La légende d’Hiram – Les 3 mauvais compagnons

Pour donner du sens au mythe d’Hiram et des 3 compagnons, il est nécessaire de remonter à la genèse.

Non, pas au récit de l’histoire des origines qui débute par la création du monde, œuvre de dieu ou de la création des deux premiers homme Adam et Ève et tout ce qui en a suivi, quoique que …, mais celle qui permet de cerner la personnalité d’Hiram et de comprendre les motivations de ces 3 mauvais compagnons.

De façon synthétique et d’un point de vue historique (je n’en suis pas très féru) je serai donc bref, Hiram est un personnage biblique qui apparaît dans deux ouvrages: le  premier livre des Rois et le deuxième livre des Chroniques, Il est fils d’une veuve de la tribu de Nephthali. Le roi de Tyr, l’envoie auprès de Salomon, roi de Judée et fils de David, pour l’aider à bâtir le temple de Jérusalem.

D’un point de vu maçonnique le rituel précise, qu’Hiram fut assassiné à la fin des travaux du temple de Salomon, par trois compagnons qualifiés de « mauvais » pour avoir refusé de les initier aux secrets de son art. Les trois compagnons enterrèrent le Maître sans connaître son secret.

La cérémonie d’élévation au grade de maître propose à l’impétrant de vivre cette partie du rituel. Le postulant au titre, doit s’identifier à Hiram : il doit tout d’abord mourir pour renaître. Ce principe de mort associé à la réincarnation ou à la résurrection est une constante dans notre cheminement maçonnique. Souvenez vous de votre initiation lorsque le profane se mue en inimitié ou bien le compagnon doté d’outil dont l’usage lui est normalement acquis, meurt à nouveau pour renaitre dans un maître accompli.

Nous sommes sur un cheminement initiatique et s’initier c’est apprendre de la vie que nous mourrons. Mourir symboliquement, c’est apprendre à vivre, véritablement,

C’est pourquoi l’initiation maçonnique propose un apprentissage de la mort. Peut être pour nous permettre de connaître réellement la valeur de la vie.

J’évoque dans les lignes précédentes les principes de réincarnation et de résurrection dont la nuances est réelle, mais elles renvoient toutes deux à un principe d’existence au delà de la mort.

Quoiqu’il en soit, je ne peux pas, ne pas faire de parallèle entre la mort d’Hiram et la mort de jésus-christ. Je peux même avouer avoir imaginé , qu’Hiram pourrait

être, un substitut de jésus-christ mais sans sa dimension divine. Celle qui définit le bien et le mal, les pêchés et les vertus. Celle qui selon les principes moraux, qu’elle a elle même défini, puni ou et exclu ou au contraire glorifie et béatifie.

Si Hiram est un substitut à Jesus-christ alors l’élévation à la maîtrise permet de se projeter au delà du miroir, dans une autre dimension, Mais cette interprétation reste je le sais très personnel.

Chacun y mettra le sens qui lui convient le mieux :

Le croyant fera un lien avec sa religion et cela le rassurera

L’agnostique se réfèrera à des principes philosophie et citera Montaigne : « Philosopher c’est apprendre à mourir. »

Pour les autres ils se raccrocheront avec certitude à leur principes humanistes

Plus précisément, la mort d’Hiram nous renvoie à la perte de notre conscience et notre incapacité à transmettre nos savoirs. Elle interroge sur les principes mème de la résilience et de nos disposition à poursuivre l’œuvre inachevée. Elle interroge sur les notions de transmission aux générations futures.

Mais revenons à la légende. Pour construire un mythe il nous faut un personnage central en l’occurrence Hiram. Il doit bien évidement disposer de toutes les qualités morales requises.

Hiram, selon la bible, lui attribue trois vertus  principales:

La sagesse, l’intelligence et la connaissance. Pardonnez moi ces références bibliques régulières, ce n’est pas dans mes habitudes, mais difficile de l’éviter dans ce morceau d’architecture , mais vous pouvez le constater je me soigne.

La sagesse tout d’abord, ce combat incessant contre tout les formes de fanatisme. Car le fanatique est un idéaliste qui croit, qu’il est à lui seul capable de concevoir un autre monde. Un monde qu’il pense être le meilleur ,avec une telle determination, qu’il est incapable d’en accepter des modifications, des évolutions. l’idéaliste en devient alors excluant, intolérant et totalitaire ; la sagesse c’est donc un combat contre le fanatisme, contre les idéologies qui n’ont que pour seules ambitions celles de faire rentrer l’infinie complexité des hommes dans dans le moule aseptisé au nom de leur morale et de leur vérité.

L’intelligence qui n’est pas seulement la capacité à emmagasiner des données des connaissances. Mais l’intelligence qui réside dans le fait de pouvoir réunir:

  • des données pour en faire des idées,
  • des hommes pour en faire des communautés,
  • des gestes pour en faire œuvres,
  • des paroles pour donner du sens aux mots,
  • des dynamiques pour en faire des projets.

L’intelligence n’est ce pas finalement, la capacité à relier une action à une projection pour aboutir à une construction?

