RSE problématique (Responsabilité Sociale des Entreprises) : définition et explications

Dès le début des années 1990, la RSE a pris un nouveau tournant , elle sest affirmé progressivement à léchelle mondiale comme point de rencontre entre, dune part les aspirations et les attentes dune société civile organisée, de plus en plus mondialisée, consciente des impacts des activités économiques sur lenvironnement et les populations, et dautre part des réponses des milieux daffaires préoccupés par leur image de marque auprès des opinions publiques .Selon Ballet et De Bry (2001) : « que lon parle de paternalisme, de philanthropie, dentreprise citoyenne, de développement durable ou bien encore de responsabilité sociale, lentreprise sest toujours sentie responsable de ses salariés et oeuvre constamment à lamélioration de leurs conditions de travail et de sécurité ».Comme lévoquent Jean Marie Peretti et al., (2013) « Il ny a pas de pratiques universelles en matière de gestion des ressources humaines (GRH). Les pratiques performantes sont celles qui, adaptées au contexte, permettent de répondre aux défis quune entreprise doit affronter » . Alors, ce fameux « S » signifie sociale ou sociétale ? Cest le questionnement qui se pose.Cest vrai quelle est née dans un cadre religieux au début du XX siècle, et elle sest contentée pendant des décennies d un aspect moral et volontaire, mais elle sest développée par la suite pour devenir au début des années 90 un mode de gestion dentreprise, apprécié et désiré, non seulement par la société civile mais aussi par les responsables publics qui ne cessent de chercher les moyens légaux et institutionnels qui obligent les entreprise à assumer leur responsabilité envers leurs société, elle ne sest pas arrêtée là, la RSE est un concept très évolutif, il sest transformée à nouveau au début du XXI siècle pour accompagner lévolution de lentreprise à lair de la mondialisation, et elle a acquis la capacité dêtre mesurée et certifiée.Les sociétés doivent alors montrer leur sensibilité à leur environnement au sens large doù sécoule le développement durable et sa traduction managériale au sein des entreprises « la Responsabilité sociale dentreprise » (RSE) qui intégre dorénavant les stratégies des entreprises (Ben Bou Baker Gherib et Berger-Douce, 2008) ; une telle orientation contribue alors à une nouvelle conception de la gestion des ressources humaines (Beaupré et al, 2008). Une prise en compte de la responsabilité sociale des entreprises dans lanalyse des enjeux de la gestion des ressources humaine a été développée par plusieurs chercheurs. Pour Lovasoa et al, (2008),
une gestion stratégique des ressources humaines peut permettre de répondre à limpératif éthique et à la RSE. Depuis les années 1950, notamment dès louvrage « Social Responsibilities of the Businessman » de Howard Bowen, le concept de la RSE donne lieu à des évolutions dans le temps dans lentreprise de la perception de lHomme comme un acteur principal qui est à satisfaire. Doù, le concept de la RSE a pu être utilisé comme facteur important dans la résolution de la problématique du développement durable. Son implémentation au sein des entreprises se heurte néanmoins à plusieurs obstacles majeurs, tant théoriques que méthodologiques. Tous les acteurs s\’interrogent sur les évolutions nécessaires de leurs pratiques et nombreuses sont les institutions à identifier la Responsabilité Sociale de l\’Entreprise comme l\’une des réponses indispensables . Cest probablement la première fois que lon assiste à une telle tentative délargissement de lobjet de lentreprise sous l\’impulsion de différents membres du corps social (institutions, gouvernements, consommateurs, associations écologiques, citoyens, etc.). Les débats théoriques autour du bien fondé de cette évolution sont dailleurs particulièrement virulents . Cette importante controverse est pourtant négligée par la plupart des travaux les plus récents, où la difficulté réside dans le fait dadmettre lexistence dune difficulté théorique quand à la possibilité délargir ainsi la finalité de lentreprise et définir réellement les attributs d\’une gestion socialement responsable.Le premier point est celui de la perméabilité de lentreprise à un concept qui sest historiquement construit et développé en dehors de ses frontières et autour dobjets différents. Les recherches concernant la genèse de la RSE montrent en effet qu\’elle apparaît au confluent de deux cadres de réflexions totalement distincts: Léthique des affaires et le développement Durable.Comme lanalyse Caroll (1999) , le concept d\’éthique des affaires est apparu progressivement, à partir des années cinquante aux Etats-Unis, sur la base d\’une rupture partielle avec le strict individualisme méthodologique présidant à la maximisation du profit dans le modèle néoclassique.