Alexandre Scriabine Biography

Alexandre Scriabine est né le 6 janvier 1872 à Moscou. Bien qu’il ne fût pas élevé par ses parents, il semblerait que le potentiel génétique plutôt qui caractérise sa famille et ses ancêtres ait clairement contribué au développement du génie musical qu’il est devenu. Du côté de son père, la discipline, le dévouement et la bravoure firent clairement partie des qualités dominantes alors que la tradition militaire et politique semble très prolifique : un Scriabine fut nommé ambassadeur de Russie en Suisse au XVIIIe siècle, un général Scriabine serait mentionné dans les listes de la Cour impériale, le grand-père du compositeur, Alexandre Ivanovitch Scriabine (1811-1879), aurait terminé son service militaire avec les titres de colonel d’artillerie et de chevalier de l’ordre de Saint-Georges. De plus, des sept fils et une fille que ce dernier aurait eu avec sa femme Élizabeth Ivanovna Podcherkova (1823-1916), elle-même fille d’un lieutenant de la marine, cinq de ses fils auraient eu une carrière militaire, et trois auraient même atteint le grade de général. Nicolaï Scriabine (1849-1914), père du compositeur, fût le premier garçon de cette famille à ne pas se lancer dans une carrière militaire alors qu’il réussit à obtenir la permission de son père d’étudier en droit à l’université de Moscou. C’est en vacances chez des amis qu’il rencontra Lioubov Petrovna Tchétinina (1849-1873), avec qui il se mariera et aura Alexandre Scriabine. C’est fort probablement d’elle que le compositeur hérita de son don musical. Ayant étudié le piano avec Théodore Letchetizkin et Anton Rubinstein, elle a remporté, avec mention honorable, la médaille d’or du conservatoire de Saint-Pétersbourg. Concertiste dévouée, elle termine un enchaînement de concert cinq jours avant la naissance de son fils, et c’est suite à un long et difficile voyage en train vers Moscou, durant lequel elle tomba malade, qu’elle en accoucha. Le nouveau-né n’aura toutefois pas eu la chance d’être longtemps gardé dans les bras de sa mère, celle-ci ayant reçu un diagnostic de tuberculose, une grave maladie contagieuse. Alors qu’il se voit confié à sa grand-mère Élizavéta Ivanovna et à sa tante Lioubov Alexandrovna, sa mère décède en avril 1873 au jeune âge de 23 ans. Nicolaï, qui ne s’occupera finalement jamais de son fils, sombrera dans l’alcoolisme et terminera ses études et droit et en langues avant d’être engagé à l’ambassade de Russie à Constantinople. Il se mariera une seconde fois avec Olga Ilyinitchna Fernandez, qui lui donnera cinq
enfants. Alors élevé dans un milieu exclusivement féminin, c’est sa tante Lioubov qui prendra le rôle de sa mère. C’est elle, ayant reçu des leçons de piano, qui lui donna ses premiers cours. Ce qu’elle fit si bien que le jeune prodige se vit rapidement éprit d’un profond amour pour l’instrument. Présenté par sa tante à Anton Rubinstein (qui avait également enseigné à sa mère), il se vit prédire une brillante carrière.

Éducation

À l’âge de 10 ans, Scriabine se vit faire entrer au corps des Cadets de l’École militaire de Moscou par son oncle Vladimir Alexandrovitch, lui-même capitaine militaire et instructeur à la seconde école des Cadets de Moscou. Il y étudia de 1882 à 1888. Bien que l’école militaire offre beaucoup d’avantages, elle présente également plusieurs désavantages. Les conditions n’y sont en effet pas faciles et l’environnement est très strictes : les jeunes sont réveillés dès l’aube et les désobéissants se voient exposés à la punition du coup de fouet. Il est donc normal que le jeune Scriabine, ayant un côté plus sensible, sentimental et ayant un intérêt plus développé pour l’intellectualité, ne s’y senti pas à sa place. Ses aptitudes musicales hors-normes attirèrent toutefois les bonnes grâces du directeur de l’école des Cadets. Celui-ci lui réserva alors un traitement favorable, l’exemptant de tout exercice militaire et lui accordant un temps supplémentaire au piano de deux heures. En 1883, il suivit ses premières vraies leçons de piano avec Guéorgui Eduardovitch Conus (1862-1933) qui se chargea de discipliner la pratique un peu désorganisée du jeune pianiste. Il lui donna également ses premiers cours de contre-point et d’harmonie. Un peu plus tard, Sergueï Ivanovitch Tanaïev (1856-1915), réputé pour ses qualités de pédagogue, pris le relais et se chargea d’enseigner l’harmonie et le contre-point au jeune étudiant. Toujours à la même époque, Nicolaï Zvérev, réputé à cette époque comme étant le plus grand professeur de piano de Moscou, pris également Alexandre Scriabine sous son aile et l’hébergea chez lui, comme plusieurs autres élèves talentueux, dont Sergueï Rachmaninov. Zvérev subvenait aux besoins de ses élèves, leur