L’adhésion du Maroc à la CEDEAO : quels apports pour l’économie marocaine?

Introduction :
I. Chapitre : présentation de la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest la CEDEAO
1. Création objectifs et principes fondamentaux
2. Le fonctionnement institutionnel de la CEDEAO
3. Economie de la CEDEAO :
4. la vision 2020
II. Chapitre : la demande d’adhésion du Maroc à la CEDEAO :
1. La politique africaine du Maroc
2. Le processus d’adhésion :
III. Chapitre : les apports de l’éventuelle adhésion à la CEDEAO à l’économie marocaine :
1. Les échanges commerciaux :
a. Etat des lieux :
b. Perspectives :
2. Coopération gagnant-gagnant :
3. Le projet de gazoduc :
4. Le rôle joué par la logistique :
IV. Chapitre : les défis post-adhésion pour le Maroc :
1. Défis de l’immigration :
2. Autres Défis :
a. Harmonisation de la politique commerciale
b. Projet de la monnaie unique

Conclusion

Introduction :

Le 24 février 2017, le Maroc a déposé officiellement sa demande d’adhésion à la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest CEDEAO, et passera ainsi du statut d’État observateur à celui de « membre à part entière ». Cette demande est venue un mois après le retour du royaume à l’union africaine en 30 janvier 2017 à Addis Abeba et le discours historique de sa majesté le roi Mohammed VI, comme un acheminement logique des faits.

Dans la lettre transmise à la présidente en exercice de la CEDEAO à l’époque, la libérienne Ellen Johnson Sirleaf, le Maroc a mis en exergue ses liens forts aux niveaux politique, humain, historique, religieux et économique avec les états membres de cette communauté, des liens qui se sont fortifiés avec les 23 visites royales dans 11 pays de la région. Sans considérer les centaines de contrats d’investissement signés juste après

.En réponse à cette demande, la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, lors de sa 51ème session ordinaire tenue le 4 juin 2017 à Monrovia au Libéria, a donné son accord de principe pour l’adhésion du Maroc à l’Organisation régionale.
Cette démarche s’inscrit dans une vision d’internalisation de l’économie marocaine qui s’est tournée principalement vers cette région. En 2015, le Maroc fut le premier investisseur africain dans l’Afrique de l’ouest, ces investissements concernent principalement le secteur bancaire, de télécommunication, d’assurance, les organismes financiers, l’industrie et le holding et l’immobilier. Dans la même année il a généré un excèdent commerciale de l’ordre de 1,8 milliard DH (les exportations ont atteint 1,9 milliard DH contre 112 millions DH à l’importation).

Sur le plan géopolitique et alors que le Maroc a gelé sa participation

à l’Union du Maghreb Arabe (UMA), l’intégration du Maroc représentera en 2030 un ensemble qui comptera parmi les dix premiers de la planète, tout en se conformant avec l’orientation donnée par l’union africaine qui veut que chaque état ne soit, à terme, membre que d\’une seule et unique Communauté économique régionale. En fait, dans l’ère de la globalisation et du renforcement des grandes puissances, tout pays de la taille du Maroc fait face au risque d’être à l’écart s’il ne s’intègre pas à une entité géographique remarquable telle que la CEDEAO.

Regroupant 16 pays liés par un accord multilatéral, la CEDEAO est considérée comme l’un des plus importants piliers de la communauté économique africaine, elle a pour objectif la promotion de la coopération et l’intégration dans la perspective d’une Union économique de l’Afrique de l’Ouest, en vue d’améliorer le niveau de vie de ses citoyens et de maintenir et d’accroître la stabilité économique. Après 44 ans, ce bloc régional a enregistré d’importants progrès, notamment, en matière d’harmonisation des politiques nationales et de promotion du commerce dans l’espace communautaire, ce qui révèle un vrai gisement d’opportunités, de diversification de la base exportatrice et de création de valeur ajoutée pour le Maroc.

Bien qu’elle représente plusieurs avantages pour son économie, cette adhésion peut exposer le Maroc à plusieurs défis. Dans le présent travail j’essayerai, dans un premier temps, de présenter d’une manière générale la CEDEAO, sa genèse, ses institutions, ses principes fondamentaux, etles grandes lignes de sa vision 2020.

Après je vais donner un aperçu sur la nouvelle vision du Maroc qui s’est tourné principalement vers l’Afrique en l’occurrence l’Afrique de l’ouest, je parlerai de la présence des grandes entreprises marocaines dans la région telles que BMCE BANK OF AFRICA, Attijariwafa BANK, BCP, Saham assurances, ONEE ou encore Maroc Telecom. Puis une partie sera consacrée au processus d’adhésion suivie.
Le chapitre suivant va traiter l’essence même du sujet en répondant aux questions : quelle valeur ajoutée pour l’économie marocaine si le pays devient membre à part entière de la CEDEAO ?ce que gagneront les économies de la communauté en contrepartie ?et quel est le rôle joué par la logistique et l’infrastructure logistique du Maroc ?

Enfin je vais mettre en lumière les principaux défis poste adhésion auxquels le Maroc fera face allant du défis de l’immigration comme principal chalenge, à l’instauration d’un tarif extérieur commun (TEC) identique à celui en vigueur dans l’espace ouest africain depuis janvier 2015 et à l’harmonisation des politiques sectorielles surtout dans la perspective de l’instauration de la libre échange et l’adoption d’une monnaie commune à l’horizon 2020.

V. Chapitre : présentation de la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest la CEDEAO

1. Création, objectifs et principes fondamentaux

La communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest a été créée le 28 mai 1975 par le traité de Lagos, qui était signé par quinze pays : Bénin, Burkina Faso, Côte d’ivoire, Gambie, Mauritanie, Guinée, Guinée Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo et Ghana. Le Cap-Vert a rejoignit la communauté en 1976, alors que la Mauritanie a décidé de la quitter pour rejoindre l’union du Maghreb arabe (UMA) en 2000. Néanmoins le projet de création de la communauté remonte à 1964, et c’est le président libérien W.TUTBEMA qui en a lancé l’idée.

Après les difficultés qu’a connues la CEDEAO depuis sa création et qui l’ont empêché de réaliser les objectifs fixé par le traité fondateur. En 1991, le sommet des Chefs d’Etats de la CEDEAO a reconnu la nécessité de procéder à la révision du traité du Lagos afin de redynamiser le processus d’intégration régionale. Le sommet a créé un comité d’éminentes personnalités chargé d’étudier la situation, de définir les principaux acteurs à l’origine de l’échec et de faire les recommandations appropriées pour réviser les dispositions du traité, ce qui a conduit à l’amendement du traité de Lagos, en juillet 1995 à Abuja.

