L’image corporelle – Les problèmes de poids

« L’image du corps humain, c’est l’image de notre propre corps que nous formons dans notre esprit, autrement dit, la façon dont notre propre corps nous apparaît à nous-même »(P. Schiller, 1935)
L’adolescence est caractérisée par une dualité corps-psyché. Le corps devient objet d’investissement dans cette période, l’image du corps est donc le résultat de cet investissement. Cette enveloppe corporelle est une représentation symbolique ayant pour objet la constance cette image ainsi de sa propre réalité ou (la réalité de soi). Amenant à dire que l’image corporelle est une perception qui agit sur le corps. (Houari Maidi.)
Afin d’éclaircir nos recherches on va commencer en premier lieu par définir l’image du corps à travers différentes approches et différents auteurs afin de pouvoir expliquer que cette image corporelle n’est pas qu’une entité physique, c’est aussi et surtout la manifestation principale d’un « soi »et donc montrer la relation entre ces deux notions « l’image du corps » et « l’image de soi » .
L’image du corps rallie des aspects cognitifs comme « les perceptions que l’on entretient à l’égard de notre corps et les expériences corporelles » et des aspects émotionnels touchant le plaisir ou le déplaisir, et la satisfaction ou l’insatisfaction que l’on développe face à l’apparence du corps et à ses fonctions (Davis 1997). Il est essentiel de préciser que ces deux aspects sont parfaitement subjectifs, et peuvent être très réaliste ou encore très écarter de la réalité.(Vinette,S.2001)
L’image corporelle englobe l’ensemble les perceptions et représentations qui nous permettent de porter un jugement sur la valeur de notre corps à travers des propriétés physiques tel que le poids et la taille, mais également selon différents affects qui font partie de nous. (Bruchon- Schweitzer, 1990). Cette image du corps est considéré comme un bâti multidimensionnel ( slade,1994) ,qui regroupe deux grandes composantes : « une composant perceptuelle» qui signifie la manière dont nous percevons notre corps , et « une composante attitudinale » qui réunit les affects que nous ressentons pour notre corps , Selon Thompson, Heinberg, Altabe & Tantleff-Dunn (1999, p.4). Cette dernière composante réunit attitudes, sentiments, émotions et jugements de valeur envers notre soma , peut être accompagné par l’insatisfaction corporelle (Cash, 2002 ; Grognan, 2008) qu’on va développer dans la seconde partie de notre étude .
Par ailleurs l’image du corps suit le chemin entre le somatique et le psychique, dans la mesure où le l’histoire du sujet se grave
dans le corps. Ce vécu réunit sentiment de soi et représentation mentale de soi. (Schilder,1950) .
Lorsqu’on parle d’image corporelle, on est dans l’obligation d’évoquer l’image inconsciente du corps propre à chacun. il s’agit d’une image intérieure, autre de celle qui se projette dans le miroir . « une représentation psychique dont les sources sont étayées par les sensations proprioceptives ». Cette image ressort à travers la sensation de soi et d’expériences riche en émotions : elle crée le « sentiment de Soi » (Dolto, 1984).
Cette « image inconsciente du corps» ne doit pas être confondu avec la notion de schéma corporel, qui représente une conception neurologique et anatomique du corps . en effet le shéma corporel est une entité indépendante de la vie affective et renvoit à une représentation cognitive du corps. L’image inconsciente du corps est en relation étroite avec les fonctions biologiques.
« Au moment du développement de ces fonctions biologiques, l’attention du bébé est attirée sur des zones partielles de son corps, particulièrement celles permettant d’échanger avec l’entourage (bouche, regard…), ainsi le degré d’investissement de ces zones façonnera son image du corps. Dolto précise que cette image est la synthèse vivante de nos expériences émotionnelles interhumaines, répétitivement vécues à travers les sensations érogènes et historisées du corps » (Maria de la Almudena Sanahuja e,Patrice Cuynet,2012) .
Le sujet parvient à s’édifier sa propre image du corps vécu et plonge dans une permanence identificatoire grâce aux interactions qu’il entretient avec le monde extérieur et à l’aide des va-et-vient qu’il maintient avec autrui ce qui lui permet de séparer le moi du non-moi . ainsi, l’individu va percevoir son corps comme barrière entre l’intérieur et l’extérieur suivant la théorie du «Moi-peau » d’Anzieu (1985).
Afin de mieux comprendre le concept du « moi-peau », nous allons vous présentez quelques clarifications tu terme, tirées du livre d’Anzieu, en 1985;
« 1-Le Moi-peau est une structure intermédiaire de l’appareil psychique : intermédiaire chronologiquement entre la mère et le tout-petit, intermédiaire structurellement entre l’inclusion mutuelle des psychismes dans l’organisation fusionnelle primitive et la différenciation des instances psychiques correspondant à la seconde topique freudienne (op. cit., p. 26).
2. Par Moi-peau, je désigne une figuration dont le Moi de l’enfant se sert au cours des phases précoces de son développement pour se représenter lui-même comme Moi contenant les contenus psychiques, à partir de son expérience de la surface du corps »((Anzieu, 1985)
Selon Anzieu (1987) différentes pathologies peuvent émaner par des altérations de l’enveloppe psychique du moi. Ces altérations sont généralement présentes lors des chamboulements et changements vécu à la puberté et en d’autres terme pendant l’adolescente qui est notre principal objet d’études .
En revanche l’image de soi, est une variable indépendante du rapport qu’à l’adolescent avec sa relation au miroir, le miroir dans sa fonction propre ou matérielle, ou dans sa fonction symbolique( le regard de l’autre). C’est à travers cette relation image de soi et regard extérieur de l’autre que l’individu se construira une personnalité ou une identité. (Houari Maïdi)
Afin de mieux comprendre le concept de l’image de soi, nous allons donner une définition de ce terme : Selon Argyle l’image de soi est l\’ensemble des représentations qu’à l’individu sur lui-même, y compris sa position (métier, classe sociale, etc.), son caractère et son corps. Ces idées propres sont alors constituées à partir des fonctions que les sujets s\’approprient de façon plus ou moins consciente et qu\’il intègre au fur et à mesure comme partie intégrative de leur Moi (Perrine FERRAND, 2012).
A travers une légère analyse de ces deux concepts, on peut en déduire que l’image du corps fait partie de l’image de soi , cette dernière est donc une composition de soi et d’autrui ,Une illusion devenue réelle qui se construit après chaque passage devant le miroir ou devant un regard. (J.D. Nasio, 2007). Cette image n’est pas uniquement ce que nous voyons face au miroir, mais également ce que les autres voient en nous. Comme dirait Berkeley: « être c’est être perçu ».