donnait des leçons gratuites et se chargeait de les instruire culturellement. Finalement, en 1887, le jeune Scriabine décida définitivement d’abandonner l’école militaire et de consacrer sa vie à la musique. Décision qui fut, après hésitations, acceptée par son père. Ainsi, en Janvier 1888, Scriabine fit son entrée au Conservatoire de Moscou. Élève de la classe de piano de Vassili Safonov (1852-1918), dont il devint l’élève préféré, il suivit également des cours de contrepoint et de fugue avec Sergueï Tanaïev. Scriabine développe ainsi une excellente relation avec ses professeurs, qu’il apprécie beaucoup. Toutefois, en 1889, des changements administratifs au conservatoire de Moscou séparent le jeune Scriabine de son professeur d’écriture, alors qu’Anton Stépanovitch Arenski (1861-1906), devient le nouveau professeur de la classe de Scriabine. Ayant une vision beaucoup plus conservatrice de la musique, celui-ci n’apprécie vraiment pas le style beaucoup plus ambitieux de Scriabine et va même jusqu’à l’humilier lorsque ce dernier se présentait à ces cours. On reporte même que celui-ci ait refusé d’accorder une mention d’honneur à Alexandre Scriabine lors du concours de composition du conservatoire de Moscou (alors remporté par Rachmaninov) et se serait même écrié : « Décidemment, tous les excès semblent permis à ce jeune homme! Et que viennent faire ici toutes ces quintes, tous ces mouvements parallèles interdits? Il n’y a ici que des mélodies avortées, sans aucun plan défini. Avec monsieur Scriabine, nous en sommes à l’improvisation continue, à la simple incohérence! » En gage de consolation, Alexandre Scriabine remporta tout de même la médaille du meilleur pianiste du conservatoire. C’est ainsi qu’il terminera ses études en musique, frustré de ne pas être reconnu comme un bon compositeur.
Vie
Pièces

Début de carrière
Vie
Lors de sa sortie du conservatoire en 1892, Alexandre Scriabine a désormais 20 ans et débute une carrière en tant que pianiste virtuose. Il se produit en effet partout en Europe. C’est également le début de sa carrière de compositeur, alors que l’éditeur Piotr Jurgenson accepte de publier certaines de ses œuvres de jeunesse, sans toutefois le rémunérer. Ce sacrifice aura porté ses fruits pour Scriabine alors que dès l’an prochain, le même éditeur lui offre 50 roubles pour la publication de 4 impromptus à la mazur. À cette même époque, des débats surgissent au sujet de l’élargissement de la tonalité par Richard Wagner dans le cercle de compositeur don Scriabine fait partie, avec entre autres, Tanaïov et Rachmaninov. Alors que Tanaïov accuse Wagner du déclin de la musique, les doutes de Scriabine concernant l’avenir de la tonalité en musique supportent Wagner et reflètent bien le tournant que finira par prendre l’harmonie dans ses compositions. C’est également en 1892 qui débutera une première histoire d’amour pour Scriabine avec Natalia Sékérina, qui ne durera toutefois que jusqu’en 1895, alors que les parents de Natalia, considérant que le métier de compositeur ne promettaient rien, n’approuvaient pas un éventuel mariage entre eux, et que Natalia elle-même refusa une demande en mariage. Un autre évènement vint également marquer Scriabine à cette époque : une blessure à la main droite qu’il s’est faite en performant Don Juan de Franz Liszt. Cette paralysie partielle marque en effet le début d’un période sombre dans la vie de Scriabine. Elle le fait douter de sa carrière de virtuose, le plongeant dans une angoisse et une dépression. C’est dans ce contexte qu’il finalisa l’écriture de sa première sonate de fa mineur, dont le caractère sombre et douloureux reflète bien l’état psychologique fragile du compositeur, faisant partie des trois seules pièces composées durant l’année 1893 avec son Allegro appassionato op. 4 et ses nocturnes de l’opus 5. Il composa également en 1894 un prélude et un nocturne pour la main gauche, contrainte témoignant de son handicap. Ce handicap, bien que très malheureux n’aura pas que des répercussions négatives sur la carrière de Scriabine, non seulement il l’a épargné de son service militaire, mais sans lui, Scriabine ne se serait peut-être jamais autant investi dans la composition. En 1994, un évènement positif surgit finalement dans la vie de Scriabine : le grand éditeur Mitrofan Pétrovitch Bélaïev (1836-1904), lui offre un contrat exclusif très favorable. De plus, celui-ci organise deux récitals en 1995, l’un à Saint-Pétersbourg et l’autre à Moscou, dans le but de véritablement lancer la carrière de son nouveau protégé. Ces deux concerts furent acclamés par les critiques. À partir de ce moment, Scriabine n’interprétera plus que ses propres compositions dans ses concerts. C’est également