Désormais, la CEDEAO s’est fixée comme objectif la réalisation de l’intégration régionale entre les pays membres, non seulement sur le plan économique mais également sur le plan social. «La communauté vise à promouvoir la coopération et l’intégration dans la perceptive d’une union économique de l’Afrique de l’ouest en vue d’élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et d’accroitre la stabilité économique, de renforcer les relations entre les Etats Membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain» .
Ces objectifs peuvent être regroupés autour de deux grands axes :
 Objectif fondamental : la mise en place d’un marché commun
 Objectif ultime : la mise en place d’une union économique et monétaire

Chaque intervention de la part de la CEDEAO se réalise dans le respect des principes inscrits dans le traité d’Abuja auxquels les états membres ont solennellement déclaré leur adhésion.
Il s’agit de :
 Egalité et interdépendance des Etats membres.
 Solidarité et autosuffisance collective.
 Coopération inter-Etats, harmonisation des politiques et intégration des programmes
 Non-agression entre les Etats membres
 Maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité régionale par la promotion et le renforcement des relations de bon voisinage ;
 Règlement pacifique des différends entre les Etats membres, coopération active entre pays voisins et promotion d’un environnement pacifique comme préalable au développement économique ;
 Respect, promotion et protection des droits de l’Homme et des peuples conformément aux dispositions de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ;
 Transparence, justice économique et sociale et participation populaire au développement
 Reconnaissance et respect des règles et principes juridiques de la Communauté
 Promotion et consolidation d’un système démocratique de gouvernement dans chaque Etat membre tel que prévu par la Déclaration de Principes Politiques adoptée le 6 juillet 1991 à Abuja;
 Répartition juste et équitable des coûts et des avantages de la coopération et de l’intégration économiques.
Ces principes, sont accompagnés d’un engagement de la part de chaque état à créer un climat favorable à la réalisation des objectifs fixés par la communauté en prenant toutes les mesures appropriées, et à honorer les obligations prises dans le cadre du traité. Or, la mise en œuvre de tous cela dépend fortement de la mise en place d’une structure institutionnelle dotée d’une organisation efficace et efficiente et des moyens appropriés.

2. Le fonctionnement institutionnel de la CEDEAO

Le régime institutionnelle d’une organisation qu’elle soit régionale ou autre, révèle le schéma d’intégration qu’elle vise mettre en œuvre. A cet effet la CEDEAO est composée de trois grandes instances : l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire.

Au sommet de ce régime se trouve la Conférence des Chefs d’état et de Gouvernement, l’organe suprême de la communauté. Elle est composée des chefs d’état et/ou de gouvernement des états membres, son président est désigné par les autres chefs d’état et de gouvernement pour gérer les affaires de l’organisation pour une période d’une année.

La principale mission de la conférence est de dicter les principes directeurs et contrôler le fonctionnement de la communauté, de prendre également toutes les mesures garantissant le développement progressif et la réalisation des objectifs. Elle se réunit en session ordinaire au moins une fois par année ou en session extraordinaire sur l’initiative du président ou à la demande d’un état membre pourvu que cette demande soit approuvée par la majorité simple des états membres.
Séparément de son pouvoir de nomination du président de la commission et des commissaires aux comptes, les fonctions de la conférence d’état et de gouvernement ont trois principaux aspects :
 Une fonction d’impulsion et d’orientation : elle définit la politique générale, les principales orientations, et les directives de la communauté ;
 Une fonction de contrôle : elle assure le contrôle du fonctionnement des institutions de la communauté et la mise en œuvre des objectifs de la communauté ;
 Une fonction normative : elle prend des actes additionnels qui complètent le traité.
Le ministre chargé des affaires de la CEDEAO dans le pays du président de la conférence devient automatiquement le président du conseil des ministres, qui est composé principalement par les ministres des états membres. Crée par l’article 10 du Traité révisé, le conseil joue un rôle d’assistance auprès de la conférence, c’est un organe de suggestion et d’animation qui veille sur le fonctionnement et le développement de la communauté. Il a pour objectif l’éclaircissement de la conférence avec laquelle il entretient des rapports hiérarchiques.

En ce qui concerne ses responsabilités, le conseil des ministres a :
 Un pouvoir de nomination : des fonctionnaires de la communauté à l’exception du président de la commission qui est nommé par la conférence
 Un pouvoir d’autorisation : il autorise les programmes de travail et approuve également les budgets et l’organigramme, et de la communauté et des autres institutions ;
 Un pouvoir d’initiative : il peut formuler des recommandations, quant à la réalisation des objectifs de la communauté, à la conférence des chefs d’états et de gouvernement qui détient le pouvoir constitutif
 Un pouvoir normatif : il édicte des règlements, prend des décisions ou formule des suggestions et des avis.
Le conseil se réunit en session normale deux fois par année, une des deux sessions précède celle de la conférence des chefs états et de gouvernement immédiatement. Sur la convention de son président ou à la demande d’un état membre, il peut se réunir en session extraordinaire.

L’exécutif de la communauté est dirigé par le président de la commission de la CEDEAO qui est nommé par la conférence pour une période de quatre ans non renouvelable, et assisté par un vice-président et 13 commissaires. Cet organe était institué le 14 juin 2006 , qualifié de permanent il est chargé de :
 La défense des intérêts de la communauté
 Faire des recommandations à la conférence et au conseil des ministres en ce qui concerne la promotion et le développement
 Se prononcer sur les grandes politiques des états membres et de la communauté
 Adopter des règlements d’exécution des actes édictés par le conseil des ministres
 Conclure des accords de coopération avec des tiers
L’organe l’législatif du bloc régional est le parlement. Crée par le protocole A/P.2/8/94 le 6 août 1994, il est conçu pour être « une assemblée des populations de la Communauté » , il est dirigé par un président et comprend cent vingt sièges. Chaque état au minimum dispose de cinq sièges, soit au total quatre-vingt, le reste est répartit proportionnellement à la démographie des Etats membres. La Conférence détient le droit de revoir cette répartition.

Le Parlement de la communauté joue un rôle purement consultatif, contrairement aux parlements nationaux. Il s’intéresse principalement au respect de droits de l’homme et des libertés fondamentales, il fait des recommandations aux différents organes de la communauté, et peut être saisie pour donner ses avis concernant les politiques sectorielle, sociale et la révision du Traité.

Le Parlement siège en session normale au moins deux fois par an, ces sessions durent trois mois au maximum. Or, sous la demande de la majorité absolue des députés ou encore de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement, le Parlement peut également se réunir en session extraordinaire afin de traiter une question spécifique.

La cour de justice est l’organe judiciaire de la communauté, ayant son siège à Abuja, elle se compose de sept juges indépendants qui sont désignés par la Conférence à travers une liste comprenant deux juges proposés par chaque état de la CEDEAO.
« Assurer le respect du droit et des principes d’équité dans l’interprétation et l’application du Traité ainsi que des protocoles et Conventions annexes et d’être investie de la responsabilité de régler tout différend pouvant lui être soumis conformément aux dispositions de l’Article 76 alinéa 2 du Traité ainsi que les différends pouvant surgir entre les Etats membres et les Institutions de la Communauté », ainsi est la mission de la Cour de de la justice de la CEDEAO. Elle est en charge du contentieux de la déclaration, du contentieux de l’annulation, du contentieux de pleine juridiction et finalement du contentieux de l’Homme.

Toutes ces fonctions sont assurées par le Greffier en chef, assisté d’autres professionnels.
La CEDEAO dispose également des institutions et comité techniques spécialisés. Il s’agit des institutions spécialisés et autonomes de la communauté qui ont pour principale mission le traitement des questions économiques et monétaires (BIDC et AMAO), et des organes inter-gouvernementaux appelés commissions techniques spécialisées.
Pendant sa vingtième session les 9 et 10 septembre 1999, la conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement a décidé de transformer le Fond de la CEDEAO qui a vu le jour afin d’accompagner les états membres en leur finançant leurs projets et leur indemnisant dans le cas d’une perte subite, en une société holding régionale dénommée Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC). Cette décision est venue pour renforcer les ressources financière du Fonds, en ouvrant son capital aux partenaires non régionaux. La Banque n’est devenue opérationnelle qu’en 2004 et possède deux filiale spécialisées : le Fonds régional de développement de la CEDEAO (FRDC) et la Banque régionale d’investissement de la CEDEAO (BRIC).

