Impacts économiques du Covid-19 au Maroc

La gestion de la pandémie COVID-19 au Maroc a certes réalisé des prouesses transformant notre pays en un vrai modèle : Des usines de textile qui se convertissent pour la confection de masques, une unité industrielle qui lance une chaîne de production de respirateurs artificiels, un confinement judicieusement prolongé, un maintien opérationnel des opérations d’approvisionnement des marchés en produits essentiels, une fiscalité plus adaptée et une conscience citoyenne de plus en plus élevée, le Maroc fait preuve d’innovation et de capacité d’adaptation dans un contexte ou la préférence nationale est une clé majeure dans l’optique d’endiguer la pandémie mais le chemin à parcourir est encore long même après dissipation du confinement plusieurs secteurs seront gravement atteints et les prévisions peuvent s’avérer pessimistes pour l’économie Marocaine avec une balance de paiement déficitaire, un fléchissement net de la croissance, une destruction massive des emplois, un tourisme qui souffrira encore longtemps des répercussions de la pandémie et d’un ralentissement des transferts des MRE et des IDE.

En ces temps sans précédent, le Coronavirus impose l’adoption d’un modèle de développement spécifiquement taillé pour le contexte Marocain valorisant plus que jamais le capital humain et écologique, visant une restructuration profonde et une mise en place de politiques de sécurité alimentaire et énergétique. Sur le plan économique, il est temps d’encourager la production locale et de préserver les emplois qui en découlent présumant que le consommateur Marocain, post crise, sera en toute évidence en mesure de reconsidérer ses préférences et tendances d’achats favorisant plus que jamais l’intérêt collectif, et donc le “Made in Morocco”, à condition que les prix soient soumis à des limites réglementaires raisonnables. Notre pays devrait pouvoir à la fois répondre à sa demande nationale et aspirer ensuite à une expansion à l’international et ceci ne peut être réalisé sans une certaine coordination et articulation entre secteur primaire et secteur secondaire.

Le Maroc devrait conduire avec célérité la mise en place d’un équilibre entre globalisation et autosuffisance par la création de nouvelles chaînes d’approvisionnement efficaces et robustes et la favorisation de la relocalisation et ce après avoir entamé les termes de la renégociation des divers accords de libre-échange en s’appuyant sur les clauses de sauvegarde afin d’atténuer le volume des importations sans nuire aux engagements juridiques du pays notamment vis-à-vis des institutions de Bretton Woods et de ses partenaires historiques, le tout dans un cadre diplomatique adéquat visant à préserver l’unité, l’empathie et la solidarité

internationale. C’est un choix stratégique dans un moment critique ou la préférence nationale prime. Toujours dans l’optique de la promotion du “ Made In Morocco”, il sera nécessaire de tourner notre attention vers le tourisme interne, partant de l’hypothèse que le comportement individuel aura tendance à éviter la mobilité internationale longtemps après l’ouverture des frontières puisqu’un sentiment d’insécurité s’est installé depuis l’apparition de l’épidémie et les temps sont aujourd’hui qualifiés d’incertains. C’est un choix pour lequel nous devrions opter également de point de vue sanitaire tout en considérant des mesures de distanciation et de limitation du taux d’occupation sont à inclure de manière provisoire dans les services hôteliers Marocains.

