La formation à l’enseignement – Est-ce que l’École prépare à la vie ?

« L’enseignement est un devoir de justice envers les citoyens », Jules Ferry. Ceci est l’élément déclencheur de la suppression de l’influence de l’Église sur l’école entrainant la création d’enseignements fondamentaux avec l’introduction de la laïcité. L’instauration du débat à l’école et son inscription dans les programmes officiels depuis les années 2000, de la maternelle à l’enseignement supérieur, ont mis en évidence l’importance de ces pratiques. Au-delà des objectifs fondamentaux de maîtrise de la langue, l’intégration de l’élève à l’école n’est que les prémices de son intégration dans la société en acquérant des compétences participant à la formation de futurs citoyens autonomes et responsables. Le débat en classe est pratiqué dans toutes les disciplines celui-ci génère des activités pédagogiques innovantes et particulièrement motivantes pour les élèves. L’enseignement est-il suffisant pour la formation des citoyens de demain ? Qu’elles en sont ses limites ? Y’a-t-il d’autres intervenants ? Dans un premier temps, nous analyserons la constitution de l’école puis nous nous questionnerons sur les limites rencontrées par celle-ci.

I/ L’école
A- Aspect de l’éducation
Initialement, éduquer constitue la mise en œuvre de méthodes et de procédés propres à assurer la formation et le développement d’un être humain. D’après Kant, « l’Homme est la seule créature qui doive être éduquée », n’étant pas dirigé par l’instinct, il doit conquérir par la culture ce que la nature lui a refusé. Pour lui, l’éducation comporte deux aspects, la discipline et l’instruction. La discipline est la partie de l’éducation qui aide l’enfant à supporter la contrainte des lois. Quant à l’instruction elle a pour but de former et d’enrichir l’esprit de l’élève par la transmission du savoir et de l’étude. Pour tout le monde, l’éducation doit développer les capacités de l’individu. Éduquer consiste à conduire l’enfant vers la liberté et l’autonomie qui ne sauraient se concevoir en dehors de la citoyenneté. C’est ainsi que se construit l’enseignement civique qui cherche à développer l’autonomie et donc la pensée par soi-même tout en allant vers la raison qui nous rapproche les uns les autres. Ce développement de l’autonomie doit tout de même se faire dans un cadre disciplinaire afin d’éviter tout débordement, ce cadre se retrouve aussi dans la vie de citoyen. En effet, d’après le principe de l’universalisme, certains principes universels doivent être partagés par chaque Homme dans le monde entier. Les échanges à travers des activités scolaire ou des prises de paroles permettent un enrichissement mutuel de même

que le partage des connaissances. Ceci leur permet d’acquérir des droits et des responsabilités de plus en plus étendus au fil du temps.

B- Les valeurs enseignées
Par ailleurs, l’école se doit de transmettre des valeurs à travers son enseignement. Elle ne se contente pas d’éduquer, elle instruit, cultive et forme les citoyens de demain tout en étant égalitaire et en restant ouverte sur le monde qui l’entoure. En 1995, les programmes et instructions officielles ont été révisé afin de fixer dans les missions de l’école de nouveaux objectifs pour l’éducation des futurs citoyens. En effet, un citoyen se définit par l’exercice des libertés publiques ainsi que l’égalité devant la loi. Au-delà de l’apprentissage des règles de vie en société, il s’agit de développer le sens de la responsabilité de chacun à travers l’éducation aux valeurs fondamentales de la démocratie. À l’école primaire, l’éducation civique n’apparaissait donc plus comme une discipline à enseigner isolément faisant du débat hebdomadaire un élément fondamental dans le domaine du vivre ensemble. À travers de multiples situations, il s’agit de faire accéder tous les élèves à la maîtrise de la langue française, définie dans le socle commun comme « l’outil premier de l’égalité des chances, de la liberté du citoyen et de la civilité », BOEN, 2006. D’après l’article 1 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». Par conséquent, l’école se doit de former ses élèves à l’égalité de traitement, la liberté de parole ainsi que la fraternité pour que chaque élève se sente membre d’une seule et même communauté où l’on considère les lois et les règles institutionnelles comme étant au service de l’intérêt général. Ces termes peuvent être regroupés avec celui de la laïcité qui consiste à respecter pleinement la liberté de pensée de chacun et à s’interdire toute forme d’intolérance en matière de religion comme le prosélytisme.

II/ Les obstacles rencontrés
A- L’opposition de l’hétéronomie à l’autonomie
Grandir c’est accéder à l’autonomie tout en se débarrassant de l’hétéronomie qui peut se mettre en place. En effet, l’hétéronomie représente un obstacle à la formation du futur citoyen car celle-ci représente l’influence qu’une personne ou une loi peut avoir sur la prise de décision ou le jugement d’autrui. Ces différentes phases qui constituent forcément la vie d’un enfant ont été étudié par Piaget et ses collaborateurs avec un exemple simple : les règles du jeu de billes. Le jeu de billes possède un système de règles complexes qui sont élaborées par les enfants de sorte qu’on peut le traiter comme une institution sociale indépendante du monde des adultes. Le choix de l’analyse de cette méthode sur les enfants s’explique par le fait que les enfants soit encore encadré et dirigé par leurs aînés qui sont des adultes. Cela permet d’étudier l’influence de ces derniers dans la détermination des règles et dans la justification que les enfants donnent à des âges différents. Piaget constate que, à l’âge où les enfants appliquent le moins bien la règle, ils présentent le maximum de respect pour elle, et que, à l’âge où ils savent fort bien l’appliquer, ils ne la considèrent plus comme sacrée et intangible. Il suppose donc qu’il y a deux phases successives dans le développement moral de l’enfant. Une phase d’hétéronomie impliquant une soumission à une autorité perçue comme incontestable et de respect pour les règles sans conscience de leur nécessité sociale. Ainsi qu’une phase d’autonomie plus tardive avec une coopérations entre enfants introduisant des principes comme la réciprocité et l’égalité pour fonder des règles dans un esprit de respect mutuel et de légitimité démocratique. La finalité de cette étude montre que les enfants sont en quelques sortes formatés avec les idées de leurs parents. Cependant ceci n’est pas une fatalité car grâce à l’enseignement dispensé à l’école les enfants parviennent à penser par eux-mêmes sans être influencés.

B- Oppositions extérieures
Par ailleurs, des inégalités en termes de formation à la citoyenneté peuvent se créer dans certains établissement. Effectivement, certaines écoles réalisent des projets assez inégaux en fonction du type d’établissement et du niveau d’enseignement. Aujourd’hui une poignée d’établissements scolaires ont mis en place des dispositifs participatifs avec la formation de conseils à l’échelle de l’établissement entier pour permettre aux enfants élus de donner leur opinion sur les problèmes et les enjeux de la vie collective à l’école. A cela s’ajoute l’inégalité des statuts sociaux véhiculée par les familles et leur niveau de vie ce qui implique que certains élèves peuvent être placés dans des écoles payantes prônant un meilleur niveau d’enseignement, en effet, sur 13 millions d’élèves scolarisés, 2,2 millions le sont dans des établissements privées. Enfin, le sujet de la religion peut aussi être source de conflit dans certains établissement, c’est donc dans cet optique que les programmes introduisant la laïcité ont été créé. Par nature, chaque élève suit la religion ou les croyances de ses parents. C’est donc par le biais de l’école et de la découverte que l’enfant enrichi sa culture et sa tolérance face à des croyances différentes des siennes. L’école s’apparente à un médiateur visant à aider les enfants à se distancier de leurs croyances familiales grâce à un espace neutre leur inculquant un savoir complémentaire.