Production des branches – l’hypothetical extraction method (HEM)

D’autres mesures ont été proposées dans la littérature pour estimer les liens en amont et en aval que les branches d’activité entretiennent entre elles, comme celle d’Hypothetical Extraction Method.

En effet, la deuxième méthode intitulée The hypothetical Extraction Method (HEM) ou la méthode d’extraction hypothétique a été proposée initialement par Paelinck et al. (1965) et Strassert (1968) et développée par Schultz (1977), Cella (1984), Miller et al. (2001), Dietzenbacher et al. (2013) et finalement Temurshoev et Oosterhaven (2013). Cette méthode consiste tout simplement à évaluer le degré d’entraînement d’une branche, en l’éliminant du tissu productif afin de mesurer les pertes réalisées au niveau de la production globale de l’économie.

Pour des mesures de simplification, nous considérons une économie fictive à deux branches. Dans ce contexte, les matrices des coefficients techniques A et des coefficients de ventes C sont présentées comme suit :
A=(■(A_11&A_12@A_21&A_22 )) C=(■(C_11&C_12@C_21&C_22 ))

Nous supposons qu’une branche (le secteur financier à titre d’exemple) est supprimée de l’économie en faisant l’hypothèse qu’elle n’achète plus de consommations intermédiaires issues de la production nationale (elle les remplace par les importations).

En définissant la matrice A* des coefficients techniques dont la première colonne a été remplacée par des zéros.
A^*=(■(0&A_12@0&A_22 ))
On peut calculer la production qui serait réalisée si la branche une n’achetait pas des consommations intermédiaires domestiques.
[■((X_1 ) ̌@(X_2 ) ̌ )]=([■(0&A_12@0&A_22 )][■((X_1 ) ̌@(X_2 ) ̌ )]+[■((Y_1 ) ̌@(Y_2 ) ̌ )])
[■((X_1 ) ̌@(X_2 ) ̌ )]=([■(0&〖〖(I-A〗_12)〗^(-1)@0&〖(〖I-A〗_22)〗^(-1) )][■((Y_1 ) ̌@(Y_2 ) ̌ )])
X ̃=〖(I-A^*)〗^(-1).Y ̃ (11)

En prenant la différence entre la production totale originale et la production totale après l’élimination de la branche une, et en normalisant cette mesure absolue. On peut calculer le degré d’entraînement en amont de la branche en question.
(〖B_(.j)〗^HEM ) ̅=(i^’ x-ix ̌)/X_j (12)
Les mesures des liens en aval des différentes branches d’activité par ladite méthode sont estimées dans le cadre du modèle entrées sortie de prix de Ghosh.
Dans ce cas nous supposons cette fois-ci, qu’une branche est supprimée de l’économie en faisant l’hypothèse qu’elle ne vend plus d’inputs intermédiaires à l’appareil productif (elle les remplace par des exportations).

En définissant la matrice C* des coefficients techniques dont la première ligne a été remplacée par des zéros.
C^*=(■(0&0@C_21&C_22 ))
On peut estimer la production qui serait réalisée dans une économie si la branche une ne libre plus d’inputs intermédiaires aux branches nationales .
[■((X_1 ) ̌@(X_2 ) ̌ )]=([■(0&0@C_21&C_22 )][■((X_1 ) ̌@(X_2 ) ̌ )]+[■((V_1 ) ̌@(V_2 ) ̌ )])
[■((X_1 ) ̌@(X_2 ) ̌ )]=([■((V_1

) ̌@(V_2 ) ̌ )][■(0&0@〖(〖I-C〗_21)〗^(-1)&〖(〖I-C〗_22)〗^(-1) )])
X^’=V^’.〖(I-C)〗^(-1) (13)
De la même manière, en prenant la différence entre la production totale originale et la production totale après l’élimination de la branche une, et en normalisant cette mesure absolue. On peut calculer le degré d’entraînement en aval de la branche en question.

(〖F_(i.)〗^HEM ) ̅=(i^’ x-ix ̌)/X_j (14)
Pratiquement, l’application de la méthode HEM pour établir une hiérarchisation des branches d’activité par degré d’entraînement nécessite d’éliminer chaque branche séparément pour calculer la perte de production qui s’ensuit pour l’économie. Lorsque le nombre de branches est élevé, le travail devient fastidieux. Cette pour la raison que Temurshoev (2010) a proposé « une façon plus simple (et élégante) d’obtenir le même résultat ». En effet, il exprime le problème d’extraction hypothétique sous la forme d’un problème d’optimisation : l’objectif est d’identifier la branche dont le retrait entraînera la plus énorme réduction de production pour l’économie :
Max{i^’ x-i^’ x ̌(j)/j=1,…n}
(∂T_j)/∂x’=i^’ x-i^’ x ̌=0
Il démontre aussi que ce problème peut être réécrit de la façon suivante :
(∂T_j)/∂x’=m_j^° X_j/l_jj =0
Avec m_j^°=BL_j, le multiplicateur de production simple de la branche j et l_jj, l’auto dépendance en termes d’inputs intermédiaires de la branche j .
Les liens totaux de la branche j peuvent facilement estimés par la méthode HEM, en utilisant la formule suivante :
T_j^*=(m_j^° X_j)/l_jj =BL_j X_j/l_jj (17)

Les mesures normalisées (par unité de production de la branche j) des liens en amont et en aval dérivées par ladite méthode sont égales à :
(〖BL_(.j)〗^HEM ) ̅=(BL_j-1)/l_jj (18)
(〖FL_(i.)〗^HEM ) ̅=(FL_j’-1)/l_jj (19)

L’application au cas marocain des méthodes proposées par Hirschman et Temurshoev et Oosterhaven pour le calcul des effets en amont et en aval des services financiers sur le reste de l’économie a été menée sur la base de la dernière version du TES, disponible sur le site du Haut-commissariat au plan, celle de 2018. Nous avons utilisé aussi une précédente version, celle de 2007, à des fins de comparaison. En effet, la prise en compte de ces deux versions nous permet de profiter des éventuels changements des structures économiques sur un intervalle de temps assez large et d’apprécier l’évolution des effets d’entraînements.