L’Agence monétaire de l’Afrique de l’ouest a été créée le 24 juillet 1993. La mission de l’AMAO consiste à mettre en œuvre le programme d’intégration monétaire qui doit aboutir, à l’horizon 2020, à la création d’une monnaie unique en Afrique de l’ouest.
Pour faire réussir ce programme, l’AMOA est chargée de :
 La promotion de l’utilisation des monnaies nationales des Etats membres dans le cadre du commerce régional et d’autres transactions
 La réalisation des économies dans l’utilisation des réserves extérieures des Etats membres
 L’aide des Etats membres à harmoniser et à coordonner leurs politiques monétaires et fiscales en plus de leur programme d’ajustement structurel
 L’encouragement de l’application par les Etats membres des politiques macroéconomiques, permettant d’avoir des taux de change et des taux d’intérêt déterminés par le marché dans le cadre du commerce-intra-régional

Finalement on trouve les commissions techniques spécialisées. L’article 22 du Traité prévoit la création de huit commissions techniques dans les domaines : administration et finances, douane, commerce, affaires politiques, transport, communication, tourisme et autres . En tant qu’experts, ces commissions assurent la préparation des travaux des autres organes de la CEDEAO. La conférence conserve le droit de créer de nouvelles commissions si nécessaire, chaque commission de sa part conserve celui de créer d’une sous-commission afin l’aider dans l’accomplissement de ses objectifs.
A travers cet arsenal mis en place, la CEDEAO vise à atteindre tous les objectifs fixés par le Traité fondateur établit à Lagos et révisé à Abuja.

3. Economie de la CEDEAO :

S’étalant sur une superficie de 5, 114,240 km², le CEDEAO abrite plus de 335 millions d’habitants avec 50% de jeunes à moins de 19 ans. Selon les prévisions, cette population risque de doubler à l’horizon 2050 vu le taux de fécondité élevé dans la région (5,6 enfants par femme).
Parmi les quinze pays membre de la communauté 5 sont anglophones, 2 lusophones et le reste est francophone.
Entre 2012 et 2015, plusieurs pays de l’afrique de l’ouest ont enregistré une forte croissance. Cependant, en 2016 la croissance s’est figée à environ 0,5%. Meme si certain pays ont connu une forte croissance à l’égard de la Côte d’ivoire et du Ghana (environ 9%), le ralentissement au Nigeria a fait chuter la moyenne de l’Afrique de l’ouest vu la taille de son économie par rapport à la région.

Figure 1 taux de croissance du PIB réel 2016-2019
en 2017, la croissance régionale a pris un nouvel élan en atteignant 2,5% en moyenne. Elle s’élèvera à 3,6% en 2018 et 3,8 en 2019. Ces soutenances sont soutenues par la performance attendue du Nigéria. La côte d’ivoire et le Ghana ont également contribué ensemble à environ 11% de PIB régional total en 2017 et leur croissance prévue en 2018-2019 est censée soutenir la reprise du Nigeria.
Si on veut décomposer la croissance du PIB par secteur, celui des services est prédominant, sa contribution au PIB est la plus importante dans les pays clé à savoir : le Sénégal, le Nigéria, Cap Vert et la Gambie. En revanche, la contribution du secteur manufacturier (il concerne la transformation des produits primaires l’industrie légère et à la production de biens de consommation) est la plus faible à l’exception de la Côte d’Ivoire où il représente 18% du PIB en 2017.

La consommation privée est le principal moteur de croissance du côté de la demande en Afrique de l’Ouest. En 2015, la consommation privée représentait 75% de PIB le minimum de 50% a été enregistré au Cap Vert et le maximale de 102% en Sierra Leone.

Figure 3 moteurs de la croissance en Afrique de l\’ouest 2015
La prospérité économique de la région dépend essentiellement de celle des grand pays à savoir le Nigéria qui représente avec le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal 90% du PIB régional.
Le déficit budgétaire moyen de la région reste relativement stable entre 2017 et 2018. De grands efforts sont déployés par les gouvernements afin de contrôler leurs déficits budgétaires, en stabilisant le plus possible leurs dépenses publiques (il représentait respectivement en 2015 2016 et 2017, 26,4% 26,0% et 26,2%).
Le ratio dette-PIB de l’Afrique de l’ouest passe de 39,1% en 2015 à environ 40% en 2018.
Le ratio du service de la dette a vu sa valeur augmenter en 2015-2017 en raison de l’augmentation des dettes.

Figure 4 : dynamique de la dette en Afrique de l\’ouest
En termes d’échange commerciaux, ils représentaient en 2016 1,1 % du commerce mondial avec une part de 0,5% pour les exportations et 0,6% pour les importations. 10,6% des exportations et 7,8% des importations sont réalisés entre les états membres, le commerce au niveau du bloc régionale peut être qualifié d’extracommunautaire.

Figure 5 évolution des échanges commerciaux de la CEDEAO

Les exportations ont connus leur pic en 2011 en atteignant 153 milliards de dollars. Les principaux produits exportés sont ceux naturel d’origine énergétique, minière et alimentaire, les huiles brutes de pétrole occupent la première place ((61% des exportations totales de la zone en moyenne de la période 2010-2016), suivi par l’or (8%),le gaz naturel (7%) , le cacao (6%), le coton(1%) et les fruits (1%). L’Inde constitue la première destination avec une part de 17% en 2016.

Figure 6 les principaux produits exportés par la CEDEAO

De leur côté, les importations ont passé de 18 milliards de dollars en 2000 à 105 milliards en 2014, avant de baisser à 78,8% en 2016. La communauté importe principalement des huiles de pétrole (11,5%), des véhicules automobiles (4,6%), du riz (3,2%), des équipements de télécommunication (2,8%), des navires, bateaux et engin flottants (2,8%), froment et méteil 2,5%, des médicaments (2%) et des poissons (1,8%). Le premier fournisseur de la communauté avec une part de 23% est la Chine.

4. Aperçu sur la vision 2020 :

« Créer une région sans frontière, paisible, prospère et cohérente, bâtie sur la bonne gouvernance et où les populations ont la capacité d\’accéder et d\’exploiter ses énormes ressources par la création d\’opportunités de développement durable et de préservation de l’environnement.»

La conférence des chefs d’Etats et de gouvernement a adoptée, en juin 2007, une vision pour l’Afrique de l’Ouest qui vise à transformer la région « d’une CEDEAO d’Etats à une CEDAO des Peuples ». Les Etats membres ont pris conscience que, le développement des pays de la région ne sera réalisé qu’avec l’intégration régionale et l’action collective qui implique tous les citoyens de la communauté. A travers cela, ils ont réaffirmé leur détermination à perfectionner les méthodes et les performances antérieures, en adoptant des mesures axées plus sur la population qui permettent d’encourager, accélérer et stimuler la croissance et d’éradiquer la pauvreté.

