Qu’est ce que le bonheur philosophie dissertation

Atteindre le bonheur est une préoccupation majeure de l’humanité et l’étude du cheminement menant a cet état est une question qui interpelle nombreux philosophes. Se demander s’il faut être soi-même pour être heureux se n’est pas se demander si l’identité d’un individu lui permet d’être heureux mais c’est se demander si être en harmonie avec soi-même est une condition nécessaire a l’obtention du bonheur. Spontanément, on aurait tendance à penser qu’il faut nécessairement être soi-même pour être heureux car le bonheur est un état d’esprit de celui qui vit en harmonie avec lui-même et avec le monde qui l’entoure. Toutefois, ce peut-il que cette condition nécessaire n’en soit pas une car le bonheur est indépendant de l’homme ? Autrement dit, faut-il penser que le bonheur correspond à l’harmonie avec soi-même, ou au contraire faut-il penser que le bonheur est un état de satisfaction totale et durable lié au destin ?

Une conception possible du bonheur, C’est l’état d’esprit de celui qui vit en harmonie avec lui-même et avec le monde qui l’entoure. C’est pourquoi, pour être heureux, il faut être soi-même. Mais être en harmonie avec soi-même, c’est établir une paix intérieure que rien ne vient troubler au sein de soi. Toutefois, si on s’y intéresse plus en détails, définir ce qu’est le ‘‘soi’’. Socialement parlant, on peut définir le ‘’soi’’ par un nom, une identité légale et judiciaire, une date de naissance… Mais cette définition du ‘’soi’’ est obsolète dans le contexte que nous essayons d’aborder. En effet, une personne sans papier n’existe légalement pas, mais peut quand même être soi-même. Le ‘’soi’’ ne fait pas référence au physique mais plus à l’immatériel. On s’intéresse donc à la conscience. Le mot conscience est dans la notion du sujet. Au sens littéral du terme, c’est ce qui s\’oppose à l’objet, c’est ce qui est permanant, qui demeure stable sous les accidents donc sous les modifications des caractères seconds définissant le sujet. Quand on change un de nos caractère physique, comme la coupe de cheveux, on reste le même. Dans les questionnements sur l’identité, les qualités premières et secondes sont des outils. Qu’est-ce qui de vous est identitaire, considéré comme essentiel.

La même procédure peut s’appliquer à un être en particulier, on a donc un rapport entre identité personnelle et bonheur. Quoi, selon vous, fait en sorte qu’une personne peut atteindre le bonheur ? Si on change la cause de cette atteinte, reste-elle

la même personne ? On devient quelqu’un d’autre, on n’est plus soi-même si on perd une qualité première ‘’A’’. Ce sans quoi A n’est pas A sont des éléments fondamentaux, que si on les ignore, on ne peut pas savoir qui nous sommes. Les qualités premières sont ici pour définir le ‘’soi’’, pour définir ce qu’est l’être individuel à partir de soi. Platon pense la chose suivante. Si quelque chose demeure identique à soi dans le temps, on va essayer de déterminer quelles sont les qualités premières de la chose. Si notre pensée évolue, nous somme encore l’auteur de la pensée précédente, quelque soit notre opinion actuelle. C’est la conscience, ou le sujet pensant qui reste. Il faut au moins un ‘’JE’’ qui unifie mes représentations. On passe donc chaque instant de notre vie à essayer de savoir qui nous sommes en tant qu’individu, pour pouvoir trouver un bonheur absolu et être heureux. On peut croire être heureux, mais ce n’est pas le cas, du moins sans exclure le coté ‘’durable’’ de la définition du bonheur. Une personne à 20 ans est toujours soi-même à 60 ans même si les choses pouvant l’amenée au bonheur changent. C’est ainsi que la connaissance de ce ‘’JE’’ sur une temporalité restreinte permet la découverte du cheminement amenant au bonheur et de ce fait l’établissement d’une harmonie entre matière (corps), esprit (âme) et la notion de ‘’JE’’, qui cependant reste temporelle et donc montre que le bonheur n’est pas atteignable car le cheminement menant au bonheur est évolutif au fil de la vie de chaque individu. On peut aborder la notion d’ataraxie, signifiant ‘’l’absence de trouble dans l\’âme, sérénité de celui qui maîtrise son esprit’’. Les stoïciens, mais aussi les épicuriens considèrent que le bonheur est basé sur ce concept. Ainsi, le bonheur désigne un état de plénitude au sein duquel ne subsistent ni frustrations, ni angoisses.

