L’inégalité femmes-hommes dans le sexe

En 2011, la fondation Thompson Reuters a désigné l’Inde comme étant le quatrième pays le plus dangereux au monde pour les femmes. Malheureusement en 2018, il occupait la première place. La condition des femmes a beaucoup varié au cours de l’histoire. Elle dépend notamment des traditions de chaque groupe religieux. Fut un temps, elles étaient presque à égalité avec les hommes, puis durant l’Empire Moghol, elles n’étaient que très peu considérées. L’inégalité femmes-hommes dans le sexe ratio est à l’origine de tous les problèmes que connait l’Inde aujourd’hui et des nombreuses violences qui sont faites aux femmes. En 1911, le sexe ratio était déjà très inégal dans des régions comme le Punjab où l’on comptait moins de 800 femmes pour mille hommes. Actuellement, la moyenne est à 940 femmes pour mille hommes mais dans le nord ouest du pays, le sexe ratio est extrêmement inégal dans des régions comme l’Haryana, où il n’ y a que 866 femmes pour mille hommes. Ces sexe ratios inégaux s’expliquent notamment par une culture patriarcale favorisant les garçons, donc à des infanticides et une grande mortalité infantile en ce qui concerne les filles. Ces régions sont d’ailleurs appelées la \”foeticide belt\”. Malgré une place des femmes peu glorieuse en Inde, quelques femmes ont réussi à obtenir des postes hauts placés dans la société indienne, se fut notamment le cas d’Indira Gandhi qui occupa la place de première ministre de 1966 à 1977.
Nous aborderons les raisons qui font de l’Inde le pays le plus dangereux au monde pour les femmes.
Dans un premier temps, nous aborderons les origines de la violence, puis nous expliquerons les différents types de violence et enfin nous parlerons des changements qui s’effectuent dans la société indienne.
1) Origine de la violence

Les historiens débattent encore aujourd’hui de la place des femmes dans la société ancienne indienne. D’après le Rig Veda, qui est un ensemble d’hymnes sacrés écrits entre 1500 et 900 avant Jésus Christ, les femmes auraient eu le droit de choisir leur époux et de se marier à l’âge adulte. C’est ce qui permet à certains historiens de penser que les femmes ont un temps eu une certaine égalité avec les hommes.
Cependant, la place des femme régressa suite à la loi de Manu (Vème siècle avant Jésus Christ), un des textes les plus importants de la religion hindouiste, puisqu’elle présente les lois de bonnes conduites.
Un texte appelé le Stri Dharma Paddhati écrit

en 1730 par un notable a permis d’avoir connaissance des obligations réservées aux femmes indiennes depuis le IVème siècle avant Jésus Christ.
D’après les historiens, « la pratique du mariage forcé remonterait au VIème siècle après Jésus Christ. »
Durant le Moyen-Âge, les femmes ont souvent été obligées de se suicider pour respecter un rite. De plus, les veuves n’avaient pas le droit de se remarier, entrainant leur isolement du reste de la société.
De 1526 à 1857, l’Empire Moghol a définitivement réduit les femmes à la soumission au patriarcat. Face à cette inégalité de genre, des mouvements hindouistes ont essayé de rétablir la place de la Femme dans la société indienne.
Lors de la colonisation de l’Inde par l’Empire Britannique, les prêtresses Devadasis qui étaient des servantes des divinités furent considérées comme des prostituées.
Dans la deuxième plus haute caste indienne, la polygamie devint une pratique récurrente. Quant aux musulmans, ils cantonnèrent les femmes à un rôle de génitrice.
Aujourd’hui, le sati, pratique datant du sixième siècle après Jésus Christ, et qui consiste à ce qu’une veuve se jette dans un bûcher pour rejoindre symboliquement son mari a été interdit. Tout comme le Jauhar qui est un rite similaire. Seul le Purdah est encore pratiqué dans certains milieux.
Enfin, les mariages avec des filles de moins de quinze ans sont interdits mais sont encore trop pratiqués en Inde.

A présent que nous avons expliqué comment s’est installées les inégalités entre les hommes et les femmes en Inde, nous allons aborder les traditions et les religions qui font de la femme un être inférieur.

L’Inde a toujours préféré les garçons, puisqu’eux seuls peuvent hériter du patrimoine et du nom du père. Ils sont également les seuls à pouvoir effectuer les rites funéraires dans la religion hindouiste. Mais ce qui explique aussi en grande partie le favoritisme pour les garçons est que la naissance d’une fille obligera ses parents à payer une dot lors de son mariage. La dot est d’un montant très important parfois impossible à recueillir.
Bien que l’avortement sélectif soit interdit en Inde depuis 1960, il est largement pratiqué notamment dans les régions les plus riches comme le Kérala. Il s’agit de passer un échographie afin de connaître le sexe de l’enfant est en fonction, de le garder ou non. Certaines cliniques « proposent des « packages » échographie et avortement du fœtus fille, pour 5.000 à 10.000 roupies (85 à 170 euros). » c’est ce que rapporte le Réseau International Francophone pour l’égalité des Femmes et des Hommes dans le Développement.
Paris Match a d’ailleurs publié un article en mars 2017 relatant la découverte « d’une vingtaine de foetus féminins (…) dans un égout », à l’ouest du pays.
De plus, la mortalité infantile des filles de moins de cinq ans est très élevée en Inde due à de la maltraitante et de la sous nutrition. On relève de nombreux cas d’infanticides comme le cas d’une mère ayant empoisonnée sa fille avec du jus de tabac.