La vision 2020 repose sur cinq piliers ‘’ transformationnels ‘’, et qui sont :
 Mise en valeur des ressources régionales : réaliser l’intégration régionale en perfectionnant et autonomisant le capital humain, ce qui offrira à la population un environnement prospère, paisible et sain et permettra, dans le cas échéant, un accès équitable aux ressources pour le développement humain et social.
 Paix et sécurité : l’objectif est ‘’ une Afrique de l’Ouest sécurisée et cohérente au plan social débarrassée des conflits ’’. Ce à travers :
– l’octroiement d’une place à choix à la paix et la sécurité régionale collective
– le fonctionnement efficace du système régional de défense et de sécurité qui permettra de combattre le trafic d’armes et drogues
– fournir des efforts conscients et soutenus afin d’éliminer la discrimination et l\’exclusion sociale, et d’inculquer les principes d’acceptation des diversités socioculturelles de la région.
 Gouvernance : s’intégrer dans l’espace économique continental et mondial par le renforcement et l’enracinement des institutions de gouvernance démocratique en s’appuyant sur les principes de bonne gouvernance politique et économique, de transparence et d\’obligation de reddition des comptes quant à l’utilisation des ressources publiques.
 Intégration économique et monétaire : mettre en place un marché régional unique unifié ayant une monnaie commune sous tendu par un marché financier efficace et un système de paiement intégré, une communauté où les échanges et le commerce sont réalisés sans entrave.
 Secteur privé : faire du secteur privé le moteur principal de la croissance et du développement en lui rendant plus dynamique et compétitif à vocation régionale. Il sera soutenu par un groupe efficace d’homme et de femmes d’affaire. L’objectif est de promouvoir un partenariat privé-public fort permettant de générer des richesses et soutenir le développement régional.

II. Chapitre : la demande d’adhésion du Maroc à la CEDEAO :

1. La politique africaine du Maroc

Le Maroc a adopté ces dernières années une politique expansionniste à l’égard de l’Afrique subsaharienne, cette dernière est devenue ainsi le centre de la stratégie du développement marocaine. Cela était traduit par les 50 déplacements effectués par SM le Roi accompagné d’une éminente délégation composée de ministres, de hauts responsables des entreprises publiques et d’hommes d’affaires, dans 30 pays africain en moins de cinq ans, le but est de renforcer une coopération sud-sud mutuellement bénéfique en vue d’assurer l’essor de tout le continent et la prospérité de sa population.

Le Maroc fut en 2015 le deuxième investisseur africain dans le continent et le premier dans l’Afrique de l’ouest, ce qui explique la présence conséquente des entreprises marocaines (privé, publique et semi publique) dans cet espace.

Les banques marocaines sont déjà implantées dans une bonne partie de l’Afrique. Attijariwafa bank est présente en Afrique de l’ouest dans le Sénégal, Burkina Faso, Togo, Côte d’ivoire et le Mali, ainsi qu’en Afrique centrale (Congo et le Cameroun). Les filiales du groupe ont généré un résultat net de plus de 550 millions de dirham.

De sa part, la BMCE et à travers sa filiale Bank of Africa est présente dans 18 pays africains dont 9 dans l’Afrique de l’ouest, elle projette, de plus, créer de nouvelles filiales dans 10 autres pays à l’horizon 2020.

Concernant la Banque Populaire (BCP), elle est déjà reconnue dans 12 pays africain. Afin de continuer à progresser, elle a nommé un directeur général chargé du développement à l’international notamment en Afrique subsaharienne.

Le groupe Saham assurances occupe la 8ème place en Afrique, et est le premier de son secteur à y investir, il est présent dans 19 pays du continent et vise toujours à renforcer sa place. Au Nigéria, la première économie de la CEDEAO (et de toute l’Afrique), Saham a pris le contrôle de Continental Reinsurance et détient près de 40% dans Unitrust Insurance.

Attijari de son côté, a commencé de développer sa filiale Wafa assurances sur le continent, elle s’est implantée sur quatre pays dont la Côte d’Ivoire et le Sénégal.

Parlons maintenant du domaine des services, l’Office National de l’Electricité a obtenu, en 2008, un contrat de concession pour une durée de 25 ans au Sénégal pour l’électrification des trois villes : Podor, Saint-Louis et Dagana, l’office a créé alors une filiale dénommé « ONE Sénégal».

Quant aux télécom, Maroc Telecom est présente dans 10 pays via ses filiales, elle dispose au total 54 millions de clients sur le continent. Le géant de télécoms enregistre des résultats ultra positifs qui ont soutenus ses performances et sa rentabilité.
L’immobilier et le BTP sont deux secteurs en plein essor au niveau du continent africain. Les investissements africains d’Alliance groupe, sont centrés principalement dans l’Afrique de l’ouest. A titre d’exemple, il a réalisé 640 logements livrés en 2017 en côte d’ivoire.
Le groupe dirigé par le milliardaire Anas Sefrioui, Addoha, est déjà implanté dans plusieurs pays africain à savoir la Côte d’Ivoire, Guinée, le Sénégal, Cameroun, Congo et le Tchad où il construira des dizaines de milliers de logements. Le groupe est également actif dans la cimenterie à travers sa filiale africaine, Ciment de l’Afrique (CIMAF), il est présent dans 11 pays avec 12 cimenteries et une production de 8,75 millions de tonnes.

Le groupe OCP a créé également, en 2016, sa filiale sur le continent OCP Africa qui est destinée à offrir aux agriculteurs des produits adaptés, de l’accompagnement et des solutions financières et logistiques en inaugurant des usines de production de fertilisants. Un capital de un million est prévu pour chacune de ses 14 filiales.
Managem, le groupe leader en production et valorisation des métaux, développe plusieurs projets miniers dans plusieurs pays africain notamment en Guinée, Gabon, Soudan, Congo et le Burkina Faso.

Les laboratoires marocains distribuent leurs médicaments dans de nombreux pays africain, cependant seul le groupe Sothéma dispose d’une unité de production en Afrique de l’ouest, en mars 2013 elle a lancé sa filiale West Africa Pharma à Dakar et au Sénégal. Cooper Pharma a annoncé aussi la construction de deux unités pharmaceutique en côte d’ivoire et au Rwanda.
En plus, plusieurs conventions ont été signées entre le Maroc et les pays de l’Afrique de l’ouest, dans le cadre des visites royales effectuées entre 2016 et 2017. Les plus marquantes étaient :
Au Sénégal :
– Une convention entre l’Agence sénégalaise de promotion du touristique et l’Office national marocain du tourisme dans le cadre des actions menés afin de promouvoir et de développer le tourisme dans les deux pays.
– Accord de coopération entre la société sénégalaise Tex Courrier et le groupe logistique marocain la voie express.
– Un partenariat portant sur la création d’un centre de compétences numériques au Sénégal
En Guinée :
– Une convention de coopération qui concerne un projet d’assainissement liquide de la ville de Conakry, signé par l’ONEE.
– Un projet d’aménagement hydro-agricole d’une superficie variant entre 200 et 300 ha.
– Une convention de coopération pour la réalisation de projets d’incorporation de la production maïsicole en République de Guinée Conakry.
En Côte d’Ivoire :
– Un accord pour la mise en place du financement du projet HEXAGONE, le futur grand complexe militaire de la cote d’ivoire et le nouveau siège du ministère de la défendre, signé entre le ministre ivoirien et le groupe Attijariwafa Bank.
– Convention de partenariat concernant le financement des PME dirigées par les femmes, qui va leur permettre un accès aux différents services financiers et, dans le cas échéant, de développer leurs activités.
– Convention de partenariat pour la mise en place d’un autre programme de financement en côte d’ivoire, cette fois-ci d’un réseau routier. Signée, du cote marocain, par le PDG du groupe banque centrale.
– Accord de coopération dans le domaine de la logistique entre l’Office ivoirien des chargeurs et l’Agence marocaine de développement de la logistique, qui s’inscrit dans un objectif de déterminer des actions pertinentes et opérationnelles dans les domaines de développement des zones et plateformes logistiques, et le développement des compétences et de la formation dans les métiers logistiques et la modernisation de chaînes logistiques.
– Convention entre la compagnie de transport du Maroc SA et Pendis (société de transport urbain). Il s’agit principalement d’un transfert de connaissance de la société marocaine notamment en matière de structuration de l’offre public de transport de voyageurs
– Le marché africain fait partie des propriétés des entreprises marocaines qui visent y se développer encore plus, l’intégration du Maroc à la CEDEAO va leur faire bénéficier de plusieurs avantages, et donc plus d’opportunités d’investissement à saisir.