À la suite de Bowen (1953), de nombreux auteurs développent lidée selon laquelle une conduite des affaires socialement responsable consiste, pour un dirigeant, à respecter, dans ses décisions et ses actions, des valeurs et des principes culturels, sociaux, humanistes, éthiques, philanthropiques outrepassant le champ théorique traditionnel de la gestion des organisations. Ces réflexions trouvent leur développement naturel dans le concept de « parties prenantes » proposé par Johnson (1971) puis développé par Freeman (1984) . Ces travaux se développent ensuite en direction de cadres normatifs fortement contextualisés. Les propositions essentielles – illustrées par Caroll (1979) ou Wood (1991) – portent sur les dimensions, les variables, la modélisation des acteurs et des attentes sociétales à satisfaire.L\’origine du développement durable se situe clairement dans une problématique déconomie politique et déconomie de développement. Un long processus, engagé dès 1970, a permis d\’aboutir à la définition du Rapport Brundtland (1987) . De manière plus précise, le concept de développement durable est décliné en trois dimensions. La dimension économique se structure autour de questionnements relatifs à la croissance économique et à son équilibre. La dimension environnementale traite de la préservation des ressources naturelles et de la gestion des externalités des activités humaines (déchets, pollutions, réchauffement climatique). La dimension sociale, enfin, met en exergue la nécessité impérieuse de lutter contre des dysfonctionnements majeurs (travail des enfants, faim dans le monde, insuffisance des systèmes de santé).La RSE apparaît donc comme le point de rencontre de ces deux courants. La demande sociétale croissante de voir se développer de meilleures pratiques gestionnaires a conduit à renouveler en profondeur les modèles de RSE. Le triptyque du développement durable a constitué le cadre de représentation des attentes sociétales à l\’égard des entreprises.Ainsi, l\’évolution souhaitée des pratiques managériales requiert l\’adoption, par les entreprises, d\’une problématique institutionnelle. La plupart des travaux récents postulent que cest naturellement le cas alors que, fondamentalement, ce choix repose sur trois hypothèses implicites fortes et discutables:1-Lentreprise est disposée spontanément à prendre des décisions dans le but de satisfaire des attentes sociétales dans une logique de responsabilité élargie.2-Le cadre conceptuel du développement durable constitue une représentation pertinente des attentes sociétales que lentreprise tente de satisfaire.3-Les entreprises sont parfaitement homogènes au regard de ces questionnements et construisent des problématiques identiques.La validation de ces hypothèses justifie l\’analyse des situations individuelles des entreprises par rapport à la problématique de la RSE. Il sagit ainsi détudier la « sensibilité » de lorganisation à son environnement appréhendé à partir du cadre conceptuel du développement durable.En ce qui concerne la dimension environnementale, lintérêt porté spontanément par les entreprises à des préoccupations de gestion de ressources rares ou de limitation de leurs externalités va dépendre de leurs propres situations, où cette dime,sion joue un rôle important.Pour la dimension sociale, ce sont, par exemple, des entreprises qui sous-traitent le travail ou bien mobilise compétences et techniques particulières, qui auront le plus dintérêt vis-à-vis des réglementations et conformité aux lois et normes.Lhypothèse centrale de ces développements est donc que la problématique de la RSE n\’est pas de nature liée exclusivement à la gestion, mais ellle le devient lorsque les enjeux de la RSE constituent des enjeux stratégiques de l\’organisation.En effet, outre ses avantages commerciaux indéniables, le libéralisme économique a contribué à certaines déviances au niveau du comportement des firmes, prenant lexemple de recherche de la rentabilité à tout prix au détriment du bien être des parties prenantes. Un tel comportement associé aux pratiques de corruption et aux trafics d\’influence ont accru la demande pour une moralisation des activités économiques. La publication en 2001 du livre vert sur la RSE par la Commission Européenne atteste la volonté de faire de cette problématique, un élément central et formalisé de la politique économique en général, chose qui revalorise laspect fondamental de la RSE. Alors face à ces critiques, les entreprises sont désormais tenues de démontrer qu\’elles inscrivent leurs actions dans le cadre d\’une économie responsable. En général, l\’éthique de l\’entreprise est surtout un moyen d\’entretenir une image positive de celle-ci, aux yeux de ses différents publics, internes et externes.Aujourdhui, le terme RSE rejoint lidée des « 3 P » : Profit, People, Planet (le profit, les personnes, la planète). Ceux-ci renvoient bien sûr aux trois dimensions du développement durable. Lidée des « 3 P » suppose que la RSE va générer du « profit » dans ces trois domaines, ce qui nous amène à nous demander, comment peut-on parler de profit dans les domaines sociale et environnementale ?