Les Prémices de l’héliocentrisme au cœur du XVIème siècle

A. La Place très forte de l’église au début de la Renaissance :

PLACE ET INFLUENCE
L’Eglise à la fin du moyen âge est presque la seule institution. C’est même le seul et unique cadre qui définit les attitudes de chacun, les normes de penser et de croyances et qui fixe les règles de vie en société dans une Europe occidentale divisée entre les mains de rois qui se battent les uns les autres pour augmenter leur influence sur une région (exemple guerre de 100 ans) cela explique ainsi l’influence hors du commun que cette dernière avait jusqu’à la Renaissance

Elle est ainsi triomphante au début du XVème siècle parce que la foi est générale. Elle va mettre cette position à profit pour s’attribuer un rôle énorme dans différents domaines tels que ceux de la politique et de la culture. En effet il est presque impossible de remettre en cause sa suprématie et ce qu’elle prétend.
Le clergé dispose de ses propres tribunaux. Ils jugent, par exemple, tout ce qui concerne le mariage ou l’hérésie ; notamment des découvertes scientifiques contraire à leur interprétation de la Bible et infligent des peines :

L’Eglise est très riche grâce aux dons des fidèles qui espèrent racheter leurs fautes et gagner le salut éternel grâce aux prières faîtes pour le repos de leur âme. Grâce à ces donations, l’Eglise possède de nombreuses terres travaillées par les paysans
• Tous les fidèles payent la dîme, qui correspond à un dixième de la récolte pour les paysans. L\’Église possède de très nombreuses terres, cédées par les seigneurs ou les rois pour assurer leur salut. Les abbés et les évêques sont aussi des seigneurs qui perçoivent les revenus de leurs domaines.
• Les abbés et les évêques doivent prêter serment de fidélité aux rois et aux seigneurs qui leur remettent les insignes de leur charge (ce qui fait d\’eux leurs vassaux). Les pressions sont nombreuses, les grandes familles cherchant à occuper ces postes prestigieux. Certains souverains vont jusqu\’à nommer eux-mêmes les évêques et les abbés : c\’est l\’investiture laïque.
• Ces pratiques entraînent une décadence du clergé : au XIe siècle, les prêtres vivent comme des laïcs, tandis que les fonctions ecclésiastiques, sources de revenus, sont achetées ou
vendues comme de vulgaires charges. L\’Église catholique est en crise.

Elle parvient à maintenir sa place priviligiée par de nombreux procédés tels que :

C- Les sacrements
Les sacrements imposés par l’Eglise rythment la vie de chacun : baptême, communion,

confirmation, pénitence, mariage, extrême onction, ordre…Le baptême est indispensable et ce dès les premiers jours voire même les premières heures de la vie. Même s’il meurt jeune, l’enfant baptisé ira au paradis. Ce baptême permet aussi de se faire enterrer en terre chrétienne. Cette croyance impose dès la naissance une vie réglée par l’Eglise : baptême, instruction religieuse, sacrements, cérémonies…Le baptême est censé signifier le pardon des péchés et la conversion au catholicisme. De par cette communion avec l’eau, le chrétien est lié à la personne du Christ et ce jusqu’à sa mort.

La religion rythme aussi l’année : travaux aux champs, fêtes du village, et même moment de la conception d’un enfant. L’Eglise suit les paroissiens grâce à l’obligation de la confession au moins une fois par an. Il faut aussi aller à la messe, respecter le jour du repos fixé au dimanche, jeûner le vendredi, se confesser régulièrement, célébrer les fêtes liturgiques et communier au moins une fois l’an lors de la fêtes de Pâques.

-B. La menace de l’enfer
L’essentiel au paradis est d’être en compagnie de Dieu ; les âmes sauvées peuvent admirer la sainte trinité (le père, le fils et la saint esprit).
L’enfer apparaît toujours comme une puissance animale qui dévore où les pêcheurs seront punis à jamais

– C. Le pèlerinage
Les motivations des pèlerins sont différentes : guérir d’une maladie, se laver de ses péchés pour accéder au paradis, dans certains cas, gagner des années de purgatoire, voir un vœu s’exaucer comme la conception d’un enfant pour un couple stérile. Les vœux qui se réalisent font l’objet de remerciements par le biais d’ex-voto. C’est à dire d’offrandes ou de cadeaux exposés sur le lieu de pèlerinage afin de montrer l’efficacité de tel ou tel saint.
Mais, l’influence de l’Eglise s’applique aussi grâce à un enseignement très encadré par le biais des universités. En effet cette institution apparue au XIIIème siècle est le lieu où le savoir est diffusé. Il s’agit de l’un des rouages essentiels de l’institution ecclésiastique. La pensée qu’elle diffuse, est la pensée autorisée. Mais, dans le même temps cette dernière est autonome politiquement. Les écoles du xiie siècle avaient fourni aux princes nombre de leurs plus efficaces collaborateurs. Les universités ne pouvaient que prendre une part déterminante à la vie politique, alors que grandissait à travers toute l\’Europe le rôle des administrateurs. On trouva désormais maîtres et anciens élèves de l\’université dans les conseils et les principaux rouages de l\’État. Disposer d\’une telle pépinière était donc pour les princes une nécessité, qui contraria la vocation universaliste de l\’enseignement universitaire. Il fallait contrôler l\’instrument de la formation d\’une élite frottée de logique et de droit. Ainsi, bien que les universités soient indépendantes et n’était pas sous un contrôle direct de l’Eglise, elles enseignaient tout de même les vérités admises à l’époque par la scolastique (philosophie développée et enseignée au Moyen Âge dans les universités : elle vise à concilier l\’apport de la philosophie grecque avec la théologie chrétienne )

