Pourquoi les révoltes populaires appelées ‘printemps arabe’ ont-elles donné des résultats différents en Tunisie, en Égypte et en Syrie ?

Le Monde arabe peut se définir comme « un groupe de pays situés entre le Maghreb, le sud de la péninsule Arabique et l’Irak. Dans cette région, on parle majoritairement arabe, et les peuples partagent une culture commune, fondée sur la langue, l’alimentation méditerranéenne, et la prégnance de la religion musulmane » (Institut du monde arabe, 2010). On peut considérer plusieurs critères pour relier un état au monde arabe comme sa position géographique, l’importance de la langue arabe et son appartenance à la Ligue Arabe qui fait du monde arabe une entité politique.
Lors du printemps 2011, un mouvement de révolte s’est rapidement propagé a des pays du Maghreb et du Moyen orient. Dans ces pays, nous pouvons compter la Tunisie, l’Egypte et aussi la Syrie. Tout a commencé en Tunisie avec la « révolution du jasmin » qui força le président Ben Ali à quitter le pouvoir et à s’enfuir du pays. (Universalis, 2019) Ce point de départ a eu un réel effet domino et à inciter la population Egyptienne à se soulever également contre le régime en place. Les révoltes en Tunisie vont également encourager la population syrienne à protester contre le gouvernement de Bachar el-Assad.
Ces trois pays ont en commun la volonté de mettre en place une démocratie au lieu de la dictature. Ils veulent un vote libre et transparent, des meilleures conditions de vie, moins d’inégalités sociales et une perspective d’avenir pour la jeunesse, mise de côté : « Une explosion de la colère n’est ni doctrinale ni partisane, mais naît d’un « ras-le-bol » généralisé, motivé par des raisons éthiques et sociales. » (Antoine Basbous, 2011) Malgré la simultanéité et la ressemblance de ces mouvements de révoltes, les résultats à l’issu des contestations n’ont pas été tout à fait les mêmes dans ces trois pays.

Mais pourquoi ces divergences ? Pour tenter d’éclairer la question, nous allons effectuer une comparaison de variation : « cette comparaison choisit un phénomène politique et en décrit les caractéristiques changeantes à travers le temps et l\’espace, dans plusieurs cas » (Gazibo, M. Jenson, 2004)
Pour ce faire, nous allons réaliser une approche historique mais également institutionnelle de la question. Institutionnelle car ces trois pays ont pour revendication commune l’obtention d’une démocratie stable et transparente. Mais également historique car les antécédents d’un pays ont des répercussions sur les évènements futurs que le pays subira. Pour mener à bien ce travail, nous allons tout

d’abord voir quelles ont été les causes et les conséquences des révoltes dans chaque pays afin d’être en mesure de savoir quelles ont été les issues des révoltes selon leur différentes trajectoires, puis nous analyserons les événements qui ont eu lieu avant les révoltes au cours de l’histoire dans ces pays. Enfin, nous ferons l’étude des effets de la situation démocratique de ces pays sur les résultats que ceux-ci ont donnés. Dans ce travail, je soutiens la thèse que

ANALYSE COMPARÉE
1) Les causes, les revendications et le résultat des révoltes dans ces trois pays.
La Tunisie est le premier pays ou les protestations se montrent. Celles-ci partent d’un évènement ayant eu lieu le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid : un jeune vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi, s’immole afin de protester contre la saisie de sa marchandise par la police. Ce n’est pas la première immolation qui a lieu dans le pays, mais c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et qui déclenche les contestations majoritairement mené par la jeunesse tunisienne, qui « même qualifiés, diplômés, ne trouvent pas de travail. » (Tambour, 2018). Le 14 janvier 2011, le régime tunisien s’effondre suite a la fuite du président Zine el-Abidine Ben Ali, chassé par la population qui avait crié pendant des semaines « Dégage » dans la rue. Les Tunisiens revendiquent principalement la création de plus d’emplois notamment pour les jeunes, plus de libertés ainsi qu’une démocratie stable. A l’issue des mobilisations, les tunisiens ont obtenus la démission de nombreux hauts fonctionnaires appartenant au gouvernement de Ben-Ali. La Tunisie est entrée dans un processus de transition démocratique pacifique, ils ont même été « félicités par la communauté internationale et récompensés par un prix Nobel de la paix » pour cela. (Le figaro, 2016).