Des politiques de promotion du tourisme interne doivent être mises en place pour compenser les pertes colossales du secteur. Il sera également primordial d’encourager la recherche scientifique que ce soit dans les domaines agricoles et industriels favorisant une activité durable et respectueuse des écosystèmes ou dans les secteurs pharmaceutiques et ceux relatifs à la santé tout en veillant à garantir une certaine pérennisation des collaborations intersectorielles à l’échelle nationale afin de remédier aux vulnérabilités des micro et petites entreprises et veiller à la densification du tissu PMI-PME. Concernant le secteur bancaire, un renforcement de l’assouplissement monétaire ainsi que la réescompte par la banque centrale des crédits destinées à la production au royaume sont des indispensables pour une relance économique réussie. La banque marocaine devrait également assurer une transition fluide vers un modèle de services digitalisé et adapté aux préférences et aux exigences du marché. La digitalisation ne concerne pas uniquement le secteur bancaire, la favorisation du digital et le renforcement des institutions avec des outils persistants et des solutions technologiques modernes devrait être l’une des priorités du modèle dans sa globalité puisque la crise actuelle a révélé plusieurs défaillances d’où la nécessité de mise en place de politiques d’accélération de la digitalisation des différents secteurs afin de construire une certaine résilience aux chocs futurs, les entreprises devraient également passer en mode numérique et la commande publique devrait initier le pas, une dématérialisation progressive qui permettrait plus tard une expansion sur l’ensemble des maillons de la chaîne favorisant ainsi l’amélioration et la simplification des procédures d’achats et de renforcement de la transparence et de la traçabilité. Un autre défi majeur serait d’évoluer vers une décarbonisation progressive de l’économie en limitant la dépendance de la croissance du PIB à celle de l’émission de gaz à effet de serre et baissant l’empreinte carbone des portefeuilles d’action dans une optique d’investissement durable et responsable et un approvisionnement plus orienté vers les énergies renouvelables et ce en agissant tout d’abord sur la production d’énergie et d’électricité optant pour les ressources de substitution : charbon et gaz devraient être de plus en plus remplacés par des énergies hydraulique, éolienne et solaire ce qui permettrait une décarbonisation des secteurs fournisseurs et donc de l’ensemble de la chaîne de production puisque l’évolution que nous entreprenons vers une économie digitale dépend principalement d’un important approvisionnement en électricité. Notre pays ne devrait également manquer aucune occasion de se joindre aux efforts mondiaux pour la réduction des risques liés aux changements climatiques et visant la promotion de la culture d’économie verte décarbonée au sein des entreprises. Il faudra également repenser nos politiques agricoles vu les changements climatiques qui pèsent dernièrement sur la productivité suite au bouleversement des saisons : Un pas majeur serait de promouvoir et accroître les solutions technologiques augmentant la résilience de l’agriculture face à ces changements et minimisant les inputs énergétiques. L’état est le premier investisseur du royaume ce qui fait que les marchés publics constituent la part du lion de l’économie marocaine. Nous avons donc l’espoir que le nouveau modèle favorise davantage l’accès des PME aux marchés publics avec des appels d’offre spécifiquement conçues et adressés aux opérateurs du marché local pourquoi pas? mais surtout la constitution ou la désignation d’un organe spécifique veillant au respect de la part des PME estimée à 20% du montant prévisionnel pour une année budgétaire, pourcentage prévu par l’article 156 du décret relatif aux marchés publics mais dont le contrôle n’est jusqu’à présent attribué à aucun organe en particulier chose qui pose aujourd’hui le problème de non application de la mesure citée, on se retrouve alors devant un blocage d’accès des petites et moyennes entreprises à ces marchés.

La sauvegarde des vies humaines, ou bien l’application de règles sanitaires moins contraignantes, en privilégiant plutôt l’activité économique ‘’, était et reste encore une équation difficile à résoudre par toutes les économies du monde entier.

En somme, le covid-19 (le corona virus), qui avait marqué l’année 2020 comme étant une crise sanitaire sans précédente, et qui nous a bien appris les synonymes de l’incertitude, le manque de visibilité et l’importance de la recherche scientifique, avait des conséquences négatives sur différents domaines notamment l’économie mondiale qui a été toute perturbée, même les grandes puissances économiques du monde sont effondrées devant cette pandémie tel que la chine, les Etats unis, l’union européen et la liste reste très longue. Les répercussions de cette crise étaient uniquement graves. En fait, l’économie mondiale a connu une contraction importante du PIB mondial de l’ordre de -4,4%, soit près de 2,6 fois la baisse enregistrée par l’économie mondiale en 2009 suite à la crise financière. De plus, les mesures barrières qui ont été appliqué par les pays dans le cadre de l’état d’urgence contribuaient à l’aggravation de la situation, notamment l’arrêt du vol, la réduction de la mobilité géographique … etc.

Et le Maroc n’a pas fait l’exception ; du fait que son économie est ouverte, autrement dit ; il entretient des relations économiques avec le reste du monde ou plutôt avec l’un des pays déjà cité, et par voie de conséquences lui aussi il devra être touché par les effets néfaste de cette crise. En effet l’économie marocaine avait enregistré une récession extrêmement grave ; dans la mesure où elle doit faire face aux conséquences d’une année de sècheresse et des répercussions de cette crise. La chose qui va conduire les grandeurs économiques à la destruction ; et c’est le cas de la consommation.