Satisfaire ses désirs, c’est faire en sorte d’obtenir ou de réaliser l’objet du désir, ce vers quoi me « pousse » cette force psychique qu’est le désir. On peut déduire de ces définitions le fait que le bonheur est incompatible avec la présence de désirs insatisfaits. C’est pourquoi la satisfaction de ses désirs est indispensable pour être heureux. Mais avant de les satisfaire, ne faut-il pas les connaitre ? Pour connaitre ses désirs, il faut se connaitre soi-même. Être soi-même, pour ne serait-ce que savoir quoi combler, devient donc indispensable, nécessaire au bonheur.

Cependant, ces désirs conscients sont souvent une forme modifiée, adoucie de tendances cachées, profondes, qui, comme nous dit Freud, par leur violence ou immoralité culpabilisante, ne se présentent pas en toute transparence a la conscience, nous avons donc l’impression de se tromper sur l’objet de nos désirs. Par exemple, Schopenhauer dit dans Le monde comme volonté et comme représentation : ‘’Nous pouvons caresser un souhait pendant des années entières, sans nous l’avouer, sans même en prendre clairement conscience ; c’est que l’intellect n’en doit rien savoir, c’est qu’une révélation nous semble dangereuse pour notre amour-propre, pour la bonne opinion que nous tenons à avoir de nous-mêmes ; mais quand ce souhait vient à se réaliser, notre propre joie nous apprend, non sans nous causer une certaine confusion, que nous appelions cet événement de tous nos vœux ; tel est le cas de la mort d’un proche parent dont nous héritons.’’. C’est un exemple parfait d’un désir que la conscience ne veut pas s’avouer éprouver, il devient même inconscient, indépendant de nous. C’est pourquoi être soi-même n’est pas une condition nécessaire au bonheur car ce dernier est indépendant de l’homme. Être heureux, c’est jouir du bonheur, être dans un état de satisfaction complet, durable et stable. Paradoxalement, le mot bonheur, étymologiquement parlant, signifie ‘’bonum augurium’’, « de bon augure », l’idée de « chance », de « hasard », comme si être heureux ne dépendait pas de soi. On parle ici de destin, on ne contrôle pas le bonheur a cause du facteur aléatoire des aléas et des obstacles rencontrés dans la vie de chacun. Mais on ne peut pas juste attendre que le bonheur vienne à nous. Même s’il est indépendant de l’homme, nous essayons tout de même de trouver le chemin nous menant au bonheur. On voit dans le bonheur une satisfaction totale et durable, avec absence de souffrance et de douleur. Pour être heureux, on voudrait tout avoir. Kant dit ‘’Le bonheur est la satisfaction de toutes nos inclinations tant en extension c’est-à-dire en multiplicité, qu’en intensité, c’est-à-dire en degré, et en propension, c’est-à-dire en durée.’’, ce qui veut dire que le bonheur est un état stable, et durable. Le bonheur c\’est un concept indéterminé car on ne peut pas le remplir de contenu, c’est un état d’être qu’aucune personne n’a manifesté avoir atteint. On pourrait penser que le concept de bonheur peut être remplit par le simple fait de combler ses désirs, comme par exemple nous montrerais l’étude d’un modèle hédoniste, réduisant le bonheur au plaisir et que le plaisir devient le seul but de nos actions, et que viser à satisfaire ces plaisirs devient le moyen de l’obtention du bonheur. Ainsi, l’homme épris de vérité ou de justice et sacrifiant son bonheur personnel pour viser ces biens n’est-il pas au fond heureux ? N’atteint-il pas une forme de plénitude et de satisfaction ? En effet, une fois les aspirations intellectuelles ou morales de l’homme satisfaites, celui-ci ne peut-il pas se consacrer à des plaisir plus simples et plus personnels sans maquer d’autres chose et sans se sentir indigne ? Être heureux n’est donné qu’à celui qui est d’abord moral ? On imagine mal ceux qui acquièrent le bien-être immoralement être « heureux ». Mais le bonheur est quelque chose de subjectif, qui suggère la suppression de nos désirs. Le bonheur réside dans l’action de désirer, ‘’Malheur à celui qui n’a plus rien à désirer’’ disait Rousseau. Les désirs sont indépendants de l’homme, de plus, l’état de désirer se suffit à lui-même car on voit devant nous un bonheur possible, on exprime même de la jouissance lorsque nous désirons, car on procède à une idéalisation de notre bonheur. Le bonheur est donc l’amplification de nos désirs, qui embellissent le réel pour aider notre esprit à mieux le supporter (peur de la mort, du temps qui passe, etc…). L’absence de souffrance du corps et l’absence du trouble de l’âme, donc l’ataraxie et l’aponie selon Epicure, nous donne l’état d’équilibre du corps et de l’âme, correspondant au bonheur, et qu’il faut fuir les désirs démesurés car ils sont difficiles à satisfaire et créent plus de trouble que de sérénité et au contraire de satisfaire les désirs simples qui permettent d’attendre ce bonheur stable.