La condition des femmes en Inde est depuis le Moyen-Âge un réel problème. Il est nécessaire de rappeler que suite à la loi « Age of Consent Bill », l’âge légal de mariage pour une femme en Inde passa de dix ans à douze ans. Ce n’est qu’en 1929, que cet âge fut fixé à dix huit ans, qui est aujourd’hui la majorité légale.
Il faut savoir que dans la tradition indienne, le mariage est sacré. Bien qu’une loi ait été votée en 1860 pour interdire le mariage des mineures, un rapport de l\’UNICEF sur « La condition de l\’enfance dans le monde en 2009 » indique que « 47 % des jeunes indiennes âgées entre 20 et 24 ans étaient déjà mariées à 18 ans, et ce taux se montait même à 56 % dans les zones rurales. »
« En 2015, l’Inde était le deuxième pays au monde à célébrer des mariages d’enfants. » c’est ce que révèle le journal La Croix. En Inde, la plupart des mariages sont des mariages forcés.
Malgré le « Dowry Prohibition Act » qui interdit la pratique de la dot depuis 1961, elle n’est pas rare. C’est d’ailleurs ce qui a conduit les familles des mariés à de nombreuses violences sur les femmes pouvant entrainer leur mort. C’est ce qui est appelées les « dowry deaths ». Par exemple, dans les années 1970, des milliers de femmes ont été brulées en raison d’une dot ne pouvant pas être payée. Mais cela continu de nos jours puisque le Bureau national des registres criminels estime que « 8233 femmes sont mortes en 2012 suite à des disputes liées à la dot. »
Dans cette société indienne, où la discrimination envers les femmes est une tradition, une femme meurt toutes les heures à cause de la dot. Leurs bourreaux ne sont que très rarement condamnés (32% en 2013).

2) Les différents types de violence

En Inde, dans cette société patriarcale et sexiste, deux femmes sur trois sont victimes de violences conjugales. Mais c’est aussi dans ce pays que les violences envers les femmes enceintes sont les plus nombreuses. Un rapport des Nations unies pour la Population a affirmé que « jusqu\’à 70% des femmes mariées âgées de 15-49 ans en Inde sont battues ou victimes de sévices sexuels ou sous la contrainte. », c’est d’ailleurs la première cause de mortalité dans cette tranche d’âge. Selon une étude datant de 2006 par la National Family Health Survey, c’est dans l’état du Bihar que l’on recense le plus de violences conjugales.
Dans un article de SWISSAID, un couple est interrogé à propos des violences conjugales, voilà les propos recueillis : «Pour moi, ma femme, Rani, n’était rien d’autre qu’un objet. Elle était là pour s’occuper des tâches ménagères avec ma mère, faire la cuisine et satisfaire mes besoins.» Quant à Rani, elle exprime son désespoir «Peu de temps après le mariage, Vitthal s’est mis à m’insulter et à me battre pour des broutilles. J’ai souvent pensé au suicide.» Rani est consciente que la situation n’est pas normale mais ce n’est pas le cas de la majorité des femmes.
Selon un article de l\’International Journal of Criminology and Sociological Theory « en 2007, 20 737 cas de viol ont été signalés et 10 950 cas de harcèlement sexuel. » Cela n’a pas empêché, Maneka Gandhi, ministre des Femmes et de l’Enfance depuis 2014, de déclarer que la criminalisation du viol conjugal était difficile à voter dans une société fortement marquée par les traditions, sachant qu’actuellement si la mariée n’a pas moins de quinze ans, les relations sexuelles ne constituent pas un viol.
Quant une femme est victime en Inde, et qu’elle s\’en rend compte, elle n’a que peu de solutions et ne peut pas se tourner vers la police. La société indienne ne les encourage pas à dénoncer leur mari violent, cela peu même être mal perçu. Dans la majorité des cas, elles ne travaillent pas et sont donc obligées de rester auprès de leur mari.

Nous avons démontré qu’il existe de nombreuses violences conjugales la plupart du temps au sein de mariages arrangés, nous allons maintenant décrire les violences extra-conjugales.

