Les principales idéologies et idées des régimes totalitaires

Avant d’arriver à une Déclaration Universelle contemporaine, il fallait un vecteur qui puisse sensibiliser tous les pays du monde à ces sujets, tels que la condition de l’Homme, ses libertés, ses droits… Ce vecteur fût la seconde Guerre Mondiale, qui, par l’intermédiaire du régime nazi en Allemagne remit en question toutes ces idées, pourtant prise pour acquises auparavant. Mais comment ce régime, ainsi que le régime communiste de l’URSS, et le régime fasciste de l’Italie, ont-ils pu exister ? Quelles sont leurs caractéristiques ? Comment Hitler, Mussolini, et Staline ont-ils été possibles ?

La Création :
Un des points communs de ces régimes sont les conditions de leur naissance. L’Allemagne et l’Italie sont des états jeunes, nés au XVIIIème siècle, respectivement sous l’impulsion d’Otto Von Bismarck en 1871, et Victor-Emmanuel III en 1870.
De plus, la 1ère guerre mondiale et son traité de Versailles installe des régimes politiques instables, et jamais vu auparavant dans l’Allemagne et la Russie : La république de Weimar nait en 1919, et est très critiquée, car conséquence du « Diktat ». La chute de Nicolas II entraîne une guerre civile entre les rouges défendant la révolution, et les blancs voulant le rétablissement de la monarchie. Cette guerre civile aboutira sur une victoire des rouges, et l’instauration d’un gouvernement provisoire. De plus, Le traité de Brest- Litovsk est très déprécié, car il est désastreux pour une Russie ruinée sortant de la guerre, qui perd 1/3 de son territoire. En Italie, on entretient le concept de la victoire mutilée, et une haine du traité de Versailles s’en suit, car les terres irrédentes ne sont pas léguées à l’Italie.
En 1929, une grave crise économique venant des États-Unis, touche l’Europe de plein fouet :
L’Allemagne, qui devait déjà payer les réparations de la première Guerre Mondiale, a en plus les conséquences d’une crise économique à gérer : un taux de chômage important, avec jusqu’à 6 millions de chômeurs, et une inflation. L’Italie aussi est touchée. Il y a donc des grèves, et occupations de guerre. De plus, il y a des tensions politiques entre le parti communiste italien (PCI), et les milices fascistes. En Russie, l’économie est désorganisée à cause de la guerre civile ; On observe donc un retour du troc, et une importante vague de famine frappe le pays, faisant plus de 5 millions de victimes.

Affirmation des régimes totalitaires dans leur pays :
Hitler accède au pouvoir en 30 janvier 1933 en

étant nommé chancelier d’Allemagne par le président Hindenburg. Suite au mystérieux incendie du Reistag, le symbole même de la démocratie, il décide d’arrêter illégalement tous les membre du KPD, le parti communiste allemand, et de les envoyer dans les premiers camps de concentration. Il suspend par la même occasion toutes les libertés civiles instaurées par la constitution de Weimar. Le 23 mars 1933, à la suite d’alliances avec le Zentrum, et malgré l’opposition du SPD (parti social-démocrate allemand), il se fait voter les pleins pouvoirs pendant 4 ans, et le 14 juillet, le NSDAP devient le parti unique. Le 30 janvier 1934, Hitler met fin à l’autonomie des Länder. Le parti nazi prend donc totalement le contrôle de l’Allemagne, avec à sa tête son leader, son « führer ».

Mussolini est nommé président du conseil des ministres le 29 octobre 1922, à la suite de la démission de son prédécesseur. Cela fait suite à la marche sur Rome, du 27 au 31 octobre 1922. Elle consiste à plusieurs dizaines de milliers de chemises noires, le bras armé du parti politique de Mussolini, allant toutes vers Rome pour affirmer le droit du fascisme à gouverner l’Italie. Pendant ce temps, il traite directement avec le gouvernement de Rome, pour les concessions faites aux fascistes. Le 24 novembre 1922, il a les pleins pouvoirs économiquement et administrativement. Le 3 janvier 1925, il prononce un discours devant le parlement pour assumer l’assassinat d’un député socialiste. Cette date est considérée comme le début du régime fasciste dictatorial. De 1925 à 1926, il fait voter des lois « fascistissimes », pour assoir totalement et définitivement son pouvoir. Elles proclament notamment le PNF (parti national fasciste) comme parti unique, Mussolini doit rendre contre de ses actions seulement devant le roi, et plus devant le parlement, réduit à sa représentativité seulement.