Enfin, ce sentiment de bonheur n’est qu’une illusion, confondue avec joie ou plaisir ponctuel. Il faut distinguer bonheur, plaisir, et joie. Le plaisir est une sensation (voir un sentiment) de satisfaction éphémère, alors que le bonheur est considéré comme quelque chose de permanant, qui dure et qui est stable, une sorte de plaisir permanent. Le bonheur est plus une manière d’être, un état d’âme. Paradoxalement, certains hédonismes font du plaisir le fondement du bonheur. Le bonheur se distingue de la joie, qui elle est une émotion ponctuelle, la plupart du temps éprouvée suite a attente ou une espérance. Finalement, on arrive même à se poser la question de savoir si l’Homme est capable d’apprécier ses états de satisfaction et à se demander si l’homme est capable de et s’il possède les facultés nécessaires pour être heureux. La conscience humaine a tendance à s’attacher a ce qui lui manque plutôt qu’à ce qu’elle possède. On dit toujours qu’un homme malheureux a tout pour être heureux. Schopenhauer insiste sur le fait que l’homme se trouve souvent incapable d’apprécier le sentiment lié à la satisfaction du désir. L’être humain oscille ainsi entre la souffrance du manque et l’ennui de la satisfaction. Schopenhauer donc dis que le bonheur est une illusion : ‘‘Il n’y a qu’une erreur innée, celle qui consiste à croire que nous existons pour être heureux.’’. Le bonheur procuré par des plaisirs superficiels est selon Descartes un bien illusoire, elle ne satisfait pas assez profondément l’âme. Kant oppose aussi le devoir et le bonheur, la recherche du bonheur est incertaine étant donné qu’on ne sait pas ce qui nous rends heureux car le phénomène de bonheur est inatteignable, alors que la voie du devoir est toujours sûre de ce qui est bien. De plus, faire son devoir exige une volonté bonne, mais qui n’a aucun lien avec la poursuite du bonheur. Mieux vaut donc, pour Kant, vouloir faire son devoir que chercher à atteindre le bonheur, qui n’est qu’une illusion. C’est la raison pourquoi personne n’a encore atteint le bonheur, on se satisfait du plaisir et de la joie sur des périodes temporelles limitées.

Pour conclure, tout ce raisonnement nous a permis de cerner la nécessité d’être soi-même pour être heureux. Nous venons de voir que le bonheur est l’état d’esprit de celui qui vit en harmonie avec lui-même et qu’elle nécessite l’étude profonde du ‘’soi’’, qui peut s’avérer ambiguë car la définition du ‘’soi’’ n’est pas absolue mais dépend de chaque individu, elle est subjective. Mais le bonheur n’est pas une causalité de cette harmonie, comme nous l’avions cru au début, mais on retrouve le destin comme un facteur du bonheur, ainsi que le hasard, paradoxale avec la notion de stabilité apportée par ce bonheur. Finalement, on se rends compte que le bonheur est indépendant de l’homme, et que ce sentiment n’est qu’une illusion, que le bonheur est inatteignable, c’est un idéal qui se distingue de la joie et du plaisir ponctuel. On ne peut donc atteindre le bonheur total, même avec l’étude de soi-même.