant rien. Elle reposait la plume et relevait son regard vers le Ministre, tentant un petit sourire crispé. Le sort était scellé, elle allait être le foyer d’accueil d’un détenu. Par Merlin, Ron allait la tuer.

Vous pouvez entrer.

La voix de Shacklebolt résonna dans tout le bureau. Hermione sentait son cœur cogner avec force dans sa cage thoracique. Elle tournait la tête en direction de la porte et dans la seconde qui suivait, celle-ci s’ouvrit à la volée. Un homme bedonnant, habillé d’un costume noir et quelque peu dégarni s’avançait en premier dans la pièce. Le cœur d’Hermione ne cessait de battre plus fort, elle était certaine qu’elle aurait pu alimenter toute une ville si les battements de son cœur auraient servi de dynamo. L’homme qui venait d’entrer levait sa baguette et fit un petit mouvement brusque ce qui tira dans la pièce la personne qui le précédé.

Les pensées d’Hermione étaient devenues peu cohérentes dès qu’elle avait franchi le seuil de ce bureau et encore plus à l’arrivée du prisonnier. Un homme, mince ou plutôt maigre, caché derrière des restes de vêtements bien trop grands. Des cheveux mi-longs et emmêlés d’une couleur grise due sûrement à la saleté, une barbe tout aussi broussailleuse qu’un nid d’oiseau et une peau si blafarde qu’on pouvait jurer voir au travers. L’homme en question fixait le sol, ne montrant pas son visage aux yeux des trois protagonistes. Mais il était inutile qu’il lève les yeux, Hermione savait qui était présent devant elle. Ses iris d’ambre semblaient bloqués sur cet homme, ce misérable homme. Ces années à Azkaban l’avait bien atteint physiquement, il n’était plus ce gamin à l’allure parfaite et à l’arrogance sans limite. Oh non, il était ce prisonnier à l’allure abjecte et salit par le monde entier, Malfoy avait été déshonoré. Elle était choquée et peut-être même peinée. Elle l’avait connu avec tant de suffisance qu’il lui était inconcevable de le voir un jour si bas. Mais une voix forte la sortait subitement de ses pensées, la faisant sursauter. Hermione se retournait vers Kingsley qui avait parlé.

 

Draco Lucius Malfoy, détenu depuis le 20 mai 1998 à Azkaban pour une peine de 8 ans a été condamné pour avoir été un Mangemort, partisan de Voldemort. Également pour tentative d’assassinat sur la personne d’Albus Percival Wulfric Brian Dumbledore et d’avoir fait pénétrer au sein de Poudlard des Mangemorts. Hermione Jean Granger, en ce jour du 27 août 2003, vous avez accepté d’accueillir dans votre demeure le détenu pour une liberté conditionnelle d’une durée d’un an qui pourra être reconduite si le détenu se comporte bien.

À l’énoncé des crimes qui avaient été reproché à Malfoy, Hermione avait senti un frisson la parcourir, remontant tout un tas de sombres souvenirs. La peine qu’il encourait était sévère en sachant qu’au final, le blond s’était rallié de l’autre côté. Mais la sentence venait de tomber. L’ancienne rouge et or n’avait pas pensé une seule seconde qu’elle aurait pu tomber sur lui. À vrai dire, elle prenait seulement conscience, grâce aux mots prononcés par Shacklebolt, que Draco Malfoy allait venir habiter chez elle, sous sa garde. Oh… Tout un tas de flashs lui venaient en tête, la cohabitation avec Malfoy, la rage de Ron et les disputes que cela allait engendrer. Un long soupir s’extirper d’entre les lèvres rosées de la brune, dans quelle galère s’était-elle mise. Hermione risqua un coup d’œil vers Malfoy, mais celui-ci gardait toujours le visage fixé au sol.

Il est à vous maintenant, faites-en bon usage, lui disait le geôlier d’une voix raque, un sourire carnassier sur les lèvres en lui tendant les chaînes.

Hermione restait pantoise, papillonnant des yeux sous les paroles de l’homme. Elle avait du mal à en croire ses yeux et ses oreilles, on aurait dit qu’on lui tendait un vulgaire objet dont on voulait se débarrasser avec hâte. La brune déglutie avec difficulté et prenait d’une main tremblante les chaînes que le geôlier lui tendait. Elle n’avait aucune envie de le tenir par ces vulgaires bouts de métal, aucune personne n’avait le droit d’être traité ainsi, ni aucun être-vivant d’ailleurs.