La construction d’un temple n’est elle pas relier des matériaux entre eux avec intelligence… je vous laisse méditer

Enfin, il a y l’intelligence, qui s’acquiert par la connaissance mais pas uniquement celle des livres, ni celle limitée à la raison, mais celle qui s’acquiert par un système de pensée philosophique et spirituel pour facilité notre cheminement personnel

Cette intelligence repose sur le dualisme de la connaissance et de l’ignorance, du bien et du mal, de l’esprit et du corps, et se fonde sur l’idée que le monde est dominé par des puissances mauvaises, hostiles au Dieu, source du monde spirituel que le gnostique cherche à connaître

Mais pour fonder une légende, je l’ai dit il faut un personnage à l’exemplarité irréprochable, capable de se transcender et de résister aux chimères maléfiques, quelques qu’en soient les circonstances. Nous l’avons, c’est Hiram, mais pour qu’un mythe subsiste il nous faut une dramaturgie au sens sacrificiel du terme, nous l’avons également la mort d’Hiram par les trois mauvais compagnons , désignés d’office comme les coupables.

Mais la démonstration de leur culpabilité est elle si évidente que cela? Ne faut il pas y voir un sens caché, je l’aborderai plus tard.

Dans un premier temps attardons nous au mobile et tentons de nous interroger sur les motivations profondes qui peuvent amener les 3 compagnons à commettre cette horrible forfaiture.

 

Le mobile pourrait être économique, mais alors pourquoi s’attaquer à un maitre le plus en vu du chantier. il aurait mieux valu s’attaquer à un maitre plus chétif, nouvellement inimitié s’eut été plus facile, pour récupérer les mots signes et attouchements et en tirer profit . Le motif n’est donc pas économique et la motivation profonde des trois mauvais compagnons n’est donc pas l’argent. les raisons sont probablement ailleurs

Il faut donc regarder dans une autre direction. intéressons nous un instant à l’arme pardon aux armes du crimes

le rituel précise que placé à la porte du midi, près du second surveillant, le premier compagnon considérant être suffisamment instruit, exigea le mot des maîtres. Devant le refus de ce dernier, le compagnon décida de lui asséner un coup de règle sur l’épaule gauche.

la règle le premier instrument du crime. elle est également le premier outil spécifique du compagnons, elle précise le sens et permet de mesurer. Cet instrument, droit, linéaire, inspire la rigueur d’esprit. La règle représente la loi morale, dans l’obéissance librement consentie.

La perte de cette conscience morale engendre le désordre intérieur et favorise le passage à l’acte

Lorsque ce trouble est associé à l’illusion qu’on se fait de nos capacités, a l’orgueil et la vanité alors, cette conscience morale disparait au profit de l’ignorance.

Cette ignorance dont il faut combattre les fondements pour faire triompher la lumière sur l’obscurantisme, nous permettre de devenir des êtres libres, aux hommes de se rapprocher plutôt que de diviser, ainsi que de bannir de toute l’humanité, tout asservissement. c’est ainsi qu’il pourra être envisagé de mettre les hommes et les femmes sur la voie de la connaissance.

cette l’IGNORANCE qui porte le premier coup au Maître.

Puis Hiram blessé se dirigea, à la porte située à l’occident, à proximité du plateau du 1 er surveillant, la se trouva un second compagnon qui armé d’un levier tenta de lui porter le second coup, mais atteint cet fois-ci l’épaule droite du maitre.

Le levier, outil spécifique du compagnon sert à maîtriser et démultiplier une force . Sur le plan symbolique il permet d’agir sur le monde afin de le transformer et de tenter de le maîtriser. Le levier s’utilise avec précaution car non maitriser, il peut devenir tyrannique, être d’une redoutable brutalité et devenir dangereux.

Si l’usage du levier n’est pas associé à la règle, qui en permet le contrôle, par la mesure , alors, le risque qu’il soit animé d’intentions malveillantes est réel et peut devenir une force meurtrières et destructrice. c’est alors le fanatisme qui l’emporte

et c’est ce FANATISME qui porte le second coup au maitre

Ce poison qui aujourd’hui envahie notre société, qui est aux antipodes des principes et valeurs que nous défendons tous ici, que sont : la tolérance, le droit à la différence, le refus du dogmatisme, et le respect des principes de laïcité.

A propos du fanatisme Elie Wiesel disait je cite« Le fanatisme est aveugle, il rend sourd et aveugle. Le fanatique ne se pose pas de questions, il ne connaît pas le doute : il sait, mais surtout il pense qu’il sait.”

Enfin, Hiram se dirigea à la porte de l’orient devant l’hôtel des serments. Le troisième compagnon l y attendais et face à un nouveau refus du maitre lui asséna le troisième et dernier coup, celui qui lui sera fatale à l’aide du maillet, au milieu du front

Le maillet, symbole du pouvoir et de la volonté qui exécute est le symbole par excellence, du commandement de ce qui est sage et de ce qui est juste.