En Inde, une femme sur deux a déjà été victime de violences sexuelles que ce soit par son mari ou par un inconnu. 60% des hommes ont d’ailleurs admis avoir exercer des violences sur des femmes.
Le slutshaming est courant tout comme le harcèlement de rue dans ce pays.
Une pratique inhérente à ce pays est le vitriolage. Il s’agit de jeter de l’acide sulfurique sur une femme dans le but de la mutiler ou de la tuer afin qu’elle n’oublie jamais la faute qu’elle a commise.
Un exemple de vitriolage connu en Inde, est le cas de Lakshmi. Elle a refusé d’épouser un homme, il est revenu la voir quelques jours plus tard et a renversé de l’acide sur son visage pour la punir. Depuis, elle a créé une association nommée Stop Acid Attacks qui a pour volonté la prise de conscience du peuple indien.
Le fléau le plus important en Inde est le viol. On dénombrerait un viol toutes les vingt minutes (ce chiffre ne tient compte que des viols recensés).
Le cas qui a le plus marqué les esprits est le viol d’une étudiante de vingt trois ans dans un bus de New Delhi par six hommes en 2012. En plus d’avoir été violée, les agresseurs lui ont introduit une barre en fer rouillée dans le vagin, allant jusqu’à lui perforer les intestins. Elle a ensuite été jetée du bus en marche, dénudée et blessée. Elle décéda une quinzaine de jours plus tard des suites de ses blessures.
Malheureusement ce cas n’est pas isolé, les viols collectifs sont courants en Inde.

3) Les mentalités changent

Après l’indépendance de l’Inde, sa constitution « garantit l’égalité aux femmes (article 14), l\’absence de discrimination par l’État (Article 15-1), l’égalité des chances (Article 16), l’égalité de salaire à travail égal (article 39-d), garantir des conditions de travail justes et adaptées pour les femmes et les enfants (article 15-3), pour l\’aide aux femmes enceintes (article 42), et renonce aux pratiques portant atteinte à la dignité des femmes (Article 51-A à e). »
De plus, en 2005, une loi est votée pour protéger les femmes des violences conjugales. Sa particularité se trouve dans le fait qu’elle reconnait différents types de violences. L’année suivante une loi est adoptée contre les « dowry deaths ».
A la suite du viol collectif d’une étudiante en 2012, une loi « anti-viol » est votée pour lutter contre les agressions sexuelles. Ainsi, les violeurs encourent la prison à perpétuité ou la peine de mort.
Enfin, pour éviter les viols dans les lieux publics, les villes de Bombay et Delhi ont mis en place des wagons spéciaux pour les femmes dans les transports en commun.

Nous avons montré quelles sont les lois qui permettent à la femme de moins être victime de discriminations et de violences. A présent, nous allons parler des mouvements féministes qui émergent en Inde.

Dès les années 1970, des mouvements féministes ont émergé avec la profonde volonté de mettre fin à toute la discrimination qui existe en Inde. A l’origine de cette prise de conscience, le viol collectif d’une jeune femme par des policiers mais surtout le fait qu’il n’y ait eu aucune condamnation. La médiatisation fut telle que « le gouvernement à amender l’Evidence Act, le Code de Procédure Criminelle et le Code Pénal Indien pour y faire reconnaître le viol par agents de la loi. »
Hormis la nécessité de criminaliser tous les types de violences envers les femmes, les féministes se battent aussi contre la maltraitance infantile menant souvent à des infanticides.
De plus, la violence des hommes est souvent liée à l’alcool, des mouvements ont donc mis en place de la prévention dans de nombreuses régions.
Les ONG telle que Self Employed Women\’s Association essaient d’aider les femmes prisonnières d’une société patriarcale et sexiste.
Le visage actuel du féminisme en Inde est la poétesse de dix huit ans, Aranya Johar. A travers ses textes, elle dénonce tous les problèmes de la société y compris le harcèlement. Elle même en subit depuis ses neuf ans.
En conclusion, l’Inde est le pays le plus dangereux au monde pour les femmes. Suite à des siècles de domination masculine durant l’Empire Moghol, la soumission de la Femme à l’Homme est devenue la norme. Dans une société où la moitié des femmes considèrent normal d’être battues, les hommes se permettent tout. Nous recensons de nombreux types de violences envers les femmes. Que ce soit les foeticides, la maltraitance ou les infanticides sur les petites filles, ou encore le harcélement, le vitriolage et le viol qu’il soit conjugual, collectif ou non, qui concernent aussi bien les femmes adultes que des petites filles de deux ans. Après de nombreux scandales ayant engendrer des manifestations importantes, les gouvernements successifs ont dû écouter le peuple et adopter des mesures pour protéger les femmes. Les mouvements féministes sont de plus en plus nombreux en Inde ses dernières quarante années.
Malgré tout, les documentaires retraçant les vies brisées des victimes et de leurs proches restent largement censurés en Inde, preuve que le pays n’est pas prêt à renoncer à ses traditions humiliantes.