2. Le processus d’adhésion :

A l’issue de sa 51eme session le 4 juin 2017, le sommet des chefs d’état de la CEDEAO a donné son accord de principe en réponse à la demande d’adhésion déposée par de le Maroc. Le communiqué final du sommet exprime « un soutien général pour la demande du royaume du Maroc, compte tenu des liens forts et multidimensionnels qu\’il entretient avec les Etats membres ». Après l’obtention du feu vert politique c’est la commission de la CEDEAO qui examinera la demande par la suite, conformément aux dispositions du traité révisé, elle a entamé une étude sur les implications de l’adhésion du Maroc à la communauté.
Dans sa version préliminaire, l’étude stipule qu’il n’existe pas d’obstacle légal interdisant l’adhésion du Maroc à la CEDEAO, sur le plan juridique, un Acte Additionnel adopté par consensus fera l’affaire. Or, elle met en avance trois scénarios potentiels :
 En cas de consensus au niveau du Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, un projet d’Acte additionnel relatif à l’adhésion du Royaume du Maroc à la CEDEAO doit être pris, sans qu’il soit nécessaire de recourir à la révision du Traité ;

Ce mécanisme de l’Acte additionnel permet aux Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO d’analyser au cas par cas les demandes d’adhésion des États tiers ;

En cas d’acceptation de l’adhésion, les questions relatives à la Libre circulation des personnes et des biens, le droit de résidence et d’établissement, la monnaie unique, le TEC-CEDEAO ainsi que les aspects techniques de tout genre dans les futures relations entre la CEDEAO et le Maroc exigent un délai de transition.
Au plan commercial :

 La structure tarifaire marocaine (17785 lignes tarifaires) est bien plus détaillée que celle de la CEDEAO (5899 lignes tarifaires), ce qui va nécessiter d’important efforts de préparations ;
 Les multiples Accord d’association et l’accord de partenariat économique sont des accords différents dans leur nature, qui de ce fait nécessitera éventuellement de longues négociations et d’importants efforts de rapprochement ;
 En termes d’échanges commerciaux, la CEDEAO est en moyenne significativement plus protectionniste à l’égard du Maroc que le Maroc ne l’est à son égard
Au plan macroéconomique :
 Le Maroc respecterait la plupart des critères de convergence si elle était actuellement membre de la Communauté ;
 Les tendances passées et à venir n’indiquent aucun risque majeur sur l’économie marocaine ;
 Il y a aussi de signaux positifs indiquant que les efforts déployés au niveau sous régional en vue de l’établissement d’une monnaie unique ne seront pas négativement affectés par l’introduction d’une nouvelle monnaie dans la structure monétaire actuelle de l’Afrique de l’Ouest.
Au plan agricole :
 Le marché de l\’élevage et des produits laitiers au Maroc semble offrir une opportunité lucrative pour le secteur de l\’élevage dans les États membres actuels de la CEDEAO, en raison de tarifs d\’importation relativement bas. Cependant, il reste beaucoup à faire au niveau des pays de la CEDEAO pour que leurs exportations de produits d\’élevage soient compétitives.
 En ce qui concerne les produits laitiers, la part de la CEDEAO dans le marché marocain est insignifiante. Alors que les importations marocaines de produits laitiers atteignaient 286 millions de dollars en 2016, les exportations totales de produits laitiers de la CEDEAO y représentaient seulement 130 000 dollars, soit 0,05 %. En conséquence, l’adhésion du Maroc, dans l’hypothèse d’une exonération douanière totale pour le commerce intra-communautaire, y compris pour les produits laitiers, pourrait transformer son marché des produits laitiers en stimulateur du développement du secteur laitier en CEDEAO ;
Parlons des investissements directs :
 L’adhésion du Maroc à la CEDEAO pourrait entraîner un net renforcement des relations d’investissement entre le Maroc et les États membres actuels de la Communauté ;
 L’attractivité des investissements de la CEDEAO en général pourrait également s’accroître, de même que celle du Maroc ;
De l’industrie :
 En raison de la différence de niveau de développement industriel entre le Maroc et les Etats membres actuels de la CEDEAO, il est nécessaire de mettre en place des mesures de mise à niveau pour les industries nationales dans les Etats membres.
Il est clair donc que malgré la valeur ajoutée et les apports de cette adhésion à l’économie sous régionale, il existe plusieurs implications négatives. L’adhésion aura lieu d’une manière progressive et sera accompagnée des mesures transitoires ainsi d’une mise à niveau de certaines économie de la région afin d’assurer une répartition équitable du marché commun.

III. Chapitre : les apports de l’éventuelle adhésion à la CEDEAO à l’économie marocaine :

1. Les échanges commerciaux :

a. Etat des lieux :
Les échanges commerciaux entre la CEDEAO et le Maroc connaissent une forte croissance ces dernières années, de 1,5 milliards de dirham en 2000 à 10,3 milliards en 2017. Ce rebond significatif est consécutif au dynamisme des exportations marocaines qui ont atteignit 9,4 milliards de dirham en 2017 après 2,8 milliards en en 2008.
En contrepartie, les importations marocaines ont connu une tendance baissière, elles se sont établies à 2,7 milliards de dirham en 2011 puis à 0,8 en 2017. Le solde commercial est globalement excédentaire en défaveur de la CEDEAO.

Figure 7 évolution des échanges du Maroc avec la CEDEAO

La communauté ouest africaine s’accapare d’environ 57% des exportations marocaines vers l’Afrique subsaharienne en moyenne sur 2000-2016. Cependant, la part de la CEDEAO dans les exportations globales du Maroc reste faible en dépit de son augmentation de 2,7 points entre 2000 et 2017 (de 1,1 à 3 ,8), alors que celle du Maroc dans les importations de la communauté a augmenté, passant de 0,3% à 0,8% sur la même période.
Si on décompose sa part de marché dans les pays de la CEDEAO, le Maroc détient une part plus importante au niveau de la Guinée (1,77%), du Mali (1,61%), du Sénégal (1,46%) et de la Guinée Bissau (1,4%). En revanche, il enregistre une faible présence dans le marché nigérien, la première puissance de l’espace régional, avec une part de marché de 0,17%. Cela montre qu’elle demeure encore de potentialité à saisir afin de renforcer son positionnement commercial dans ladite communauté.