lors de cette période de jouissance que le compositeur composa ses fameuses études op. 8, dont fait partie la très reconnue étude op. 8 no 12. Cette belle période n’est toutefois que de passage. Les problèmes psychologiques de Scriabine ne s’atténuent pas, et il est maintenant aux prises avec des problèmes d’instabilité émotive, de dépression et de migraines intenses. Cela ne l’empêchera toutefois pas de partir en tournée dans toute l’Europe pendant l’année 1896. De passage à Paris, il décide finalement de s’y installer. En 1897, il complète finalement sa sonate-fantaisie en sol # mineur et alors qu’il visite son père à Rome, il débuts la composition de son allegro symphonique dont il réutilisera les thèmes plus tard lorsqu’il composera sa troisième symphonie. Après avoir visité son père, Alexandre Scriabine retourne chez lui, à Paris, et y compose sont concerto pour piano et orchestre op. 20, qu’il créera ensuite à Odessa, à Vienne et à Paris en quête de contrats. En août 1897, il marie Vera Ivanovna Isakovich. C’est également durant cette période qu’il amorce la composition de sa troisième sonate pour piano. En début 1998, toujours en France, Alexandre Scriabine et sa nouvelle femme, qui est également pianiste, tiennent des concerts où seules des pièces de Scriabine sont interprétées. Toutefois, Vera tombe enceinte et force le retour du couple à Moscou. Le 15 juillet 1998 naquit ainsi Rimma Scriabine. Bien que la vie de ce couple semble bien débuter, le compositeur fit une rencontre qui affectera beaucoup la qualité de leur engagement : il rencontre Tatiana de Schloezer, avec qui il entretiendra des liens un peu trop étroits. En septembre, Scriabine étant aux prises avec des problèmes financiers, ses amis Bélaïev et Safonov lui offre un poste de professeur de piano au conservatoire de Moscou. Ayant maintenant une source de revenu régulier, il peut ainsi s’adonner à la composition la tête un peu plus tranquille l’été, où il ne donne pas de cours. En
1900, le couple donne naissance à une seconde fille : Elena Scriabine, et Scriabine publie sa première symphonie. En 1901, il prend également de plus en plus ses distances avec son épouse Vera. Il se rend à Paris avec son éditeur Bélaïev afin de jouer en récital. De retour en Russie, il est nommé inspecteur musical de l’Institut Sainte-Catherine. En septembre, il achève la composition de sa deuxième symphonie, qui n’a pas été bien reçue lors de sa création à Saint-Pétersbourg et à Moscou. En 1902, Alexandre Scriabine est contraint de quitter son poste de professeur au conservatoire en raison de ses collègues qui se seraient ralliés contre lui. Comble de malchance, l’une de ses élèves à l’institut Sainte-Catherine tombe amoureuse de lui, il est donc également de quitter cet emploi également. Scriabine profite donc de cette liberté pour quitter Moscou et composer de plus en plus. C’est dans ce contexte qu’il s’adonne à la composition de sa troisième symphonie et de son poème divin. Le couple donna également naissance à son quatrième enfant, leur premier garçon : Lev. Scriabine développe un intérêt de plus en plus grand pour la philosophie et devient membre, en 1903, de la Société de philosophie de Moscou. Plusieurs facteurs expliquent pourquoi ces années sont très fertiles pour Scriabine. D’abord, ayant perdu ses deux emplois, il a tout le temps dont il peut rêver pour composer, ensuite, son intérêt pour la philosophie semble nourrir sa créativité et, finalement, la mécène Margarita Morozova (1876-1958), le prend sous son aile et lui accorde 200 roubles par mois. Un compositeur ne peut demander mieux. C’est dans ce contexte que le compositeur s’affirma vraiment de plus en plus dans ses compositions et qu’Il développe de plus en plus son identité musicale. En plus de la quatrième sonate, il compose les quatre préludes op. 31, les quatre préludes op. 33, les trois préludes op. 35, les quatre préludes op. 37, les quatre préludes op. 39, et bien d’autres encore. En 1904, Scriabine quitte la Russie pour s’installer avec sa famille en Suisse. Tatiana de Schloezer qui, ne l’oublions pas, entretient une relation secrète privilégiée avec le compositeur, les suivit et s’installa également non loin d’eux. Coup de théâtre, celle-ci tombe enceinte de lui. Le compositeur demande alors le divorce à Vera et, ne tenant pas compte de son refus, s’installe sur la Riviera italienne, à Bogliasco, avec Tatiana. Adriadna, leur fille, voit le jour en octobre. En l’an 1906, Alexandre Scriabine est invité pour donner plusieurs concerts aux États-Unis où les critiques à son égard restent mitigées. De retour en Europe, il envoie son poème de l’extase aux éditions Bélaïev et s’adonne à la composition de sa cinquième sonate.