À la suite de la révolution d’octobre 1917, Staline revient d’une déportation en Sibérie, et prend à Petrograd la tête de la branche locale du POSDR (parti ouvrier social-démocrate de Russie), parti qu’il avait rejoint en 1898. Durant la guerre civile entre blancs et rouges, il est commissaire bolchevik à Tsaritsyne (future Stalingrad, et maintenant Volgograd), et se fait remarquer pour son absence totale de sentiments quand il ordonne des exécutions en nombre et donne des ordres radicaux. Il se heurte déjà à Léon Trotski, grand rival de Staline, et chef de l’armée rouge. Bureaucrate agissant dans l’ombre, Staline gravit les échelons, jusqu’à se faire nommer « secrétaire général du parti » le 3 avril 1922. Il transformera ce poste en plus important du parti, et du pays. À la mort de Lénine en 1924, il exerce déjà une autorité considérable. Il combine sa fonction, supposément techniquement et bureaucratique de secrétaire du parti général, et membre du politburo (l’organe central du parti). Après la mort de Lénine, Staline empêchera la diffusion de son testament, car dedans il y est écrit qu’il faut remplacer Staline par quelqu’un de plus tolérant. En 1924, il fait évincer Trotski du gouvernement. Puis, en 1929, il l’envoie en exil, et se retourne contre l’opposition de droite, avec qui il s’était allié auparavant pour battre l’opposition de gauche, dirigé par Trotski. Après cela, il met des hommes sous son emprise à des postes clés du gouvernement. Il devient finalement le « guide », le « vojd » de l’URSS en 1930.

Les principales idéologies et idées des régimes totalitaires :

– Idéologie politique :
Une logique expansionniste :
Mussolini veut redonner à l’Italie le prestige qu’elle avait lors de l’Empire Romain. L’Italie, qui n’a que des colonies désertiques (Libye, somalie, Érythrée, Dodécanèse) veut rattraper son retard par rapport aux autres puissances coloniales européennes. Elle s’attaque d’abord à l’Éthiopie en 1935, mais perd. Ensuite, pendant la deuxième guerre mondiale, elle adopte une politique agressive, mais sans aucun succès : toute ses invasions seront repoussées. L’Égypte anglaise, la Grèce, la Yougoslavie.

Hitler revendique le « lebensraum », un espace vitale situé à l’est de l’Allemagne vers la Russie, pour faire survivre sa race supérieure, et la faire s’épanouir. Elle va donc essayer de se l’approprier durant la deuxième guerre mondiale. Elle y arrive un temps, jusqu’en 1942 quand l’URSS reprend le dessus sur le front de l’est, et ne repousse les allemands jusqu’à la fin de la guerre.

En Russie, Staline ne revendique que peu de territoires. Il veut juste affirmer son pouvoir sur toutes les terres des anciens Tsar. Ainsi, il réaffirme qu’il est le maître incontesté et suprême de l’URSS.

Une nature antiparlementaire :
Par nature, les régimes totalitaires sont antiparlementaires. Pour eux, l’État est dirigé par un seul homme, qui possède tous les pouvoirs. Les pouvoirs ne sont pas répartis entre le parlement et le gouvernement.

Une farouche hostilité face aux démocraties et la SDN :
Les régimes totalitaires s’opposent complètement aux démocraties, et ne croient pas aux principes de celles-ci : le suffrage universel, le pourcentage de votes…
De plus, les régimes totalitaires s’opposent aussi à la SDN. Celle-ci est censé empêcher les guerres à venir de se produire, et prône le pacifisme entre les nations. Or, les régimes totalitaires sont des régimes profondément militaires, ayant des logiques expansionnistes. Les deux ne peuvent donc pas s’entendre.

Un parti unique avec un seul homme au pouvoir :
La politique totalitaire voit un la pluralité politique disparaître. Le parti totalitariste est le seul autorisé, et ne saurait être contesté. A sa tête, il y a un leader charismatique contrôlant les foules, dont le pouvoir n’est pas remis en question. Commence alors un culte de la personnalité (führer, Duce, Vojd/petit père des peuples).