Quelques semaines après ces évènements en Tunisie, c’est au tour du peuple Egyptien de se soulever, influencé par les mouvements de protestations qui ont eu lieu en Tunisie. Les raisons des révoltes en Égypte sont similaires a celles de la Tunisie : la corruption, le fort taux de chômage, les prix qui augmentent… (Jailan Zayan, 2011). Les mobilisations populaires ayant eu lieu en Egypte vont, cette fois, pousser le Raïs égyptien à quitter le pouvoir avec le départ du président Hosni Moubarak. La population égyptienne va alors élire un nouveau président : le maréchal Al-Sissi qui va mener le pays presque de la même façon que son prédécesseur, Moubarak. Il n’y a cette fois ci pas de transition vers un régime démocratique car l’Egypte passe d’une dictature a une nouvelle dictature.

Enfin, c’est le peuple syrien qui va également déclencher un énorme mouvement de protestation dans la rue contre le régime baasiste mis en place par Bachar el-Assad. Les conséquences du printemps arabe en Syrie sont catastrophiques : le mouvement qui était à la base pacifique, bascule rapidement vers une guerre civile qui fait des centaines de milliers de morts. Cette révolte aboutit malheureusement au transfert du pouvoir à l’armée, ce qui va a l’encontre de la volonté des manifestants. En outre, la Syrie va également faire l’objet d’une transition vers un nouveau régime, sans pour autant que le pays se démocratise contrairement à la Tunisie.
En somme, nous voyons bien que la Tunisie est « le seul qui s’est engagé dans une véritable transition vers la démocratie depuis 2011. » (Le Devoir, 2014)
2) Approche institutionnelle : quels sont les situations démocratiques dans ces trois pays avant les révoltes ?
« Les cyniques disaient que les Arabes n’étaient pas faits pour la démocratie. Les complaisants nous préparaient à un pouvoir durable des islamistes au Maghreb et au Proche-Orient. Tous se fourvoyèrent… » (Frédéric Encel, 2014). L’approche institutionnelle « se base sur les comportements des acteurs et affirme la complexité de leurs relations dans et en dehors des institutions » (Gazibo, J.Jenson). Réaliser une approche institutionnelle est très intéressant pour notre travail de comparaison. En effet,
BIBLIOGRAPHIE

– INSITUT DU MONDE ARABE. 2010. « DECOUVRIR LE MONDE ARABE ».
https://www.imarabe.org/fr/decouvrir-le-monde-arabe/histoire

– « PRINTEMPS ARABE, en bref », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 1 novembre 2019. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/printemps-arabe/

– Gazibo, M. Jenson, J. 2004. \”La Politique comparée : fondements, enjeux et approches théoriques\”. Université de Montréal. p30.

– Frédéric Encel, 2014. Géopolitique du printemps arabe Presses

– Antoine Basbous, 2011. «Le tsunami arabe». Fayard. p1

– S Nguefack, 2018. « Tunisie : Mohamed Bouazizi, l’immolation qui a déclenché le printemps arabe » Décembre, 2018. https://tambour.agoraafricaine.info/2018/12/17/17-decembre-2010-tunisie-mohamed-bouazizi-limmolation-qui-a-declenche-le-printemps-arabe/

– Jailan Zayan, 2011. « AFP – Egypt braces for nationwide protests » [archive], AFP, 25 janvier 2011

– Dumas Maryline, 2016. « Après le Printemps arabe, la transition démocratique difficile pour les Tunisiens ». Le Figaro. Janvier 2016. https://www.lefigaro.fr/international/2016/01/13/01003-20160113ARTFIG00261-apres-le-printemps-arabe-la-transition-democratique-difficile-pour-les-tunisiens.php

– Jean-Frédéric Légaré-Tremblay, 2014. « L’exception tunisienne ». Le Devoir. Décembre 2014. https://www.ledevoir.com/monde/afrique/425559/printemps-arabe-l-exception-tunisienne