Les conditions qu’avait imposé cette pandémie (le non-déplacement, la distanciation,) ont influencé le comportement du ménage marocain d’une manière radicale ainsi que différente. Par exemple les consommateurs pauvres ont réagi face à cette crise différemment que les plus aisés. Et cela est tout à fait normale car la consommation dépend, de sa nature, de plusieurs critères (le niveau de revenu, la classe sociale, les catégories des produits…). En effet la majorité des ménages marocains avouent que leurs dépenses ont augmenté pendant le confinement en ce qui concerne surtout les biens de première nécessité, quant au reste alternent entre ceux dont les dépenses ont diminué et ceux dont les dépenses ont resté stable. Encore le panier du ménage marocain connait des modifications.

D’une part, de nouveaux produits apparaitraient, il s’agit bien évidemment des produits de protection et d’hygiène (les désinfectants, les bavettes, les thermomètres…). D’autre part, on constate, que les Marocains sont devenus plus encouragée d’utiliser le e-commerce pour résoudre l’équation de satisfaire leurs besoins sans le besoin de se déplacer.

D’après ce qui est déjà dit en termes de l’évolution de la demande, il y aura certainement des conséquences sur les entreprises opérantes dans les différents secteurs. D’ailleurs, les secteurs les plus touchés par cette pandémie sont ceux de l’aérien, l’automobile, le tourisme, le textile et l’habillement et le secteur primaire (agriculture) ; ces derniers étaient totalement effondrés en perdant presque la moitié de leur chiffre d’affaire, et en rencontrant plusieurs difficultés, de plus ce qui a aggravé les choses c’est le facteur de l’imprévisibilité de cette situation, ce qui a été comme un choc irrésistible par les entreprises marocaines. En dépit de cet effondrement, il y avait des secteurs qui ont été moins touchés tel que le secteur pharmaceutique ainsi que le secteur de l’e-commerce ; cette évolution positive est due comme on a déjà cité du fait que les habitudes du consommateur ont été quasiment changé tout en orientant vers les produits pharmaceutiques (les médicaments, les désinfectants …) et alimentaires.

Dans ces conditions la situation de l’emploi sera effectivement menacée. En effet, après une création de 165 000 postes d’emploi en 2019 ; la situation est complétement défavorisée en 2020 avec une perte de 432 000 postes d’emploi. Ce qui fait le taux de chômage grimpé de 9,2% à 11,9% entre 2019 et 2020. Une situation qui se répercute sur le pouvoir d’achat des ménages. En d’autres termes, la perte de l’emploi engendre la perte d’une source financière (le revenu), par suite le pouvoir d’achat devra diminuer. Or, ce n’est pas le cas pour de nombreux ménages marocains ; en raison de l’effet cliquet ; c’est-à-dire que la consommation continue à progresser dans les mêmes proportions même si la croissance des revenus diminue, et cela est due du fait que les ménages préfèrent de réduire leur épargne plutôt que de changer leurs habitudes de consommation. C’est pourquoi, on peut dire que la consommation a conservé le même niveau de progression s’il n’a pas augmenté pour une grande partie de la population marocaine. Le reste dont les dépenses ont été influencées négativement, l’Etat a mis en œuvre un ensemble d’actions tel que les aides financées par le fond spécial d’urgence “Covid-19, afin de soutenir les personnes en situation difficile et notamment ceux qui travaillent dans le secteur informel.

Et pour bien évaluer l’évolution de la consommation, il est bel et bien d’aborder l’évolution des importations, sachant que ces dernières constituent une grande partie de l’offre. D’ailleurs, elles ont enregistré en 2020 une baisse de 14.1 % par rapport à 2019. Cette baisse est traduite par la baisse de la consommation, et non seulement la consommation finale mais aussi la consommation intermédiaires (matières premières, produits bruts…), ou encore la consommation destinée à l’investissement (les biens d’équipements) qui traduisent le niveau de l’activité économique.

Face à cette situation, le gouvernement marocain a mis en œuvre un ensemble de mesures afin de stimuler la consommation après qu’elle a été tout effondrée. D’abord, il y a la création du Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Coronavirus – Le Covid19, Qui a été orienté vers la finance des dépenses exceptionnelles ainsi que de donner l’aide aux employés du secteur informel afin de favoriser leur pouvoir d’achat. Ensuite, au cours de l’année 2020, une loi de finance rectificative a été intervenu, pour s’adapter à la situation économique dans la mesure est de stimuler la croissance économique. Enfin, l’établissement d’un plan ambitieux de relance qui a pour objectif de soutenir les secteurs les plus productifs pour mieux créer de l’emploi, la source du revenu, et par conséquence l’augmentation du pouvoir d’achat, et par la suite la progression de la consommation. Ces mesures sont ainsi recommandées pour faciliter la reprise de l’activité après le confinement.