L’ancienne rouge et or tentait un énième regard vers le blond, mais il était décidé à ne toujours pas relever son visage. Oh, elle se doutait qu’il devait être tout au temps perdu qu’elle. Il avait dû passer cinq années horribles à Azkaban et voilà que maintenant il allait séjourner dans la demeure d’une fille qu’il détestait.

Pouvons-nous utiliser votre Cheminée Monsieur le Ministre ? Demandait Hermione d’une voix quelque peu chevrotante.

Je vous en prie.

Hermione n’avait aucune envie de se pavaner dans les couloirs du Ministère avec son ancien camarade de Poudlard qui était dans un piteux état. Elle se relevait, tenant toujours les chaînes de Malfoy entre ses mains et s’approcha doucement de la cheminée pour que le blond puisse la suivre. Elle s’engouffrait dans la cheminée avec l’ancien Serpentard et murmura son adresse tout en jetant la poudre dans l’antre.

Hermione sortait rapidement de la cheminée et lâchait immédiatement les liens de métal. Elle s’avançait dans le salon et commençait à entremêler ses doigts nerveusement en murmurant des paroles pour elle-même. Elle n’avait pas envisagé la possibilité de connaître le prisonnier et cette nouvelle était une véritable catastrophe. Elle se sentait comme couler au fin fond d’un lac et qu’une force lui appuyer sur la tête pour ne pas qu’elle puisse remonter à la surface. Merlin… Comment allait-elle gérer cette situation ?

Un cliquetis métallique fit revenir Hermione la réalité. Elle se retrouvait vers la provenance de ce bruit et voyait Malfoy regarder autour de lui. D’un coup de baguette, la brune faisait disparaître les liens de métal qui étaient entourés autour des membres de l’ancien Serpentard. Le Cottage était un endroit sûr, elle avait fait en sorte de mettre de nombreux sortilèges et enchantements autour de la demeure qui dissuaderait son nouveau colocataire de s’enfuir.

Elle n’avait toujours pas croisé le regard blond, mais il n’avait pas pipé mot, elle non plus d’ailleurs. La brune décida de se racler la gorge pour capter son attention et se donner une contenance pour ce qu’elle allait dire.

Malfoy… Je vais te montrer ta chambre. Tu auras de quoi te laver, t’habiller et dormir. Je t’expliquerai demain comment se déroule la vie ici. Je… Je ne sais pas si tu as faim, enfin quelle question idiote, bien sûr que tu dois avoir faim !

Mais la brune écarquillait les yeux suites aux paroles qui venaient de s’échapper de ses lèvres. Oh quel tact… Mais la colère l’avait envahie quelques instants en voyant la maigreur de l’homme qui était en face d’elle. Même si elle haïssait toujours ce jeune homme pour tout ce qui lui avait fait subir, il était insupportable pour elle de le voir dans cet état. La brune reprenait rapidement contenance et s’exprimait d’une voix plus calme.

J’apporterais ton repas dans ta chambre. Suis-moi.

Hermione faisait volte-face et se dirigeait vers un grand escalier en bois qui se trouvait non loin de l’entrée. À vrai dire, elle ne savait pas si le blond la suivait ou pas, elle était bien trop dans ses pensées, ruminant ce qu’elle allait pouvoir dire à Ron. Fort heureusement, il ne revenait que demain soir, cela lui laissait la nuit et la journée de demain pour parfaire sa défense, même si elle savait que celle-ci serait vaine.

Arrivant au premier étage, la brune se dirigeait à droite, au fond du couloir. Elle ouvrait la porte qui laissait entrevoir une chambre de taille moyenne de couleur crème et blanche. Une petite salle de bain était attenante à cette même chambre et la vue donnait sur une bonne partie du terrain qui était d’un vert étincelant en cette saison. Même si elle ne connaissait pas la vie à Azkaban, enfin quelque peu grâce à des paroles qu’elle avait autrefois échangées avec Sirius, elle se doutait que cette chambre n’avait rien à avoir avec le pénitencier.

Hermione se retournait vers le blond qui contemplait la chambre.

Si… Si tu as des questions, n’hésite pas.

Elle le regardait pendant quelques secondes, puis finalement elle se dirigeait vers la sortie et fermait la porte derrière elle. À vrai dire, elle ne lui avait pas laissé le temps de répondre. Hermione s’adossait contre la porte et fermait les yeux en soupirant. Dans quel bourbier elle s’était empêtrée.