Figure 8 : part de marché du Maroc par pays de la CEDEAO (moyenne 2000-2016)

L’engrais constitue le principal produit exporté du Maroc vers la CEDEAO, il a une part de 19,5% des exportations, puis on trouve les poissons, crustacés, mollusques préparés ou conservés (13,6%) et des huiles de pétrole ou de minéraux bitumineux (10,4%).
Au sein de la CEDEAO, le premier client du Maroc est le Sénégal, il a à lui seul 21,7% des exportations du total des exportations marocaines à destination de l’Afrique de l’ouest, suivi de la Côte d’Ivoire (15,5%), du Nigeria (14,1%), du Ghana (10,9%), de la Guinée (8,7%),du Mali (7,7%), du Togo (5,5%), du Bénin (4,5%), de la Burkina Faso (4,3%), du Niger (2,6%), de la Gambie (1,6%), de la Sierra Leone (1,2%), du Libéria (0,7%),de la Guinée Bissau (0,6%) et finalement du Cap vert (0,3%).
Concernant les importations, la part de la CEDEAO dans le total des importations marocaines est à peine 0,8 % en moyenne au cours de la période 2000-2017. Le Maroc importe principalement de cette région le propane et butane liquéfié (41%), les aliments pour animaux (13,4%), le café et succédanés de café (12,7%) les éléments chimique inorganique (4,7%) et le coton (4%). Le principal fournisseur du Maroc à ce niveau est le Nigéria avec près de 61%.

a. Perspectives :

Qui dit une adhésion du Maroc à la CEDEAO, dit bien plus de 360 millions de débouchés de plus, et une disparition totale des obstacles à l’exportation massive des produits marocains vers cette région qui peut être l’une des régions les plus intégrée du continent et où la libre circulation des biens et service est presque une réalité. La banque africaine de développement estime dans son rapport sur la politique commerciale du Maroc qu’une baisse de 50% des droits de douanes fixés par la CEDEAO sur les produits marocains, entrainera une croissance aux alentours de 5% des exportations marocaines vers la région.
L’analyse des importations de la communauté ouest africaine et des exportations marocaine fait apparaitre l’existence des opportunités pour les exportations marocaines vers la CEDEAO. Le choix des produits à fort potentiel s’est basé sur quatre critères, à savoir
 Le degré de spécialisation du Maroc dans ces produits
 Le poids de ces produits dans les exportations marocaines
 Le poids de ces produits dans les importations de la CEDEAO
 La dynamique de l’importation de la CEDEAO de ces produits

• Articles d’habillement et chaussures :

Les produits de textile et habillement pourraient constituer un marché prometteur pour le Maroc, ils sont caractérisés par une forte spécialisation du Maroc (>70) et par une dynamique significative des importations de la CEDEAO. Le Maroc détient une faible part de marché sur ce segment, elle ne dépasse même pas 0,3% alors que la Chine, le fournisseur principal de la CEDEAO, détient une part de 95%.
De même pour le marché des chaussures de la CEDEAO qui s’affiche porteur aussi, prenant considération la dynamique de ces importations (5% en moyenne de 2013-2017). Avec une part de 0,9% dans ce marché, le Maroc est considéré comme absent.
En cas d’adhésion du Maroc à la CEDEAO, l’élimination des droits à l’importation, qui sont de 20% pour les articles d’habillement et 15% pour les chaussures, va consolider l’entrée des produits marocains en favorisant leur compétitivité prix, surtout dans un contexte où les produits chinois voient leur prix augmenter à cause de la hausse des prix de facteurs (principalement les salaires) qui s’est traduit par un recentrage progressif sur son marché intérieur.
• Les engrais :
Les engrais représentaient en 2016 0,7% des importations de la CEDEAO. A ce niveau le Maroc est le premier fournisseur du bloc régional avec une part de 32%, suivis de la Russie (11,6%). Les tarifs douaniers appliqués sur ce produit, composé de 21 lignes tarifaires, se situant entre 0% et 5% et en moyenne 1,2%. Les barrières douanières ne constituent pas une entrave au commerce. Néanmoins il est nécessaire pour le Maroc d’adapter encore son offre d’engrais à la demande de la CEDEAO.
• Equipement pour distribution d’électricité :
Le Maroc représente 6,2% des importations de la CEDEAO en équipements pour distribution de l’électricité, les principaux fournisseurs sont la chine (40%) puis l’Inde (7%). Les tarifs douaniers appliqués sur ces produits composés de 15 lignes tarifaires se situent entre 5% et 20% avec comme moyenne 12,3%, ce qui fait que, dans un contexte de spécialisation accrue du Maroc et une suppression des droits de douane suite à l’éventuelle adhésion à la CEDEAO, il peut améliorer sa part et renforcer sa compétitivité.
• Produits agroalimentaires
Un potentiel à l’export pour le Maroc est offert également par les « légumes, frais, réfrigérés, conservés et séchés », vu sa forte spécialisation en la matière. En effet, pour ces produits la part de marché détenu par le Maroc reste faible (3,5%).

La CEDEAO importe principalement, les oignons, les pommes de terre, les navets, les carottes, les betteraves et la tomate. Le ravitaillement est assuré par les Pays-Bas (55%), suivis de la chine (13%). La suppression prévue des droits de douane en cas d’adhésion du Maroc à ce bloc régional consolidera la présence du Maroc sur ce marché. Des tarifs qui se situent entre 5% et 35% sont appliqués à ces produits avec une moyenne de 17,2%.

Ainsi, l’élimination des tarifs douaniers supportés par les préparations et conserves de légumes qui se situent entre 10% et 35%, va améliorer davantage l’accès de ces produits au marché de la CEDEAO. La Chine, comme c’est le cas dans de nombreux marché de la CEDEAO, et le premiers fournisseur de la région en légumes préparés et conservé. A travers sa stratégie de développement de l’industrie agroalimentaire, le Maroc gagnerait à valoriser sa production agricole tout en s’adaptant à la demande des états membre de la CEDEAO.

