La digitalisation des entreprises – Les révolutions industrielles

Ces dernières décennies, à la suite de la naissance d’Internet, le monde n’a cessé de changer à grande vitesse. Nous sommes entrés dans une période charnière où tout s’accélère, et où les modes de vie sont sans cesse transformés. Nous assistons à une véritable révolution initiée par des géants comme Google, Microsoft, Apple ou encore Facebook.

Avant cela, notre société est passée par plusieurs phases, plusieurs périodes marquées par des innovations de rupture. On parle de révolutions industrielles.
La première révolution industrielle intervient dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle. Cette période repose en effet sur les profits de l’agriculture et du commerce, quand James WATT met au point la machine à vapeur en 1769. C’est à ce moment que l’industrie du charbon et de l’énergie à vapeur explose.

La deuxième révolution industrielle apparaît dans les années 1870 quand le téléphone, les machines produisant de l’électricité ou encore le moteur à explosion est inventé. L’économie va également se structurer autour des industries de l’automobile, du pétrole ou de la chimie.

La troisième révolution industrielle démarre à la fin du XXème siècle avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. L’historien des révolutions industrielles François CARON pense “qu’elle rend compte d’un fait historique en cours” 1, tandis que selon Jeremy RIFKIN, “la troisième révolution industrielle est la seule solution mondiale possible à la crise énergétique et économique”.

Mais aujourd’hui, nous sommes déjà entrés dans la quatrième révolution industrielle. Celle-ci est en fait un prolongement de la troisième, avec d’autres technologies qui émergent dans plusieurs disciplines (impression 3D, blockchain, intelligence artificielle, réalité virtuelle etc.) au point de remettre en question la raison d’être de l’humain.

Un des phénomènes qui est à l’origine de ces grandes mutations est la digitalisation.

Le monde de l’entreprise tel que nous le connaissons aujourd’hui ne déroge pas à la règle. Celui-ci a progressivement changé en peu de temps, et sera encore amené à changer considérablement ces prochaines années.

Dans cette ère de transition, il est capital pour les organisations d’être au fait de ces changements et des nouveaux défis auxquels elles devront répondre.
Inévitablement, les entreprises devront agir en conséquence si elles ne veulent pas disparaître.

En effet, dans la présence d’un un monde de plus en plus connecté, la concurrence entre les entreprises bouleverse les modèles d’affaires, et les dirigeants n’ont qu’un choix : le recours à la digitalisation.
Cette transition recouvre une nécessité réelle et une réalité nécessaire, surtout pour les entreprises dites

‘’traditionnelles’’ qui se sont fondées sur un modèle ancien et qui ont évolué loin de la culture digitale.

Aujourd’hui, il existe deux entreprises : celles qui sont nées à l’ère du digital et celles nées bien avant dites « traditionnelles ».
Selon la définition Gartner (Gartner Inc. est une entreprise américaine de conseil et de recherche dans le domaine des techniques avancées dont le siège social est situé à Stamford dans le Connecticut.) « Les organisations fondées après 1995, dont le modèle opérationnel et les capacités sont basées sur l’exploitation des informations de l’ère d’internet et dont les technologies digitales sont considérées comme une compétence principale ».

Selon cette définition, de nombreuses entreprises traditionnelles sont plus proches de la définition de la notion du digital qu’elles ne le pensent. Avec le digital, les entreprises sont passées d’une économie basée sur la standardisation à une entreprise valorisant l’innovation.

STOLTERMAN & FORS caractérisent en 2004 la digitalisation comme “les changements induits par les technologies numériques dans tous les aspects de la vie humaine” 3, quand WESTERMAN a en 2011 une approche plus portée sur l’entreprise et désigne la digitalisation comme étant “l’utilisation de la technologie pour améliorer de manière radicale la performance des entreprises”.

Ce phénomène de digitalisation est incarné et largement influencé par les GAFAM (Google – Apple – Facebook – Amazon – Microsoft). En Novembre 2018, la valorisation boursière de ces géants planétaires pesait plus lourd que le PIB de l’Allemagne… De nouvelles entreprises dont le digital est la préoccupation première tirent également leur épingle du jeu. Les NATU, composés de Netflix, AirBnb, Tesla et Uber, axent en effet copieusement leur stratégie sur les canaux digitaux.

La digitalisation incarne un enjeu majeur pour toutes les sociétés de demain. L’ignorer reviendrait à stagner et à laisser les concurrents se démarquer, alors que l’adopter conférerait à l’entreprise un statut et un avantage conséquent.

Aussi, à l’heure où les managers nés pendant cette révolution de l’Internet intègrent le marché de l’emploi et où les mots tels que “performance” et “efficacité” sont de rigueur, la digitalisation au sein d’une entreprise s’impose comme une évidence.

Les RH ne dérogent pas à la règle, bien au contraire.

La digitalisation sonne comme un renouveau, une opportunité pour la fonction de se reconsidérer complètement, presque un soulagement. Tous les aspects et branches des RH sont concernés.

Avant les ressources humaines, on parlait de Service du Personnel, apparu dans les grandes usines dans les années 1880. Son rôle était limité au recrutement et à l’affectation des ouvriers. Suite aux grèves de 1906 – débutées après l’explosion dans une mine à charbon causant plus un millier de morts – le poste de Responsable du recrutement est créé. Sa mission principale est alors de ne pas embaucher d’ouvriers politiquement engagés. Au lendemain de la première guerre mondiale, le Service du Personnel devient présent dans toutes les grandes entreprises car il y a une pénurie de main d’œuvre.

Ce n’est que dans les années 1980 que le Service du Personnel devient le service RH, où la manière de recruter, de rémunérer ou de faire évoluer les salariés est revisitée. La prise en compte de la fonction RH dans la création de valeur ne se fait que dans les années 1990-2000 où l’on commence à intégrer les processus RH dans la stratégie globale de l’entreprise.

Malgré ces évolutions notables, en termes de niveau de digitalisation, la fonction RH est jusque dans les années 2000-2010 assez en retard par rapport aux autres services d’une société.

Avec la digitalisation, la fonction RH ne souffrira bientôt plus de cette image de “bras armé” de la direction ou de coût pour l’entreprise. La fonction sera en mesure de devenir un véritable Business Partner, qui crée de la valeur.

Effectivement, les RH verront leurs codes profondément bouleversés, et ce dans toutes les branches du service. Du recrutement à l’administration du personnel, en passant par la formation ou la communication RH, ce phénomène de digitalisation est en train de révolutionner complètement le quotidien de la fonction.

De plus, avec l’évolution des mentalités, l’enjeu majeur de ce 21ème siècle pour la DRH sera de satisfaire les attentes des nouvelles générations. Les outils digitaux constituent des dispositifs essentiels à la relève de ce défi.