L’éducation du féminisme

Bien que la violence conjugale soit une problématique complexe et difficile à éliminer, il existe des solutions que les gouvernements provinciaux et fédéral du Canada pourraient entreprendre afin d’atténuer les conséquences que doivent subir les victimes. En général, il y a trois types d’action politique que l’état devrait envisager pour améliorer la situation. D’abord, prévenir l’incidence de relations abusives envers les femmes. Ensuite, faciliter l’intervention dans les cas de violence conjugale et la protection des femmes abusées. Finalement, améliorer les ressources offertes pour répondre aux problèmes de santé mentale qui touchent les victimes. Le texte qui suit évalue les conséquences qui surviennent en raison de la violence conjugale et propose des pistes d’action politique en mesure de résoudre ces problèmes.
Puisque la violence conjugale est un crime aussi épouvantable, il est d’intérêt à minimiser les chances que des relations abusives aient la possibilité de se produire avant que des femmes se fassent victimiser. Mentionné précédemment dans le texte, la violence conjugale est causée par des rapports de genres inégaux. La croyance que les hommes sont dominants et que les femmes s’avèrent être la plupart du temps victimes, influence certains hommes à manifester cette perception à travers la violence et l’abus de leurs conjointes. Pour mettre fin à la violence conjugale il faut d’abord mettre fin aux idéologies misogynes qui persistent dans notre société. Une solution qui pourrait répondre à ce problème serait d’imposer l’éducation de théories féministes égalitaires dans les écoles secondaires ou primaires. Il n’est pas nécessaire d\’obliger l’enseignement de cours d’études du genre, mais de simplement mettre en place des modules d’apprentissages de courtes durées, semblables à ceux qui visent l’éducation à la sexualité dans les écoles secondaires. Idéalement, ces modules seront intégrés dans les écoles primaires afin que les élèves puissent apprendre, à un âge fondamental de développement psychologique, les principes égalitaires qu’offrent les études féministes. Si les jeunes garçons apprennent à respecter les femmes et les considérer égales dès un jeune âge, il est certain qu’ils seront moins susceptibles de commettre des actes de violence envers celles-ci dans le futur. Le gouvernement du Canada estime que la violence domestique coûte environ 7,4 milliards de dollars par année à la société canadienne (Gouvernement du Canada, 2014). Sachant ceci, il est clair qu’investir dans l’éducation du féminisme aux jeunes élèves serait avantageux pour réduire les coûts au budget fédéral autant que pour réduire le nombre de femmes qui pourraient
tomber victimes de violence conjugale.
Bien que nous voulons prévenir le plus possible l’incidence de violence conjugale dans le futur, il faut quand même adresser le problème du présent, c’est à dire, l’intervention dans les situations d’abus des femmes par leur mari ou conjoint de fait. Plusieurs femmes affectées par ce crime ont peur de fuir leur agresseur et demander de l’aide, d’autres ne réalisent pas que leur partenaire contrôlant et verbalement agressif risque de devenir physiquement violent à travers le développement de leur relation (Lancer, 2017). Il est très difficile pour notre système judiciaire de venir en aide aux victimes puisque bon nombre d’entre eux choisissent de ne pas dénoncer leur malfaiteur. Plusieurs gens ont tendance à tenir la victime responsable de se mettre dans une telle situation, mais il faut comprendre que ce phénomène n’est pas aussi simple qu’il le semble. Le manque de support des amis et de la famille, l’incapacité à se trouver un nouvel endroit pour vivre et le manque de soutien financier sont quelques raisons pourquoi un très grand nombre de femmes hésitent à sortir de leur relation abusive (L. Patrick, 2018). Une chose que le gouvernement peut faire pour réduire ce problème est à travers les campagnes de sensibilisation et l’augmentation de financement allouée à celles-ci. L’état se doit d’utiliser des pancartes et annonces aux chaînes de télévision et radio afin de communiquer au public à propos de cette problématique. À l’aide des médias, on peut créer des annonces informatives les victimes de ressources dont elles peuvent faire usage (centres d’hébergement, centres d’appel, etc.). On peut s\’adresser au public et envoyer des courts messages qui démontrent comment reconnaitre des signes indiquant qu’un proche est peut-être victime de violence à la maison. Les campagnes de sensibilisations par le gouvernement ne sont rien de nouveau, on voit régulièrement des annonces à propos des dangers du tabac ou de l’alcool au volant. La violence domestique est une des plus grandes problématiques de notre société et il est clair que sensibiliser davantage le public face à ce sujet permettra de faire mieux circuler l’information nécessaire pour combattre ce crime.
