La genèse normale du crime

Légalité ou Utilité Il nous faut partir de la définition lexicale du Bien.  En effet, la notion qu’a chaque homme du bien est intimement liée à la conception qu’il a du bonheur, des actions qu’il cherche à inciter ou de la vision de la justice qu’il a. Dès lors, les assassinats réputés de Médée, princesse de Colchide dans la mythologie grecque, peuvent être considérés comme une mauvaise chose. Nous tenterons, tout d’abord, d’évaluer les actions de Médée comme étant aberrantes et condamnables. Puis, nous tâcherons de montrer que ses actions peuvent être examinées sous le spectre de l’utilité. Enfin, une derniere tâche demandera notre attention : une tentative de conciliation entre les deux conceptions ou l’examen sous le trait de la paix de l’âme.

 

D’abord, les meurtres commis par Médée peuvent être vu comme abominables. Dans la majorité des pays, quelle qu’en soit la raison, le meurtre est considéré comme l’un des crimes les plus graves pouvant être perpétrés. Il est donc puni par loi, soit d’une peine de mort, soit d’un emprisonnement, sauf bien sûr, en cas de légitime défense. Autrement dit, tout homme, fait le bien s’il suit ou défend la loi en vigueur dans la patrie où il réside. La plupart des philosophes qui se sont prononcés sur le Bien, le considérant comme ce qui est légal, ont accordé une grande valeur à la vertu qui serait un de ses fondements : « La vertu et le bonheur, écrit Kant (Critique de la raison pratique), constituent le souverain Bien ». Ainsi, faire le Bien consisterait donc à respecter et à faire ce que prescris la loi. Or peut-on se contenter de cette définition ou mettre tout le monde d’accord sur cette définition unique ? Autrement dit, ne peut-on pas considérer le Bien comme ce qui est utile à l’Homme ?

 

Ensuite, les meurtres commis par Médée peuvent être vu comme utiles. Ils font donc ressortir la notion d’utilité qui est : « ce qui procure un gain, un bénéfice, un profit ». Les meurtres sont donc vu selon ce qu’ils rapportent à celui qui les commet. Ils peuvent apporter de la richesse (par exemple, cas d’un tueur à gages), du plaisir (cas d’un « psychopathe) ou tout simplement un avancement dans la hiérarchie (cas d’un royaume ou d’une entreprise).

Autrement dit, tout homme qui envisage un meurtre dans le but de lui

rapporter quelque chose, fait le bien. Certains philosophes, qui se sont penchés sur la question du Bien, ont considéré le profit comme étant son fondement : « J’entends par bien ce que nous savons, écrit Spinoza (Éthique, Partie iv. Déf. i.), de toute certitude, nous être utile ». Faire le Bien consisterait donc à rechercher notre bonheur, notre gain. Il nous faut donc tirer les enseignements des deux visions du Bien et de leurs critiques et reconnaître qu’il ne peut y avoir une conception consensuelle du Bien. Est-il dès lors possible de considérer aussi l’avis de ceux qui la considèrent comme paix de l’âme ?

 

Enfin, les meurtres commis par Médée peuvent être vu comme menant à la paix de son âme. Dans la tradition grecque et chez Platon entre autres, le bien est toute chose dont l’acquisition donne le bonheur, qui est le but ultime recherché par tout être humain.  Les assassinats de Médée sont donc considérés bien, car ils lui apportent le bonheur de voir ses désirs exaucés. Autrement dit, tout homme, s’il tire un quelconque bonheur du meurtre qu’il commet, peut le considérer comme étant une bonne chose.

 

La plupart des philosophes qui se sont prononcés sur le Bien, le considérant comme ce qui apporte la paix de l’âme, l’ont fortement assimilé au plaisir : « Le Bien est, selon Locke (Essai sur l’entendement humain), tout ce qui produit en nous du plaisir ». Faire le Bien consisterait donc à se faire plaisir et à rechercher le bonheur. Ainsi pour Locke, pour que les actes de Médée soient considérés comme mauvais, ils doivent aller à l’encontre de son bonheur et de son plaisir.

En conclusion, les meurtres de Médée sont-ils donc mauvais ?

Nous avons pu comprendre, tout au long de cet exercice, que ces meurtres pouvaient être considérés comme mauvais, s’ils étaient, comme le disait Kant, vus selon la loi et la morale. Ils pouvaient aussi être considérés comme pas mauvais et utiles, si selon la pensée de Spinoza, ils rapportaient un profit ou un gain. Aussi, ils peuvent être considérés, selon Rudolf Steiner, comme menant à la paix de l’âme. Dès lors, qui ou quoi, peut faire adopter ou faire présider une de ces conceptions dans l’esprit d’un homme?