De sa part, le marché des fromages dispose d’un taux de croissance annuel moyen de 2% des importations de la région, ce qui fait de lui un marché dynamique. La première part de marché revient à la France (46%), la deuxième est détenue par le Maroc 18%. Une part qui peut être augmentée suite, non pas seulement à l’adhésion du Maroc et la levée des barrières qui s’élève à 20% actuellement, mais aussi suite à l’amélioration de l’offre exportable dabs le cadre du PLAN MAROC VERT
• Poissons frais et conservés :
1,1% représente la part des poissons frais, vivants ou morts, réfrigérés ou congelés dans les importations totales de la CEDEAO. Le marché de poisson de la CEDEAO est approvisionné en premier lieu par les Pays-Bas et la Mauritanie avec des parts de marché respectivement 19% et 14%, celle détenue par le Maroc est égale à 4%. Ce type de produit en provenance du Maroc subit des taux qui varient entre 5% et 20% avec une moyenne de 12,8%, il est composé de 138 lignes tarifaires.
Quant aux préparations et conserves de poissons, le Maroc enregistre une forte présence sur le marché de la CEDEAO, dans la mesure où il occupe la deuxième place en ce qui concerne les fournisseurs de la région juste après la Chine (39%), avec une part de (38%). En tenant compte de la forte spécialisation du Maroc (94) d’une part, et de la dynamique des importations de la région (5%) d’une autre part, et la suppression des tarifs douanières fixés à19,7% en moyenne, le Maroc peut voir sa part de marché s’améliorer.
• Véhicules automobiles pour transport de personnes :
Le marché de l’automobile de la CEDEAO cache moult opportunités pour le Maroc. Les importations de la CEDEAO d’automobile représentent 2% de ses importations totales, elles sont originaires principalement des Etats-Unis (33%) et la Belgique (15%), celle d’origine marocaine ne dépasse pas 0,2%. Les tarifs douanière appliqués sont fixés en moyenne à 10,2%, leur levée renforcera indéniablement la part de marché du royaume. La capacit’e productive du royaume sur ce domaine va lui permettre à vendre ses véhicules à un prix compétitif, un grand atout pour la CEDEAO.
• Autres produits :
On parle des produits pour lesquels la dynamique des importations de la CEDEAO est forte (TCAM entre 11% et 24%) et le degré de spécialisation du Maroc est faible. Il s’agit en particulier des lampes, tubes cathodique, diode, circuits intégrés et des appareils sanitaires, plomberie et chauffage. Concernant ces produits le marché de la CEDEAO est approvisionné essentiellement par la Chine et l’Inde. Les droits de douane appliqués sur ces produits oscillent entre 9,7% 15,7%.
Voici un tableau récapitulatif des opportunités pour les exportations marocaines vers le marché de la CEDEAO :

2. Coopération gagnant-gagnant :

Le Maroc n’est pas le seul à tirer des bénéfices de cette adhésion, la CEDEAO de sa part peut profiter de nombreuses opportunités notamment pour ses exportations. On peut compter 4 types de produit :
• Produits énergétiques :
0,4% des importations marocaines en 2016 concernait les huiles de pétrole ou minéraux bitumineux, un produit pour lequel la CEDEAO dispose d’une forte spécialisation. Le Maroc s’approvisionne principalement de l’Arabie Saoudite (83%), la part de la CEDEAO ne dépasse pas 3% malgré le faible tarif douanier appliqué sur les importations originaires de la CEDEAO (2,5%).
Le marché marocain de ces produits constitue une occasion pour le bloc régional.
• Produits alimentaires :

Le Maroc importe le cacao, principalement de l’Espagne (54%) et des Pays-Bas (24%). La part du marché marocain détenue par la CEDEAO est de 2,8% en dépit de la forte spécialisation de la région (la côte d’Ivoire est le premier producteur mondial). Les tarifs douaniers appliqués à ce produit sont fixés actuellement à 2,5%. Pour le marché du chocolat et d’autres préparations de cacao, il est en pleine expansion, il présentait 10,3% en moyenne annuelle entre 2012 et 2016 des importations totales marocaines. L’élimination des droits de douanes fixées à présent à un taux moyen de 19,8% contribuera certainement à augmenter la part des exportateurs ouest africains, une connaissance plus profonde du marché est requise aussi.
De la même manière pour le café et les succédanés du café, il provient essentiellement de l’Indonésie (25%) et du Viet Nam (17%), il ne provient des pays de la CEDEAO que 13%. La levée des barrières douanières établit en moyenne à 21,1% renforcera sans doute la présence des opérateurs de CEDEAO dans le marché marocain. Il est de même pour les graines fruits oléagineux qui constituent un marché prometteur pour les exportations des états membres surtout avec l’élimination des barrières douanières importante (entre 2,5% et 50%)
• Le coton :
Parmi les importations marocaines totales en coton, juste une part de 12% est consacrée à la CEDEAO, et ce en dépit de la forte spécialisation de l’Afrique de l’ouest en la matière et des faibles tarifs douaniers qui ne dépasse pas 2,5%. Il est recommandé donc pour la CEDEAO de saisir l’opportunité et exploiter le large potentiel que représente le marché marocain.
• Bois et produits de bois :
Les bois bruts ou équarries, bois simplement travaillé et le bois de chauffage simplement travaillés constituent des produits dans lesquels la communauté économique est experte, pourtant, la quantité exportée par celle-ci vers le Maroc est quasi absente. L’élimination totale des taxes à l’importation établis actuellement entre 2,5% et 11,7% va encourager davantage les échanges à ce niveau.
• Autre produits :
Les exportations de la CEDEAO sont caractérisées par une domination significative des produits suivants : Etain, plomb, cuirs et peaux préparés et minerais d’aluminium et concentrés. Cependant, dans le marché marocain, ils sont inexistants. Cette adhésion peut toutefois accorder aux pays de la communauté une opportunité de détenir des parts de marché marocain importantes.
La CEDEAO peut bénéficier également de l’expertise marocaine en matière de promotion et de développement durable via le concept de l’économie verte avec la réhabilitation des terres dégradées, le recyclage et la valorisation énergétique et le développement des énergies renouvelables. Elle pourra bénéficier également de l’expérience du Maroc en terme d’industrie automobile ou encore aéronautique, soit d’une manière directe (la sous-traitance, la création d’emplois ou la co-entreprise) soit d’une manière indirecte (l’apprentissage et la simulation). La communauté peut bénéficier également de l’expertise marocaine dans le domaine de BTP et aménagement urbain et autres.

3. Le projet de gazoduc :

Du Nigéria, le troisième producteur de gaz naturel africain, passant par le Maroc jusqu’à l’Espagne, le projet de gazoduc est le projet structurant ouest africain le plus ambitieux. Le coup d’envoi a été donné par le président nigérien, le roi Mohamed VI et Muhammadu Buhari et le 3 décembre 2016.
L’étude de faisabilité a montré que, le pipeline traversera au moins 12 pays ouest africains, avec une longueur estimée à 5.660 km, coté investissement, le projet est déjà estimé à 20 milliards de dollars. Il vient comme un prolongement du West African Gas Pipeline en marche depuis 2010 qui relie le Nigéria, le Benin, le Togo et éventuellement le Ghana. De ce qui est rentabilité, ce projet s’inscrit dans une logique de développement régional puisqu’il œuvre essentiellement pour l’électrification des pays de l’Afrique de l’ouest et pour faciliter l’approvisionnement en gaz pour les pays passagers.
Le projet favorisera donc l’intégration régionale et africaine, renforcera la stabilité et le développement macroéconomique en plus de la création d’emplois pour les jeunes, les premiers bénéficiaires seront indéniablement les pays membres de la CEDEAO. Cela ne fera que renforcer le positionnement du Maroc dans la région et enrichir sa demande d’adhésion.