Une police politique :
Les régimes totalitaires se dotent de polices politiques, pour d’une part traquer les opposant politiques au régime en place, et de l’autre pour inspirer la peur auprès des ennemis du régime. Donc la police politique possède un rôle répressif et dissuasif. L’Italie se dote de l’OVRA dès 1930, l’URSS possède la Tcheka, nommée plus tard NKVD puis KGB, tandis que l’Allemagne voit l’apparition de la Gestapo en 1935.

– Idéologie économique

Un État dirigeant l’économie :
L’État, à travers le parti totalitaire, contrôle totalement son économie. Par nature, il est donc réfractaire au libéralisme. Mais à l’inverse de l’Italie de Mussolini et de l’Allemagne d’Hitler, l’URSS de Staline n’est pas favorable au capitalisme.

Un cadre autarcique :
Le pays dirigé par le régime totalitaire pose un cadre autarcique : l’économie est renfermée sur elle-même, et le régime veut en faire une entité autonome par rapport au monde.

Une propagande valorisant le travail pour servir l’économie :
Chaque régime totalitaire entreprend de grands travaux, en particulier en URSS : Staline décide de plans quinquennaux pour passer d’un état agricole à un état industriel. Hitler fait construire des autoroutes, ses « autobahn » dans toute l’Allemagne, relançant l’économie allemande, et fournissant des emplois à des centaines de milliers d’allemands. Mussolini, dans son but d’autarcie de l’Italie, entreprend de grands travaux agricoles, notamment la guerre du blé. Celle-ci consiste à créer de grands champs de blés dans les alentours, pour assurer l’autosuffisance agricole de l’Italie, et freiner ses importations de blé. La propagande s’occupe de glorifier le travail de l’ouvrier, pour montrer l’exemple du citoyen modèle aidant son pays dans ses projets.

– Idéologies sociales :

Un lien spécial avec les élites traditionnelles :
Les dirigeants et leur régimes totalitaires ont des relations spécifiques avec les élites traditionnelles de leur pays. L’Italie est encore un pays grandement catholique, et le Vatican, dans son enceinte y est pour quelque chose. Mussolini doit donc s’allier avec celui-ci. Cela se passe dans les accords de Latran, en deux temps, en 1926. Le premier accord concernait Mussolini et le Vatican, et stipulait que Mussolini autorisait la création d’un État dans l’enceinte de Rome, et le Vatican reconnaissait le Royaume d’Italie de Victor-Emmanuel III.
Le second accord était entre Mussolini et l’Église catholique. Il déclare que l’Église joue un grand rôle, et le gouvernement étend le contrôle de l’Église à l’éducation. Mussolini crée donc une alliance avec ses élites traditionnelles pour mieux régner.
En Allemagne, la caste traditionnelle sont les aristocrates, dirigeant l’Armée, les industriels, et les religieux. On peut observer une haine mutuelle entre Hitler et cette élite traditionnelle militaire datant de l’Empire. D’une part, ces aristocrates considèrent Hitler comme un homme du peuple se donnant des grands airs, laissant transparaître leur mépris pour lui, et Hitler entretient le mythe du coup de poignard dans le dos, perpétrés par ces mêmes commandants de l’armée. Mais pour gagner les élections, il a besoin de l’approbation et du soutien des élites, qui l’aideront dans sa montée totalitaire. Ainsi, il obtient le soutien d’industriels comme Krupp, Opel, et même Henry Ford, profond antisémite. Au niveau religieux, Hitler soutient que le régime nazi est laïque. Mais une branche théoricienne de son parti veut revisiter la chrétienté, pour l’adapter, et la rendre conforme aux idéologies nazies : le « christianisme positif » d’Alfred Rosenberg. Il revendique par exemple le fait que Jésus vient du Nord, et le rejet des racines juive de cette religion. Hitler donc s’allie aussi avec les élites traditionnelles pour arriver au pouvoir.
En URSS, Lénine puis Staline ont réussis à totalement changer le visage de l’élite russe/soviétique. Au début du régime communiste, la bourgeoisie capitaliste représentait l’élite traditionnelle. Mais la révolution communiste de 1917 avait deux cibles principales : la bourgeoisie, pour instaurer la dictature du prolétariat, et les opposants à ce nouveau système : les personnes supportant le capitalisme. Staline éradiquera totalement cette catégorie sociale tout au long de son règne sur l’URSS : dékoulakisation au début des années 30, puis purges stalinienne plus tard en 1937 et 1938. À la fin, il ne fera que remplacer cette élite par une autre : la Nomenklatura, composée des hauts dignitaires du parti communiste.