Tandis que le haut clergé vivait dans le luxe, le bas-clergé, lui vivait dans une situation très précaire, aussi bien matériellement que moralement et spirituellement. Contraints à la pauvreté, du fait même de leur ordination. Ainsi, même quand ils obtenaient l\’octroi d\’un bénéfice, les prêtres nouvellement ordonnés se voyaient obligés d\’exercer une profession pour leur permettre de subsister ou d\’avoir recours à la l’aumône. En un certain sens, cette situation était bénéfique : les prêtres apprenaient à comprendre le peuple chrétien dont ils recevaient la charge et dont ils pouvaient partager tous les besoins. Leur proximité leur permettait ainsi d’inculquer au maximum les valeurs de l’Eglise .

Les derniers temps du quatorzième siècle et les débuts du quinzième siècle voient cependant l\’hérésie réapparaître en Europe, et sur une très grande échelle, d\’abord en Angleterre puis en Bohême. Dans l\’un et l\’autre pays, cette tentative de Réforme de l\’Eglise se fit, à l\’instigation d\’intellectuels, qui voulaient remettre en pratique un christianisme pur et primitif, à la manière des vaudois, du Sud de la France.
Simultanément, l\’autorité de l\’Église fléchit. Elle pâtit du succès des formations politiques et économiques : princes et magistrats urbains, fermement installés, rejetèrent toute tutelle et cherchèrent même à réduire les clercs au droit commun, voire à intégrer l\’Église à l\’État. Elle souffrit plus encore des faiblesses, spécialement de l\’esprit de lucre, des ministres du culte et des avatars de la papauté durant le Grand Schisme (1378-1417).

Grâce à l’apparition de l’imprimerie, le retour à la Bible s’accentue. L’accès facilité au Nouveau Testament, notamment dans sa version originale grecque, et aux Pères de l’Eglise, permet de mieux comprendre quelles ont été la vie et les pratiques des premiers chrétiens. Le souhait d’une foi directe, qui ne passe pas par l’intermédiaire d’un prêtre et des sacrements, mais qui se joue dans l’intimité de la relation entre l’homme et le Christ, touche de plus en plus de croyants au Nord. L’Eglise se fragilise
Les hommes et les femmes du début du XVIe siècle vivent dans l’anxiété. La mort et Satan, partout présents, les effraient. La chasse aux sorcières, approuvée officiellement en 1484 par une bulle du pape Innocent VIII, a connu un regain au XVe siècle, et durera jusqu’au milieu du XVIIe. De plus, l’Eglise d’Occident ne répond plus depuis longtemps aux besoins des fidèles. Trop de compromissions temporelles, trop d’autoritarisme… Les clercs sont ignorants. Les évêques cumulent des sièges épiscopaux pour gagner de l’argent. Les papes ne songent qu’à embellir Rome et la basilique Saint-Pierre, et à organiser des fêtes. Pour couvrir les énormes frais que requièrent leurs goûts artistiques, ils vendent des indulgences. En les achetant, dit l’Eglise, l’homme obtient la remise des peines impliquées par son péché. Il peut même espérer gagner le Paradis…

Cela a pour effet de révolter une partie Martin Luther, il est rongé par l’angoisse: si, quoi qu’il fasse, l’homme est et reste pécheur, qu’advient-il de son salut? La terrible justice de Dieu peut-elle épargner à cet homme, qui lutte pour obtenir le salut, mais qui toujours trébuche, la damnation éternelle? Luther en vient à haïr Dieu lui-même. Pourtant, en méditant, il finit par comprendre que le salut ne s’obtient pas en s’abstenant de pécher, ce qui est impossible, mais par la seule foi en Jésus-Christ, donnée par la grâce de Dieu. Dieu justifie l’homme gratuitement – le sauve – par le don de la foi. L’homme reste totalement passif face à cette justice: il ne peut donc coopérer à son salut par de bonnes œuvres. Si celles-ci sont bien la conséquence d’un être justifié par la foi, elles n’ont aucun pouvoir de rédemption.
Fort de ses nouvelles convictions, Luther s’en prend aux indulgences, qui font croire aux hommes qu’ils peuvent acheter leur salut et celui de leurs défunts. Le 31 octobre 1517, Luther donne le coup d’envoi de la Réforme à Wittenberg, où il enseigne les Ecritures, en publiant 95 thèses sur les indulgences. Le conflit avec la papauté est inévitable, même si Luther n’a aucune intention de créer une nouvelle Eglise. C’est le début de la réforme et la naissance du protestantisme. Il sera suivi de nombreux autre intellectuels comme Jean Calvin.
Au XVIe siècle, les catholiques ne sont pas restés inactifs face à la Réforme. Le concile de Trente a enfin pris les mesures qui s’imposaient pour revitaliser une Eglise en perte de vitesse. Les fruits de cette réforme s’épanouissent au XVIIe siècle. Le renouveau touche tous les aspects de la vie religieuse en durcissant les règles pour les prêtres et en instruisant le peuple catholique.
Ainsi, lors de la Renaissance, l’Eglise conserve une grande influence sur une majorité de l’Europe. Néanmoins l’apparition d’états plus forts et unis ainsi que la remise en causes de ses dogmes qui conduisit à la scission d’une de ses parties.