IV. Chapitre : les défis post-adhésion pour le Maroc :

1. Défis de l’immigration :

Le concept de la libre circulation des biens et des individus fait partie des principes fondamentaux au sein de la communauté économique de l’Afrique de l’ouest. En adhérant la CEDEAO, le Maroc fait face à plusieurs défis, entre autres celui de l’immigration.
Considéré comme porte vers l’Europe, le Maroc reçoit chaque année des milliers d’immigrants d’origine subsaharienne qui le considère comme terre de transit, ce qui nous laisse s’interroger sur le risque que prend le Maroc en intégrant le bloc réginal ouest africain puisqu’une suppression du visa entre le Maroc et les différents adhérant de la communauté aura lieu.
L’institut royal des études stratégiques a mené une étude afin de cerner les enjeux relatifs à la libre circulation des personnes au sein de la CEDEAO, et proposer des solutions pour réguler la situation, voire en tirer bénéfice.
Au sein de la CEDEAO, les migrants représente 1,56% de la population totale, soit 6 millions de personnes dont 95,5% sont originaires d’autres pays de la communauté. Les pays exportant le plus d’immigrant sont la Burkina Faso, le Mali et le Côte d’Ivoire, alors que ceux accueillant le plus grand nombre sont le Nigéria, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. L’immigration vers un pays sans l’autre n’est pas principalement liée à l’attractivité économique puisque ces pays constituent des centres de regroupement dans le but de se déplacer vers le nord.

Le nombre de ces immigrés établies au Maroc reste inconnu, conformément aux Nations Unies, en 2017, 2858 migrants CEDEAO étaient au Maroc, alors que ce derniers a régulé la situation de 25000 personnes dont 6600 portent la nationalité sénégalaise sans mentionner les autres nationalités. « Ces \”discordances\” soulignent une fois de plus les insuffisances que connaissent les systèmes de collecte des données relatives à la migration en général et la migration africaine en particulier », a souligné l’IRES.

Ce qui est sûr, c’est que si le Maroc devient état membre de la CEDEAO, cela impliquera indéniablement un accroissement des flux migratoires issus de la même communauté. Cette augmentation peut être expliquée par :
 La croissance démographique : le taux de fécondité est plus élevé à la CEDEAO qu’au Maroc (5,6 enfants par femme)
 La croissance économique : la croissance au niveau de la CEDEAO est intimement liée à la sophistication des secteurs productifs (la robotisation), ne laissera pas de grandes opportunités pour les travailleurs.
 Evolution sociale : les pays de la région sont classés selon le PNUD (programme des nations unies pour le développement) dans la catégorie développement humain faible, et trouve des difficultés à en sortir. Ce qui fait que les flux migratoires n’auront tendance qu’à augmenter.
En outre, l’IRES a mis en place trois scénarios pour l’état d’avancement des flux migratoires des états membres de la CEDEAO en direction de Maroc :
 Le scénario actuel : le bas niveau de développement social et humain et les égalités sont inchangés en Afrique malgré la réalisation des taux de croissance prévisionnels sur la période 2017-2020, et ce en défaveur de la population de toute la communauté. Par conséquent, même si le Maroc n’intègre pas le bloc régional, le volume des flux migratoires va rester le même.
 Le scénario optimiste : selon lequel l’Afrique, la CEDEAO et le Maroc devront poser les bases solides d’un développement autonome et durable. Un objectif qui ne peut être atteinte que par une mise en place efficiente et effective des recommandations de Paul Kagame et de l’Agenda pour les migrations proposé par le Roi Mohammed VI. Selon cette configuration «la circulation des ressortissants des Etats membres de la CEDEAO s’instaurerait alors progressivement, conformément aux objectifs du développement autonome durable», ce qui va avoir comme résultat, une migration intracontinentale modérée. Pour l’IRES «le Maroc en tirerait les plus grands avantages, en particulier en encourageant l’installation des migrants les plus compétents et ceux dont son économie a besoin» et vice-versa.
 Le scénario pessimiste : désigne la non application des actions et recommandation mentionnés ci-dessus, la situation de la migration africaine se fera que s’aggraver, ce qui implique des menaces essentiellement sécuritaires obligeant, non seulement européens mais aussi africains, à militariser leurs frontières, avec des retombés sur le Maroc et la CEDEAO spécialement.
Pour faire face à cette situation, l’institut a formulé un certain nombre de recommandations, désignées de stratégies innovantes. Voici les conclusions en cas d’adhésion du Maroc à la CEDEAO :
– Le Maroc se trouvera devant l’obligation d’adopter de nouvelles précautions aux plans social, économique et social, en vue de remédier aux effets indésirables de la migration. Il doit avoir le courage de remédier aux causes profondes du problème, en travaillant sur un développement humain et social durable qui va assurer l’intégration sociale, plus d’opportunités d’emploi et une égalité pour l’ensemble de la population.
– Se pencher sur la promotion de l’éducation comme principal facteur de de développement afin de la rendre plus performante, moderne et ouverte sur le monde.
– Donner aux compétences migrantes la chance de contribuer au développement interne.

2. Défis de l’harmonisation des politiques sectorielles :

Partant des objectifs majeurs de la CEDEAO, il serait réducteur de restreindre l’examen des enjeux et des opportunités de l’adhésion du Maroc à la CEDEAO aux seuls paramètres échanges commerciaux et investissements. Il s’agirait de l’harmonisation et de la coordination des politiques sectorielles dans une logique de création d’une zone de libre-échange entre les Etats membres avec toutes les implications qui en découlent en termes de droits de douane, de barrières non tarifaires, voire la mise en place d’une Union douanière à l’égard des pays tiers et son corollaire l’établissement d’un Tarif Extérieur Commun (TEC). Par ailleurs, l’analyse des enjeux et des opportunités devra se faire sous deux angles distincts mais complémentaires :
 La libéralisation des échanges entre les pays membres de la communauté
 Le plafond tarifaire fixé à l’égard des pays tiers. Ce plafond doit prendre en considération les enjeux et les perspectives économiques du

Maroc de façon plus large incluant, essentiellement, l’investissement, le développement des chaines de production et la promotion des exportations et des zones franches.

A ce niveau, il serait utile de souligner que le Maroc conduit des négociations dans le cadre de la Ligue Arabe visant la création d’une union douanière impliquant un Tarif Extérieur Commun (TEC), ce qui entraînera la cohabitation de deux TEC basés sur deux logiques d’harmonisation des politiques commerciales et fiscales. L’Union Douanière Arabe (UDA) est un projet encore en construction et les négociations tarifaires sont en cours. A l’inverse, le TEC de la CEDEAO est achevé et n’ouvre pas les mêmes possibilités de négociation.
Dans le même cadre, l’harmonisation des politiques commerciales suscite deux contraintes majeures pour le Maroc :
 L’alignement des positions et des traitements vis-à-vis des partenaires commerciaux communs à savoir l’union européenne.
 Pour les négociations en cours et celles à venir, la coordination du Maroc avec la CEDEAO s’imposerait ; l’union douanière devant négocier en tant qu’un seul territoire. A ce niveau, les bénéfices à tirer des perspectives d’ouverture du Maroc vers d’autres partenaires à travers la conclusion de nouveaux engagements doivent être revus.
A ces contraintes s’ajoute une autre à caractère procédural. En effet, les délais de traitement des opérations douanières pourraient connaitre une lenteur en raison de l’application de la procédure d’approbation des produits d’origine qui risque d’ajouter un niveau supplémentaire dans les procédures marocaines.
b. Projet de la monnaie unique
La volonté d’instaurer une monnaie unique dans l’espace communautaire date des années 80, mais la mise en œuvre d’une feuille de route n’a pas eu lieu qu’en 2000 lorsque les chefs d’états membres ont choisi un projet ambitieux composé de deux phase, prévoyant sa création à l’horizon 2020.