Le contrôle et la manipulation des populations :
Une des méthodes pour assoir le pouvoir du régime totalitaire, est le contrôle des masses. En effet, elle est très importante, car pour le parti totalitaire, les masses représentent l’unité du peuple, montré comme un seul ensemble, devant être débarrassée des éléments empêchant son bon fonctionnement. Il faut montrer le peuple comme un seul homme ayant choisi son leader, étant « hypnotisé » par son charisme. Il le suivra, peu importe les circonstances. Tout jugement critique devient donc suspect, et les intellectuels sont censurés, ou même persécutés. Il faut alors utiliser la propagande, pour mettre en scène ces foules. Ainsi, on peut voir de grands évènements, mis en scène pour la propagande : discours, rassemblements (congrès de Nuremberg, pour « le triomphe de la volonté »), parades (défilé militaire du 1 mai en Union soviétique) sont l’occasion de vanter le régime et ses bienfaits à travers la propagande.

L’endoctrinement, la propagande et la censure, des outils d’encadrements :
Les régimes totalitaires utilisent l’endoctrinement pour contrôler la jeunesse de leur pays : on peut voir l’apparition d’organisations (Hitlerjugend, komsomols, avanguardisti) dirigés par le parti. L’autre partie adulte de la population ne se révolte pas, car elle est engourdie, et convaincue grâce à la propagande et à la censure. La propagande occupe une importante place dans le régime totalitaire, car elle est l’outil le plus important contre le monde non-totalitaire autours de lui. Son rôle est de convaincre la population d’adhérer aux idées du parti totalitaire. Ensuite, quand, la population a adhéré, elle continue de la plonger dans ses mensonges à travers l’endoctrinement. De plus, la censure s’assure de garder l’attrait de la population pour les idées du parti. En censurant et interdisant d’autre mode de pensées (autodafés), elle condamne la diversité intellectuelle, et se charge de mettre en rang la population. Celle-ci ne peut donc pas comparer le parti à autre chose : le parti est unique, il est le seul à avoir raison. Ainsi, pour mieux les convaincre, la propagande vante les mérites du dirigeant du parti, et assure au peuple que tout ce qu’il fait est pour son bien : Staline « conduit le peuple soviétique vers une société sans classe pour le bonheur du paysan et de l’ouvrier », Hitler veut « régénérer la race allemande », et Mussolini est un exemple pour le peuple italien.

Des sociétés militaires :
Les sociétés totalitaires sont profondément militaires, de par leurs objectifs :
Staline, après la constatation que la révolution communiste n’a pas été internationale comme le voulait Lénine, voit désormais une menace s’élever : le national-socialisme d’Hitler, qui est son exact opposé, gagne du terrain en Europe. Il doit donc se préparer à le contrer, idéologiquement, et militairement.
Mussolini revendique toujours les terres irrédentes, refusées à l’Italie. Il veut donc se venger de cette « victoire mutilée ». La propagande appelle donc la population italienne à se préparer en vue des guerres à venir, autours du « Duce ».
Hitler demande aussi au peuple allemand à se préparer à la prochaine grande guerre. Pour cela, il inculque la violence, déjà présente dans la société allemande d’après-guerre, et au Hitlerjugend, et le valeurs militaires (discipline, esprit de sacrifice pour la patrie). Il viole le traité de Versailles : Il fonde la Wehrmacht en 1935, composée de l’armée de terre (Heer), la marine (Kriegsmarine), et l’armée de l’air (Luftwaffe), celle-ci étant pourtant interdite par le traité de Versailles. Il rétablit le service militaire, et grossit énormément les rangs de l’armée, lui faisant passer de 100 000 hommes selon le traité de Versailles, à plus de 3 millions en 1939.

Malgré tous ces points communs, les 3 régimes totalitaires étudiés présentent néanmoins quelques divergences comme par exemple :

Seul l’URSS rejette le concept de classe, contraire aux idéologies du communisme.
Seul l’Allemagne utilise un racisme exacerbé et le Darwinisme social comme idéologie principale.
Seul l’Italie demeure un État religieux au long du régime totalitaire de Mussolini.