Lorsque le maillet est utilisé, sans le contrôle de l’équerre et du compas qui représentent des valeurs morales d’honnêteté, d’intégrité, de tolérance et de discernement, devient le symbole de l’impétuosité, de la tyrannie dominatrice.

L’outil de création devient alors outil de destruction.

L’ambivalence des outils, trouve ici son point culminant : l’arme du crime est le maillet du vénérable!

Finalement, cette ambivalence pose la question de l’usage des outils. Lorsqu’ils sont dans leur vocations premières, alors ils deviennent de magnifiques vecteurs de la construction du temple et du progrès de l’humanité. Si ils sont détournés de leur usage et de leur vocations profondes alors, ils sont sources de tous les calamités humaines. Les détournées en conscience, est la plus terrible des fautes et la plus destructrice des erreurs.

A fortiori, dans le monde d’aujourd’hui ou tout est fait pour cacher détourner, distraire, divertir, chacun et chacune de son cheminement personnel de sa propre construction et de son accomplissement dans le but de le dominer l’homme en le rendant servile et ignorant.

c’est donc L’ambition qui porte donc le coup fatal sur le front du maitre, siège de la pensée et de l’intelligence, capable de concevoir des bâtiments aussi complexe et grandiose que le temple de Salomon et de ce qu’il représente.

Mais n’occultons pas la suite de la légende que j’évoquais précédemment autour des principe de réincarnation et de résurrection de l’impétrant compagnon dans le maître Hiram .

A ce stade de l’histoire il ne faut pas nécessairement tout réécrire, mais revenir à la culpabilité des 3 compagnons l’objet du crime.

sommes nous d’ailleurs certains que les trois mauvais compagnons soient vraiment coupables. les raisons de sa mort ne sont elles pas ailleurs

Pour aller plus loin, souvenons nous de ce que représente la mort en franc maçonnerie. le vieille homme doit mourir pour permettre à l’homme nouveau de se réaliser. c’est le principe de notre cheminement initiatique je l’ai abordé précédemment.

Selon cette représentation, la mort d’Hiram est elle vraiment un crime, ou est elle alors, est elle le mal nécessaire à la réalisation du compagnon?

Le compagnon ne doit il pas inéluctablement tuer le maitre pour pouvoir espérer vivre en s’affranchissant des modèles les plus parfaits, pour espérer affronter sa propre vie, assumer son propre destin et espérer de pourvoir réaliser son propre accomplissement.

Freud ne disait il pas je cite « il faut tuer le père » à l’instar de pierre Dac qui précisait « oui mais il ne faut éviter le piétiner » nous sommes sauvés!

Pardonnez moi cette note d’humour à moment aussi sérieux car, In fine, la mort d’Hiram, enseigne, aux compagnons combien il lui sera difficile d’engager le titanesque travail de libération de soi, mais qu’il est nécessaire à son propre accomplissement.

Qu’il lui faudra éliminer toutes les certitudes qui lui sont transmises de façon à le conditionner, pour rentrer dans le moule des sociétés auto proclamées bien pensantes.

Qu’il lui faudra conserver en toutes circonstance la rigueur intellectuelle nécessaire à l’élimination de toutes les démesures, dont les êtres humains sont capables avec des talents inépuisables

Qu’il lui faudra en permanence solliciter sa pensée et sa conscience au service du développement de son intelligence.

si Hiram est le symbole de l’initié accompli par excellence, alors, cette théorie devient possible. Les trois mauvais compagnons, faute de pouvoir être acquittés, disposerons de solides circonstance atténuantes.

Cette planche vous laissera probablement un goût d’inachevé, comme moi même je l’ai ressenti. le sujet est vaste et complexe et appelle à de nombreuses digressions que j’ai tenter de contenir.

j’aurai souhaitez réaliser un véritable plaidoyer pour les trois compagnons mais plusieurs éléments me manquait et en droit vous le savez le doute doit toujours Les éléments à charges sont bien présents, sans disposer pour autant, de preuves irréfutables.

Les compagnons sont coupables d’ignorances, de fanatisme et d’ambition indiscutablement mais comment réussir à dépassé ce maître doté de toute les vertus. Son assassinat n’était il pas inéluctable, je vous laisse le soin d’en décider.

En conclusion et sous le seau de la confidence, la rédaction de ce morceau d’architecture m’a troubler pour ne pas dire perturber. j’avais imaginez développer les similitudes entre le sacrifice d’Hiram et la crucifixion du christ. j’avais même imaginé des titres comme « la franc maçonnerie une religion laïque », mais les éléments me manquent pour le moment et je crains que le chantier soit titanesque.

Mais j’en suis certains, ces planches, je les réaliserai car ils m’apporterons les réponses nécessaire à la poursuite de mon cheminement personnel.

Faute de vous avoir apporté avec précisions, des réponses aux questions que vous vous posiez peut-être, l’idée était ambitieuse. J’espère avoir, avec humilité, suscité chez vous de la curiosité et des interrogations, dont vous chercherez comme je le ferai moi même les réponses, car il n y a pas pire situation que de restez dans l’ignorance

j’ai dit très respectable maître.