Outre que la perception de manque de support par la société et la communauté, le manque de soutien financier la difficulté à se trouver une nouvelle place où vivre sont des raison pourquoi certaines femmes hésitent encore à quitter leur conjoint violent. Une façon que le gouvernement peut aider les victimes à face à ce problème serait par un changement de législation en rapport avec les demandes d’absence au travail. Depuis le mois de juillet 2018, la Nouvelle-Zélande a voté pour une loi mettant en place un congé payé de 10 jours pour les victimes de violence conjugale afin de leur donner le temps de trouver de l’aide sans devoir risquer la perte de leur emploi. Cette nouvelle loi offre aux victimes le temps et les ressources financières nécessaires pour se trouver une nouvelle place où vivre, entrer en contact avec la police et assister au tribunal.
Même après s’être éloignées de leur agresseur, les victimes doivent quand même vivre avec les séquelles de la violence conjugale. Se libérer d’une relation de violence conjugale nocive ne se fait pas du jour au lendemain. Souvent, les hommes vont vouloir retrouver les femmes pour les surveiller, bien après que la femme soit partie ou enfuie de l’agresseur. Une technicienne en travail social, Mélissa Chartrand, travaillait en 2017 à la maison d’hébergement pour victimes de violence conjugale l’Autre chez soi (Aylmer). Elle avait mentionné dans cette année les nombreuses fois lorsque d’anciens conjoints abuseurs rôdaient autour de la maison, malgré la confidentialité d’adresse de celle-ci. Ce n’est seulement qu’une preuve minime de ce que les femmes ont à vivre suite à une relation abusive. Notamment, les femmes exposées à la violence conjugale sont plus à risque d’anxiété, de dépression et de phobies que les femmes qui ne le sont pas (Rakovec-Felser, 2014). De ce fait, 63,8 % des victimes souffrent de trouble de stress post traumatique (TSPT) et feront face à des troubles de dépendance (Rakovec-Felser, 2014). Sachant de telles statistiques, des mises en place d’interventions sociales seraient pertinentes pour les victimes. Effectivement, l’intervention de groupe s’avère être, pour les femmes, une bonne source de soutien social, de reconnaissance féminine et de partage de vécu. Une approche qui a été développée au fil des années en parallèle avec l’avancement des mouvements historiques féministes, s’appelle l’approche féministe en intervention sociale. Cette approche féministe se définit comme suit: « d’une approche qui remet en question les approches traditionnelles qui renforcent le système patriarcal et néoconservateur selon lequel les problèmes sont causés par la déviance ou la faiblesse personnelles. » (Hétu, 2002) Une telle approche permet aux femmes de ne pas se sentir seule dans des rapports inégaux de pouvoir qui sont présents dans nos sociétés. Une solution nécessaire serait de venir en contribuer au bien-être des femmes ayant souffert serait d’augmenter les subventions gouvernementales qui sont dirigées vers les services de santé mentale. Puisque le gouvernement contribue déjà dans ce domaine, on pourrait penser que cette proposition est inutile puisqu’elle est déjà complétée, mais ce n’est pas le cas. Les services de santé mentale au Canada sont sous-financés. En Ontario, les troubles mentaux représentent 10 % des maladies prévalentes, mais reçoivent seulement 7% du budget alloué aux services de santé (CAMH, 2018). Les victimes de violence conjugale ont besoin de plus de ressources pour répondre aux problèmes dont elles font face. Elles ont besoin de meilleurs services de thérapies, centres d’hébergements afin de pouvoir réparer les dommages qu’elles ont subi en raison de la violence conjugale.