2- Les caractéristiques spécifiques principales liées au système totalitaire – « le système totalitaire » par Hannah Arendt

Hannah Arendt, née le 14 octobre 1906 à Hanovre, et morte le 4 décembre 1975 à New York est une philosophe, écrivaine et politologue allemande, puis américaine du XXème siècle, ayant étudié en profondeur le phénomène des mouvements totalitaires. Nous allons résumer la pensée du dernier livre de sa trilogie « les origines du totalitarisme », « Le système totalitaire ».

Le totalitarisme est un phénomène de masses :
Pour Arendt, le totalitarisme se repose avant tout sur les masses, qui sont versatiles, déstructurées, sans réelle forme définitive. Donc le leader totalitaire réussi à les convaincre, car il s’adapte, il identifie ce qui plaît aux foules. Mais il ne s’appuie pas seulement sur les masses, mais leur adhésion est fondamentale. Sans elle, le leader n’est rien. Les personnes composants les masses sont souvent des adhérents désintéressés. Mais pourtant, les masses recherchent quand même, réclament une organisation politique stable, ce qui n’était pas le cas avec la République de Weimar. « Le terme de masse, s’applique seulement à des gens qui ne peuvent s’intégrer dans aucune organisation fondée sur l’intérêt commun ». Les masses sont confuses, et ne savent quoi penser. C’est cet état de confusion qui permet au leader du régime totalitaire d’imposer sa pensée, que les masses accepteront, car le leader leur assure la stabilité et des solutions aux problèmes de leur société. Ainsi, cette période de montée de ces régimes totalitaires est caractérisée par le rejet de toutes valeurs, le chaos, et la violence pure. Et le succès de ces régimes met en évidence deux illusions politiques :

– Le peuple se reconnaîtrait dans un gouvernement ou un parti. Si les masses sont neutres, alors elles n’adhèrent à aucune de ces deux institutions. Donc le système politique fonctionne avec des règles reconnues que par une minorité. Le reste n’est pas satisfait par l’état actuel des choses.
– Les masses neutres ne seraient pas très importantes. On réalise trop tard que la démocratie repose sur des institutions, mais aussi sur « l’approbation, la tolérance des couches silencieuses ». Donc la démocratie résiste mal quand les régimes totalitaires critiquent le parlementarisme, dans les parlements.

Le totalitarisme, c’est l’individu et la société fondu dans le moule du régime :
L’adhésion du peuple envers le parti (90% des sympathisants du parti) est entretenue avec la une folie collective, nourrit de rites collectifs (ex : congrès de Nuremberg), et non par conviction personnelle et rationnelle.
Pour une personne avec aucun lien social, elle ne peut exister qu’à travers son parti. Elle considère avoir une place dans le monde, par l’intermédiaire de son parti.
Une des caractéristiques du régime totalitaire, est sa structure sectaire. À sa tête, le leader. Sa responsabilité est intégrale, avec son groupe de complices qui l’entoure.
De plus, voir la suppression de l’espace public, la fin du gouvernement, l’abrogation des lois fondamentales sont des symptômes de la dissolution, le remplacement de l’État, par le parti.

La désolation comme colonne vertébrale :
C’est le mélange de terreur, d’idéologie, et des masses, qui donne lieu à ces situations. Pour Arendt, la terreur correspond à la suppression des libertés extérieures : l’individu n’est plus apte à déterminer les buts de ses décisions et actions.
Ensuite, le parti supprime la liberté intérieure à travers la censure, et la propagande : pour les masses, il n’y a qu’une seule explication, celle que le parti fournit. Il n’y a donc plus de débat, de confrontation, plus de recherche de la vérité. Cela se caractérise par la grande importance quant à la cohérence du message du parti donné au masses. Pour paraître crédible et fondé, il utilise l’histoire, supposément inchangeable.
Cette double suppression possède une incidence métaphysique sur l’individu : il le déshumanise. Son essence est formée par le parti, et plus par lui-même. Il est privé de la liberté de former sa propre essence. Et cette privation se rapproche de la mort.
Le totalitarisme utilise une idéologie qui condamne des catégories d’individus, et non les individus en particulier, ce sont les « ennemis objectifs du peuple ».